Département de philosophie au sein de la Faculté des sciences, cette entité développe des réflexions sur les enjeux épistémologiques, éthiques, sociaux, politiques et culturels des sciences et des techniques. 

Les enseignements portés par les membres du département sont principalement dispensés en facultés des sciences et de médecine et portent sur la philosophie des sciences, l’épistémologie, la logique, la philosophie de la médecine, la bioéthique ou encore l’éthique sociale et politique. L’objectif est d’initier les étudiants et étudiantes à développer une réflexion critique sur leur discipline scientifique et sur les rapports entre sciences et sociétés. 

Les 4 axes autour de l'enseignement et de la recherche

1. Philosophie des sciences 

2. Éthique des soins de santé 

3. Développement humain, justice sociale, interculturalité 

4. Philosophie de la médecine 

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Une mission exploratoire pour tisser des liens avec le Sénégal

Institution

Une délégation de l’Université de Namur a participé à une mission exploratoire à l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, au Sénégal. L’objectif : découvrir les recherches menées sur le terrain, rencontrer les chercheurs de l’UCAD et initier de futures collaborations entre les deux institutions. 

photo délégation sénégal

Dix membres du corps académique et scientifique de l’UNamur, accompagnés par le Service des relations internationales et de l’ONG FUCID, le Forum Universitaire pour la Coopération Internationale au Développement, ont participé à une mission exploratoire co-organisée avec l’UCAD. Cette mission s’inscrivait dans la volonté de l’université de renforcer les partenariats avec le Sud, en favorisant les échanges, en sensibilisant les chercheurs aux enjeux du Sud global et en faisant émerger de nouveaux projets.

Pendant une semaine, plusieurs activités ont été organisées pour permettre aux membres de la délégation de découvrir l’université sénégalaise : visite de l’UCAD et découverte de ses enjeux, échanges autour du concept « One Health », rencontres entre chercheurs, visite de terrain et moment de clôture en présence de partenaires institutionnels.

Catherine Linard, professeure à la Faculté des sciences, faisait partie de la délégation namuroise « Se rendre sur place et échanger avec nos collègues sénégalais est très important. Cela nous permet de découvrir la richesse de leurs recherches, dans des domaines souvent directement connectés aux réalités du terrain », explique-t-elle.

Depuis 2015, Catherine Linard collabore avec l’UCAD, notamment dans le cadre d’un projet de recherche et développement soutenu par l’ARES. « De cette première collaboration sont nées de nombreuses dynamiques. Plusieurs doctorants sénégalais sont venus en Belgique pour poursuivre leurs recherches. Et inversement, une de mes doctorante belge, Camille Morlighem, qui travaille sur la création de cartes de risque de malaria au Sénégal, a pu bénéficier de bourses de mobilité pour des séjours de recherche à l’UCAD. Nous avons également établi des échanges d’enseignement : je me suis rendue à Dakar pour donner une semaine de formation aux doctorants en géographie, et une collègue géographe de la santé, Aminata Niang Diène, vient chaque année en Belgique pour intervenir dans un de mes cours de master », poursuit la professeure.

Les participants

La délégation rassemblait des profils issus de plusieurs facultés de l’UNamur et de services :

  • Francesca Cecchet, Faculté des sciences, présidente de l’Institut de recherche NISM (Namur Institute of Structured Matter) et membre de l’Institut de recherche (NaRILIS Namur Research Institute for Life Sciences)
  • Laurent Houssiau, Faculté des sciences et membre de l’Institut de recherche NISM (Namur Institute of Structured Matter) 
  • Charles Nicaise, Faculté de médecine et président de l’Institut de recherche NaRILIS (Namur Research Institute for Life Sciences) 
  • Denis Saint-Amand, Faculté de philosophie et de lettres et membre de l’Institut de recherche NaLTT (Namur Institute of Language, Text and Transmediality)
  • Laurent Ravez, Facultés de médecine et des sciences et membre des Instituts de recherche NaRILiS (Namur Research Institute for Life Sciences) et EsPhiN (Espace Philosophique de Namur)
  • Anne Vermeyen, membre de la Cellule bien-être animal
  • Flora Musuamba, Faculté de médecine et membre de l’Institut de recherche NaRILIS (Namur Research Institute for Life Sciences)
  • Florence Georges, Faculté de droit et membre de l’Institut de recherche NaDI (Namur Digital Institute)
  • Nathanaël Laurent, Faculté des sciences et membre de l’Institut de recherche EsPhiN (Espace Philosophique de Namur)
  • Catherine Linard, Faculté des sciences et membre des Instituts de recherche NaRILIS (Namur Research Institute for Life Sciences) et ILEE (Institute of Life-Earth-Environment)
  • Rita Rixen, directrice de la FUCID, le Forum universitaire pour la coopération internationale au développement
  • Amélie Schnock, membre du Service des relations internationales

L’Université de Namur à l’international

Engagée dans la coopération internationale et au développement, l’Université de Namur entretient de nombreuses collaborations avec plusieurs institutions dans le monde entier. Ces collaborations se réalisent à travers des projets de recherche, des missions d’enseignement ou de formation, ou encore des formations d'étudiants dans le cadre de l'offre d'enseignement de l'UNamur ou dans le cadre de stages de courte durée, notamment de recherche.

Au cœur des défis éthiques et environnementaux à Madagascar

Sciences
Sciences, philosophies et sociétés
Biologie

Situé dans l’océan Indien, Madagascar est une île au patrimoine naturel riche et à l’influence culturelle multiple. Depuis plus de 15 ans, des chercheurs de l’Université de Namur collaborent avec quelques universités et instituts malgaches sur des thématiques variées, parmi lesquelles la préservation de l’environnement, la gestion de l’eau ou encore le renforcement des capacités institutionnelles. Focus sur quelques-uns de ces projets.

Paysage-madagascar

Cet article est tiré de la rubrique "Far Away" du magazine Omalius de septembre 2024.

