Au sein de NaDI, les chercheurs apportent des soutions innovantes aux nouveaux défis sociétaux posés par la révolution digitale (eGov, eHealth, eServices, Big data, etc.). Issus de différentes disciplines, les chercheurs croisent leurs expertises en informatique, technologie, éthique, droit, management ou sociologie. Regroupant six centres de recherche, le Namur Digital Institute offre une expertise multidisciplinaire unique dans tous les domaines de l'informatique, de ses applications et de son impact social. 

Parmi ses principales compétences figurent les méthodes formelles, l'interface homme-machine, l'ingénierie des exigences, les techniques de modélisation pour concevoir des systèmes logiciels complexes, les tests, l'assurance qualité, les lignes de produits logiciels, les bases de données, le big data, l'apprentissage automatique et plus généralement l'intelligence artificielle, la sécurité, la vie privée, l'éthique, l'évaluation technologique et le raisonnement juridique.

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Actualités

Du jeu vidéo à l’intelligence artificielle, escale au Japon

Communication
Transition numérique
Mathématique
Informatique
Intelligence Artificielle

Près de 10 000 kilomètres séparent la Belgique du Japon, un pays qui fascine, notamment pour sa culture riche et pleine de contrastes. Les chercheurs de l’UNamur entretiennent des liens étroits avec plusieurs institutions nipponnes, notamment dans les domaines de l’informatique, des mathématiques ou encore du jeu vidéo. Coup de projecteur sur quelques-unes de ces collaborations.

Japon

Le Japon est une référence mondiale en matière de jeu vidéo. Nintendo, Sony, Sega… autant d’entreprises qui ont marqué la culture populaire contemporaine. Cette industrie, Fanny Barnabé la connaît bien. Chargée de cours à la Faculté Économie Management Communication sciencesPo (EMCP) et chercheuse à l’Institut de recherche CRIDS/NaDI, elle est spécialisée en game studies, un champ de recherche consacré à l’étude des jeux. Après une thèse de doctorat dédiée au détournement vidéoludique dans l’univers fictionnel de Pokémon, défendue en 2017, elle a réalisé un séjour postdoctoral d’un an au Ritsumeikan Center For Game Studies (Ritsumeikan University, à Kyoto), le plus grand centre de recherche sur le jeu vidéo de l’archipel. Reconnu à l’international, celui-ci a notamment la chance d’accueillir un fonds d’archives exceptionnel et inédit, qu’il doit à une donation du géant Nintendo.

Le Japon : un terreau fertile pour les recherches en game studies

« Ce séjour m’a permis de nouer des contacts durables avec les chercheurs du Centre et de m’insérer un peu plus dans le champ un peu de niche du jeu vidéo japonais », explique Fanny Barnabé. « Le Japon compte des chercheurs et des chercheuses de premier plan, reconnus à l’international, mais également des figures de l’industrie facilement mobilisables, grâce à la place importante qu’occupe le pays en termes de production de jeux vidéo. »

fanny-barnabe-japon

Plusieurs années et travaux de recherche plus tard, Fanny Barnabé s’est rendue une nouvelle fois au Japon à la fin du mois de mai, à l’occasion d’une mission académique. Objectif : présenter les derniers travaux menés à l’UNamur, notamment en ludopédagogie ou « serious game » et, elle l’espère, jeter les bases de nouveaux partenariats et échanges étudiants.

L’IA verte en ligne de mire

La Faculté d’informatique entretient des liens de longue date avec le National Institute of Informatics (NII), un institut de recherche internationalement reconnu situé en plein cœur de Tokyo. Chaque année, des étudiants de Master et des doctorants de la faculté y sont accueillis pour une période de quatre à six mois afin d’y effectuer un stage et de mener à bien des projets de recherche, via un accord de collaboration spécifique (Memorandum Of Understanding agreement, ou MOU). Une expérience très appréciée par les étudiants et les doctorants, tant sur le plan scientifique qu’humain. 

Gilles Perrouin, chercheur et président de la Commission de la recherche de la Faculté d’informatique, accompagne ces étudiants dans la présentation de leur sujet de recherche, souvent axé dans les domaines du génie logiciel, de l’intelligence artificielle (IA) ou, plus récemment, de l’IA verte. « Ce sont des domaines de recherche qui évoluent très vite », précise Gilles Perrouin. « Il existe beaucoup de débats actuellement autour de la consommation énergétique de l’IA. C’est un peu un oxymore de dire qu’on peut faire de l’IA verte. Mais on y travaille via l’exploration de techniques plus malignes lors de la recherche de solutions prometteuses afin d’éviter le recours à l’entraînement systématique du réseau de neurones, très coûteux en énergie », explique le chercheur. La collaboration a donné lieu à l’exploration d’autres domaines de l’IA, tels que la reconnaissance de la langue des signes (professeur Benoît Frénay), en plus des sujets en méthodes formelles et génie logiciel (professeurs Pierre-Yves Schobbens et Xavier Devroey). 

La mission académique à laquelle a également pris part Gilles Perrouin en mai 2025, avait notamment pour objectif de renouveler l’accord de collaboration avec le NII, mais également de susciter de nouveaux partenariats prometteurs dans les domaines du génie logiciel, de l’IA, l’éthique ou la cybersécurité. 

 

équipe-gilles-perrouin-japon
Pierre Poitier (troisième au fond à droite) a rejoint en 2024 l’équipe du professeur Satoh pour son doctorat sur l’IA appliquée à la langue des signes.

Les systèmes dynamiques sous la loupe

Au sein du Département de mathématique, Alexandre Mauroy, professeur et chercheur au Namur Institute for Complex Systems (naXys), travaille avec son collaborateur de longue date et ami Yoshihiko Susuki de la prestigieuse Université de Kyoto sur un projet co-financé par le F.N.R.S et le JSPS (Japon) visant à étudier les systèmes dynamiques. « Il s’agit de phénomènes dits “non-linéaires” qui ne respectent pas les règles de la proportionnalité. Les équations sont donc très difficiles, voire impossibles à résoudre en pratique », explique Alexandre Mauroy. « Pour contourner ce problème, on mobilise des techniques comme la théorie des opérateurs, que l’on étudie dans le cadre de ce projet. » Celui-ci a l’avantage de combiner les aspects théoriques et applications pratiques, notamment dans le domaine des réseaux de distribution électrique. « Ce sont des systèmes complexes, avec des dynamiques lentes et rapides. Un cas intéressant pour lequel les outils mathématiques doivent être adaptés. », poursuit Alexandre Mauroy. Ce premier partenariat positif a déjà permis des séjours de recherche entre les deux pays et promet de nouvelles collaborations dans le futur.

