Département de philosophie au sein de la Faculté des sciences, cette entité développe des réflexions sur les enjeux épistémologiques, éthiques, sociaux, politiques et culturels des sciences et des techniques. 

Les enseignements portés par les membres du département sont principalement dispensés en facultés des sciences et de médecine et portent sur la philosophie des sciences, l’épistémologie, la logique, la philosophie de la médecine, la bioéthique ou encore l’éthique sociale et politique. L’objectif est d’initier les étudiants et étudiantes à développer une réflexion critique sur leur discipline scientifique et sur les rapports entre sciences et sociétés. 

Les 4 axes autour de l'enseignement et de la recherche

1. Philosophie des sciences 

2. Éthique des soins de santé 

3. Développement humain, justice sociale, interculturalité 

4. Philosophie de la médecine 

En savoir plus sur le Département sciences, philosophie et sociétés

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L’UNamur en Amérique du Sud

Biodiversité

L’Amérique du Sud est un sous-continent d’une grande richesse naturelle et culturelle. Entre préservation de la biodiversité et coopération au développement, l’UNamur entretient des partenariats précieux pour répondre aux défis de l’érosion de la biodiversité et comprendre les transformations socio-économiques actuelles. Immersion en Équateur et au Pérou. 

enseignement-pérou

Stratégiquement situé à l’intersection de la cordillère des Andes, de la forêt amazonienne et des Îles Galápagos (rendues célèbres par un certain Charles Darwin), l’Équateur est un haut lieu de biodiversité. Plus de 150 ans après les observations du naturaliste, ce pays reste un terrain d’étude prisé des scientifiques pour étudier l’adaptation des organismes sauvages aux changements de leur environnement.

L’Équateur comme laboratoire à ciel ouvert

Dans le cadre d’un projet de deux ans financé par la Commission de la coopération internationale de l’ARES (ARES-CCI), les professeurs Frédéric Silvestre et Alice Dennis de l’Unité de Recherche en Biologie Environnementale et évolutive (URBE) de l’UNamur, ont noué un partenariat avec la Universidad Central Del Ecuador. L’objectif ? Appliquer les techniques de génétiques et d’épigénétiques développées dans les laboratoires namurois à des poissons et macro-invertébrés de ruisseaux équatoriens. 

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Photo de Frédéric Silvestre

« Les marques génétiques et épigénétiques présentes sur les gènes permettent d’obtenir des informations précieuses sur les stress environnementaux subis par les populations sauvages »

Frédéric Silvestre Professeur au Département de biologie

Une première campagne d’échantillonnage a été menée cet été et une autre est prévue au printemps prochain, à laquelle participeront Frédéric Silvestre et Alice Dennis. Cette collaboration a également permis d’accueillir au sein de l’URBE une chercheuse équatorienne venue se former aux techniques de séquençage nanopore, utilisées dans le cadre de ce projet, et réaliser des tests sur des échantillons des espèces étudiées. Le séquençage nanopore est une méthode consistant à séquencer des brins d’ADN de longue taille grâce à un signal électrique. « Cette technique est très avantageuse car elle facilite l’assemblage des génomes et permet de travailler à la fois sur la séquence de l’ADN et les modifications de celles-ci. Le séquençage nanopore est en outre un appareillage très petit et portable, facilement utilisable sur le terrain », poursuit le chercheur. L’utilisation de cette technologie a pour but de montrer la faisabilité de ce procédé et, à terme, contribuer à l’élaboration de politiques de conservation plus efficaces de la biodiversité, en s’appuyant sur des données génétiques concrètes.

Pérou : comprendre les dynamiques d’un pays en pleine mutation

Fraîchement désigné Vice-recteur aux relations internationales et extérieures de l’UNamur, Stéphane Leyens est impliqué dans pas moins de 4 projets au Pérou, en collaboration étroite avec l’Universidad Nacional San Antonio Abad del Cusco (UNSAAC). Située dans la cordillère des Andes à près de 3500m d’altitude, cette université bénéficie depuis 2009 d’un soutien de la Commission de la coopération internationale de l’ARES (ARES-CCI) destiné à améliorer la qualité de son enseignement et à renforcer ses capacités de recherche. Ces projets ont pour toile de fond la nouvelle « loi universitaire », qui a profondément bouleversé le paysage de l’enseignement supérieur en mettant l’accent sur la formation des enseignants et la responsabilité sociale des universités, désormais invitées à intégrer des enjeux comme l’interculturalité, l’environnement et le genre dans une perspective de développement rural local. 

Il faut dire que le contexte culturel, politique et socio-économique du pays est en pleine mutation. Conséquence : les communautés paysannes sont tiraillées entre un attachement identitaire aux modes de vie traditionnels et l’attrait pour les possibilités économiques offertes par la modernisation de l’agriculture ou de l’essor du tourisme. 

C’est cette tension qu’étudie Stéphane Leyens, dans le district d’Ocongate (département de Cuzco), situé sur le tracé de la Route Interocéanique Sud. « Cette route asphaltée, reliant Lima à Sao Paulo et achevée en 2006, a complètement transformé la dynamique communautaire et socio-économique des populations Quechua des hautes Andes, rendant possible l’accès aux mines de l’Amazonie, aux marchés de centres urbains, aux institutions d’enseignement supérieur, et ouvrant la région au tourisme. L’idée était donc d’étudier ce changement de dynamique, via le prisme de la prise de décision familiale et communautaire, avec un point d’attention particulier à l’éducation, aux activités agricoles et aux questions de genre », explique Stéphane Leyens. Ces questionnements – qui résonnent particulièrement avec les réalités vécues par la population – ont débouché sur deux recherches doctorales menées par des chercheuses péruviennes. 

