Bienvenue à l'ILEE, l'Institut de la Vie, de la Terre et de l'Environnement de l'Université de Namur, qui s'engage à répondre aux questions environnementales urgentes.
Nous réunissons une équipe d'experts issus de divers horizons et disciplines pour travailler en collaboration en utilisant des technologies innovantes et des méthodes scientifiques rigoureuses afin d'apporter des contributions significatives au domaine des sciences de l'environnement.
L'institut ILEE est membre d'Alternet, le réseau européen de recherche sur les écosystèmes.
Notre institut se consacre à l'avancement de la recherche fondamentale et appliquée en vue d'une meilleure compréhension des processus sous-jacents qui régulent la vie sur terre, à la caractérisation des pressions anthropogéniques sur l'environnement et vice versa, et à la recherche d'alternatives durables pour gérer les ressources naturelles, réduire la pollution, conserver et restaurer la biodiversité.
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Perturbations climatiques : les fossiles nous parlent du passé pour mieux appréhender le futur
Perturbations climatiques : les fossiles nous parlent du passé pour mieux appréhender le futur
Aujourd’hui, notre planète subit des changements climatiques majeurs. Face notamment à l’augmentation des températures, il n’est pas facile de prédire comment les faunes et flores vont réagir et s’adapter dans des écosystèmes perturbés. Une recherche internationale, à laquelle participe l’équipe du Professeur Johan Yans (Département de géologie et Institut ILEE), a trouvé des éléments de réponse dans les fossiles, mémoires de l’évolution darwinienne depuis des millions d’années. Explications.
Photo : Site de fouilles à Albas, Massif des Corbières (France) © Gaëtan Rochez (UNamur)
Les prédictions actuelles en matière d’évolution de la biodiversité face aux changements climatiques sont basées sur des modèles et scénarios issus d’études multidisciplinaires. Un article vient d’être publié dans la prestigieuse revue PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences), alimentant ces scénarios. L’idée originale des chercheurs ? Envisager une analogie entre la biodiversité du passé et celle du futur.
Pour comprendre, il faut remonter 56 millions d’années en arrière, à la transition entre le Paléocène et l’Éocène, période caractérisée par un intense réchauffement de la planète (nommé Paleocene-Eocene Thermal Maximum – ou PETM). Les paléoclimatologues considèrent que cette période est un analogue géologique du réchauffement actuel par son amplitude (augmentation de 5 à 8 °C) et par sa cause (un largage massif de CO₂ dans l’atmosphère, semblable à ce que nous connaissons aujourd’hui).
À cette époque, le réchauffement climatique a généré des perturbations majeures sur la faune. Ce changement du climat, bien qu’il ait été 10 à 100 fois plus lent que celui que nous subissons aujourd’hui, a coïncidé avec l’apparition des mammifères placentaires « modernes » (dont les humains font partie), mais aussi des artiodactyles (ruminants, chèvres…), périssodactyles (chevaux, rhinocéros…), chauves-souris, rongeurs, etc. Les perturbations climatiques intenses et rapides génèrent en effet des stress majeurs sur les écosystèmes : les organismes tentent de s’adapter, certains disparaissent car incapables de faire face à ces intenses modifications environnementales, tandis que d’autres se développent ou évoluent. Ce scénario était déjà bien connu…
Mais quelques milliers d’années avant le PETM, un autre épisode de réchauffement, nommé Pre-Onset Event (ou POE), est enregistré. Il est moins intense (+2 °C) que le PETM, et ressemble davantage aux perturbations climatiques actuelles, ce qui a conduit les chercheurs à investiguer ses impacts sur les faunes.
Photo : A la recherche de fossiles par les collègues paléontologues de l’Université de Montpellier © ISEM
Les fossiles parlent
Des recherches de terrain ont été menées dans le Massif des Corbières, au sud de la France : les couches géologiques représentatives de cette période y sont nombreuses et épaisses. Grâce à la géochimie isotopique du carbone, les chercheurs namurois ont pu dater ces couches avec grande précision, permettant de détailler l’évolution des fossiles dans le temps.
