Pour comprendre comment s’est opérée la transition vers le Christianisme, les chercheurs se tournent généralement vers les grands auteurs et notamment saint Augustin, figure incontournable de l’Antiquité chrétienne dont on a préservé le plus d’écrits. À côté de ses œuvres les plus connues (comme La Cité de Dieu ou Les Confessions), Saint Augustin est également l’auteur de courts traités portant sur des pratiques comme le mariage ou le baptême. « Dans mes premières recherches postdoctorales, je cherchais à comprendre comment ces petits textes d’Augustin, et d’autres sources d’Afrique du Nord, ont circulé en Occident entre la fin de l’Antiquité et le début du Moyen Âge. Il s’agit d’une période de mixité religieuse où les premières communautés chrétiennes mettent en place des systèmes d’initiation et d’enseignement », explique Matthieu Pignot.
Très vite, l’intérêt du chercheur se tourne aussi vers des textes anonymes ou pseudépigraphes (attribués erronément à un auteur connu), tombés dans l’oubli au profit d’écrits d’auteurs, et qui abordent également ces questions d’éducation religieuse. « C’est le point de départ de mon projet de recherche. Ces textes sont difficiles à étudier car, circulant sous plusieurs noms, on ne connait pas leur auteur véritable. On ignore qui les a écrits et on connaît mal leur transmission ancienne et médiévale. Ce sont précisément ces zones d’ombre qui les rendent très intéressants », poursuit l’historien.
Pour aborder cette question, Matthieu Pignot part de deux corpus de textes : d’un côté, une collection de 80 sermons attribués à tort à Fulgence de Ruspe et, de l’autre, une traduction latine d’une collection anonyme de maximes philosophiques grecques par Rufin d’Aquilée (IV-Ve siècle), un auteur qui a joué un rôle important dans la transmission de la pensée grecque à la fin de l’Antiquité en Occident.