Dans la même perspective, et dans un tout nouveau projet, le chercheur s’intéresse à l’impact du développement des exploitations minières informelles sur l’économie locale à travers un angle original : l’épistémologie quechua. Ce projet s’appuie sur un partenariat avec une équipe de l’Universidad Nacional José María Arguedas (UNAJMA), spécialiste de cette approche.

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Photo de Stéphane Leyens

« L’essor des mines informelles a déstabilisé les équilibres familiaux, avec une masculinisation des activités minières délocalisées et une féminisation du travail agricole au sein des communautésPour analyser ces mutations, nous partons du cadre de pensée des communautés paysannes s’exprimant en langue quechua : de leurs mythologies, leurs conceptions du rapport à la terre et à la nature, à la communauté, etc. »

Stéphane Leyens Vice-recteur aux relations internationales et extérieures de l’UNamur

Retour d’expérience d'une étudiante

« Dans le cadre du Master en physique, on a l’obligation de faire un stage en Belgique ou ailleurs. J’ai choisi de m’envoler vers le Brésil car des chercheurs locaux réalisent des recherches en lien avec mon sujet de mémoire. C’était aussi l’occasion de sortir de ma zone de confort et de vivre une expérience dans un pays éloigné.

Cela s’est très bien passé, tant sur le plan académique que personnel. J’ai eu la chance de prendre part à la rédaction d’un article et de suivre tout le parcours de publication. L’organisation du travail était très libre et j’ai pu mener ma recherche en toute autonomie. J’ai rapidement forgé des amitiés durables, notamment en participant à des cours de forró, une danse brésilienne.

Si j’avais un conseil à donner : foncez ! Partir loin peut faire peur mais cela nous apprend beaucoup de choses et notamment le fait qu’on est capable de rebondir dans des situations parfois imprévisibles. »

- Thaïs Nivaille, étudiante en physique

Cet article est tiré de la rubrique "Far away" du magazine Omalius #38 (Septembre 2025).

cover-omalius-septembre-2025

SPiN : un nouveau centre de recherche pour penser les sciences autrement

Sciences, philosophies et sociétés

À l’heure où la désinformation, la post-vérité et le complotisme fragilisent la confiance dans les sciences, l’UNamur accueille SPiN (Science & Philosophy in Namur), un nouveau centre de recherche interdisciplinaire qui interroge la place des sciences dans la société. Fondé en septembre dernier par Olivier Sartenaer, professeur de philosophie des sciences à l’UNamur, SPiN rassemble des philosophes et des scientifiques autour d’une vision commune : développer une réflexion critique et accessible sur les sciences dans toute leur diversité.

L'équipe de recherche d'Oliver Sartenaer (Centre SPiN, ESPHIN)

De gauche à droite : Doan Vu Duc,  Maxime Hilbert, Charly Mobers, Olivier Sartenaer,  Louis Halflants, Andrea Roselli, Gauvain Leconte-Chevillard, Eve-Aline Dubois.

Si l’UNamur se distingue par la présence d’un département de philosophie des sciences au sein de sa Faculté des sciences, aucun centre de recherche n’était jusqu’ici spécifiquement dédié aux enjeux épistémologiques, éthiques, politiques et métaphysiques des sciences. SPiN vient combler ce vide. 

 

Logo du centre SPiN de l'Institut ESPHIN

« Plusieurs facteurs contingents ont permis la création de SPiN : l’absence d’une structure de recherche spécifiquement dédiée à ces thématiques et l’arrivée quasiment simultanée de quatre jeunes philosophes des sciences. C’est un peu un alignement des planètes », explique Olivier Sartenaer.

A ses côtés, on retrouve Juliette Ferry-Danini (Faculté d’informatique), Thibaut De Meyer (Faculté de philosophie et lettres) et Gaëlle Pontarotti (Faculté des sciences), qui forment le noyau dur de SPiN.

Répondre à une demande sociétale forte

SPiN s’inscrit dans une dynamique de recherche engagée au cœur des débat contemporains. 

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Olivier Sartenaer

On ressent un réel besoin d’éclairage des citoyens sur ces questions. C’était important pour nous qu’une structure de recherche reflète cette demande sociétale grandissante et accueille des recherches sur ces thématiques. 

Olivier Sartenaer Professeur de philosophie des sciences à l’UNamur

Les chercheurs de SPiN explorent un large éventail de thématiques, avec en toile de fond une interrogation sur notre rapport à la connaissance scientifique. Parmi ceux-ci :

  • le rapport entre sciences et pseudosciences ;
  • le réductionnisme dans les sciences ;
  • le déterminisme génétique et l’hérédité ;
  • l’éthique médicale et la santé publique (vaccinations, pandémies) ;
  • l’éthologie,
  • le perspectivisme.

Ces recherches sont portées par une équipe interdisciplinaire composée d’enseignants-chercheurs, de doctorants et de postdoctorants issus des différentes facultés de l’UNamur.

Un lieu de rencontre académique…mais aussi citoyen

SPiN organise des séminaires hebdomadaires consacrés aux recherches en cours en philosophie des sciences ainsi que des séminaires liés à des thématiques plus spécifiques : la santé, les sciences du vivant, la cosmologie et les théories de l’émergence et du réductionnisme dans les sciences naturelles.

Mais SPiN ne se limite pas à la sphère académique : le centre entend faire sortir ces questions hors des murs de l’université, au travers d’événements et d’activités accessibles à toutes et tous. Un événement inaugural est d’ores et déjà planifié pour le printemps prochain sur une thématique d’actualité : la méfiance dans les sciences. Plus d’infos à venir ! 