Les fossiles ainsi découverts ont livré leur mémoire. Et cela remet en question les scénarios préalablement établis sur deux aspects essentiels :
- Les espèces ont évolué rapidement dès le POE, événement climatique semblable aux perturbations actuelles.
- Alors que les chercheurs pensaient que les faunes européennes étaient composées d’espèces endémiques cantonnées à l’Europe, ils ont découvert que ces animaux archaïques côtoyaient aussi des espèces plus modernes, comme des marsupiaux ou des rongeurs, ayant probablement migré d’Amérique du Nord lors du POE.
Photo : Fossiles de mammifères découverts à Albas conservés dans de petits tubes de verre. Il s’agit ici de dents minuscules d’un petit mammifère « archaïque » nommé Paschatherium. © Rodolphe Tabuce
Ainsi donc, lors du POE, les espèces ont migré d’un continent à l’autre… Mais comment est-ce possible ? On pensait qu’à l’époque, le continent européen était relativement isolé des autres par des mers peu profondes. En réalité, à la suite du réchauffement climatique, de vastes étendues de forêts recouvraient les hautes latitudes (actuel nord du Groenland, Scandinavie et détroit de Béring en Sibérie), servant de « ponts terrestres naturels » pour les faunes forestières ! Les perturbations climatiques ont donc modifié la flore, qui a elle-même servi de passage entre continents pour des faunes « modernes », elles aussi en plein bouleversement.
Les perturbations climatiques du POE, semblables à celles enregistrées aujourd’hui, ont donc drastiquement influencé les faunes, notamment en facilitant des migrations intercontinentales.
L’impact de ces événements déterminants durant le POE offre de nouvelles pistes de réflexion et d’étude sur l’avenir de la biodiversité dans le contexte du réchauffement climatique actuel et futur.
L'équipe du projet
« EDENs : Life during past super-warm climate events: Evolutionary Dynamics of Early EoceNe mammals from Southwestern France » est un projet multidisciplinaire et international auquel participent Johan Yans, Jean-Yves Storme et Gaëtan Rochez (Département de géologie et Institut ILEE de l'UNamur) depuis 3 ans. Cette recherche réunit les expertises de différents partenaires :
- L’Institut des Sciences de l’Evolution de Montpellier (ISEM), Rodolphe Tabuce et Fabrice Lihoreau,
- Géosciences Montpellier, Flavia Girard et Gregory Ballas.
Il est financé par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR-France). Elle a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société.
On en parle dans les médias
Le développement durable à l'UNamur
L’université, dans ses missions, se doit d’être exemplaire en matière de Développement Durable en concordance avec les Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies.
En matière de formation, outre les cours intégrant les ODD, l’Université de Namur propose le Certificat d’université de formation complémentaire en Développement Durable. A destination des membres d'organisations, administrations, entreprises, écoles, etc. concernés ou simplement intéressés par les implications et les enjeux du développement durable, il a pour objectif de proposer une information aussi réfléchie et diversifiée que possible afin d'amener chaque participant à mieux positionner, dans son cadre professionnel, les problématiques liées au développement durable qui le concernent plus directement.
En matière de recherche, les chercheurs travaillent à travers 11 instituts de recherche interdisciplinaires. L’équipe de Johan Yans est active au sein de l’Institut ILEE - Institute of Life, Earth and Environment – et cette recherche est un axe des activités consacrées au Développement Durable à l’UNamur.
La biodiversité des rivières américaines analysée pendant 30 ans
La biodiversité des rivières américaines analysée pendant 30 ans
Une équipe de chercheurs américains, avec l’aide de Frédérik De Laender, professeur au Département de biologie de l’UNamur, vient de publier dans la prestigieuse revue Nature. Leur étude décrit comment l’évolution des températures des cours d’eau et les introductions de poissons par l’humain peuvent modifier la biodiversité des rivières aux États-Unis.