Projets éthiques et partenariats institutionnels

Professeur au Département de sciences, philosophies et sociétés, Laurent Ravez multiplie les collaborations avec Madagascar. En 2005, il a participé à un projet de recherche américain, financé par le National Institutes of Health. L’objectif ? Former des professionnels de la santé à l’éthique. « Les États-Unis avaient besoin d’établir des comités d’éthiques partout à travers le monde », explique Laurent Ravez. « Ce projet a débuté en République Démocratique du Congo avant de s’étendre à Madagascar. Lorsque je suis arrivé à Madagascar en 2009, ce fut un véritable choc culturel pour moi. Je connaissais déjà l’Afrique, mais c’est une Afrique différente, à l’intersection de diverses cultures, dont des influences asiatiques », se confie-t-il. « Sur place, nous avons travaillé avec un Institut de santé publique, puis un centre de recherche dans le domaine des maladies infectieuses. Pendant presque 15 ans, nous avons initié des groupes de chercheurs et des médecins à cette discipline. Cela a conduit à la création de nouveaux comités d’éthique et au renforcement de ceux déjà existants ».

Ce premier contact avec Madagascar a ouvert la voie à de nouveaux projets. « L’ARES-CDD m’a proposé de rejoindre un projet de recherche via appui institutionnel à l'Université d'Antananarivo », poursuit le professeur. L’appui institutionnel vise à fournir à une université les ressources nécessaires pour qu’elle puisse atteindre ses propres objectifs. « Ici, l’objectif est de renforcer les capacités et de dynamiser la recherche de l’université. Nous avons donc travaillé avec des doctoriales, qui permettent à des doctorants de présenter en quelques minutes leurs projets, de les partager avec leurs collègues, et stimuler ainsi la recherche. Notre présence permet d’apporter notre expérience et nos conseils, mais c’est un vrai partage de compétences avec les locaux », insiste Laurent Ravez. 

prise-de-parole-de-laurent-ravez-a-madagascar

Profondément attaché à Madagascar, Laurent Ravez s’y rend plusieurs fois par an. « C’est lors de l’un de mes voyages que l’on m’a proposé d’aller rencontrer le Père Pedro », raconte-t-il. « C’est un homme très inspirant, qui a permis à des milliers de personnes de la misère de sortir de la misère, notamment en construisant des écoles et une université gratuite. Il est convaincu que l’éducation et le travail permettent aux gens de se libérer eux-mêmes de la pauvreté ».

Encore en phase de réflexion, une nouvelle collaboration pourrait bientôt voir le jour. « J’ai enseigné la bioéthique dans le nord-ouest du pays où j’ai eu l’occasion de travailler avec une Faculté de dentisterie. La dentition à Madagascar est particulièrement préoccupante, et cela a des répercussions sur la santé des individus ou encore leur capacité de trouver du travail », expose le professeur. « Sur l’île, les dentistes sont assez mal considérés par la population, perçus comme étant méprisants. L’idée serait alors de sensibiliser ces professionnels de la santé à l’éthique, tout en développant un projet de prévention dentaire avec eux », se réjouit le chercheur.

Toxicité des microplastiques

Après un master de spécialisation en gestion des ressources aquatiques et aquaculture, Andry Rabezanahary a décroché une bourse ARES pour entamer un doctorat en 2021, sous la direction du professeur Patrick Kestemont. « À Madagascar, les systèmes de gestion des déchets sont encore en développement, ce qui peut conduire à une certaine contamination des cours d'eau », expose le doctorant. 

andry_rabezanahary_au_bord_d_un_cours_d_eau_a_madagascar

« Notre objectif est donc d’évaluer la toxicité des microplastiques présents dans les rivières malgaches, en mesurant leur impact sur les poissons-zèbres. Nous cherchons ainsi à démontrer si des anomalies surviennent lorsque ces poissons sont exposés à des microplastiques, et nous tentons de déterminer si ces anomalies persistent ou se résorbent au cours des années suivantes ».

Pour mener cette recherche, Andry Rabezanahary partage son temps entre Madagascar, où il prélève des échantillons d'eau et de sédiments, et Namur, où il effectue les analyses. « La récolte de microplastique se fait à l’aide d'un filet à plancton, laissé dans la rivière pendant 4 à 5 heures. Nous caractérisons ensuite les microplastiques pour observer leur dégradation dans l'environnement. Les particules sont ensuite micronisées pour obtenir des tailles allant de 1 à 50 micromètres, puis sont exposées aux poissons ». Ces expérimentations visent à déterminer si les microplastiques sont capables de traverser les barrières intestinales des poissons, se répandre dans leur organisme et potentiellement provoquer des maladies.

Renforcer la gestion de l’eau 

Il y a sept ans, un projet visant à appuyer la mise en œuvre de l’approche GIRE (Gestion Intégrée des Ressources en Eau) à Madagascar en vue d’un développement durable et de la résilience climatique a été lancé en collaboration entre l’UNamur, l’UClouvain, l’UAntananarivo, l’UAntsiranana et l’UToamasina. Ce projet, financé par l’ARES sous le nom de GIRE SAVA, se concentre sur la région SAVA, située au nord-est de Madagascar. Son ambition est d'examiner plusieurs aspects essentiels de la gestion de l'eau, notamment les altérations hydrologiques, la qualité de l’eau, les altérations hydrogéologiques et la mise en place d’un système d’informations dans le cadre de la gestion de l’eau. 

« En tant que chercheuse du projet GIRE SAVA, je travaille principalement sur la qualité de l'eau du bassin pilote du projet : le bassin versant de l'Ankavia. J'explore comment l’anthropisation du bassin, c’est-à-dire la transformation de l’environnement par l'action des êtres humains, affecte la qualité physico-chimique de l’eau de la rivière Ankavia, mais aussi les communautés d'invertébrés et de diatomées dans l'eau. Nous essayons également d’évaluer à quelle vitesse la rivière arrive à décomposer la matière organique déversée dans l’eau en menant des expérimentations in-situ », explique Hélène Voahanginirina, doctorante.

Le travail de laboratoire a été mené à Madagascar en étroite collaboration avec une équipe à Namur, sous la direction du professeur Frederik de Laender, promoteur du projet de recherche. Camille Carpentier, experte en identification des macroinvertébrés, a joué un rôle clé dans ces analyses. La finalité de ces recherches était d'analyser la composition des macroinvertébrés sur dix sites différents, à divers moments de l'année, afin de développer un modèle prévisionnel de la diversité des communautés. Un modèle qui reposerait sur plusieurs facteurs prédictifs, tels que l'usage des terres, le type de paysage, ainsi que diverses variables physico-chimiques, comme l'acidité et la température de l'eau.