Dans un domaine voisin, Riccardo Muolo effectue depuis 2023 un postdoctorat à l'Institute of Science Tokyo, après avoir mené une thèse de doctorat à l’UNamur sous la supervision du professeur Timoteo Carletti. Dans la lignée des connaissances acquises lors de son doctorat sur la dynamique des réseaux, Riccardo Muolo s'intéresse aujourd’hui à la théorie de la synchronisation des réseaux, un modèle mathématique permettant de comprendre des systèmes très variés : des lucioles aux réseaux électriques en passant par le fonctionnement du cerveau humain : « Par exemple, dans le cerveau, une synchronisation anormale des réseaux neuronaux est associée à des pathologies comme l’épilepsie ou Parkinson. La récente faillite du réseau électrique en Espagne peut également s'analyser au travers de cette théorie », détaille le chercheur. 

Mobilité étudiante 

Les étudiants qui ont soif d’effectuer une partie de leur cursus au Japon ont la possibilité de le faire au moyen de différents accords que l’UNamur a conclus avec des établissements de l’Archipel. C’est le cas avec le National Institute of Informatics (NII), mais aussi avec la Soka University et la Sophia University (Chiyoda), avec lesquelles l’UNamur a signé des accords cadres. 

Cet article est tiré de la rubrique "Far away" du magazine Omalius #35 (Juillet 2025).

Omalius #37

Faculté EMCP : trois chercheurs primés - #1 Floriane Goosse doublement récompensée pour sa recherche à impact sociétal

Prix
Institution

Le centre de recherche NaDI-CeRCLe s’est brillamment démarqué sur la scène internationale ces dernières semaines. Trois jeunes chercheurs issus de la Faculté EMCP ont en effet été couronnés de reconnaissances prestigieuses lors d’événements internationaux de premier plan pour leur recherche en management des services : il s’agit de Floriane Goosse, Victor Sluÿters et Florence Nizette. Cet été, découvrons le travail de ces doctorants et leurs contributions significatives à la progression des connaissances et pratiques dans ce domaine. 

Flamure Ibrahimi_Wafa Hammedi_Florence Nizette_Floriane Goosse_victor_sluyters

Après avoir remporté le prestigieux « Best Research Paper Award » à la conférence SERVSIG par l’association Américaine du Marketing en 2024 pour son papier de thèse, Floriane Goosse, chercheuse au centre de recherche NaDI-CeRCLe, figure parmi les deux lauréats de la ServCollab Scholarship 2025, une bourse doctorale internationale attribuée par un organisme américain dédié à la promotion de la recherche scientifique à haut impact sociétal. 

Pas moins de 37 doctorants issus d’universités du monde entier étaient en lice pour recevoir cette bourse. Deux chercheurs ont été retenus à l’issue d’un processus de sélection approfondi : Griffin Colaizzi, doctorant en psychologie à la Northeastern University (USA), et Floriane Goosse, doctorante à l’UNamur au sein du NaDI-CeRCLE.

Les nouvelles technologies pour renforcer l’autonomie des personnes en situation de handicap

Encadrée par les professeurs Wafa Hammedi (UNamur) et Dominik Mahr (Université de Maastricht), Floriane Goosse explore au travers de sa thèse la manière dont les nouvelles technologies, comme les assistants vocaux intelligents, peuvent renforcer l’autonomie des personnes souffrant de handicap, en particulier les personnes déficientes visuelles, et ainsi améliorer considérablement leur bien-être.

Un projet à fort potentiel qui a convaincu les membres du jury de ServCollab, composé de chercheurs éminents dans ce domaine. Le jury a été particulièrement impressionné par la rigueur méthodologique de la jeune chercheuse et a salué son alignement avec les principes de la Transformative Service Research ainsi que sa profonde détermination à créer un impact tangible sur la vie des personnes dites vulnérables. 

Triple reconnaissance pour Floriane Goosse

Floriane Goosse a également pris part au 19e International Research Symposium on Service Excellence in Management (QUIS19), la conférence biannuelle de référence en management des services, qui s’est tenue à Rome début juin. À cette occasion, sa recherche s’est distinguée une fois de plus en remportant le prix de la meilleure recherche à impact sociétal, décerné par le comité scientifique de la conférence. Une reconnaissance internationale prestigieuse qui vient couronner un travail rigoureux et profondément engagé. Trois reconnaissances majeures en moins d’un an qui viennent saluer à la fois l’excellence scientifique et l’impact sociétal fort d’une recherche particulièrement prometteuse.

Image
Floriane Goosse

Cette reconnaissance me touche énormément et constitue un bel encouragement pour la suite de mes travaux, que je mène en collaboration avec mes co-promoteurs, Professeur Wafa Hammedi (NaDI-CeRCLE) et Professeur Dominik Mahr (University of Maastricht). A mon échelle, je suis heureuse de contribuer à faire évoluer les perspectives dans le champ du marketing, souvent tourné sur le monde de l’entreprise, en mettant la recherche au service de la communauté.

Floriane Goosse Doctorante à l'UNamur

En savoir plus sur le NaDI-CeRCLe

L’objectif du Centre de recherche NaDI-CeRCLe est de promouvoir activement la recherche théorique et empirique, fondamentale et appliquée, dans le domaine du marketing et des services, et plus spécifiquement dans les domaines de la consommation et des loisirs.

Article
-
Institute NaDI

Regarder jouer, c’est jouer ? Twitch et la révolution du jeu vidéo

Communication
Transition numérique

Passionnée de jeux vidéo depuis toujours, Fanny Barnabé, chercheuse au centre de recherche CRIDS (Namur Digital Institute) et chargée de cours à l’Université de Namur, explore les coulisses d’un phénomène culturel majeur : le streaming de jeux vidéo sur Twitch. Entre humour, ironie et discours toxiques, elle décrypte les enjeux d’un espace numérique en pleine mutation.

Barnabé_Fanny

Le jeu vidéo n’est plus seulement un loisir : il est devenu un objet d’étude à part entière. Et Fanny Barnabé en est l’une des figures à l’UNamur. Littéraire de formation, elle s’est tournée vers les « Game Studies » pour mieux comprendre les univers fictionnels complexes qui l’ont toujours fascinée. « C’est à cause du jeu vidéo que j’ai étudié la littérature », confie-t-elle avec un sourire. Aujourd’hui, elle s’intéresse à un phénomène en plein essor : la diffusion de parties de jeux vidéo en direct sur des plateformes comme Twitch.