En 2021, le professeur Frédérik De Laender a été contacté par des chercheurs américains pour contribuer à une étude sur l’évolution de la diversité aquatique des cours d’eau aux États-Unis. L’objectif : analyser son évolution et identifier les facteurs qui l’expliquent. Pour répondre à cette question, les chercheurs ont analysé des données collectées sur trente années, couvrant 389 espèces de poissons dans près de 3 000 rivières et ruisseaux.
« Il existait déjà de nombreuses données sur la diversité aquatique aux États-Unis, mais elles étaient dispersées, enregistrées dans des formats différents et produites selon des techniques et méthodologies variées », explique Frédérik De Laender. « Le défi a donc été de les harmoniser, afin de constituer un ensemble cohérent, capable de révéler des tendances sur plusieurs décennies et à l’échelle d’un continent. »
Les tendances observées
Dans cette étude intitulée « Diverging fish biodiversity trends in cold and warm rivers and streams » les chercheurs ont étudié 389 espèces de poissons dans 2 992 rivières et ruisseaux, entre 1993 et 2019. Les résultats montrent des évolutions contrastées selon la température de l’eau :
- Dans les eaux froides (< 15,4 °C), le nombre de poissons a chuté de 53 % et le nombre d’espèces de 32 %. Les petits poissons ont reculé, remplacés par des espèces plus grandes souvent introduites pour la pêche sportive.
- Dans les eaux chaudes (> 23,8 °C), à l’inverse, le nombre d’individus a augmenté de 70 % et la diversité de 16 %, avec une domination des petites espèces opportunistes.
- Les cours d’eau intermédiaires (15–24 °C) ont peu évolué.
Ces tendances montrent que les changements de température et les introductions de certaines espèces de poissons pour la pêche contribuent à transformer les communautés aquatiques locales.
La bonne nouvelle, c’est que nos résultats indiquent aussi que des actions de gestion ciblées, comme la restauration des cours d’eau, la limitation des introductions ou l’adaptation des pratiques de pêche, peuvent avoir un impact positif.
Frédérik De Laender – Mini CV
Frédérik De Laender est professeur au Département de biologie de l’Université de Namur, où il dirige le Laboratoire d’Écologie Environnementale des Écosystèmes (ECCOLOGY lab). Il est directeur de l’Unité de Recherche en Biologie Environnementale et Évolutive (URBE) et également membre des Instituts Life-Earth-Environment (ILEE) et système complexes (naXys) de l’UNamur.
Frédérik De Laender est un écologiste communautaire théorique qui étudie les liens entre changements environnementaux, biodiversité et fonctionnement des écosystèmes. Principalement axé sur la modélisation, il a également mené des expériences sur le plancton et contribué à des méta-analyses. Ses travaux portent notamment sur la stabilité écologique et la coexistence, afin de mieux comprendre les mécanismes qui déterminent la composition des communautés.
La recherche au Département de biologie
Le Département de biologie, riche de ses professeurs permanents mène une recherche scientifique internationale de pointe. Celle-ci se répartit entre 5 unités de recherche abordant des thématiques variées de biologie cellulaire et moléculaire, de microbiologie moléculaire, de biologie environnementale et évolutive, de biologie végétale et de didactique.
Comprendre pour mieux protéger : un projet de recherche conjoint FNRS-FRQ novateur sur le béluga du Saint-Laurent
Comprendre pour mieux protéger : un projet de recherche conjoint FNRS-FRQ novateur sur le béluga du Saint-Laurent
Un projet déposé par le Laboratoire de Physiologie Évolutive et Adaptative (LEAP) du professeur Frédéric Silvestre de l’Université de Namur a été classé parmi les 6 meilleurs projets de recherche financés par le FNRS et le Fonds de recherche du Québec (FRQ) pour une collaboration scientifique entre la Wallonie et le Québec. Le but ? Comprendre l'impact des activités humaines sur les bélugas de l'estuaire du Saint-Laurent (ESL) à l’aide d’approches interdisciplinaires pour permettre d’améliorer les stratégies de conservation de cette espèce menacée.