Cet article est tiré de la rubrique "Far Away" du magazine Omalius #34 (Septembre 2024).

Une Omalius septembre 2024

Père Pedro Opeka - "Le travail, l’éducation et la discipline, permettent de sortir de la pauvreté"

Docteurs Honoris Causa
Institution

Animé par la volonté d'aider les plus démunis, le Père Pedro Opeka, prêtre lazariste, consacre sa vie à améliorer les conditions de vie des populations marginalisées de Madagascar. Un engagement humanitaire fort qui s'est concrétisé par la création d'Akamasoa, une association qui offre un toit, une éducation et des soins à des milliers de Malgaches. En transformant ainsi la vie de toute une communauté, il est devenu un symbole d'espoir dans un pays en proie à la pauvreté. 

Père Pédro Opeka

Cet article est tiré de la rubrique "Enjeux" du magazine Omalius de septembre 2024.

Parlez-nous de votre association Akamasoa. Quels sont les combats que vous menez et comment ceux-ci se concrétisent-ils ?

Akamasoa, qui signifie « Les bons amis » en malagache, est née de notre révolte face à une situation inhumaine où se trouvaient des milliers d’exclus dans les rues et au bord d’une décharge à Tananarive. Notre volonté était alors la réinsertion sociale des sans-abris de la capitale Malgache et de ses environs. Aujourd’hui, nos principaux objectifs sont d’apporter une aide d’urgence, accompagner le retour des familles qui souhaitaient rentrer dans leur lieu d’origine, scolariser les enfants, fournir des soins de santé, construire des logements dignes, créer de l’emploi, assurer la formation professionnelle, accueillir des sans-abris, donner l’accès à l’eau potable et à l’énergie, respecter l’environnement, assurer l’hygiène et la propreté, organiser des animations sportives… enfin, nous invitons les personnes que nous accueillons à redécouvrir la force de l’Esprit. Akamasoa, c’est aujourd’hui 35 ans de combat contre l’extrême pauvreté pour défendre la dignité humaine. Tout cela n’a pu être fait qu’avec foi, passion, force et persévérance. 

Le droit à l’éducation, à la formation et l’accès à la scolarisation sont au cœur de vos actions. Quel est le rôle de l’éducation auprès des jeunes ?

L’éducation est primordiale. C’est à l’école que l’on apprend le vivre ensemble, l’art de se respecter, de s’aider, se pardonner, travailler... À Madagascar, nous avons un proverbe qui dit « Ny fanahy no mahaolona » qui signifie « c’est l’esprit qui fait la personne ». Ce n’est pas la richesse, ni le savoir ou les diplômes. L’esprit fait de chaque personne quelqu’un d’unique. Sans cet esprit, nous sommes vides. À Akamasoa, l'école est obligatoire pour tous les enfants. Nous leur inculquons des valeurs fondamentales comme le travail, l’éducation et la discipline, qui sont essentielles pour s'intégrer dans la société et permettent de sortir de la pauvreté. En leur donnant les clés de l'éducation, nous leur offrons la possibilité de construire leur propre avenir et de devenir des acteurs du changement. 

Vous n’êtes jamais en colère face à tant d’injustice ?

Je suis révolté. Comment ne pas l’être ? Comment ne pas être scandalisé de voir les droits des enfants bafoués ? Qui n’est pas scandalisé de voir des enfants malnutris qui arpentent les rues la faim au ventre, des enfants qui ne sont pas scolarisés, qui ne peuvent pas se soigner, qui n’ont pas de maison digne ? Mais quand j’ai face à moi des milliers d’enfants, tous plus beaux et plus souriants les uns que l’autre, je ne peux pas être découragé. Je suis là pour aider la génération qui va nous suivre à vivre plus dignement. Tant que je peux agir, je souhaite participer à tout ce qui fait cette vie sociale. J’ai compris que là où il y a volonté et foi, il y a aussi une solution.  

Quel message voulez-vous faire passer ?

Nous sommes citoyens d’une même terre. Nos frères et sœurs Malagasy et d’Afrique sont quelques fois à bout de souffle. C’est pourquoi ils envahissent la citadelle Europe. À nous de réagir, de savoir recevoir avec un grand cœur de frère, toutes ces personnes de bonne volonté qui respectent le pays dans lequel ils arrivent, qui viennent en toute simplicité pour construire une vie meilleure dans la Terre que Dieu a créée pour tous les humains. Ce n’est jamais facile de sortir de nos tours d’ivoire où tout est facile et clair. Certainement que partager la vie avec des personnes d’autres civilisations, d’autres religions et d’autres coutumes, ne sera pas facile.  

Mais nous sommes d’abord tous humains. Avant d’être citoyen d’un pays particulier sur Terre nous avons tous le droit de liberté, d’égalité et de bonheur. Ensemble nous pouvons construire ce monde dans lequel, dans quelques siècles, il sera totalement naturel de dire : je suis de la planète Terre. Vous qui m’écoutez témoigner de cette expérience de combat quotidien, vous avez le pouvoir de faire cela là où vous vivez, là où vous travaillez, dans votre lieu habituel parce que c’est là où s’exprimera la vérité qui est en vous.  

Que signifie pour vous de recevoir les insignes de Doctor Honoris Causa ?

En 2018, j’avais reçu les insignes de Doctor Honoris Cause de l’Université privée d’Argentine. C’est donc la deuxième fois pour moi, mais je n’en reste pas moins surpris que l’on s’intéresse à notre travail. C’est au peuple Malagasy, qui m’a accueilli en frère et en ami, que je veux le dédier en signe d’amitié et dans un esprit de fraternité. 