Twitch

Twitch, entre humour et discours toxiques

Sur Twitch, des millions de spectateurs regardent chaque jour des streamers jouer à leurs jeux préférés. Cette pratique, appelée le « jeu secondaire » (un concept développé par la chercheuse Julie Delbouille de l’ULiège), consiste à jouer par procuration en regardant quelqu’un d’autre tenir la manette. « Certains ne jouent plus eux-mêmes, ils regardent d’autres jouer. C’est devenu une manière à part entière de consommer le jeu vidéo », explique Fanny Barnabé, « Twitch est un espace où l’humour règne, souvent sous forme d’ironie ou de second degré. Mais c’est aussi un lieu où la toxicité peut se développer très rapidement ». D’où la thématique de sa recherche actuelle : à partir de quand un propos ironique devient-il violent ? À partir de quand peut-on déterminer si un propos est acceptable ou non dans le contexte du jeu vidéo ?

Une industrie en pleine mutation

Le travail de Fanny Barnabé ne s’arrête pas à Twitch. Elle a aussi étudié la narration dans les jeux, les tutoriels, ou encore les pratiques créatives des joueurs, comme les fanfictions ou les « machinimas » (des films réalisés à l’intérieur même des jeux).

Image
Barnabé_Fanny

Le jeu vidéo est un terrain d’étude incroyablement riche et interdisciplinaire 

Fanny Barnabé Chargée de cours au Département « Sciences sociales, politiques et de la communication » de la Faculté Economie Management Communication sciencesPo (EMCP)

Et ce terrain évolue vite. Très vite. « Le jeu vidéo est passé d’un loisir de niche à un phénomène de masse. Aujourd’hui, plus de 90 % des jeunes y jouent », rappelle-t-elle. Cette popularité s’accompagne d’une transformation économique : dans le contexte du capitalisme de plateformes, la pratique du jeu tend à devenir rentable, monétisée, professionnalisée. « On est passé du jeu qu’on achète une fois, au modèle du “game as a service”, et au streaming, où les streamers professionnels convertissent d’une certaine manière leur expérience de jeu en revenus publicitaires. »

Un miroir de notre société en mutation

Pour Fanny Barnabé, il est difficile de prédire comment l’univers du jeu vidéo va évoluer à l’avenir. « Il devient très difficile de parler du jeu vidéo comme d’un objet unique, tant les pratiques sont diverses », explique-t-elle. Entre les jeux mobiles comme Candy Crush, les compétitions d’e-sport ou les aventures collaboratives en ligne, les usages sont multiples et reflètent la complexité de notre société numérique.

Candy Crush

Cette diversité s’inscrit dans un contexte plus large : celui du capitalisme de plateformes. « Le jeu, qui était à la base une pratique de loisir, est aujourd’hui intégré à des logiques de rentabilité », observe la chercheuse. Le streaming, en particulier, illustre cette transformation : jouer devient une activité productive, génératrice de revenus, parfois même un métier à part entière.

Fanny Barnabé – portrait

À 36 ans, Fanny Barnabé a récemment rejoint le rang des académiques de l’UNamur. Elle est chargée de cours au Département « Sciences sociales, politiques et de la communication » de la Faculté Economie Management Communication sciencesPo (EMCP). Elle y donne des cours aux étudiants des trois années de bachelier en médias interactifs et participatifs ou encore en digital transition. L’année académique prochaine, elle dispensera le cours de narration médiatique et storytelling.

Fanny est aussi une passionnée du Japon. En 2017-2018, elle a réalisé un séjour postdoctoral d'un an à Kyoto, au sein du Ritsumeikan Center for Game Studies, sous la direction du Professeur Hiroshi Yoshida, à l’aide d’une bourse Marie-Curie COFUND de l’Université de Liège (cofinancée par l’Union Européenne). Ce séjour était consacré à l’étude du paratexte des jeux vidéo.

Lors de la mission académique organisée par le Wallonie-Bruxelles International, en marge de l’exposition universelle d’Osaka, elle a pu retourner à Tokyo et à Kyoto pour retisser des liens avec différents collègues spécialisés en game studies et mettre en place des partenariats de recherche entre les institutions japonaises et l’UNamur.

Tokyo

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Avec l’IA, il faut donner le contrôle à l’utilisateur

Intelligence Artificielle
Transition numérique

Pour Bruno Dumas, l’informatique s’inscrit dans les principes de la psychologie appliquée 

L’intelligence artificielle (IA) s’immisce dans nos vies professionnelles comme dans nos vies privées. Elle nous séduit comme elle nous inquiète. À l’échelle mondiale, elle est au cœur d’importants enjeux stratégiques, sociétaux ou économiques, débattus encore mi-février 2025, lors du sommet mondial de l’IA à Paris. Mais comment ne pas la subir en tant qu’utilisateur ? Comment avoir accès à cette nécessaire transparence de son fonctionnement ? En plaçant son prisme de recherche du côté de l’utilisateur, Bruno Dumas est en quelque sorte « un psychologue de l’informatique ». Expert en interaction humain-machine, co-président de l’Institut NaDI (Namur Digital Institut), il défend l'idée d'une utilisation raisonnée et éclairée des technologies émergentes.

 

Bruno Dumas
Cet article est tiré de la rubrique "Expert" du magazine Omalius #36 (mars 2025).

Début février 2025, l’IA Act, la première législation générale au monde sur l’IA qui encadre son utilisation et son développement entrait en vigueur en Europe. En tant que spécialiste des interactions humain-machine, ce nouveau cadre vous rassure-t-il ?

À l’UNamur, au sein de mon groupe de recherche, nous axons nos travaux du côté de l’utilisateur et de son interaction avec la technologie. En matière d’IA, nous sommes plus particulièrement focalisés sur cette notion de transparence, que l’on retrouve dans le principe de l’IA Act.  Comment l’IA prend-elle ses décisions ?  Sur quelles données se base-t-elle ? Quels sont ses processus de fonctionnement ? Est-elle capable de les expliquer ? Ce besoin de transparence de l’IA est primordial pour l’utilisateur. Or, pour l’instant, cela bloque d’un point de vue purement technique, essentiellement à cause de la quantité gargantuesque de données que l’IA utilise pour fonctionner, pour s’entrainer. Actuellement, seuls les experts sont vraiment capables de comprendre le fonctionnement de l’IA. Or, dans la mesure où elle est souvent un outil pour le citoyen, le besoin de transparence doit aussi et surtout être accessible pour lui. À l’UNamur, de nombreuses recherches sont ainsi menées dans ce sens.

Vous travaillez par exemple avec des médecins sur le degré de confiance envers l’IA dans le cadre de leur métier : de quoi s’agit-il ?

Cela porte sur un système d’IA qui doit notamment permettre aux médecins de les aider dans l’identification de tumeurs sur les images médicales. Le défi ? Que le médecin puisse savoir si la réponse fournie par l’IA est fiable et quel est ce degré de fiabilité. Nous développons et testons ce processus avec des médecins. Processus qui va permettre à l’IA de leur donner son degré de certitude. Les premiers retours montrent que cette transparence sera fondamentale. 