En savoir plus sur le centre de recherche SPiN

Une mission exploratoire pour tisser des liens avec le Sénégal

Institution

Une délégation de l’Université de Namur a participé à une mission exploratoire à l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, au Sénégal. L’objectif : découvrir les recherches menées sur le terrain, rencontrer les chercheurs de l’UCAD et initier de futures collaborations entre les deux institutions. 

photo délégation sénégal

Dix membres du corps académique et scientifique de l’UNamur, accompagnés par le Service des relations internationales et de l’ONG FUCID, le Forum Universitaire pour la Coopération Internationale au Développement, ont participé à une mission exploratoire co-organisée avec l’UCAD. Cette mission s’inscrivait dans la volonté de l’université de renforcer les partenariats avec le Sud, en favorisant les échanges, en sensibilisant les chercheurs aux enjeux du Sud global et en faisant émerger de nouveaux projets.

Pendant une semaine, plusieurs activités ont été organisées pour permettre aux membres de la délégation de découvrir l’université sénégalaise : visite de l’UCAD et découverte de ses enjeux, échanges autour du concept « One Health », rencontres entre chercheurs, visite de terrain et moment de clôture en présence de partenaires institutionnels.

Catherine Linard, professeure à la Faculté des sciences, faisait partie de la délégation namuroise « Se rendre sur place et échanger avec nos collègues sénégalais est très important. Cela nous permet de découvrir la richesse de leurs recherches, dans des domaines souvent directement connectés aux réalités du terrain », explique-t-elle.

Depuis 2015, Catherine Linard collabore avec l’UCAD, notamment dans le cadre d’un projet de recherche et développement soutenu par l’ARES. « De cette première collaboration sont nées de nombreuses dynamiques. Plusieurs doctorants sénégalais sont venus en Belgique pour poursuivre leurs recherches. Et inversement, une de mes doctorante belge, Camille Morlighem, qui travaille sur la création de cartes de risque de malaria au Sénégal, a pu bénéficier de bourses de mobilité pour des séjours de recherche à l’UCAD. Nous avons également établi des échanges d’enseignement : je me suis rendue à Dakar pour donner une semaine de formation aux doctorants en géographie, et une collègue géographe de la santé, Aminata Niang Diène, vient chaque année en Belgique pour intervenir dans un de mes cours de master », poursuit la professeure.

Les participants

La délégation rassemblait des profils issus de plusieurs facultés de l’UNamur et de services :

  • Francesca Cecchet, Faculté des sciences, présidente de l’Institut de recherche NISM (Namur Institute of Structured Matter) et membre de l’Institut de recherche (NaRILIS Namur Research Institute for Life Sciences)
  • Laurent Houssiau, Faculté des sciences et membre de l’Institut de recherche NISM (Namur Institute of Structured Matter) 
  • Charles Nicaise, Faculté de médecine et président de l’Institut de recherche NaRILIS (Namur Research Institute for Life Sciences) 
  • Denis Saint-Amand, Faculté de philosophie et de lettres et membre de l’Institut de recherche NaLTT (Namur Institute of Language, Text and Transmediality)
  • Laurent Ravez, Facultés de médecine et des sciences et membre des Instituts de recherche NaRILiS (Namur Research Institute for Life Sciences) et EsPhiN (Espace Philosophique de Namur)
  • Anne Vermeyen, membre de la Cellule bien-être animal
  • Flora Musuamba, Faculté de médecine et membre de l’Institut de recherche NaRILIS (Namur Research Institute for Life Sciences)
  • Florence Georges, Faculté de droit et membre de l’Institut de recherche NaDI (Namur Digital Institute)
  • Nathanaël Laurent, Faculté des sciences et membre de l’Institut de recherche EsPhiN (Espace Philosophique de Namur)
  • Catherine Linard, Faculté des sciences et membre des Instituts de recherche NaRILIS (Namur Research Institute for Life Sciences) et ILEE (Institute of Life-Earth-Environment)
  • Rita Rixen, directrice de la FUCID, le Forum universitaire pour la coopération internationale au développement
  • Amélie Schnock, membre du Service des relations internationales

L’Université de Namur à l’international

Engagée dans la coopération internationale et au développement, l’Université de Namur entretient de nombreuses collaborations avec plusieurs institutions dans le monde entier. Ces collaborations se réalisent à travers des projets de recherche, des missions d’enseignement ou de formation, ou encore des formations d'étudiants dans le cadre de l'offre d'enseignement de l'UNamur ou dans le cadre de stages de courte durée, notamment de recherche.

Au cœur des défis éthiques et environnementaux à Madagascar

Sciences
Sciences, philosophies et sociétés
Biologie
ODD 3 - Bonne santé et bien-être
ODD 6 - Eau propre et assainissement
ODD 14 - Vie aquatique
ODD 15 - Vie terrestre

Situé dans l’océan Indien, Madagascar est une île au patrimoine naturel riche et à l’influence culturelle multiple. Depuis plus de 15 ans, des chercheurs de l’Université de Namur collaborent avec quelques universités et instituts malgaches sur des thématiques variées, parmi lesquelles la préservation de l’environnement, la gestion de l’eau ou encore le renforcement des capacités institutionnelles. Focus sur quelques-uns de ces projets.

Paysage-madagascar

Cet article est tiré de la rubrique "Far Away" du magazine Omalius de septembre 2024.

Projets éthiques et partenariats institutionnels

Professeur au Département de sciences, philosophies et sociétés, Laurent Ravez multiplie les collaborations avec Madagascar. En 2005, il a participé à un projet de recherche américain, financé par le National Institutes of Health. L’objectif ? Former des professionnels de la santé à l’éthique. « Les États-Unis avaient besoin d’établir des comités d’éthiques partout à travers le monde », explique Laurent Ravez. « Ce projet a débuté en République Démocratique du Congo avant de s’étendre à Madagascar. Lorsque je suis arrivé à Madagascar en 2009, ce fut un véritable choc culturel pour moi. Je connaissais déjà l’Afrique, mais c’est une Afrique différente, à l’intersection de diverses cultures, dont des influences asiatiques », se confie-t-il. « Sur place, nous avons travaillé avec un Institut de santé publique, puis un centre de recherche dans le domaine des maladies infectieuses. Pendant presque 15 ans, nous avons initié des groupes de chercheurs et des médecins à cette discipline. Cela a conduit à la création de nouveaux comités d’éthique et au renforcement de ceux déjà existants ».

