Le Prix quinquennal Ernest-John Solvay, l’une des distinctions les plus prestigieuses du FNRS, a été attribué ce 24 novembre 2025 à Jean-Marie Baland, professeur au Département des sciences économiques de l’Université de Namur depuis 1991. Ce prix, décerné tous les cinq ans, récompense des chercheurs dont les travaux ont marqué leur discipline par leur originalité et leur impact.

« Jean-Marie Baland allie la rigueur théorique à des études de terrain menées dans des pays tels que l’Inde, le Népal, le Kenya et le Chili. Ses recherches abordent des questions essentielles comme le développement économique, la réduction de la pauvreté et la protection de l’environnement », souligne le jury du FNRS.

Une expertise reconnue internationalement

Spécialiste des pays les moins développés, Jean-Marie Baland a consacré ses travaux à l’analyse des institutions informelles, sujet pour lequel il a obtenu un ERC Advanced Grant en 2009. Ses recherches explorent également les déterminants de la déforestation, les conséquences de la pauvreté, et plus récemment, les causes de la mortalité infantile en Asie du Sud, ou la violence domestique.

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Photo portrait Jean-Marie Baland

La question centrale de mes recherches est de comprendre comment les groupes s’organisent pour la gestion de la prise de décision. Qui en profite ? Qui en est lésé ? Quels impacts cela produit ? J’ai abordé cette thématique sous diverses formes, avec des cas d’études très divers. Par exemple, au Kenya j’ai étudié comment au sein d’un bidonville, un groupement de femmes s’organisaient pour constituer une épargne collective leur permettant de subvenir à leurs besoins. Plus récemment, j’ai étudié le fonctionnement de la prise de décision au sein de couples en Europe. Aujourd’hui, je travaille avec ma collègue Catherine Guirkinger (Faculté EMCP, Département d’économie), sur la question de l’émancipation féminine et de son impact sur la violence domestique : permette-t-elle de la réduire ou de l’augmenter et dans les deux cas pourquoi ? Toutes ces questions sont analysées en s’appuyant sur une méthode interdisciplinaire, avec des approches issues de modèles statistiques, mathématiques et économiques, et des méthodes de sciences sociales comportant des enquêtes de terrain.

Jean-Marie Baland Professeur au Département d'économie de la Faculté EMCP et cofondateur du CRED, Institut DeFIPP

L’envie de comprendre le monde

Ce qui le motive depuis toujours ? 

« L’envie de comprendre le monde. Ma motivation dans mes recherches a toujours été de produire de la connaissance avant de vouloir qu’elles aient un impact sociétal. L’utilité de la recherche est bien entendu importante, mais personnellement ce n’est pas cela qui me fait avancer. Le résultat de mes recherches est bien entendu régulièrement utilisé pour élaborer des politiques publiques par exemple. Mais cela n’est pas une fin en soi pour mon travail de chercheur », souligne-t-il. 

La carrière académique de Jean-Marie Baland a été jalonnée de distinctions prestigieuses : Chaire Francqui (2008), Distinguished Fellow Award à Harvard (2007), membre de l’Academia Europaea (2012)… Autant de reconnaissances qui témoignent de son rayonnement scientifique.

L’UNamur mise en lumière

Mais l’une de ses plus grandes fiertés réside dans la création du centre de recherche en économie du développement (CRED) de l’UNamur, fondée avec le Professeur Jean-Philippe Platteau. Jean-Marie Baland est membre du Centre de recherche en économie du développement (CRED). Un centre aujourd’hui reconnu internationalement pour son expertise en économie du développement, microéconomie appliquée et économie de l’environnement, contribuant à des recherches à fort impact sociétal. « Le CRED compte aujourd’hui cinq académiques et une quinzaine de chercheurs », précise Jean-Marie Baland. L’économiste est aussi un des fondateurs du Master de spécialisation en économie du développement

A la génération de futurs économistes, Jean-Marie Baland adresse ce souhait : 

« Intéressez-vous à des domaines qui ont du sens pour vous ! Et travaillez en équipe, aussi avec des personnes qui pensent différemment de vous. Cette expérience d’interactions humaines a pour ma part été d’une très grande richesse », conclut-il. 

Une cérémonie prestigieuse

Photo officielle de la cérémonie de remise des prix quinquennaux du FNRS 2025

Ces Prix prestigieux, attribués tous les cinq ans par le FNRS, ont été remis ce 24 novembre 2025 par le Roi Philippe à une chercheuse et cinq chercheurs de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ils confirment la reconnaissance internationale et couronnent la carrière exceptionnelle de ces scientifiques, dans toutes les disciplines. Les Excellentieprijzen du FWO, l’équivalent du FNRS en Flandre, ont également été décernés ce 24 novembre par Sa Majesté le Roi. Lors de cette cérémonie, Véronique Halloin, Secrétaire générale du FNRS, a félicité les lauréats, en remerciant les 42 membres des jurys internationaux mais aussi les mécènes qui rendent possible l’existence de ces Prix. Elle a également évoqué des « questions essentielles pour la recherche scientifique et la société tout entière », insistant sur la nécessité « de conserver le niveau de financement de la recherche fondamentale, de garder toute sa place à une recherche stratégique mais aussi aux sciences humaines et sociales. »