Inaugurée en 2018, la Chaire Notre-Dame de la Paix a pour objectif d’étudier la question des rapports entre la foi et la raison en dialogue avec des chercheurs issus de multiples disciplines et d’acteurs de la société d’horizons et de confessions différents.
Lieu d’échange et de débat, la Chaire universitaire Notre-Dame de la Paix bâtit des ponts entre foi et raison, sciences et religion, par l’organisation de différentes initiatives destinées au grand public et susceptibles d’alimenter les échanges entre experts universitaires. Elle se trouve au cœur d’échanges interdisciplinaires, interconfessionnels, internationaux et intersectoriels, avec une implication de nombreux acteurs de terrain, qu’ils soient du monde de l’entreprise, de la diplomatie, de la politique, de l’enseignement, de la recherche, des médias ou encore de la santé.
Il s’agit d’un lieu d’enseignement et de débat fécond qui rassemble étudiantes et étudiants, scientifiques et acteurs extérieurs à l’université : hommes politiques, chefs d’entreprise, enseignants, journalistes, représentants d’associations, représentants de différentes cultures et religions. Plusieurs activités sont prévues chaque année afin de partager ces travaux avec le public : conférences, débats, workshops, cours et séminaires…
Chaire Notre-Dame de la Paix 2025-2026 | « Université et société. Que peut le savoir pour le bien commun ? »
Après s'être intéressée à la problématique des « Communs » (2022-2023), de la gestion des « biens communs » (2023-2024), de la « santé comme bien commun » (2024-2025), cette année, la Chaire s’arrête sur la problématique du « savoir » comme « bien commun » et du rôle que l’Université est appelée à jouer dans la création et la transmission du savoir.
Comme son titre — « Université et société. Que peut le savoir pour le bien commun ? » — le montre, la valeur et le sens que la société accorde au savoir, encore plus dans une perspective universelle, ne va pas de soi.
Au programme
- Jeudi 19 février 18h30-20h30 (séance inaugurale) | Savoir et vérité : la formation universitaire à l’époque de la post-vérité - Dominique Lambert (UNamur) et Olivier Sartenaer (UNamur)
- Jeudi 12 mars 18h30-20h30 | Qu’est-ce qu’une université ? Origine et histoire d’une institution « millénaire » - Antoine Destemberg (Université d’Artois), Olivier Boulnois, (EPHE, Paris) et Louis Carré (UNamur)
- Jeudi 26 mars 18h30-20h30 | Université et société : faut-il former des techniciens ou des citoyens ? - Elena Lasida (ICP, Paris) et Sephora Boucenna (UNamur)
- Jeudi 16 avril 18h30-20h30 | Savoir et bien commun : comment gérer une université pour servir le bien commun ? - Annick Castiaux (rectrice UNamur), Marie Cornu (CNRS et Institut des sciences sociales du politique, Paris)
Argumentaire
Dans une culture où l’adéquation entre le réel et la vérité est mise à mal, où le doute est permanent sur ce qui relève du domaine du vrai, notamment par la diffusion massive du numérique, la polarisation des opinions, la diffusion de fakes news alimentées par les réseaux sociaux, ainsi que la prolifération du contenu produit par l’IA générative, la question de ce qu’est le « savoir » s’avère cruciale. Comment le communiquer, et surtout le rendre vraisemblable, pour faire du savoir un ciment de la communauté et un outil au service du bien commun ? Dans un contexte sociétal dans lequel les technosciences exigent une formation de plus en plus technique et ciblée et imposent une course effrénée vers la performance, y a-t-il encore la place pour un « savoir » qui cherche à approcher le vrai et le bien ? Et comment, à l’ère de la post-vérité, les universités peuvent-elles encore promouvoir un savoir et une formation qui aspirent à être au bénéfice de tous ? Ce sera la tâche de séance inaugurale de la Chaire à se pencher sur ces questions.
Mais quelle est l’origine de l’universitas, quelles sont les raisons de son succès et de sa persistance, depuis plus de 700 ans ? La naissance et l’existence de cette institution est-elle liée à la préoccupation du « bien commun » ? Quel enseignement tirer de la longue histoire des universités, afin de mieux saisir le rôle particulier qu’elles ont à jouer dans la création et la diffusion, au sein de la société, d’un savoir pensé comme bien commun produit et géré par tous ? Ce sera la tâche de la seconde séance de la Chaire d’approfondir ces questions et d’éclairer les liens historiques qui unissent université et « bien commun ».
S’intéresser au « savoir » en lien avec le « bien commun » revient aussi à interroger la visée qu’on assigne aux formations censées favoriser sa transmission au fil du temps. Dans une société où la croissance économique est considérée comme l’objectif premier, voire unique, du collectif et où l’on fait la promotion de l’innovation technologique à tout prix, la loi de la rentabilité conditionne-t-elle le type de savoirs produits et la manière de les traiter ? Les récentes restrictions concernant la recherche fondamentale ne témoignent-elles pas d’une volonté accrue de rendre la recherche et l’enseignement uniquement utiles à la formation de techniciens, aptes à répondre de façon efficace et pragmatique aux besoins « économiques » de la société ? Le savoir est-il un « bien commun » universel de l’humain, destiné à en promouvoir la croissance intellectuelle et spirituelle, ou un produit comme un autre ? Quand on affirme que « la société a plus besoin d’ingénieurs que de poètes », n’a-t-on pas déjà perdu la valeur du savoir comme facteur d’humanité et outil de formation à la vertu civique, comme occasion d’apprentissage de la pertinence du « bien commun » pour l’organisation de la société ? La crise de nos démocraties, la perte du sens et de la valeur des relations et du collectif, l’explosion des problèmes de santé mentale auprès de jeunes, ne sont-ils pas, en partie, la conséquence de la réduction de l’enseignement à la simple transmission de données techniques ? Les deux dernières séances de la Chaire souhaitent approfondir ces questions en s’intéressant aux formations, à la recherche et au management de nos institutions d’enseignement et de recherche pour mieux éclairer si et comment elles peuvent se mettre au service du « bien commun ».