Ce premier contact avec Madagascar a ouvert la voie à de nouveaux projets. « L’ARES-CDD m’a proposé de rejoindre un projet de recherche via appui institutionnel à l'Université d'Antananarivo », poursuit le professeur. L’appui institutionnel vise à fournir à une université les ressources nécessaires pour qu’elle puisse atteindre ses propres objectifs. « Ici, l’objectif est de renforcer les capacités et de dynamiser la recherche de l’université. Nous avons donc travaillé avec des doctoriales, qui permettent à des doctorants de présenter en quelques minutes leurs projets, de les partager avec leurs collègues, et stimuler ainsi la recherche. Notre présence permet d’apporter notre expérience et nos conseils, mais c’est un vrai partage de compétences avec les locaux », insiste Laurent Ravez. 

prise-de-parole-de-laurent-ravez-a-madagascar

Profondément attaché à Madagascar, Laurent Ravez s’y rend plusieurs fois par an. « C’est lors de l’un de mes voyages que l’on m’a proposé d’aller rencontrer le Père Pedro », raconte-t-il. « C’est un homme très inspirant, qui a permis à des milliers de personnes de la misère de sortir de la misère, notamment en construisant des écoles et une université gratuite. Il est convaincu que l’éducation et le travail permettent aux gens de se libérer eux-mêmes de la pauvreté ».

Encore en phase de réflexion, une nouvelle collaboration pourrait bientôt voir le jour. « J’ai enseigné la bioéthique dans le nord-ouest du pays où j’ai eu l’occasion de travailler avec une Faculté de dentisterie. La dentition à Madagascar est particulièrement préoccupante, et cela a des répercussions sur la santé des individus ou encore leur capacité de trouver du travail », expose le professeur. « Sur l’île, les dentistes sont assez mal considérés par la population, perçus comme étant méprisants. L’idée serait alors de sensibiliser ces professionnels de la santé à l’éthique, tout en développant un projet de prévention dentaire avec eux », se réjouit le chercheur.

Toxicité des microplastiques

Après un master de spécialisation en gestion des ressources aquatiques et aquaculture, Andry Rabezanahary a décroché une bourse ARES pour entamer un doctorat en 2021, sous la direction du professeur Patrick Kestemont. « À Madagascar, les systèmes de gestion des déchets sont encore en développement, ce qui peut conduire à une certaine contamination des cours d'eau », expose le doctorant. 

andry_rabezanahary_au_bord_d_un_cours_d_eau_a_madagascar

« Notre objectif est donc d’évaluer la toxicité des microplastiques présents dans les rivières malgaches, en mesurant leur impact sur les poissons-zèbres. Nous cherchons ainsi à démontrer si des anomalies surviennent lorsque ces poissons sont exposés à des microplastiques, et nous tentons de déterminer si ces anomalies persistent ou se résorbent au cours des années suivantes ».

Pour mener cette recherche, Andry Rabezanahary partage son temps entre Madagascar, où il prélève des échantillons d'eau et de sédiments, et Namur, où il effectue les analyses. « La récolte de microplastique se fait à l’aide d'un filet à plancton, laissé dans la rivière pendant 4 à 5 heures. Nous caractérisons ensuite les microplastiques pour observer leur dégradation dans l'environnement. Les particules sont ensuite micronisées pour obtenir des tailles allant de 1 à 50 micromètres, puis sont exposées aux poissons ». Ces expérimentations visent à déterminer si les microplastiques sont capables de traverser les barrières intestinales des poissons, se répandre dans leur organisme et potentiellement provoquer des maladies.

Renforcer la gestion de l’eau 

Il y a sept ans, un projet visant à appuyer la mise en œuvre de l’approche GIRE (Gestion Intégrée des Ressources en Eau) à Madagascar en vue d’un développement durable et de la résilience climatique a été lancé en collaboration entre l’UNamur, l’UClouvain, l’UAntananarivo, l’UAntsiranana et l’UToamasina. Ce projet, financé par l’ARES sous le nom de GIRE SAVA, se concentre sur la région SAVA, située au nord-est de Madagascar. Son ambition est d'examiner plusieurs aspects essentiels de la gestion de l'eau, notamment les altérations hydrologiques, la qualité de l’eau, les altérations hydrogéologiques et la mise en place d’un système d’informations dans le cadre de la gestion de l’eau. 

« En tant que chercheuse du projet GIRE SAVA, je travaille principalement sur la qualité de l'eau du bassin pilote du projet : le bassin versant de l'Ankavia. J'explore comment l’anthropisation du bassin, c’est-à-dire la transformation de l’environnement par l'action des êtres humains, affecte la qualité physico-chimique de l’eau de la rivière Ankavia, mais aussi les communautés d'invertébrés et de diatomées dans l'eau. Nous essayons également d’évaluer à quelle vitesse la rivière arrive à décomposer la matière organique déversée dans l’eau en menant des expérimentations in-situ », explique Hélène Voahanginirina, doctorante.

Le travail de laboratoire a été mené à Madagascar en étroite collaboration avec une équipe à Namur, sous la direction du professeur Frederik de Laender, promoteur du projet de recherche. Camille Carpentier, experte en identification des macroinvertébrés, a joué un rôle clé dans ces analyses. La finalité de ces recherches était d'analyser la composition des macroinvertébrés sur dix sites différents, à divers moments de l'année, afin de développer un modèle prévisionnel de la diversité des communautés. Un modèle qui reposerait sur plusieurs facteurs prédictifs, tels que l'usage des terres, le type de paysage, ainsi que diverses variables physico-chimiques, comme l'acidité et la température de l'eau.