Image
Portrait professeur Bruno Dumas

Avec ce principe de transparence, l’IA n’est plus juste une machine qui donne une solution, mais une technologie qui en évalue le degré de certitude et qui explique son processus de prise de décision. On se trouve alors dans une véritable démarche de collaboration entre le médecin et l’IA.  

Bruno Dumas Faculté d'informatique, co-président de l'Institut NaDI

Aujourd’hui, vous êtes confiant dans la manière dont le citoyen s’approprie l’IA ?

Je suis fasciné par ces utilisations émergentes et multiples. Maintenant, que ce soit pour écrire une carte de vœux, résumer un texte, organiser une réunion, faire une recette de gâteau ou rédiger un mail, on s’adresse à l’IA. Je ne pense pas que nous ayons de mauvais usages, mais je suis plus inquiet par le manque de prise de conscience des enjeux de transparence du fonctionnement de l’IA. Là, il y a un besoin d’information, de sensibilisation et d’éducation. Nous y travaillons, y compris à l’UNamur. C’est aussi dans cet esprit qu’avec 24 collègues, nous avons lancé un cours sur les enjeux et les opportunités de l’IA accessible à tous les étudiants de l’Université, quelle que soit leur discipline. Mais c’est très clairement un axe à renforcer et à accélérer pour qu’il progresse au même rythme que le développement de la technologie.

Une autre technologie qui progresse dans le quotidien du citoyen, et que vous étudiez de près, c’est la réalité augmentée : où en est-on ? 

Est-ce qu’on va échanger nos smartphones pour des lunettes intelligentes ? La réponse est très probablement oui, et dans un futur relativement proche ! J’étudie donc ce qui va se passer pour l’utilisateur lorsqu’il y aura une couche numérique supplémentaire qui viendra se greffer à son environnement, à ce qu’il voit. Nous ne devons pas laisser ce contrôle-là exclusivement aux géants de la tech qui ont tous de tels prototypes dans leurs cartons. Mon travail consiste à savoir comment, d’un point de vue technologique, on peut donner davantage de contrôle à l’utilisateur. Comment peut-il filtrer ce qu’il voit ? Comment peut-il définir quelles informations il veut voir, combien, etc.  Notre objectif est de lui donner des outils pour garder le contrôle sur ces futurs systèmes de réalité augmentée. 

Quels genres d’outils ? 

Par exemple, nous développons des techniques permettant à l’utilisateur de filtrer en temps réel les éléments qu’il souhaite y voir. À l’heure actuelle, les outils de réalité augmentée existants donnent très peu de pouvoir à l’utilisateur. Nous travaillons donc à renverser cette tendance. Nous veillons aussi à ce que cette présence de la réalité augmentée se fasse au profit de l’utilisateur pour lui permettre de mieux comprendre son environnement. 

Plus globalement, la technologie s’adapte-t-elle suffisamment aux besoins de l’utilisateur ? 

Non, trop souvent l’utilisateur doit juste subir ces développements technologiques. Mon approche de chercheur fait l’inverse : c’est au système à s’adapter aux besoins des utilisateurs. Chaque développement doit se faire dans le dialogue avec l’utilisateur. C’est pourquoi notre travail s’inscrit à la croisée de la recherche en informatique et de principes hérités de la psychologie appliquée. Car nous devons, avant tout, comprendre le fonctionnement de l’utilisateur avant de développer des technologies plus pertinentes, plus efficaces, plus légitimes et mieux adaptées. 

L'initiative TRAIL4Wallonia

En prenant part à l’initiative TRAIL (Trusted AI Labs) lancée fin 2020, l’UNamur participe activement avec nombre de ses chercheurs et professeurs, au programme régional DigitalWallonia 4.AI.

TRAIL regroupe les cinq universités francophones et quatre centres de recherche agréés wallons (CRA). Son ambition est de mutualiser les recherches en intelligence artificielle en Fédération Wallonie-Bruxelles. Bruno Dumas fait ainsi partie du groupe de recherche travaillant sur la thématique Interaction humain-IA, avec une dizaine de ses collègues namurois.

Cet article est tiré de la rubrique "Expert" du magazine Omalius #36 (Mars 2025).

cover-omalius-mars-2025

Du jeu vidéo à l’intelligence artificielle, escale au Japon

Communication
Transition numérique
Mathématique
Informatique
Intelligence Artificielle

Près de 10 000 kilomètres séparent la Belgique du Japon, un pays qui fascine, notamment pour sa culture riche et pleine de contrastes. Les chercheurs de l’UNamur entretiennent des liens étroits avec plusieurs institutions nipponnes, notamment dans les domaines de l’informatique, des mathématiques ou encore du jeu vidéo. Coup de projecteur sur quelques-unes de ces collaborations.

Japon

Le Japon est une référence mondiale en matière de jeu vidéo. Nintendo, Sony, Sega… autant d’entreprises qui ont marqué la culture populaire contemporaine. Cette industrie, Fanny Barnabé la connaît bien. Chargée de cours à la Faculté Économie Management Communication sciencesPo (EMCP) et chercheuse à l’Institut de recherche CRIDS/NaDI, elle est spécialisée en game studies, un champ de recherche consacré à l’étude des jeux. Après une thèse de doctorat dédiée au détournement vidéoludique dans l’univers fictionnel de Pokémon, défendue en 2017, elle a réalisé un séjour postdoctoral d’un an au Ritsumeikan Center For Game Studies (Ritsumeikan University, à Kyoto), le plus grand centre de recherche sur le jeu vidéo de l’archipel. Reconnu à l’international, celui-ci a notamment la chance d’accueillir un fonds d’archives exceptionnel et inédit, qu’il doit à une donation du géant Nintendo.

Le Japon : un terreau fertile pour les recherches en game studies

« Ce séjour m’a permis de nouer des contacts durables avec les chercheurs du Centre et de m’insérer un peu plus dans le champ un peu de niche du jeu vidéo japonais », explique Fanny Barnabé. « Le Japon compte des chercheurs et des chercheuses de premier plan, reconnus à l’international, mais également des figures de l’industrie facilement mobilisables, grâce à la place importante qu’occupe le pays en termes de production de jeux vidéo. »

fanny-barnabe-japon

Plusieurs années et travaux de recherche plus tard, Fanny Barnabé s’est rendue une nouvelle fois au Japon à la fin du mois de mai, à l’occasion d’une mission académique. Objectif : présenter les derniers travaux menés à l’UNamur, notamment en ludopédagogie ou « serious game » et, elle l’espère, jeter les bases de nouveaux partenariats et échanges étudiants.

