Ce printemps 2025, la bergerie du Centre de Recherche Ovine (CRO de l'UNamur) à Faulx-les-Tombes est entré dans une période d’effervescence : celle de l’agnelage. Durant trois semaines, les quelque 70 brebis de race Île-de-France mettent bas. À cette occasion, deux types de stages sont proposés aux étudiants de bachelier en médecine vétérinaire : un stage d’agnelage de trois jours et un internat plus approfondi. Deux formats complémentaires qui poursuivent un même objectif : former les étudiants au plus près de la réalité de terrain.

« Pour être un bon vétérinaire, il faut d’abord connaître le fonctionnement d’un élevage et comprendre le métier d’éleveur », explique Astrid Petit, vétérinaire et membre du CRO. « C’est pourquoi nous demandons aux étudiants de participer à toutes les tâches de la ferme : soins quotidiens, nourrissage, paillage, surveillance des brebis prêtes à agneler, assistance aux mises bas, réanimation des agneaux, vérification de la prise de colostrum, soins néonataux, etc. »

Le stage : une transmission entre étudiants

Étudiante en première année de médecine vétérinaire, Valentine vit au rythme des naissances depuis deux jours : « Nos journées dépendent des mises bas. C’est à nous d’être attentifs, de détecter les premiers signes et de veiller à ce que tout se passe bien. Mais à côté des naissances, il y a énormément d’autres choses à faire : nourrir les petits que la mère n’a pas reconnus, vérifier qu’ils prennent bien le colostrum, pailler, remplir les abreuvoirs… ». Un travail qui demande une présence constante, de jour comme de nuit. C’est pourquoi les étudiants logent sur place, ce qui leur permet d’intervenir à toute heure et de suivre les brebis de manière continue. « Ce sont trois jours intenses où on ne dort pas beaucoup la nuit, mais notre fatigue est largement compensée par le “taux de mignonnerie” des agneaux », sourit-elle.

Réalisable dès la première année de médecine vétérinaire, le stage en agnelage repose sur une pédagogie active et une transmission entre étudiants. Chaque jour, les étudiants progressent dans leur rôle à la ferme. Ils commencent le stage en tant que « débutants », puis évoluent au jour deux en tant que « stagiaires confirmés », avant de terminer en étant « stagiaire expérimenté » le dernier jour. « Ce sont les étudiants eux-mêmes qui assurent la transmission des savoirs, ce qui leur permet d’évoluer rapidement et en totale autonomie », précise Astrid Petit. « Avoir trois niveaux différents, apprendre grâce aux autres étudiants puis transmettre notre savoir aux suivants, c’est vraiment très enrichissant et responsabilisant », ajoute Valentine. 

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Astrid Petit à la bergerie du Centre de Recherche Ovine (CRO)

Au-delà des compétences cliniques, ce stage développe aussi des qualités humaines essentielles pour les futurs vétérinaires : gestion du stress, travail en équipe, capacité d’observation, sens des priorités… 

Astrid Petit Vétérinaire et membre du Centre de Recherche Ovine (CRO)

L’internat : une immersion prolongée

En parallèle des stages de trois jours, le CRO propose également une autre formule, plus poussée : l’internat d’agnelage. Ce programme de huit à neuf jours permet de vivre au rythme de la ferme et d’assurer la coordination des stagiaires ainsi que la supervision des soins en dehors des heures de présence du personnel. « Cette immersion offre aux étudiants une opportunité unique d’acquérir des connaissances approfondies et des compétences opérationnelles essentielles à la gestion des parturitions et des premières étapes de la vie du nouveau-né (néonatologie) », explique Astrid Petit. 

Avant de commencer, les internes bénéficient d’une formation théorique et d’un entraînement clinique. Ils apprennent à repérer certaines pathologies (métrites, rétentions, mammites...), à intervenir lors de complications obstétricales, à pratiquer certains gestes médicaux autorisés sous supervision (prise de sang, injection, pose d’une sonde, réanimation néonatale…) et à assurer un suivi attentif des brebis et des agneaux.

« Ce qui nous manque lors des études c’est le contact avec l’animal, surtout l’animal vivant. Pouvoir être sur place et appliquer des informations théoriques que l’on a reçues en cours, c’est vraiment une opportunité incroyable », témoigne Chloé, étudiante en troisième année. « Ici, on est aussi encadré par des professionnels de l’Université et par des vétérinaires. Ils sont là pour nous aider et nous apporter des informations supplémentaires, tout en nous laissant une très grande autonomie. Le fait de se retrouver entre stagiaires et internes crée une vraie dynamique d’apprentissage, avec des échanges très riches », conclut-elle.

Découvrez l'internat d'agnelage en vidéo

Les agnelages en chiffres

  • 70 brebis de race Île-de-France
  • Environ 140 naissances (appelée « prolificité » : deux agneaux par brebis)
  • Une vingtaine d’étudiants stagiaires
  • Trois à cinq internes mobilisés sur la période
Stage vétérinaire à Haugimont

Le Centre de Recherche Ovine (CRO)

Situé dans un cadre naturel exceptionnel à Faulx-les-Tombes, le CRO fait partie de l’Unité de Recherche Vétérinaire Intégrée du Département de médecine vétérinaire. Le Centre combine trois missions principales :

  • La recherche : le centre étudie le mouton comme modèle pour les maladies locomotrices, les pathologies néonatales et les enjeux de durabilité dans l’élevage. Il accueille des chercheurs universitaires et des industriels.
  • L’enseignement : il sert de ferme pédagogique pour les étudiants en médecine vétérinaire (depuis la 1re année), leur permettant de mettre en pratique la théorie (examens cliniques, manipulation des animaux, agnelages, soins périnataux…).
  • L’élevage : en tant que site d’élevage ovin, le centre produit de la viande d’agneau et des animaux reproducteurs. Le CRO propose également divers services aux éleveurs : analyses, conseils, fourniture de semences, accompagnement sanitaire, etc.

Le Centre a l’ambition de devenir un lieu de convergence où les chercheurs, les étudiants et les éleveurs partagent et développent les connaissances de manière collaborative.

Cet article est tiré de la rubrique "Tomorrow Learn" du magazine Omalius #37 (Juillet 2025).

Omalius #37