Cet article est tiré de la rubrique "Far Away" du magazine Omalius #34 (Septembre 2024).

Une Omalius septembre 2024

L’UNamur en Amérique du Sud

Biodiversité

L’Amérique du Sud est un sous-continent d’une grande richesse naturelle et culturelle. Entre préservation de la biodiversité et coopération au développement, l’UNamur entretient des partenariats précieux pour répondre aux défis de l’érosion de la biodiversité et comprendre les transformations socio-économiques actuelles. Immersion en Équateur et au Pérou. 

enseignement-pérou

Stratégiquement situé à l’intersection de la cordillère des Andes, de la forêt amazonienne et des Îles Galápagos (rendues célèbres par un certain Charles Darwin), l’Équateur est un haut lieu de biodiversité. Plus de 150 ans après les observations du naturaliste, ce pays reste un terrain d’étude prisé des scientifiques pour étudier l’adaptation des organismes sauvages aux changements de leur environnement.

L’Équateur comme laboratoire à ciel ouvert

Dans le cadre d’un projet de deux ans financé par la Commission de la coopération internationale de l’ARES (ARES-CCI), les professeurs Frédéric Silvestre et Alice Dennis de l’Unité de Recherche en Biologie Environnementale et évolutive (URBE) de l’UNamur, ont noué un partenariat avec la Universidad Central Del Ecuador. L’objectif ? Appliquer les techniques de génétiques et d’épigénétiques développées dans les laboratoires namurois à des poissons et macro-invertébrés de ruisseaux équatoriens. 

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Photo de Frédéric Silvestre

« Les marques génétiques et épigénétiques présentes sur les gènes permettent d’obtenir des informations précieuses sur les stress environnementaux subis par les populations sauvages »

Frédéric Silvestre Professeur au Département de biologie

Une première campagne d’échantillonnage a été menée cet été et une autre est prévue au printemps prochain, à laquelle participeront Frédéric Silvestre et Alice Dennis. Cette collaboration a également permis d’accueillir au sein de l’URBE une chercheuse équatorienne venue se former aux techniques de séquençage nanopore, utilisées dans le cadre de ce projet, et réaliser des tests sur des échantillons des espèces étudiées. Le séquençage nanopore est une méthode consistant à séquencer des brins d’ADN de longue taille grâce à un signal électrique. « Cette technique est très avantageuse car elle facilite l’assemblage des génomes et permet de travailler à la fois sur la séquence de l’ADN et les modifications de celles-ci. Le séquençage nanopore est en outre un appareillage très petit et portable, facilement utilisable sur le terrain », poursuit le chercheur. L’utilisation de cette technologie a pour but de montrer la faisabilité de ce procédé et, à terme, contribuer à l’élaboration de politiques de conservation plus efficaces de la biodiversité, en s’appuyant sur des données génétiques concrètes.

Pérou : comprendre les dynamiques d’un pays en pleine mutation

Fraîchement désigné Vice-recteur aux relations internationales et extérieures de l’UNamur, Stéphane Leyens est impliqué dans pas moins de 4 projets au Pérou, en collaboration étroite avec l’Universidad Nacional San Antonio Abad del Cusco (UNSAAC). Située dans la cordillère des Andes à près de 3500m d’altitude, cette université bénéficie depuis 2009 d’un soutien de la Commission de la coopération internationale de l’ARES (ARES-CCI) destiné à améliorer la qualité de son enseignement et à renforcer ses capacités de recherche. Ces projets ont pour toile de fond la nouvelle « loi universitaire », qui a profondément bouleversé le paysage de l’enseignement supérieur en mettant l’accent sur la formation des enseignants et la responsabilité sociale des universités, désormais invitées à intégrer des enjeux comme l’interculturalité, l’environnement et le genre dans une perspective de développement rural local. 

Il faut dire que le contexte culturel, politique et socio-économique du pays est en pleine mutation. Conséquence : les communautés paysannes sont tiraillées entre un attachement identitaire aux modes de vie traditionnels et l’attrait pour les possibilités économiques offertes par la modernisation de l’agriculture ou de l’essor du tourisme. 

C’est cette tension qu’étudie Stéphane Leyens, dans le district d’Ocongate (département de Cuzco), situé sur le tracé de la Route Interocéanique Sud. « Cette route asphaltée, reliant Lima à Sao Paulo et achevée en 2006, a complètement transformé la dynamique communautaire et socio-économique des populations Quechua des hautes Andes, rendant possible l’accès aux mines de l’Amazonie, aux marchés de centres urbains, aux institutions d’enseignement supérieur, et ouvrant la région au tourisme. L’idée était donc d’étudier ce changement de dynamique, via le prisme de la prise de décision familiale et communautaire, avec un point d’attention particulier à l’éducation, aux activités agricoles et aux questions de genre », explique Stéphane Leyens. Ces questionnements – qui résonnent particulièrement avec les réalités vécues par la population – ont débouché sur deux recherches doctorales menées par des chercheuses péruviennes. 

Dans la même perspective, et dans un tout nouveau projet, le chercheur s’intéresse à l’impact du développement des exploitations minières informelles sur l’économie locale à travers un angle original : l’épistémologie quechua. Ce projet s’appuie sur un partenariat avec une équipe de l’Universidad Nacional José María Arguedas (UNAJMA), spécialiste de cette approche.