Marraine : Géraldine Mathieu, professeure de droit de la famille et de droit de la jeunesse   

Parrain : Laurent Ravez, Professeur de philosophie et d’éthique 

Le Père Pédro avec son parrain, sa marraine et la Rectrice Annick Castiaux

L’association Akamasoa en quelques chiffres

  • + de 25 000 personnes ayant trouvé un logement décent 
  • 22 villages construits  
  • 27 établissements scolaires qui accueillent 18 000 élèves scolarisés de la maternelle jusqu’au lycée et l’université 
  • Des repas de midi servis aux 11 000 enfants du primaire 
  • 3 500 employés  
  • Une équipe de 600 enseignants et de 450 collaborateurs entoure Père Pedro  
Le Père Pédro

Discours officiel de la Rectrice, Annick Castiaux, prononcé lors de la Cérémonie officielle de rentrée académique. 

Epitoges des DHC 2024

La visite du Père Pedro Opeka à l'Université de Namur

visite_pere_pedro_opeka

Cet article est tiré de la rubrique "Enjeux" du magazine Omalius #34 (Septembre 2024).

Une Omalius septembre 2024

Arcadico : un outil pédagogique et de recherche pour penser l'Anthropocène

Philosophie
Durable

Le Centre de recherche Arcadie propose un outil critique pour penser l'Anthropocène, cette époque géologique nouvelle dans laquelle nous serions entrés : le dictionnaire Arcadie. Utopie, catastrophe, territoire, évolution… ce dictionnaire numérique explore les notions clés de la philosophie à la lumière des enjeux écologiques, sociaux et politiques de notre temps.

Au sein de l’Institut de recherche ESPHIN (Espace philosophique de Namur), le Centre Arcadie poursuit des recherches qui interrogent trois thématiques logées au cœur de notre contemporanéité : l'anthropocène, l'histoire et les utopies. Les chercheurs et chercheuses de ce Centre ont développé l’ '"Arcadico", un dictionnaire qui vise à composer un lexique philosophique à l’heure de l'Anthropocène.

« Notre volonté avec ce dictionnaire est de montrer que la philosophie, souvent considérée à tort comme une discipline close sur elle-même, peut être un outil pertinent pour réfléchir aux défis brûlants de notre époque, tels que les bouleversements climatiques et les autres aspects de la crise écologique » expliquent Sébastien Laoureux et Louis Carré, porteurs du projet. Avec ce dictionnaire, les chercheurs et chercheuses du Centre Arcadie tentent de donner un aperçu de ce qui a été écrit dans la tradition philosophique en les reliant à des questions éminemment contemporaines. « Par exemple, la notice du terme "progrès" revient sur l’émergence de cette notion, les critiques qui lui sont adressées, le tout avec un prisme philosophique mais également sous l’angle de l’anthropocène, de l’écologie », détaillent les deux chercheurs.

Conçues pour un public averti d’étudiants, de chercheurs ou de personnes intéressées par les questions philosophiques liées à l'Anthropocène, les notices du Dictionnaire Arcadie suivent une structure en trois points :

  • Une définition qui présente la notion dans une perspective philosophique.
  • Une analyse des problèmes que cette notion a soulevés et soulève, tant dans la tradition philosophique que dans le contexte contemporain.
  • Une proposition qui ouvre des perspectives originales sur la notion.

« Par exemple, la notice consacrée au "progrès" commence par définir cette notion comme une amélioration générale de la condition de vie des êtres humains », illustre Louis Carré. « Elle analyse ensuite les critiques qui ont été adressées à cette notion, notamment celles qui soulignent que le progrès a souvent servi de prête-nom à des formes d'exploitation des ressources naturelles et de domination sociale. Enfin, la notice propose une réflexion sur la possibilité d'un progrès qui soit compatible avec les enjeux écologiques et sociaux de l'Anthropocène. »

Cet outil pédagogique permet de découvrir ou de redécouvrir des notions clés de la philosophie dans une perspective contemporaine. Il est également un outil de recherche qui contribue à la réflexion sur les enjeux philosophiques de l'Anthropocène, cette époque qui est aujourd’hui la nôtre.

Cet outil est amené à être enrichi régulièrement avec de nouvelles notices.

Explorez déjà les notices AnthropocèneArcadieCatastropheÉvolutionProgrèsProméthéismeTerritoire et Utopie.

Un projet de recherche FNRS

L’Arcadico s’inscrit dans le cadre du PDR FNRS « Ce que l’Anthropocène fait au temps. Recherche philosophique sur les historicités et récits de la crise environnementale ». Ce projet vise à interroger la crise écologique à partir de la nouvelle expérience du temps qu’elle produit et des transformations qu’elle provoque dans notre conception philosophique de l’histoire. L’Anthropocène vient en effet bouleverser la philosophie de l’histoire qui fondait la modernité : celle d’un temps orienté vers l’avenir et structuré par un progrès nécessaire de l’humanité. Contre cette vision linéaire et déterministe du temps historique, la possibilité d’un « monde sans nous » ouverte par l’Anthropocène introduit une rupture dans la course au progrès dont il s’agit de tirer toutes les conséquences. D’une part, en proposant une analyse critique des « grands récits » de l’Anthropocène qui continuent de se construire sur une conception classique de la temporalité, aussi bien dans ses versions optimistes que dans ses versions catastrophistes : un temps continu marqué par la nécessité du cours historique. D’autre part, en prenant acte de la complexification du temps historique qui a lieu dans l’Anthropocène et que le concept de « présent épais » doit nous permettre de saisir en introduisant de la discontinuité et de la contingence dans la marche de l’histoire. Enfin, en réfléchissant à la manière dont des utopies concrètes peuvent nous aider à penser et à agir à l’heure de la crise écologique, non pas en dessinant un avenir idéal, mais en travaillant de l’intérieur le présent de l’Anthropocène et ses contradictions.

Une mission exploratoire pour tisser des liens avec le Sénégal

Institution

Une délégation de l’Université de Namur a participé à une mission exploratoire à l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, au Sénégal. L’objectif : découvrir les recherches menées sur le terrain, rencontrer les chercheurs de l’UCAD et initier de futures collaborations entre les deux institutions. 

photo délégation sénégal

Dix membres du corps académique et scientifique de l’UNamur, accompagnés par le Service des relations internationales et de l’ONG FUCID, le Forum Universitaire pour la Coopération Internationale au Développement, ont participé à une mission exploratoire co-organisée avec l’UCAD. Cette mission s’inscrivait dans la volonté de l’université de renforcer les partenariats avec le Sud, en favorisant les échanges, en sensibilisant les chercheurs aux enjeux du Sud global et en faisant émerger de nouveaux projets.