Le béluga (Delphinapterus leucas) de l'estuaire du Saint-Laurent (ESL) au Québec (Canada) vit dans un écosystème marin fortement impacté par les activités humaines et ne montre aucun signe de rétablissement depuis plusieurs décennies. Aussi appelé baleine blanche ou dauphin blanc, le béluga a une espérance de vie aux alentours des 70 ans. On constate notamment des maladies infectieuses et une augmentation de la mortalité post-partum chez les femelles, mais les causes exactes restent indéterminées. Cependant, l'exposition aux contaminants serait l'une des causes de l'augmentation de la mortalité précoce observée ces dernières années.
Une des principales limites à l'évaluation de la santé des individus de cette population en relation avec l'exposition aux contaminants est l'absence de méthode permettant de déterminer l'âge des bélugas vivants de l'ESL.
Jusqu’ici, la méthode la plus fiable pour déterminer leur âge était de compter les stries de croissance à l’intérieur de leurs dents. Autant dire que cette technique ne s’applique qu’aux bélugas morts… L’expertise des chercheurs namurois du Laboratoire de Physiologie Évolutive et Adaptative (LEAP) du Professeur Frédéric Silvestre va permettre le développement ’une nouvelle « horloge épigénétique » et de l’utiliser pour estimer l'âge des bélugas vivants, ce qui permettra en fin de compte d'améliorer les stratégies de conservation afin d'aider cette population menacée à se rétablir.
Une horloge épigénétique pour déterminer l’âge des bélugas
Le projet s'intitule : « Une horloge épigénétique pour estimer l'âge des bélugas du Saint-Laurent et son impact sur l'accumulation de contaminants, le stress et la santé de cette population menacée ».
L’épigénétique, c’est l'étude des changements dans l'activité des gènes, n'impliquant pas de modification de la séquence d'ADN et pouvant être transmis lors des divisions cellulaires. L’un des éléments «régulateurs» de l’expression des gènes st la méthylation: un groupement chimique qui vient se fixer à certains endroits sur le brin d’ADN pour favoriser ou limiter l’expression des gènes. Depuis quelques décennies, on a découvert que la méthylation changeait de manière prévisible au cours du vieillissement, selon un schéma qu’on nomme «horloge épigénétique». Une fois cette horloge établie pour une population d’individus donnée, il est donc possible de déduire l’âge d’un individu en cherchant la présence ou l’absence de méthylation sur l’ADN. Il suffit pour cela de quelques cellules, par exemple des cellules de peau.
L’équipe internationale et interdisciplinaire
Une équipe de scientifiques de haut niveau issus des deux régions est impliquée.
- Pr Frédéric Silvestre et Dr Alice Dennis – UNamur, Belgique
- Dr Krishna Das – ULiège, Belgique
- Dr Jonathan Verreault – Université du Québec à Montréal, Canada
- Dr Stéphane Lair – Université de Montréal, Canada
- Dr Magali Houde – Environnement et changement climatique Canada
- Dr Véronique Lesage – Pêche et océans Canada
- Dr Robert Michaud – Groupe de recherche et d’enseignement sur les mammifères marins (GREMM), Québec, Canada
L’expertise namuroise pour préserver la biodiversité
L’équipe de chercheurs validera cette nouvelle méthode et étudiera le lien avec l'accumulation de contaminants, le stress physiologique et la santé globale de cette population menacée, en comparant la population du ESL à une population plus saine de bélugas de l'Arctique canadien.
En résumé, cette recherche vise à mieux comprendre comment l'âge biologique, tel que mesuré par l'horloge épigénétique, influence la vulnérabilité des bélugas aux facteurs de stress environnementaux et à leur santé.
Ce projet abordera des questions de recherche fondamentales jamais explorées auparavant chez les bélugas,
Un nouveau doctorant rejoindra l’équipe namuroise, sous la direction de Frédéric Silvestre et travaillera en collaboration avec la chercheuse Justine Bélik sur la base de l'EpiClock qu’elle a développé pour le rivulus des mangroves.
