« Je voulais devenir architecte d'intérieur », se souvient Fabienne Bister. « Mais à 17 ans, une journée portes ouvertes m'a convaincue que ce n'était pas mon monde. Sur conseil de mon père, je me suis orientée vers les sciences économiques et sociales, sans grande conviction… Pour finalement en sortir 5 ans plus tard, en 1986, avec une distinction et une furieuse envie de travailler ! » 

Grâce à ses études à l'UNamur, Fabienne Bister a eu plusieurs vies. D'abord journaliste économique pour des médias comme L'Écho, ou pigiste pour Femmes d'Aujourd'hui, où elle y écrivait des articles « qui poussaient les femmes à oser entreprendre ». Elle s'est ensuite consacrée à la Moutarderie familiale Bister-L’Impériale. « Je me donnais 10 ans pour redresser quelque peu la situation, avant d'envisager d'autres aventures », retrace-t-elle.

Elle y est finalement restée près de trois décennies, en développant et diversifiant son entreprise jusqu'à l'international. « Mon expérience de cheffe d'entreprise m'a appris une chose, résume-t-elle. Je pense qu'il faut viser l'excellence, mais se méfier de la perfection. On s'épuise souvent à vouloir que tout soit parfait. Il faut savoir accepter que certains départements de l'entreprise soient "good enough", c'est-à-dire suffisamment bons pour bien fonctionner. »

Aujourd'hui, Fabienne Bister a revendu son entreprise pour se consacrer au coaching d’adultes en questionnement professionnel, ainsi qu’au mentorat d’étudiants entrepreneurs via le VentureLab, l'incubateur de start-up de Liège, « extrêmement performant et dont il faut être fier ».

Une carrière d'airain

Michel Dumont, également diplômé de sciences économiques et sociales, est quant à lui sorti de l'UNamur en 1984 pour partir en direction du Sud de la France. « Je faisais un mémoire sur les problématiques de redressement d'entreprises en difficultés et mes études nécessitaient d'effectuer un stage de 6 mois à l'étranger », témoigne-t-il. « Ce moment crucial a complètement décidé de ma vie, car j'ai eu la chance de faire ce stage dans un cabinet de conseil très prestigieux, qui m'a par la suite embauché. »

Après plusieurs années dans différents cabinets de conseil, Michel Dumont décide de fonder son propre cabinet, 6-24 Consulting, avant de racheter une entreprise de métallurgie, Lebronze Industriel. « Il me fallait y consacrer beaucoup d'énergie et, si pendant un temps j'ai pu mener de front ces deux activités, j'ai fini par me recentrer sur la métallurgie », raconte-t-il. « En 2011, j'ai créé, à partir de cette entreprise, un groupe industriel, Lebronze Alloys, qui est aujourd'hui un leader mondial dans la création d'alliages cuivreux de très haute qualité que l'on trouve, par exemple, dans tous les avions du monde ou certains produits d'horlogerie. »

Alors qu'il est encore pour quelques années à la tête de son entreprise, Michel Dumont a décidé de créer, avec son épouse Carole Rasera, un fonds philanthropique, le fonds 6-24, destiné à financer des projets liés à la jeunesse, au patrimoine, à la biodiversité ainsi qu'à la santé. « J'ai souhaité qu'une partie de ce fonds finance des projets en Belgique, via la Fondation Roi Baudouin », explique-t-il. « Et je désirais tout particulièrement pouvoir en faire profiter l'UNamur dont je suis issu et qui m'a tant apporté. Je suis convaincu que, sans cette formation, je n'aurais pas eu une telle carrière. »

Retour à l'université

Lorsque Michel Dumont et Fabienne Bister, devenue présidente du fonds 6-24, prennent contact avec l'UNamur, l'université leur parle du projet des JEDDT. Le déclic a été immédiat. « La durabilité est un sujet pour lequel je me passionne, dans lequel je cherchais à avoir plus d'impact depuis des années », indique Fabienne Bister. « Dès le départ, j'ai trouvé ce projet des JEDDT extraordinaire et bien conçu. Il ne demandait qu'une simple impulsion pour réellement prendre forme, ce qui est exactement la vocation du fonds 6-24. »

Ces journées qui, à terme, visent à former tous les étudiants de 3ème bachelier de l'UNamur aux questions de la transition et du développement durable et ce de façon interdisciplinaire en leur permettant de s'intéresser à des thématiques en dehors de leur cursus, sont particulièrement novatrices. « Je ne connais pas d'autres projets qui laissent autant de place à la multidisciplinarité et à une telle échelle », soutient Michel Dumont. « Or, il s'agit pour moi de quelque chose de très important, car je pense qu'il est primordial de savoir s'ouvrir aux autres, surtout sur un sujet aussi vaste. »

Une multidisciplinarité soulignée également par Fabienne Bister. « J'ai eu le privilège de pouvoir suivre certains des cours donnés pendant les JEDDT », se réjouit-t-elle. « Et cela a complètement battu en brèche certaines des idées préconçues que j'avais, comme sur la création de législations par exemple. Pour moi, il s'agit là de l'essence même de ces journées : s'ouvrir l'esprit en travaillant ensemble sur des projets concrets, afin de sortir de l'éco-anxiété. » 

Le fonds 6-24 doit financer les JEDDT pendant encore deux ans et ainsi leur permettre de se déployer pleinement, notamment en devenant une unité d'enseignement à part entière pour tous les étudiants. « Il s'agit de l'un des plus beaux projets que nous soutenons au sein du fonds 6-24 », estime Michel Dumont. « Mais j'espère surtout donner l'envie à d'autres de soutenir des initiatives similaires au sein de l'Université. L'un de mes professeurs répétait souvent que, dans une crise, la pire des décisions est de ne rien faire. Alors agissons ! »

Fabienne Bister

1981 - 1986 : Licence et maîtrise en sciences économiques et sociales

Un message aux étudiants : « Osez foncer prudemment ! Il faut oser, tenter de concrétiser vos passions, car personne ne le fera pour vous. Mais avec un peu de prudence quand même, car quand on veut "casser la baraque", on risque souvent de casser d'autres choses sans le vouloir. »

Michel Dumont

1979-1984 : Licence et maîtrise en sciences économiques et sociales

Un message aux étudiants : « Je sais d'expérience que la formation que vous recevez est d'excellente qualité, et qu'elle peut vous porter, en Belgique comme à l'international. Ayez confiance en vous et en vos capacités de faire. »