Pendant une semaine, plusieurs activités ont été organisées pour permettre aux membres de la délégation de découvrir l’université sénégalaise : visite de l’UCAD et découverte de ses enjeux, échanges autour du concept « One Health », rencontres entre chercheurs, visite de terrain et moment de clôture en présence de partenaires institutionnels.

Catherine Linard, professeure à la Faculté des sciences, faisait partie de la délégation namuroise « Se rendre sur place et échanger avec nos collègues sénégalais est très important. Cela nous permet de découvrir la richesse de leurs recherches, dans des domaines souvent directement connectés aux réalités du terrain », explique-t-elle.

Depuis 2015, Catherine Linard collabore avec l’UCAD, notamment dans le cadre d’un projet de recherche et développement soutenu par l’ARES. « De cette première collaboration sont nées de nombreuses dynamiques. Plusieurs doctorants sénégalais sont venus en Belgique pour poursuivre leurs recherches. Et inversement, une de mes doctorante belge, Camille Morlighem, qui travaille sur la création de cartes de risque de malaria au Sénégal, a pu bénéficier de bourses de mobilité pour des séjours de recherche à l’UCAD. Nous avons également établi des échanges d’enseignement : je me suis rendue à Dakar pour donner une semaine de formation aux doctorants en géographie, et une collègue géographe de la santé, Aminata Niang Diène, vient chaque année en Belgique pour intervenir dans un de mes cours de master », poursuit la professeure.

Les participants

La délégation rassemblait des profils issus de plusieurs facultés de l’UNamur et de services :

  • Francesca Cecchet, Faculté des sciences, présidente de l’Institut de recherche NISM (Namur Institute of Structured Matter) et membre de l’Institut de recherche (NaRILIS Namur Research Institute for Life Sciences)
  • Laurent Houssiau, Faculté des sciences et membre de l’Institut de recherche NISM (Namur Institute of Structured Matter) 
  • Charles Nicaise, Faculté de médecine et président de l’Institut de recherche NaRILIS (Namur Research Institute for Life Sciences) 
  • Denis Saint-Amand, Faculté de philosophie et de lettres et membre de l’Institut de recherche NaLTT (Namur Institute of Language, Text and Transmediality)
  • Laurent Ravez, Facultés de médecine et des sciences et membre des Instituts de recherche NaRILiS (Namur Research Institute for Life Sciences) et EsPhiN (Espace Philosophique de Namur)
  • Anne Vermeyen, membre de la Cellule bien-être animal
  • Flora Musuamba, Faculté de médecine et membre de l’Institut de recherche NaRILIS (Namur Research Institute for Life Sciences)
  • Florence Georges, Faculté de droit et membre de l’Institut de recherche NaDI (Namur Digital Institute)
  • Nathanaël Laurent, Faculté des sciences et membre de l’Institut de recherche EsPhiN (Espace Philosophique de Namur)
  • Catherine Linard, Faculté des sciences et membre des Instituts de recherche NaRILIS (Namur Research Institute for Life Sciences) et ILEE (Institute of Life-Earth-Environment)
  • Rita Rixen, directrice de la FUCID, le Forum universitaire pour la coopération internationale au développement
  • Amélie Schnock, membre du Service des relations internationales

L’Université de Namur à l’international

Engagée dans la coopération internationale et au développement, l’Université de Namur entretient de nombreuses collaborations avec plusieurs institutions dans le monde entier. Ces collaborations se réalisent à travers des projets de recherche, des missions d’enseignement ou de formation, ou encore des formations d'étudiants dans le cadre de l'offre d'enseignement de l'UNamur ou dans le cadre de stages de courte durée, notamment de recherche.

Au cœur des défis éthiques et environnementaux à Madagascar

Sciences
Sciences, philosophies et sociétés
Biologie

Situé dans l’océan Indien, Madagascar est une île au patrimoine naturel riche et à l’influence culturelle multiple. Depuis plus de 15 ans, des chercheurs de l’Université de Namur collaborent avec quelques universités et instituts malgaches sur des thématiques variées, parmi lesquelles la préservation de l’environnement, la gestion de l’eau ou encore le renforcement des capacités institutionnelles. Focus sur quelques-uns de ces projets.

Paysage-madagascar

Cet article est tiré de la rubrique "Far Away" du magazine Omalius de septembre 2024.

Projets éthiques et partenariats institutionnels

Professeur au Département de sciences, philosophies et sociétés, Laurent Ravez multiplie les collaborations avec Madagascar. En 2005, il a participé à un projet de recherche américain, financé par le National Institutes of Health. L’objectif ? Former des professionnels de la santé à l’éthique. « Les États-Unis avaient besoin d’établir des comités d’éthiques partout à travers le monde », explique Laurent Ravez. « Ce projet a débuté en République Démocratique du Congo avant de s’étendre à Madagascar. Lorsque je suis arrivé à Madagascar en 2009, ce fut un véritable choc culturel pour moi. Je connaissais déjà l’Afrique, mais c’est une Afrique différente, à l’intersection de diverses cultures, dont des influences asiatiques », se confie-t-il. « Sur place, nous avons travaillé avec un Institut de santé publique, puis un centre de recherche dans le domaine des maladies infectieuses. Pendant presque 15 ans, nous avons initié des groupes de chercheurs et des médecins à cette discipline. Cela a conduit à la création de nouveaux comités d’éthique et au renforcement de ceux déjà existants ».