L’IA verte en ligne de mire

La Faculté d’informatique entretient des liens de longue date avec le National Institute of Informatics (NII), un institut de recherche internationalement reconnu situé en plein cœur de Tokyo. Chaque année, des étudiants de Master et des doctorants de la faculté y sont accueillis pour une période de quatre à six mois afin d’y effectuer un stage et de mener à bien des projets de recherche, via un accord de collaboration spécifique (Memorandum Of Understanding agreement, ou MOU). Une expérience très appréciée par les étudiants et les doctorants, tant sur le plan scientifique qu’humain. 

Gilles Perrouin, chercheur et président de la Commission de la recherche de la Faculté d’informatique, accompagne ces étudiants dans la présentation de leur sujet de recherche, souvent axé dans les domaines du génie logiciel, de l’intelligence artificielle (IA) ou, plus récemment, de l’IA verte. « Ce sont des domaines de recherche qui évoluent très vite », précise Gilles Perrouin. « Il existe beaucoup de débats actuellement autour de la consommation énergétique de l’IA. C’est un peu un oxymore de dire qu’on peut faire de l’IA verte. Mais on y travaille via l’exploration de techniques plus malignes lors de la recherche de solutions prometteuses afin d’éviter le recours à l’entraînement systématique du réseau de neurones, très coûteux en énergie », explique le chercheur. La collaboration a donné lieu à l’exploration d’autres domaines de l’IA, tels que la reconnaissance de la langue des signes (professeur Benoît Frénay), en plus des sujets en méthodes formelles et génie logiciel (professeurs Pierre-Yves Schobbens et Xavier Devroey). 

La mission académique à laquelle a également pris part Gilles Perrouin en mai 2025, avait notamment pour objectif de renouveler l’accord de collaboration avec le NII, mais également de susciter de nouveaux partenariats prometteurs dans les domaines du génie logiciel, de l’IA, l’éthique ou la cybersécurité. 

 

équipe-gilles-perrouin-japon
Pierre Poitier (troisième au fond à droite) a rejoint en 2024 l’équipe du professeur Satoh pour son doctorat sur l’IA appliquée à la langue des signes.

Les systèmes dynamiques sous la loupe

Au sein du Département de mathématique, Alexandre Mauroy, professeur et chercheur au Namur Institute for Complex Systems (naXys), travaille avec son collaborateur de longue date et ami Yoshihiko Susuki de la prestigieuse Université de Kyoto sur un projet co-financé par le F.N.R.S et le JSPS (Japon) visant à étudier les systèmes dynamiques. « Il s’agit de phénomènes dits “non-linéaires” qui ne respectent pas les règles de la proportionnalité. Les équations sont donc très difficiles, voire impossibles à résoudre en pratique », explique Alexandre Mauroy. « Pour contourner ce problème, on mobilise des techniques comme la théorie des opérateurs, que l’on étudie dans le cadre de ce projet. » Celui-ci a l’avantage de combiner les aspects théoriques et applications pratiques, notamment dans le domaine des réseaux de distribution électrique. « Ce sont des systèmes complexes, avec des dynamiques lentes et rapides. Un cas intéressant pour lequel les outils mathématiques doivent être adaptés. », poursuit Alexandre Mauroy. Ce premier partenariat positif a déjà permis des séjours de recherche entre les deux pays et promet de nouvelles collaborations dans le futur.

Dans un domaine voisin, Riccardo Muolo effectue depuis 2023 un postdoctorat à l'Institute of Science Tokyo, après avoir mené une thèse de doctorat à l’UNamur sous la supervision du professeur Timoteo Carletti. Dans la lignée des connaissances acquises lors de son doctorat sur la dynamique des réseaux, Riccardo Muolo s'intéresse aujourd’hui à la théorie de la synchronisation des réseaux, un modèle mathématique permettant de comprendre des systèmes très variés : des lucioles aux réseaux électriques en passant par le fonctionnement du cerveau humain : « Par exemple, dans le cerveau, une synchronisation anormale des réseaux neuronaux est associée à des pathologies comme l’épilepsie ou Parkinson. La récente faillite du réseau électrique en Espagne peut également s'analyser au travers de cette théorie », détaille le chercheur. 

Mobilité étudiante 

Les étudiants qui ont soif d’effectuer une partie de leur cursus au Japon ont la possibilité de le faire au moyen de différents accords que l’UNamur a conclus avec des établissements de l’Archipel. C’est le cas avec le National Institute of Informatics (NII), mais aussi avec la Soka University et la Sophia University (Chiyoda), avec lesquelles l’UNamur a signé des accords cadres. 

Cet article est tiré de la rubrique "Far away" du magazine Omalius #35 (Juillet 2025).

Omalius #37

Faculté EMCP : trois chercheurs primés - #1 Floriane Goosse doublement récompensée pour sa recherche à impact sociétal

Prix
Institution

Le centre de recherche NaDI-CeRCLe s’est brillamment démarqué sur la scène internationale ces dernières semaines. Trois jeunes chercheurs issus de la Faculté EMCP ont en effet été couronnés de reconnaissances prestigieuses lors d’événements internationaux de premier plan pour leur recherche en management des services : il s’agit de Floriane Goosse, Victor Sluÿters et Florence Nizette. Cet été, découvrons le travail de ces doctorants et leurs contributions significatives à la progression des connaissances et pratiques dans ce domaine. 

Flamure Ibrahimi_Wafa Hammedi_Florence Nizette_Floriane Goosse_victor_sluyters

Après avoir remporté le prestigieux « Best Research Paper Award » à la conférence SERVSIG par l’association Américaine du Marketing en 2024 pour son papier de thèse, Floriane Goosse, chercheuse au centre de recherche NaDI-CeRCLe, figure parmi les deux lauréats de la ServCollab Scholarship 2025, une bourse doctorale internationale attribuée par un organisme américain dédié à la promotion de la recherche scientifique à haut impact sociétal. 

Pas moins de 37 doctorants issus d’universités du monde entier étaient en lice pour recevoir cette bourse. Deux chercheurs ont été retenus à l’issue d’un processus de sélection approfondi : Griffin Colaizzi, doctorant en psychologie à la Northeastern University (USA), et Floriane Goosse, doctorante à l’UNamur au sein du NaDI-CeRCLE.

Les nouvelles technologies pour renforcer l’autonomie des personnes en situation de handicap

Encadrée par les professeurs Wafa Hammedi (UNamur) et Dominik Mahr (Université de Maastricht), Floriane Goosse explore au travers de sa thèse la manière dont les nouvelles technologies, comme les assistants vocaux intelligents, peuvent renforcer l’autonomie des personnes souffrant de handicap, en particulier les personnes déficientes visuelles, et ainsi améliorer considérablement leur bien-être.