Avecun projet sur le rivulus des mangroves en Floride et au Belize, et celui sur les populations de poissons et d'invertébrés dans les montagnes équatoriennes, il s'agit du troisième projet scientifique utilisant l’expertise des chercheurs namurois en épigénétique écologique chez les animaux sauvages pour aider à préserver la biodiversité.
FNRS – La liberté de chercher
Recherche collaborative F.R.S.-FNRS – FRQ (Fédération Wallonie-Bruxelles – Québec)
Le F.R.S.-FNRS a lancé des appels PINT-Bilat-P pour des projets de recherche bilatéraux avec le Fonds de Recherche du Québec. Ces appels s’inscrivent dans le cadre d’une volonté de développer des partenariats stratégiques. Ce programme bilatéral de recherche a pour but de créer un effet de levier pour l’excellence scientifique et d’amener les chercheurs et chercheuses de la Fédération Wallonie-Bruxelles et du Québec à développer des projets de recherche conjoints novateurs.
Le Département de biologie de l’UNamur contribue à la sauvegarde d’un troupeau de mouflons grâce à son expertise en génétique
Le Département de biologie de l’UNamur contribue à la sauvegarde d’un troupeau de mouflons grâce à son expertise en génétique
Une recherche peu banale a récemment mobilisé des équipes du Département de biologie de l’UNamur. Des analyses génétiques réalisées par l’Unité de Recherche en Biologie Environnementale et évolutive (URBE) ont en effet pu confirmer le statut de protection d’un troupeau de mouflons sauvages installé à Gesves, et ainsi souligner l’importance de leur sauvetage.
Ces derniers mois, la commune de Gesves, en province de Namur, était confrontée à la présence d’un troupeau de mouflons, des moutons sauvages reconnaissables à leurs impressionnantes cornes en spirales. À l’origine de celui-ci : un mâle et une femelle probablement échappés d’une chasse privée, qui se sont installés et reproduits dans les prairies de cette commune rurale en 2019, jusqu’à former un véritable troupeau de 17 individus en 2024.
Si ces ovins ont gagné l’affection des habitants, les agriculteurs locaux déploraient quant à eux les dommages causés à leurs cultures. Leurs plaintes ont abouti en août 2024 à une autorisation de destruction émanant du Département Nature et Forêt (DNF). Plusieurs individus ont également été abattus pendant la période de chasse.
Une opération de sauvetage complexe
Touchés par le sort réservé à ces animaux, une poignée de riverains a mené depuis le mois de janvier une véritable opération de sauvetage des sept mouflons encore présents sur les prairies. La manœuvre s’annonçait pour le moins complexe : il fallait, d’une part, réunir les autorisations officielles nécessaires à la capture et au transport des mouflons dans un lieu adapté et, d’autre part, mettre en place une infrastructure pour les capturer.
Un enclos muni d’une caméra de surveillance et d’un système de fermeture automatisé a alors été installé par une entreprise spécialisée. Après des mois d’un travail d’approche patient et millimétré, les mouflons ont pu être capturés en douceur le 24 mai dernier et transférés au Domaine des Grottes de Han, prêt à les accueillir.
Origine des mouflons : l’ADN à la rescousse
En parallèle de cette initiative, les riverains mobilisés – parmi lesquels Nathalie Kirschvink, vétérinaire et professeure à la Faculté de médecine de l’UNamur – ont sollicité l’expertise des laboratoires de l’Unité de Recherche en Biologie Environnementale et évolutive (URBE) de l’UNamur pour éclaircir une question déterminante : l’origine des mouflons. En effet, dans nos régions, les mouflons sont considérés comme du gibier et donc chassables, tandis que les mouflons issus de certaines lignées bénéficient d’une protection.