Ce premier contact avec Madagascar a ouvert la voie à de nouveaux projets. « L’ARES-CDD m’a proposé de rejoindre un projet de recherche via appui institutionnel à l'Université d'Antananarivo », poursuit le professeur. L’appui institutionnel vise à fournir à une université les ressources nécessaires pour qu’elle puisse atteindre ses propres objectifs. « Ici, l’objectif est de renforcer les capacités et de dynamiser la recherche de l’université. Nous avons donc travaillé avec des doctoriales, qui permettent à des doctorants de présenter en quelques minutes leurs projets, de les partager avec leurs collègues, et stimuler ainsi la recherche. Notre présence permet d’apporter notre expérience et nos conseils, mais c’est un vrai partage de compétences avec les locaux », insiste Laurent Ravez. 

prise-de-parole-de-laurent-ravez-a-madagascar

Profondément attaché à Madagascar, Laurent Ravez s’y rend plusieurs fois par an. « C’est lors de l’un de mes voyages que l’on m’a proposé d’aller rencontrer le Père Pedro », raconte-t-il. « C’est un homme très inspirant, qui a permis à des milliers de personnes de la misère de sortir de la misère, notamment en construisant des écoles et une université gratuite. Il est convaincu que l’éducation et le travail permettent aux gens de se libérer eux-mêmes de la pauvreté ».

Encore en phase de réflexion, une nouvelle collaboration pourrait bientôt voir le jour. « J’ai enseigné la bioéthique dans le nord-ouest du pays où j’ai eu l’occasion de travailler avec une Faculté de dentisterie. La dentition à Madagascar est particulièrement préoccupante, et cela a des répercussions sur la santé des individus ou encore leur capacité de trouver du travail », expose le professeur. « Sur l’île, les dentistes sont assez mal considérés par la population, perçus comme étant méprisants. L’idée serait alors de sensibiliser ces professionnels de la santé à l’éthique, tout en développant un projet de prévention dentaire avec eux », se réjouit le chercheur.

Toxicité des microplastiques

Après un master de spécialisation en gestion des ressources aquatiques et aquaculture, Andry Rabezanahary a décroché une bourse ARES pour entamer un doctorat en 2021, sous la direction du professeur Patrick Kestemont. « À Madagascar, les systèmes de gestion des déchets sont encore en développement, ce qui peut conduire à une certaine contamination des cours d'eau », expose le doctorant. 

andry_rabezanahary_au_bord_d_un_cours_d_eau_a_madagascar

« Notre objectif est donc d’évaluer la toxicité des microplastiques présents dans les rivières malgaches, en mesurant leur impact sur les poissons-zèbres. Nous cherchons ainsi à démontrer si des anomalies surviennent lorsque ces poissons sont exposés à des microplastiques, et nous tentons de déterminer si ces anomalies persistent ou se résorbent au cours des années suivantes ».

Pour mener cette recherche, Andry Rabezanahary partage son temps entre Madagascar, où il prélève des échantillons d'eau et de sédiments, et Namur, où il effectue les analyses. « La récolte de microplastique se fait à l’aide d'un filet à plancton, laissé dans la rivière pendant 4 à 5 heures. Nous caractérisons ensuite les microplastiques pour observer leur dégradation dans l'environnement. Les particules sont ensuite micronisées pour obtenir des tailles allant de 1 à 50 micromètres, puis sont exposées aux poissons ». Ces expérimentations visent à déterminer si les microplastiques sont capables de traverser les barrières intestinales des poissons, se répandre dans leur organisme et potentiellement provoquer des maladies.

Renforcer la gestion de l’eau 

Il y a sept ans, un projet visant à appuyer la mise en œuvre de l’approche GIRE (Gestion Intégrée des Ressources en Eau) à Madagascar en vue d’un développement durable et de la résilience climatique a été lancé en collaboration entre l’UNamur, l’UClouvain, l’UAntananarivo, l’UAntsiranana et l’UToamasina. Ce projet, financé par l’ARES sous le nom de GIRE SAVA, se concentre sur la région SAVA, située au nord-est de Madagascar. Son ambition est d'examiner plusieurs aspects essentiels de la gestion de l'eau, notamment les altérations hydrologiques, la qualité de l’eau, les altérations hydrogéologiques et la mise en place d’un système d’informations dans le cadre de la gestion de l’eau. 

« En tant que chercheuse du projet GIRE SAVA, je travaille principalement sur la qualité de l'eau du bassin pilote du projet : le bassin versant de l'Ankavia. J'explore comment l’anthropisation du bassin, c’est-à-dire la transformation de l’environnement par l'action des êtres humains, affecte la qualité physico-chimique de l’eau de la rivière Ankavia, mais aussi les communautés d'invertébrés et de diatomées dans l'eau. Nous essayons également d’évaluer à quelle vitesse la rivière arrive à décomposer la matière organique déversée dans l’eau en menant des expérimentations in-situ », explique Hélène Voahanginirina, doctorante.

Le travail de laboratoire a été mené à Madagascar en étroite collaboration avec une équipe à Namur, sous la direction du professeur Frederik de Laender, promoteur du projet de recherche. Camille Carpentier, experte en identification des macroinvertébrés, a joué un rôle clé dans ces analyses. La finalité de ces recherches était d'analyser la composition des macroinvertébrés sur dix sites différents, à divers moments de l'année, afin de développer un modèle prévisionnel de la diversité des communautés. Un modèle qui reposerait sur plusieurs facteurs prédictifs, tels que l'usage des terres, le type de paysage, ainsi que diverses variables physico-chimiques, comme l'acidité et la température de l'eau.

Cet article est tiré de la rubrique "Far Away" du magazine Omalius #34 (Septembre 2024).

Une Omalius septembre 2024

Père Pedro Opeka - "Le travail, l’éducation et la discipline, permettent de sortir de la pauvreté"

Docteurs Honoris Causa
Institution

Animé par la volonté d'aider les plus démunis, le Père Pedro Opeka, prêtre lazariste, consacre sa vie à améliorer les conditions de vie des populations marginalisées de Madagascar. Un engagement humanitaire fort qui s'est concrétisé par la création d'Akamasoa, une association qui offre un toit, une éducation et des soins à des milliers de Malgaches. En transformant ainsi la vie de toute une communauté, il est devenu un symbole d'espoir dans un pays en proie à la pauvreté. 

Père Pédro Opeka

Cet article est tiré de la rubrique "Enjeux" du magazine Omalius de septembre 2024.

Parlez-nous de votre association Akamasoa. Quels sont les combats que vous menez et comment ceux-ci se concrétisent-ils ?