Un projet à fort potentiel qui a convaincu les membres du jury de ServCollab, composé de chercheurs éminents dans ce domaine. Le jury a été particulièrement impressionné par la rigueur méthodologique de la jeune chercheuse et a salué son alignement avec les principes de la Transformative Service Research ainsi que sa profonde détermination à créer un impact tangible sur la vie des personnes dites vulnérables. 

Triple reconnaissance pour Floriane Goosse

Floriane Goosse a également pris part au 19e International Research Symposium on Service Excellence in Management (QUIS19), la conférence biannuelle de référence en management des services, qui s’est tenue à Rome début juin. À cette occasion, sa recherche s’est distinguée une fois de plus en remportant le prix de la meilleure recherche à impact sociétal, décerné par le comité scientifique de la conférence. Une reconnaissance internationale prestigieuse qui vient couronner un travail rigoureux et profondément engagé. Trois reconnaissances majeures en moins d’un an qui viennent saluer à la fois l’excellence scientifique et l’impact sociétal fort d’une recherche particulièrement prometteuse.

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Floriane Goosse

Cette reconnaissance me touche énormément et constitue un bel encouragement pour la suite de mes travaux, que je mène en collaboration avec mes co-promoteurs, Professeur Wafa Hammedi (NaDI-CeRCLE) et Professeur Dominik Mahr (University of Maastricht). A mon échelle, je suis heureuse de contribuer à faire évoluer les perspectives dans le champ du marketing, souvent tourné sur le monde de l’entreprise, en mettant la recherche au service de la communauté.

Floriane Goosse Doctorante à l'UNamur

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L’objectif du Centre de recherche NaDI-CeRCLe est de promouvoir activement la recherche théorique et empirique, fondamentale et appliquée, dans le domaine du marketing et des services, et plus spécifiquement dans les domaines de la consommation et des loisirs.

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Institute NaDI

Regarder jouer, c’est jouer ? Twitch et la révolution du jeu vidéo

Communication
Transition numérique

Passionnée de jeux vidéo depuis toujours, Fanny Barnabé, chercheuse au centre de recherche CRIDS (Namur Digital Institute) et chargée de cours à l’Université de Namur, explore les coulisses d’un phénomène culturel majeur : le streaming de jeux vidéo sur Twitch. Entre humour, ironie et discours toxiques, elle décrypte les enjeux d’un espace numérique en pleine mutation.

Barnabé_Fanny

Le jeu vidéo n’est plus seulement un loisir : il est devenu un objet d’étude à part entière. Et Fanny Barnabé en est l’une des figures à l’UNamur. Littéraire de formation, elle s’est tournée vers les « Game Studies » pour mieux comprendre les univers fictionnels complexes qui l’ont toujours fascinée. « C’est à cause du jeu vidéo que j’ai étudié la littérature », confie-t-elle avec un sourire. Aujourd’hui, elle s’intéresse à un phénomène en plein essor : la diffusion de parties de jeux vidéo en direct sur des plateformes comme Twitch.

Twitch

Twitch, entre humour et discours toxiques

Sur Twitch, des millions de spectateurs regardent chaque jour des streamers jouer à leurs jeux préférés. Cette pratique, appelée le « jeu secondaire » (un concept développé par la chercheuse Julie Delbouille de l’ULiège), consiste à jouer par procuration en regardant quelqu’un d’autre tenir la manette. « Certains ne jouent plus eux-mêmes, ils regardent d’autres jouer. C’est devenu une manière à part entière de consommer le jeu vidéo », explique Fanny Barnabé, « Twitch est un espace où l’humour règne, souvent sous forme d’ironie ou de second degré. Mais c’est aussi un lieu où la toxicité peut se développer très rapidement ». D’où la thématique de sa recherche actuelle : à partir de quand un propos ironique devient-il violent ? À partir de quand peut-on déterminer si un propos est acceptable ou non dans le contexte du jeu vidéo ?

Une industrie en pleine mutation

Le travail de Fanny Barnabé ne s’arrête pas à Twitch. Elle a aussi étudié la narration dans les jeux, les tutoriels, ou encore les pratiques créatives des joueurs, comme les fanfictions ou les « machinimas » (des films réalisés à l’intérieur même des jeux).

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Barnabé_Fanny

Le jeu vidéo est un terrain d’étude incroyablement riche et interdisciplinaire 

Fanny Barnabé Chargée de cours au Département « Sciences sociales, politiques et de la communication » de la Faculté Economie Management Communication sciencesPo (EMCP)

Et ce terrain évolue vite. Très vite. « Le jeu vidéo est passé d’un loisir de niche à un phénomène de masse. Aujourd’hui, plus de 90 % des jeunes y jouent », rappelle-t-elle. Cette popularité s’accompagne d’une transformation économique : dans le contexte du capitalisme de plateformes, la pratique du jeu tend à devenir rentable, monétisée, professionnalisée. « On est passé du jeu qu’on achète une fois, au modèle du “game as a service”, et au streaming, où les streamers professionnels convertissent d’une certaine manière leur expérience de jeu en revenus publicitaires. »

Un miroir de notre société en mutation

Pour Fanny Barnabé, il est difficile de prédire comment l’univers du jeu vidéo va évoluer à l’avenir. « Il devient très difficile de parler du jeu vidéo comme d’un objet unique, tant les pratiques sont diverses », explique-t-elle. Entre les jeux mobiles comme Candy Crush, les compétitions d’e-sport ou les aventures collaboratives en ligne, les usages sont multiples et reflètent la complexité de notre société numérique.

Candy Crush

Cette diversité s’inscrit dans un contexte plus large : celui du capitalisme de plateformes. « Le jeu, qui était à la base une pratique de loisir, est aujourd’hui intégré à des logiques de rentabilité », observe la chercheuse. Le streaming, en particulier, illustre cette transformation : jouer devient une activité productive, génératrice de revenus, parfois même un métier à part entière.

Fanny Barnabé – portrait

À 36 ans, Fanny Barnabé a récemment rejoint le rang des académiques de l’UNamur. Elle est chargée de cours au Département « Sciences sociales, politiques et de la communication » de la Faculté Economie Management Communication sciencesPo (EMCP). Elle y donne des cours aux étudiants des trois années de bachelier en médias interactifs et participatifs ou encore en digital transition. L’année académique prochaine, elle dispensera le cours de narration médiatique et storytelling.

Fanny est aussi une passionnée du Japon. En 2017-2018, elle a réalisé un séjour postdoctoral d'un an à Kyoto, au sein du Ritsumeikan Center for Game Studies, sous la direction du Professeur Hiroshi Yoshida, à l’aide d’une bourse Marie-Curie COFUND de l’Université de Liège (cofinancée par l’Union Européenne). Ce séjour était consacré à l’étude du paratexte des jeux vidéo.