Nathalie Kirschvink a donc confié des échantillons frais composés de poils et d’excréments à Alice Dennis, professeure et chercheuse à l’URBE. Le séquençage de l’ADN contenu dans ces échantillons a permis à Alice Dennis et au technicien Jérôme Lambert d’identifier des liens de parenté entre les mouflons de Gesves et ceux issus d’une lignée corse, dont le génome avait déjà été décrit dans la littérature scientifique.
Cette identification repose sur la phylogénie, une méthode utilisée dans les sciences du vivant permettant de reconstituer au travers d’un arbre phylogénétique les relations évolutives entre des espèces et ainsi retracer leurs origines et leurs liens de parenté.
De la cellule aux écosystèmes : plonger dans l’infiniment petit pour protéger le vivant
Cette expertise est au cœur des recherches de l’URBE, qui utilise les outils de l’écologie moléculaire pour étudier aussi bien la physiologie d’organismes (comme les escargots pour Alice Dennis) que leurs interactions avec leur environnement. La méthodologie utilisée peut s’appliquer à des cas très concrets et locaux, comme celui des mouflons de Gesves mais, plus largement, servir à une meilleure compréhension de la diversité génétique entre espèces dans une optique de sauvegarde de la biodiversité.
L’URBE s’oriente de plus en plus vers l’écologie moléculaire, une discipline qui explore, via la génétique, la capacité d’adaptation des espèces aux changements environnementaux. En effet, plus une population est diversifiée au niveau génétique, au mieux elle a la capacité à s’adapter aux perturbations de son environnement. Il s’agit de questionnements essentiels en termes de conservation des espèces, à l’heure où la biodiversité connaît une crise sans précédent.
En savoir plus sur l’Unité de Recherche en Biologie Environnementale et évolutive
Perturbations climatiques : les fossiles nous parlent du passé pour mieux appréhender le futur
Perturbations climatiques : les fossiles nous parlent du passé pour mieux appréhender le futur
Aujourd’hui, notre planète subit des changements climatiques majeurs. Face notamment à l’augmentation des températures, il n’est pas facile de prédire comment les faunes et flores vont réagir et s’adapter dans des écosystèmes perturbés. Une recherche internationale, à laquelle participe l’équipe du Professeur Johan Yans (Département de géologie et Institut ILEE), a trouvé des éléments de réponse dans les fossiles, mémoires de l’évolution darwinienne depuis des millions d’années. Explications.
Photo : Site de fouilles à Albas, Massif des Corbières (France) © Gaëtan Rochez (UNamur)
Les prédictions actuelles en matière d’évolution de la biodiversité face aux changements climatiques sont basées sur des modèles et scénarios issus d’études multidisciplinaires. Un article vient d’être publié dans la prestigieuse revue PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences), alimentant ces scénarios. L’idée originale des chercheurs ? Envisager une analogie entre la biodiversité du passé et celle du futur.
Pour comprendre, il faut remonter 56 millions d’années en arrière, à la transition entre le Paléocène et l’Éocène, période caractérisée par un intense réchauffement de la planète (nommé Paleocene-Eocene Thermal Maximum – ou PETM). Les paléoclimatologues considèrent que cette période est un analogue géologique du réchauffement actuel par son amplitude (augmentation de 5 à 8 °C) et par sa cause (un largage massif de CO₂ dans l’atmosphère, semblable à ce que nous connaissons aujourd’hui).
À cette époque, le réchauffement climatique a généré des perturbations majeures sur la faune. Ce changement du climat, bien qu’il ait été 10 à 100 fois plus lent que celui que nous subissons aujourd’hui, a coïncidé avec l’apparition des mammifères placentaires « modernes » (dont les humains font partie), mais aussi des artiodactyles (ruminants, chèvres…), périssodactyles (chevaux, rhinocéros…), chauves-souris, rongeurs, etc. Les perturbations climatiques intenses et rapides génèrent en effet des stress majeurs sur les écosystèmes : les organismes tentent de s’adapter, certains disparaissent car incapables de faire face à ces intenses modifications environnementales, tandis que d’autres se développent ou évoluent. Ce scénario était déjà bien connu…
Mais quelques milliers d’années avant le PETM, un autre épisode de réchauffement, nommé Pre-Onset Event (ou POE), est enregistré. Il est moins intense (+2 °C) que le PETM, et ressemble davantage aux perturbations climatiques actuelles, ce qui a conduit les chercheurs à investiguer ses impacts sur les faunes.