Akamasoa, qui signifie « Les bons amis » en malagache, est née de notre révolte face à une situation inhumaine où se trouvaient des milliers d’exclus dans les rues et au bord d’une décharge à Tananarive. Notre volonté était alors la réinsertion sociale des sans-abris de la capitale Malgache et de ses environs. Aujourd’hui, nos principaux objectifs sont d’apporter une aide d’urgence, accompagner le retour des familles qui souhaitaient rentrer dans leur lieu d’origine, scolariser les enfants, fournir des soins de santé, construire des logements dignes, créer de l’emploi, assurer la formation professionnelle, accueillir des sans-abris, donner l’accès à l’eau potable et à l’énergie, respecter l’environnement, assurer l’hygiène et la propreté, organiser des animations sportives… enfin, nous invitons les personnes que nous accueillons à redécouvrir la force de l’Esprit. Akamasoa, c’est aujourd’hui 35 ans de combat contre l’extrême pauvreté pour défendre la dignité humaine. Tout cela n’a pu être fait qu’avec foi, passion, force et persévérance. 

Le droit à l’éducation, à la formation et l’accès à la scolarisation sont au cœur de vos actions. Quel est le rôle de l’éducation auprès des jeunes ?

L’éducation est primordiale. C’est à l’école que l’on apprend le vivre ensemble, l’art de se respecter, de s’aider, se pardonner, travailler... À Madagascar, nous avons un proverbe qui dit « Ny fanahy no mahaolona » qui signifie « c’est l’esprit qui fait la personne ». Ce n’est pas la richesse, ni le savoir ou les diplômes. L’esprit fait de chaque personne quelqu’un d’unique. Sans cet esprit, nous sommes vides. À Akamasoa, l'école est obligatoire pour tous les enfants. Nous leur inculquons des valeurs fondamentales comme le travail, l’éducation et la discipline, qui sont essentielles pour s'intégrer dans la société et permettent de sortir de la pauvreté. En leur donnant les clés de l'éducation, nous leur offrons la possibilité de construire leur propre avenir et de devenir des acteurs du changement. 

Vous n’êtes jamais en colère face à tant d’injustice ?

Je suis révolté. Comment ne pas l’être ? Comment ne pas être scandalisé de voir les droits des enfants bafoués ? Qui n’est pas scandalisé de voir des enfants malnutris qui arpentent les rues la faim au ventre, des enfants qui ne sont pas scolarisés, qui ne peuvent pas se soigner, qui n’ont pas de maison digne ? Mais quand j’ai face à moi des milliers d’enfants, tous plus beaux et plus souriants les uns que l’autre, je ne peux pas être découragé. Je suis là pour aider la génération qui va nous suivre à vivre plus dignement. Tant que je peux agir, je souhaite participer à tout ce qui fait cette vie sociale. J’ai compris que là où il y a volonté et foi, il y a aussi une solution.  

Quel message voulez-vous faire passer ?

Nous sommes citoyens d’une même terre. Nos frères et sœurs Malagasy et d’Afrique sont quelques fois à bout de souffle. C’est pourquoi ils envahissent la citadelle Europe. À nous de réagir, de savoir recevoir avec un grand cœur de frère, toutes ces personnes de bonne volonté qui respectent le pays dans lequel ils arrivent, qui viennent en toute simplicité pour construire une vie meilleure dans la Terre que Dieu a créée pour tous les humains. Ce n’est jamais facile de sortir de nos tours d’ivoire où tout est facile et clair. Certainement que partager la vie avec des personnes d’autres civilisations, d’autres religions et d’autres coutumes, ne sera pas facile.  

Mais nous sommes d’abord tous humains. Avant d’être citoyen d’un pays particulier sur Terre nous avons tous le droit de liberté, d’égalité et de bonheur. Ensemble nous pouvons construire ce monde dans lequel, dans quelques siècles, il sera totalement naturel de dire : je suis de la planète Terre. Vous qui m’écoutez témoigner de cette expérience de combat quotidien, vous avez le pouvoir de faire cela là où vous vivez, là où vous travaillez, dans votre lieu habituel parce que c’est là où s’exprimera la vérité qui est en vous.  

Que signifie pour vous de recevoir les insignes de Doctor Honoris Causa ?

En 2018, j’avais reçu les insignes de Doctor Honoris Cause de l’Université privée d’Argentine. C’est donc la deuxième fois pour moi, mais je n’en reste pas moins surpris que l’on s’intéresse à notre travail. C’est au peuple Malagasy, qui m’a accueilli en frère et en ami, que je veux le dédier en signe d’amitié et dans un esprit de fraternité. 

Marraine : Géraldine Mathieu, professeure de droit de la famille et de droit de la jeunesse   

Parrain : Laurent Ravez, Professeur de philosophie et d’éthique 

Le Père Pédro avec son parrain, sa marraine et la Rectrice Annick Castiaux

L’association Akamasoa en quelques chiffres

  • + de 25 000 personnes ayant trouvé un logement décent 
  • 22 villages construits  
  • 27 établissements scolaires qui accueillent 18 000 élèves scolarisés de la maternelle jusqu’au lycée et l’université 
  • Des repas de midi servis aux 11 000 enfants du primaire 
  • 3 500 employés  
  • Une équipe de 600 enseignants et de 450 collaborateurs entoure Père Pedro  
Le Père Pédro

Discours officiel de la Rectrice, Annick Castiaux, prononcé lors de la Cérémonie officielle de rentrée académique. 

Epitoges des DHC 2024

La visite du Père Pedro Opeka à l'Université de Namur

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Cet article est tiré de la rubrique "Enjeux" du magazine Omalius #34 (Septembre 2024).

Une Omalius septembre 2024

Arcadico : un outil pédagogique et de recherche pour penser l'Anthropocène

Philosophie
Durable

Le Centre de recherche Arcadie propose un outil critique pour penser l'Anthropocène, cette époque géologique nouvelle dans laquelle nous serions entrés : le dictionnaire Arcadie. Utopie, catastrophe, territoire, évolution… ce dictionnaire numérique explore les notions clés de la philosophie à la lumière des enjeux écologiques, sociaux et politiques de notre temps.