Lors de la mission académique organisée par le Wallonie-Bruxelles International, en marge de l’exposition universelle d’Osaka, elle a pu retourner à Tokyo et à Kyoto pour retisser des liens avec différents collègues spécialisés en game studies et mettre en place des partenariats de recherche entre les institutions japonaises et l’UNamur.

Tokyo

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Avec l’IA, il faut donner le contrôle à l’utilisateur

Intelligence Artificielle
Transition numérique

Pour Bruno Dumas, l’informatique s’inscrit dans les principes de la psychologie appliquée 

L’intelligence artificielle (IA) s’immisce dans nos vies professionnelles comme dans nos vies privées. Elle nous séduit comme elle nous inquiète. À l’échelle mondiale, elle est au cœur d’importants enjeux stratégiques, sociétaux ou économiques, débattus encore mi-février 2025, lors du sommet mondial de l’IA à Paris. Mais comment ne pas la subir en tant qu’utilisateur ? Comment avoir accès à cette nécessaire transparence de son fonctionnement ? En plaçant son prisme de recherche du côté de l’utilisateur, Bruno Dumas est en quelque sorte « un psychologue de l’informatique ». Expert en interaction humain-machine, co-président de l’Institut NaDI (Namur Digital Institut), il défend l'idée d'une utilisation raisonnée et éclairée des technologies émergentes.

 

Bruno Dumas
Cet article est tiré de la rubrique "Expert" du magazine Omalius #36 (mars 2025).

Début février 2025, l’IA Act, la première législation générale au monde sur l’IA qui encadre son utilisation et son développement entrait en vigueur en Europe. En tant que spécialiste des interactions humain-machine, ce nouveau cadre vous rassure-t-il ?

À l’UNamur, au sein de mon groupe de recherche, nous axons nos travaux du côté de l’utilisateur et de son interaction avec la technologie. En matière d’IA, nous sommes plus particulièrement focalisés sur cette notion de transparence, que l’on retrouve dans le principe de l’IA Act.  Comment l’IA prend-elle ses décisions ?  Sur quelles données se base-t-elle ? Quels sont ses processus de fonctionnement ? Est-elle capable de les expliquer ? Ce besoin de transparence de l’IA est primordial pour l’utilisateur. Or, pour l’instant, cela bloque d’un point de vue purement technique, essentiellement à cause de la quantité gargantuesque de données que l’IA utilise pour fonctionner, pour s’entrainer. Actuellement, seuls les experts sont vraiment capables de comprendre le fonctionnement de l’IA. Or, dans la mesure où elle est souvent un outil pour le citoyen, le besoin de transparence doit aussi et surtout être accessible pour lui. À l’UNamur, de nombreuses recherches sont ainsi menées dans ce sens.

Vous travaillez par exemple avec des médecins sur le degré de confiance envers l’IA dans le cadre de leur métier : de quoi s’agit-il ?

Cela porte sur un système d’IA qui doit notamment permettre aux médecins de les aider dans l’identification de tumeurs sur les images médicales. Le défi ? Que le médecin puisse savoir si la réponse fournie par l’IA est fiable et quel est ce degré de fiabilité. Nous développons et testons ce processus avec des médecins. Processus qui va permettre à l’IA de leur donner son degré de certitude. Les premiers retours montrent que cette transparence sera fondamentale. 

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Portrait professeur Bruno Dumas

Avec ce principe de transparence, l’IA n’est plus juste une machine qui donne une solution, mais une technologie qui en évalue le degré de certitude et qui explique son processus de prise de décision. On se trouve alors dans une véritable démarche de collaboration entre le médecin et l’IA.  

Bruno Dumas Faculté d'informatique, co-président de l'Institut NaDI

Aujourd’hui, vous êtes confiant dans la manière dont le citoyen s’approprie l’IA ?

Je suis fasciné par ces utilisations émergentes et multiples. Maintenant, que ce soit pour écrire une carte de vœux, résumer un texte, organiser une réunion, faire une recette de gâteau ou rédiger un mail, on s’adresse à l’IA. Je ne pense pas que nous ayons de mauvais usages, mais je suis plus inquiet par le manque de prise de conscience des enjeux de transparence du fonctionnement de l’IA. Là, il y a un besoin d’information, de sensibilisation et d’éducation. Nous y travaillons, y compris à l’UNamur. C’est aussi dans cet esprit qu’avec 24 collègues, nous avons lancé un cours sur les enjeux et les opportunités de l’IA accessible à tous les étudiants de l’Université, quelle que soit leur discipline. Mais c’est très clairement un axe à renforcer et à accélérer pour qu’il progresse au même rythme que le développement de la technologie.

Une autre technologie qui progresse dans le quotidien du citoyen, et que vous étudiez de près, c’est la réalité augmentée : où en est-on ? 

Est-ce qu’on va échanger nos smartphones pour des lunettes intelligentes ? La réponse est très probablement oui, et dans un futur relativement proche ! J’étudie donc ce qui va se passer pour l’utilisateur lorsqu’il y aura une couche numérique supplémentaire qui viendra se greffer à son environnement, à ce qu’il voit. Nous ne devons pas laisser ce contrôle-là exclusivement aux géants de la tech qui ont tous de tels prototypes dans leurs cartons. Mon travail consiste à savoir comment, d’un point de vue technologique, on peut donner davantage de contrôle à l’utilisateur. Comment peut-il filtrer ce qu’il voit ? Comment peut-il définir quelles informations il veut voir, combien, etc.  Notre objectif est de lui donner des outils pour garder le contrôle sur ces futurs systèmes de réalité augmentée. 

Quels genres d’outils ? 

Par exemple, nous développons des techniques permettant à l’utilisateur de filtrer en temps réel les éléments qu’il souhaite y voir. À l’heure actuelle, les outils de réalité augmentée existants donnent très peu de pouvoir à l’utilisateur. Nous travaillons donc à renverser cette tendance. Nous veillons aussi à ce que cette présence de la réalité augmentée se fasse au profit de l’utilisateur pour lui permettre de mieux comprendre son environnement. 

Plus globalement, la technologie s’adapte-t-elle suffisamment aux besoins de l’utilisateur ? 

Non, trop souvent l’utilisateur doit juste subir ces développements technologiques. Mon approche de chercheur fait l’inverse : c’est au système à s’adapter aux besoins des utilisateurs. Chaque développement doit se faire dans le dialogue avec l’utilisateur. C’est pourquoi notre travail s’inscrit à la croisée de la recherche en informatique et de principes hérités de la psychologie appliquée. Car nous devons, avant tout, comprendre le fonctionnement de l’utilisateur avant de développer des technologies plus pertinentes, plus efficaces, plus légitimes et mieux adaptées. 