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Photo de Stéphane Leyens

« L’essor des mines informelles a déstabilisé les équilibres familiaux, avec une masculinisation des activités minières délocalisées et une féminisation du travail agricole au sein des communautésPour analyser ces mutations, nous partons du cadre de pensée des communautés paysannes s’exprimant en langue quechua : de leurs mythologies, leurs conceptions du rapport à la terre et à la nature, à la communauté, etc. »

Stéphane Leyens Vice-recteur aux relations internationales et extérieures de l’UNamur

Retour d’expérience d'une étudiante

« Dans le cadre du Master en physique, on a l’obligation de faire un stage en Belgique ou ailleurs. J’ai choisi de m’envoler vers le Brésil car des chercheurs locaux réalisent des recherches en lien avec mon sujet de mémoire. C’était aussi l’occasion de sortir de ma zone de confort et de vivre une expérience dans un pays éloigné.

Cela s’est très bien passé, tant sur le plan académique que personnel. J’ai eu la chance de prendre part à la rédaction d’un article et de suivre tout le parcours de publication. L’organisation du travail était très libre et j’ai pu mener ma recherche en toute autonomie. J’ai rapidement forgé des amitiés durables, notamment en participant à des cours de forró, une danse brésilienne.

Si j’avais un conseil à donner : foncez ! Partir loin peut faire peur mais cela nous apprend beaucoup de choses et notamment le fait qu’on est capable de rebondir dans des situations parfois imprévisibles. »

- Thaïs Nivaille, étudiante en physique

Cet article est tiré de la rubrique "Far away" du magazine Omalius #38 (Septembre 2025).

cover-omalius-septembre-2025

SPiN : un nouveau centre de recherche pour penser les sciences autrement

Sciences, philosophies et sociétés

À l’heure où la désinformation, la post-vérité et le complotisme fragilisent la confiance dans les sciences, l’UNamur accueille SPiN (Science & Philosophy in Namur), un nouveau centre de recherche interdisciplinaire qui interroge la place des sciences dans la société. Fondé en septembre dernier par Olivier Sartenaer, professeur de philosophie des sciences à l’UNamur, SPiN rassemble des philosophes et des scientifiques autour d’une vision commune : développer une réflexion critique et accessible sur les sciences dans toute leur diversité.

L'équipe de recherche d'Oliver Sartenaer (Centre SPiN, ESPHIN)

De gauche à droite : Doan Vu Duc,  Maxime Hilbert, Charly Mobers, Olivier Sartenaer,  Louis Halflants, Andrea Roselli, Gauvain Leconte-Chevillard, Eve-Aline Dubois.

Si l’UNamur se distingue par la présence d’un département de philosophie des sciences au sein de sa Faculté des sciences, aucun centre de recherche n’était jusqu’ici spécifiquement dédié aux enjeux épistémologiques, éthiques, politiques et métaphysiques des sciences. SPiN vient combler ce vide. 

 

Logo du centre SPiN de l'Institut ESPHIN

« Plusieurs facteurs contingents ont permis la création de SPiN : l’absence d’une structure de recherche spécifiquement dédiée à ces thématiques et l’arrivée quasiment simultanée de quatre jeunes philosophes des sciences. C’est un peu un alignement des planètes », explique Olivier Sartenaer.

A ses côtés, on retrouve Juliette Ferry-Danini (Faculté d’informatique), Thibaut De Meyer (Faculté de philosophie et lettres) et Gaëlle Pontarotti (Faculté des sciences), qui forment le noyau dur de SPiN.

Répondre à une demande sociétale forte

SPiN s’inscrit dans une dynamique de recherche engagée au cœur des débat contemporains. 

Image
Olivier Sartenaer

On ressent un réel besoin d’éclairage des citoyens sur ces questions. C’était important pour nous qu’une structure de recherche reflète cette demande sociétale grandissante et accueille des recherches sur ces thématiques. 

Olivier Sartenaer Professeur de philosophie des sciences à l’UNamur

Les chercheurs de SPiN explorent un large éventail de thématiques, avec en toile de fond une interrogation sur notre rapport à la connaissance scientifique. Parmi ceux-ci :

  • le rapport entre sciences et pseudosciences ;
  • le réductionnisme dans les sciences ;
  • le déterminisme génétique et l’hérédité ;
  • l’éthique médicale et la santé publique (vaccinations, pandémies) ;
  • l’éthologie,
  • le perspectivisme.

Ces recherches sont portées par une équipe interdisciplinaire composée d’enseignants-chercheurs, de doctorants et de postdoctorants issus des différentes facultés de l’UNamur.

Un lieu de rencontre académique…mais aussi citoyen

SPiN organise des séminaires hebdomadaires consacrés aux recherches en cours en philosophie des sciences ainsi que des séminaires liés à des thématiques plus spécifiques : la santé, les sciences du vivant, la cosmologie et les théories de l’émergence et du réductionnisme dans les sciences naturelles.

Mais SPiN ne se limite pas à la sphère académique : le centre entend faire sortir ces questions hors des murs de l’université, au travers d’événements et d’activités accessibles à toutes et tous. Un événement inaugural est d’ores et déjà planifié pour le printemps prochain sur une thématique d’actualité : la méfiance dans les sciences. Plus d’infos à venir ! 

En savoir plus sur le centre de recherche SPiN

Une mission exploratoire pour tisser des liens avec le Sénégal

Institution

Une délégation de l’Université de Namur a participé à une mission exploratoire à l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, au Sénégal. L’objectif : découvrir les recherches menées sur le terrain, rencontrer les chercheurs de l’UCAD et initier de futures collaborations entre les deux institutions. 

photo délégation sénégal

Dix membres du corps académique et scientifique de l’UNamur, accompagnés par le Service des relations internationales et de l’ONG FUCID, le Forum Universitaire pour la Coopération Internationale au Développement, ont participé à une mission exploratoire co-organisée avec l’UCAD. Cette mission s’inscrivait dans la volonté de l’université de renforcer les partenariats avec le Sud, en favorisant les échanges, en sensibilisant les chercheurs aux enjeux du Sud global et en faisant émerger de nouveaux projets.