Au sein de l’Institut de recherche ESPHIN (Espace philosophique de Namur), le Centre Arcadie poursuit des recherches qui interrogent trois thématiques logées au cœur de notre contemporanéité : l'anthropocène, l'histoire et les utopies. Les chercheurs et chercheuses de ce Centre ont développé l’ '"Arcadico", un dictionnaire qui vise à composer un lexique philosophique à l’heure de l'Anthropocène.

« Notre volonté avec ce dictionnaire est de montrer que la philosophie, souvent considérée à tort comme une discipline close sur elle-même, peut être un outil pertinent pour réfléchir aux défis brûlants de notre époque, tels que les bouleversements climatiques et les autres aspects de la crise écologique » expliquent Sébastien Laoureux et Louis Carré, porteurs du projet. Avec ce dictionnaire, les chercheurs et chercheuses du Centre Arcadie tentent de donner un aperçu de ce qui a été écrit dans la tradition philosophique en les reliant à des questions éminemment contemporaines. « Par exemple, la notice du terme "progrès" revient sur l’émergence de cette notion, les critiques qui lui sont adressées, le tout avec un prisme philosophique mais également sous l’angle de l’anthropocène, de l’écologie », détaillent les deux chercheurs.

Conçues pour un public averti d’étudiants, de chercheurs ou de personnes intéressées par les questions philosophiques liées à l'Anthropocène, les notices du Dictionnaire Arcadie suivent une structure en trois points :

  • Une définition qui présente la notion dans une perspective philosophique.
  • Une analyse des problèmes que cette notion a soulevés et soulève, tant dans la tradition philosophique que dans le contexte contemporain.
  • Une proposition qui ouvre des perspectives originales sur la notion.

« Par exemple, la notice consacrée au "progrès" commence par définir cette notion comme une amélioration générale de la condition de vie des êtres humains », illustre Louis Carré. « Elle analyse ensuite les critiques qui ont été adressées à cette notion, notamment celles qui soulignent que le progrès a souvent servi de prête-nom à des formes d'exploitation des ressources naturelles et de domination sociale. Enfin, la notice propose une réflexion sur la possibilité d'un progrès qui soit compatible avec les enjeux écologiques et sociaux de l'Anthropocène. »

Cet outil pédagogique permet de découvrir ou de redécouvrir des notions clés de la philosophie dans une perspective contemporaine. Il est également un outil de recherche qui contribue à la réflexion sur les enjeux philosophiques de l'Anthropocène, cette époque qui est aujourd’hui la nôtre.

Cet outil est amené à être enrichi régulièrement avec de nouvelles notices.

Explorez déjà les notices AnthropocèneArcadieCatastropheÉvolutionProgrèsProméthéismeTerritoire et Utopie.

Un projet de recherche FNRS

L’Arcadico s’inscrit dans le cadre du PDR FNRS « Ce que l’Anthropocène fait au temps. Recherche philosophique sur les historicités et récits de la crise environnementale ». Ce projet vise à interroger la crise écologique à partir de la nouvelle expérience du temps qu’elle produit et des transformations qu’elle provoque dans notre conception philosophique de l’histoire. L’Anthropocène vient en effet bouleverser la philosophie de l’histoire qui fondait la modernité : celle d’un temps orienté vers l’avenir et structuré par un progrès nécessaire de l’humanité. Contre cette vision linéaire et déterministe du temps historique, la possibilité d’un « monde sans nous » ouverte par l’Anthropocène introduit une rupture dans la course au progrès dont il s’agit de tirer toutes les conséquences. D’une part, en proposant une analyse critique des « grands récits » de l’Anthropocène qui continuent de se construire sur une conception classique de la temporalité, aussi bien dans ses versions optimistes que dans ses versions catastrophistes : un temps continu marqué par la nécessité du cours historique. D’autre part, en prenant acte de la complexification du temps historique qui a lieu dans l’Anthropocène et que le concept de « présent épais » doit nous permettre de saisir en introduisant de la discontinuité et de la contingence dans la marche de l’histoire. Enfin, en réfléchissant à la manière dont des utopies concrètes peuvent nous aider à penser et à agir à l’heure de la crise écologique, non pas en dessinant un avenir idéal, mais en travaillant de l’intérieur le présent de l’Anthropocène et ses contradictions.

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Événements

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Cours préparatoires

Evénement institutionnel

Un programme pour chaque discipline

Durant la fin du mois d’août et début septembre, l’UNamur propose aux élèves de rhéto des cours préparatoires adaptés à leur future formation.

Ces sessions de révisions sont spécialement conçues pour accompagner les élèves dans leur transition vers l’université. En renforçant leurs bases dans les matières clés de leur future discipline, elles leur permettent d’aborder leur première année avec confiance. 

Ces cours préparatoires sont aussi une excellente opportunité pour découvrir le campus, rencontrer de futurs camarades et se familiariser avec les méthodes d’apprentissage propres à l’enseignement supérieur.

Une préparation au concours d’entrée en médecine

Pour les élèves qui souhaitent commencer les études de médecine, deux sessions sont également organisées selon un calendrier spécifique pour préparer le concours d’entrée.

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Rentrée académique 2025-2026

Evénement institutionnel

Au programme pour tous et toutes

09h30 | Cérémonie d'accueil des nouveaux étudiants

11h00 | Célébration de la rentrée à la Cathédrale Saint-Aubain (Place Saint-Aubain - 5000 Namur) puis accueil des étudiants par les Cercles.

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Cérémonie officelle de rentrée académique 2025-2026

Evénement institutionnel

Cérémonie officelle de rentrée académique 2025-2026

Institution
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19:00 - 22:00
Université de Namur, Auditoire Pedro Arrupe (PA01) - Rue Joseph Grafé 2 (Faculté des Sciences) / rue Grangagnage, Sentier Thomas - 5000 Namur

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Le Département de sciences, philosophie et société en vidéo

Plusieurs vidéos expliquent les différentes thématiques de recherche abordées ces dernières années. 

Vidéos département sciences philosophies et sociétés

Direction

Stéphane LEYENS

Directeur du département de sciences, philosophies et sociétés

Véronique OROSE

Secrétaire