L'initiative TRAIL4Wallonia

En prenant part à l’initiative TRAIL (Trusted AI Labs) lancée fin 2020, l’UNamur participe activement avec nombre de ses chercheurs et professeurs, au programme régional DigitalWallonia 4.AI.

TRAIL regroupe les cinq universités francophones et quatre centres de recherche agréés wallons (CRA). Son ambition est de mutualiser les recherches en intelligence artificielle en Fédération Wallonie-Bruxelles. Bruno Dumas fait ainsi partie du groupe de recherche travaillant sur la thématique Interaction humain-IA, avec une dizaine de ses collègues namurois.

Cet article est tiré de la rubrique "Expert" du magazine Omalius #36 (Mars 2025).

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Événements

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Défense de thèse de doctorat en informatique - Sacha Corbugy

Défense de thèse

Abstract

In recent decades, the volume of data generated worldwide has grown exponentially, significantly accelerating advancements in machine learning. This explosion of data has led to an increased need for effective data exploration techniques, giving rise to a specialized field known as dimensionality reduction. Dimensionality reduction methods are used to transform high-dimensional data into a low-dimensional space (typically 2D or 3D), so that it can be easily visualized and understood by humans. Algorithms such as Principal Component Analysis (PCA), Multidimensional Scaling (MDS), and t-distributed Stochastic Neighbor Embedding (t-SNE) have become essential tools for visualizing complex datasets. These techniques play a critical role in exploratory data analysis and in interpreting complex models like Convolutional Neural Networks (CNNs). Despite their widespread adoption, dimensionality reduction techniques, particularly non-linear ones, often lack interpretability. This opacity makes it difficult for users to understand the meaning of the visualizations or the rationale behind specific low-dimensional representations. In contrast, the field of supervised machine learning has seen significant progress in explainable AI (XAI), which aims to clarify model decisions, especially in high-stakes scenarios. While many post-hoc explanation tools have been developed to interpret the outputs of supervised models, there is still a notable gap in methods for explaining the results of dimensionality reduction techniques. 

This research investigates how post-hoc explanation techniques can be integrated into dimensionality reduction algorithms to improve user understanding of the resulting visualizations. Specifically, it explores how interpretability methods originally developed for supervised learning can be adapted to explain the behavior of non-linear dimensionality reduction algorithms. Additionally, this work examines whether the integration of post-hoc explanations can enhance the overall effectiveness of data exploration. As these tools are intended for end-users, we also design and evaluate an interactive system that incorporates explanatory mechanisms. We argue that combining interpretability with interactivity significantly improves users' understanding of embeddings produced by non-linear dimensionality reduction techniques. In this research, we propose enhancements to an existing post-hoc explanation method that adapts LIME for t-SNE. We introduce a globally-local framework for fast and scalable explanations of t-SNE embeddings. Furthermore, we present a completely new approach that adapts saliency map-based explanations to locally interpret non-linear dimensionality reduction results. Lastly, we introduce our interactive tool, Insight-SNE, which integrates our gradient-based explanation method and enables users to explore low-dimensional embeddings through direct interaction with the explanations.

Jury

  • Prof. Wim Vanhoof - University of Namur, Belgium
  • Prof. Benoit Frénay - University of Namur, Belgium
  • Prof. Bruno Dumas - University of Namur, Belgium
  • Prof. John Lee - University of Louvain, Belgium
  • Prof. Luis Galarraga - University of Rennes, France

La défense publique sera suivie d'une réception.

Inscription obligatoire.

04

Défense de thèse de doctorat en informatique - Gonzague Yernaux

Défense de thèse

Abstract

Detecting semantic code clones in logic programs is a longstanding challenge, due to the lack of a unified definition of semantic similarity and the diversity of syntactic expressions that can represent similar behaviours. This thesis introduces a formal and flexible framework for semantic clone detection based on Constrained Horn Clauses (CHC). The approach considers two predicates as semantic clones if they can be independently transformed, via semantics-preserving program transformations, into a common third predicate. At the core of the method lies anti-unification, a process that computes the most specific generalisation of two predicates by identifying their shared structural patterns. The framework is parametric in regard with the allowed program transformations, the notion of generality, and the so-called quality estimators that steer the anti-unification process.

Jury

  • Prof. Wim Vanhoof - University of Namur, Belgium
  • Prof. Katrien Beuls - University of Namur, Belgium
  • Prof. Jean-Marie Jacquet - University of Namur, Belgium
  • Prof. Temur Kutsia - Johannes Kepler University, Austria
  • Prof. Frédéric Mesnard - University of the Reunion, Reunion Island
  • Prof. Paul Van Eecke - Free University of Brussels, Belgium

La défense publique sera suivie d'une réception.

Inscription obligatoire.

12

Défense de thèse de doctorat en informatique - Antoine Gratia

Défense de thèse

Abstract

Deep learning has become an extremely important technology in numerous domains such as computer vision, natural language processing, and autonomous systems. As neural networks grow in size and complexity to meet the demands of these applications, the cost of designing and training efficient models continues to rise in computation and energy consumption. Neural Architecture Search (NAS) has emerged as a promising solution to automate the design of performant neural networks. However, conventional NAS methods often require evaluating thousands of architectures, making them extremely resource-intensive and environmentally costly.

This thesis introduces a novel, energy-aware NAS pipeline that operates at the intersection of Software Engineering and Machine Learning. We present CNNGen, a domain-specific generator for convolutional architectures, combined with performance and energy predictors to drastically reduce the number of architectures that need full training. These predictors are integrated into a multi-objective genetic algorithm (NSGA-II), enabling an efficient search for architectures that balance accuracy and energy consumption.

Our approach explores a variety of prediction strategies, including sequence-based models, image-based representations, and deep metric learning, to estimate model quality from partial or symbolic representations. We validate our framework across three benchmark datasets, CIFAR-10, CIFAR-100, and Fashion-MNIST, demonstrating that it can produce results comparable to state-of-the-art architectures with significantly lower computational cost. By reducing the environmental footprint of NAS while maintaining high performance, this work contributes to the growing field of Green AI and highlights the value of predictive modelling in scalable and sustainable deep learning workflows.

Jury

  • Prof. Wim Vanhoof - University of Namur, Belgium
  • Prof. Gilles Perrouin - University of Namur, Belgium
  • Prof. Benoit Frénay - University of Namur, Belgium
  • Prof. Pierre-Yves Schobbens - University of Namur, Belgium
  • Prof. Clément Quinton - University of Lille, France
  • Prof. Paul Temple- University of Rennes, France
  • Prof. Schin’ichi Satoh - National Institute of Informatics, Japon

La défense publique sera suivie d'une réception.

Inscription obligatoire.

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