Pendant une semaine, plusieurs activités ont été organisées pour permettre aux membres de la délégation de découvrir l’université sénégalaise : visite de l’UCAD et découverte de ses enjeux, échanges autour du concept « One Health », rencontres entre chercheurs, visite de terrain et moment de clôture en présence de partenaires institutionnels.

Catherine Linard, professeure à la Faculté des sciences, faisait partie de la délégation namuroise « Se rendre sur place et échanger avec nos collègues sénégalais est très important. Cela nous permet de découvrir la richesse de leurs recherches, dans des domaines souvent directement connectés aux réalités du terrain », explique-t-elle.

Depuis 2015, Catherine Linard collabore avec l’UCAD, notamment dans le cadre d’un projet de recherche et développement soutenu par l’ARES. « De cette première collaboration sont nées de nombreuses dynamiques. Plusieurs doctorants sénégalais sont venus en Belgique pour poursuivre leurs recherches. Et inversement, une de mes doctorante belge, Camille Morlighem, qui travaille sur la création de cartes de risque de malaria au Sénégal, a pu bénéficier de bourses de mobilité pour des séjours de recherche à l’UCAD. Nous avons également établi des échanges d’enseignement : je me suis rendue à Dakar pour donner une semaine de formation aux doctorants en géographie, et une collègue géographe de la santé, Aminata Niang Diène, vient chaque année en Belgique pour intervenir dans un de mes cours de master », poursuit la professeure.

Les participants

La délégation rassemblait des profils issus de plusieurs facultés de l’UNamur et de services :

  • Francesca Cecchet, Faculté des sciences, présidente de l’Institut de recherche NISM (Namur Institute of Structured Matter) et membre de l’Institut de recherche (NaRILIS Namur Research Institute for Life Sciences)
  • Laurent Houssiau, Faculté des sciences et membre de l’Institut de recherche NISM (Namur Institute of Structured Matter) 
  • Charles Nicaise, Faculté de médecine et président de l’Institut de recherche NaRILIS (Namur Research Institute for Life Sciences) 
  • Denis Saint-Amand, Faculté de philosophie et de lettres et membre de l’Institut de recherche NaLTT (Namur Institute of Language, Text and Transmediality)
  • Laurent Ravez, Facultés de médecine et des sciences et membre des Instituts de recherche NaRILiS (Namur Research Institute for Life Sciences) et EsPhiN (Espace Philosophique de Namur)
  • Anne Vermeyen, membre de la Cellule bien-être animal
  • Flora Musuamba, Faculté de médecine et membre de l’Institut de recherche NaRILIS (Namur Research Institute for Life Sciences)
  • Florence Georges, Faculté de droit et membre de l’Institut de recherche NaDI (Namur Digital Institute)
  • Nathanaël Laurent, Faculté des sciences et membre de l’Institut de recherche EsPhiN (Espace Philosophique de Namur)
  • Catherine Linard, Faculté des sciences et membre des Instituts de recherche NaRILIS (Namur Research Institute for Life Sciences) et ILEE (Institute of Life-Earth-Environment)
  • Rita Rixen, directrice de la FUCID, le Forum universitaire pour la coopération internationale au développement
  • Amélie Schnock, membre du Service des relations internationales

L’Université de Namur à l’international

Engagée dans la coopération internationale et au développement, l’Université de Namur entretient de nombreuses collaborations avec plusieurs institutions dans le monde entier. Ces collaborations se réalisent à travers des projets de recherche, des missions d’enseignement ou de formation, ou encore des formations d'étudiants dans le cadre de l'offre d'enseignement de l'UNamur ou dans le cadre de stages de courte durée, notamment de recherche.

Au cœur des défis éthiques et environnementaux à Madagascar

Sciences
Sciences, philosophies et sociétés
Biologie
ODD 3 - Bonne santé et bien-être
ODD 6 - Eau propre et assainissement
ODD 14 - Vie aquatique
ODD 15 - Vie terrestre

Situé dans l’océan Indien, Madagascar est une île au patrimoine naturel riche et à l’influence culturelle multiple. Depuis plus de 15 ans, des chercheurs de l’Université de Namur collaborent avec quelques universités et instituts malgaches sur des thématiques variées, parmi lesquelles la préservation de l’environnement, la gestion de l’eau ou encore le renforcement des capacités institutionnelles. Focus sur quelques-uns de ces projets.

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Cet article est tiré de la rubrique "Far Away" du magazine Omalius de septembre 2024.

Projets éthiques et partenariats institutionnels

Professeur au Département de sciences, philosophies et sociétés, Laurent Ravez multiplie les collaborations avec Madagascar. En 2005, il a participé à un projet de recherche américain, financé par le National Institutes of Health. L’objectif ? Former des professionnels de la santé à l’éthique. « Les États-Unis avaient besoin d’établir des comités d’éthiques partout à travers le monde », explique Laurent Ravez. « Ce projet a débuté en République Démocratique du Congo avant de s’étendre à Madagascar. Lorsque je suis arrivé à Madagascar en 2009, ce fut un véritable choc culturel pour moi. Je connaissais déjà l’Afrique, mais c’est une Afrique différente, à l’intersection de diverses cultures, dont des influences asiatiques », se confie-t-il. « Sur place, nous avons travaillé avec un Institut de santé publique, puis un centre de recherche dans le domaine des maladies infectieuses. Pendant presque 15 ans, nous avons initié des groupes de chercheurs et des médecins à cette discipline. Cela a conduit à la création de nouveaux comités d’éthique et au renforcement de ceux déjà existants ».

