Avec ses 5 000 collaborateurs, le CHU UCL Namur constitue un terrain d’étude unique. Hôpital universitaire et premier employeur privé de la province de Namur, il combine des missions de soins, d’enseignement et de recherche, tout en faisant face aux défis d’une organisation en constante évolution. Dans ce contexte, mieux structurer les projets, renforcer le pilotage stratégique et intégrer intelligemment l’innovation technologique devient un impératif pour garantir l’efficacité des processus et la pérennité des réformes engagées.
Contrairement à d’autres secteurs où les projets sont souvent confiés à des professionnels formés aux méthodologies classiques de gestion de projet, les hôpitaux s’appuient principalement sur des chefs de projet non professionnels. Ces acteurs, qu’ils soient médecins, infirmiers, pharmaciens, biologistes, administratifs, etc., se retrouvent régulièrement à piloter des initiatives stratégiques sans formation dédiée à la gestion de projet. Kevin Lejeune s’intéresse à cette réalité et cherche à comprendre comment leur motivation intrinsèque et leur capacité à structurer des initiatives dans un cadre informel influencent la réussite des projets hospitaliers. Sa thèse doctorale s’inscrit dans une réflexion plus large sur l’équilibre entre professionnalisation et agilité organisationnelle, soutenue par l’expertise académique de l’UNamur.
Si le sponsor est souvent présenté comme une figure clé des projets, son rôle reste flou et inégalement investi dans les faits. À quel point son engagement réel et son interaction avec le chef de projet influencent-ils la réussite des initiatives hospitalières ? En mobilisant la théorie de l’échange leader-membre, Kevin Lejeune s’attache à démontrer que ce n’est pas tant la présence du sponsor qui importe, que la qualité de son engagement. Son travail met en lumière trois leviers essentiels : les actions concrètes du sponsor, ses qualités relationnelles et son niveau d’implication. Ce cadre théorique, nourri par des échanges réguliers avec le milieu académique de la Faculté EMCP, ambitionne de fournir des recommandations tangibles pour repenser le leadership dans la gouvernance hospitalière et mieux structurer l’accompagnement des chefs de projet.
L’essor de l’intelligence artificielle dans le domaine de la santé ouvre des perspectives prometteuses, mais soulève également des résistances organisationnelles et psychologiques. Comment s’assurer que ces outils ne restent pas à l’état d’expérimentations isolées, mais deviennent de véritables catalyseurs d’innovation au sein des établissements de santé ? C’est cette problématique que Kevin Lejeune explore dans le dernier volet de sa recherche. Il vise à identifier les facteurs qui influencent l’acceptation et l’intégration des outils d’IA dans les processus hospitaliers. Loin d’une approche purement technologique, il s’intéresse aux barrières psychologiques et comportementales qui conditionnent l’adoption de ces innovations. En particulier, il analyse l’impact de la perception de compétence, de l’estime de soi et de la reconnaissance professionnelle sur l’adhésion aux outils d’IA. En croisant terrain hospitalier et apports académiques, notamment issus de l’UNamur, l’objectif est de proposer des stratégies d’implémentation adaptées aux dynamiques humaines propres aux hôpitaux.
À travers cette thèse, Kevin Lejeune ambitionne d’offrir aux hôpitaux des clés opérationnelles pour améliorer la gestion de leurs projets, structurer le rôle des sponsors et accompagner l’adoption des innovations technologiques. Alliant rigueur scientifique et ancrage terrain, il inscrit ses travaux dans une double démarche : décrypter les mécanismes organisationnels hospitaliers pour en dégager des leviers d’amélioration, et s’assurer que ces recommandations puissent être mises en œuvre de manière pragmatique.