Ce premier contact avec Madagascar a ouvert la voie à de nouveaux projets. « L’ARES-CDD m’a proposé de rejoindre un projet de recherche via appui institutionnel à l'Université d'Antananarivo », poursuit le professeur. L’appui institutionnel vise à fournir à une université les ressources nécessaires pour qu’elle puisse atteindre ses propres objectifs. « Ici, l’objectif est de renforcer les capacités et de dynamiser la recherche de l’université. Nous avons donc travaillé avec des doctoriales, qui permettent à des doctorants de présenter en quelques minutes leurs projets, de les partager avec leurs collègues, et stimuler ainsi la recherche. Notre présence permet d’apporter notre expérience et nos conseils, mais c’est un vrai partage de compétences avec les locaux », insiste Laurent Ravez. 

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Profondément attaché à Madagascar, Laurent Ravez s’y rend plusieurs fois par an. « C’est lors de l’un de mes voyages que l’on m’a proposé d’aller rencontrer le Père Pedro », raconte-t-il. « C’est un homme très inspirant, qui a permis à des milliers de personnes de la misère de sortir de la misère, notamment en construisant des écoles et une université gratuite. Il est convaincu que l’éducation et le travail permettent aux gens de se libérer eux-mêmes de la pauvreté ».

Encore en phase de réflexion, une nouvelle collaboration pourrait bientôt voir le jour. « J’ai enseigné la bioéthique dans le nord-ouest du pays où j’ai eu l’occasion de travailler avec une Faculté de dentisterie. La dentition à Madagascar est particulièrement préoccupante, et cela a des répercussions sur la santé des individus ou encore leur capacité de trouver du travail », expose le professeur. « Sur l’île, les dentistes sont assez mal considérés par la population, perçus comme étant méprisants. L’idée serait alors de sensibiliser ces professionnels de la santé à l’éthique, tout en développant un projet de prévention dentaire avec eux », se réjouit le chercheur.

Toxicité des microplastiques

Après un master de spécialisation en gestion des ressources aquatiques et aquaculture, Andry Rabezanahary a décroché une bourse ARES pour entamer un doctorat en 2021, sous la direction du professeur Patrick Kestemont. « À Madagascar, les systèmes de gestion des déchets sont encore en développement, ce qui peut conduire à une certaine contamination des cours d'eau », expose le doctorant. 

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« Notre objectif est donc d’évaluer la toxicité des microplastiques présents dans les rivières malgaches, en mesurant leur impact sur les poissons-zèbres. Nous cherchons ainsi à démontrer si des anomalies surviennent lorsque ces poissons sont exposés à des microplastiques, et nous tentons de déterminer si ces anomalies persistent ou se résorbent au cours des années suivantes ».

Pour mener cette recherche, Andry Rabezanahary partage son temps entre Madagascar, où il prélève des échantillons d'eau et de sédiments, et Namur, où il effectue les analyses. « La récolte de microplastique se fait à l’aide d'un filet à plancton, laissé dans la rivière pendant 4 à 5 heures. Nous caractérisons ensuite les microplastiques pour observer leur dégradation dans l'environnement. Les particules sont ensuite micronisées pour obtenir des tailles allant de 1 à 50 micromètres, puis sont exposées aux poissons ». Ces expérimentations visent à déterminer si les microplastiques sont capables de traverser les barrières intestinales des poissons, se répandre dans leur organisme et potentiellement provoquer des maladies.

Renforcer la gestion de l’eau 

Il y a sept ans, un projet visant à appuyer la mise en œuvre de l’approche GIRE (Gestion Intégrée des Ressources en Eau) à Madagascar en vue d’un développement durable et de la résilience climatique a été lancé en collaboration entre l’UNamur, l’UClouvain, l’UAntananarivo, l’UAntsiranana et l’UToamasina. Ce projet, financé par l’ARES sous le nom de GIRE SAVA, se concentre sur la région SAVA, située au nord-est de Madagascar. Son ambition est d'examiner plusieurs aspects essentiels de la gestion de l'eau, notamment les altérations hydrologiques, la qualité de l’eau, les altérations hydrogéologiques et la mise en place d’un système d’informations dans le cadre de la gestion de l’eau. 

« En tant que chercheuse du projet GIRE SAVA, je travaille principalement sur la qualité de l'eau du bassin pilote du projet : le bassin versant de l'Ankavia. J'explore comment l’anthropisation du bassin, c’est-à-dire la transformation de l’environnement par l'action des êtres humains, affecte la qualité physico-chimique de l’eau de la rivière Ankavia, mais aussi les communautés d'invertébrés et de diatomées dans l'eau. Nous essayons également d’évaluer à quelle vitesse la rivière arrive à décomposer la matière organique déversée dans l’eau en menant des expérimentations in-situ », explique Hélène Voahanginirina, doctorante.

Le travail de laboratoire a été mené à Madagascar en étroite collaboration avec une équipe à Namur, sous la direction du professeur Frederik de Laender, promoteur du projet de recherche. Camille Carpentier, experte en identification des macroinvertébrés, a joué un rôle clé dans ces analyses. La finalité de ces recherches était d'analyser la composition des macroinvertébrés sur dix sites différents, à divers moments de l'année, afin de développer un modèle prévisionnel de la diversité des communautés. Un modèle qui reposerait sur plusieurs facteurs prédictifs, tels que l'usage des terres, le type de paysage, ainsi que diverses variables physico-chimiques, comme l'acidité et la température de l'eau.

Cet article est tiré de la rubrique "Far Away" du magazine Omalius #34 (Septembre 2024).

Une Omalius septembre 2024
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Plusieurs vidéos expliquent les différentes thématiques de recherche abordées ces dernières années. 

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