Photo : A la recherche de fossiles par les collègues paléontologues de l’Université de Montpellier © ISEM
Les fossiles parlent
Des recherches de terrain ont été menées dans le Massif des Corbières, au sud de la France : les couches géologiques représentatives de cette période y sont nombreuses et épaisses. Grâce à la géochimie isotopique du carbone, les chercheurs namurois ont pu dater ces couches avec grande précision, permettant de détailler l’évolution des fossiles dans le temps.
Les fossiles ainsi découverts ont livré leur mémoire. Et cela remet en question les scénarios préalablement établis sur deux aspects essentiels :
- Les espèces ont évolué rapidement dès le POE, événement climatique semblable aux perturbations actuelles.
- Alors que les chercheurs pensaient que les faunes européennes étaient composées d’espèces endémiques cantonnées à l’Europe, ils ont découvert que ces animaux archaïques côtoyaient aussi des espèces plus modernes, comme des marsupiaux ou des rongeurs, ayant probablement migré d’Amérique du Nord lors du POE.
Photo : Fossiles de mammifères découverts à Albas conservés dans de petits tubes de verre. Il s’agit ici de dents minuscules d’un petit mammifère « archaïque » nommé Paschatherium. © Rodolphe Tabuce
Ainsi donc, lors du POE, les espèces ont migré d’un continent à l’autre… Mais comment est-ce possible ? On pensait qu’à l’époque, le continent européen était relativement isolé des autres par des mers peu profondes. En réalité, à la suite du réchauffement climatique, de vastes étendues de forêts recouvraient les hautes latitudes (actuel nord du Groenland, Scandinavie et détroit de Béring en Sibérie), servant de « ponts terrestres naturels » pour les faunes forestières ! Les perturbations climatiques ont donc modifié la flore, qui a elle-même servi de passage entre continents pour des faunes « modernes », elles aussi en plein bouleversement.
Les perturbations climatiques du POE, semblables à celles enregistrées aujourd’hui, ont donc drastiquement influencé les faunes, notamment en facilitant des migrations intercontinentales.
L’impact de ces événements déterminants durant le POE offre de nouvelles pistes de réflexion et d’étude sur l’avenir de la biodiversité dans le contexte du réchauffement climatique actuel et futur.
L'équipe du projet
« EDENs : Life during past super-warm climate events: Evolutionary Dynamics of Early EoceNe mammals from Southwestern France » est un projet multidisciplinaire et international auquel participent Johan Yans, Jean-Yves Storme et Gaëtan Rochez (Département de géologie et Institut ILEE de l'UNamur) depuis 3 ans. Cette recherche réunit les expertises de différents partenaires :
- L’Institut des Sciences de l’Evolution de Montpellier (ISEM), Rodolphe Tabuce et Fabrice Lihoreau,
- Géosciences Montpellier, Flavia Girard et Gregory Ballas.
Il est financé par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR-France). Elle a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société.
On en parle dans les médias
Le développement durable à l'UNamur
L’université, dans ses missions, se doit d’être exemplaire en matière de Développement Durable en concordance avec les Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies.
En matière de formation, outre les cours intégrant les ODD, l’Université de Namur propose le Certificat d’université de formation complémentaire en Développement Durable. A destination des membres d'organisations, administrations, entreprises, écoles, etc. concernés ou simplement intéressés par les implications et les enjeux du développement durable, il a pour objectif de proposer une information aussi réfléchie et diversifiée que possible afin d'amener chaque participant à mieux positionner, dans son cadre professionnel, les problématiques liées au développement durable qui le concernent plus directement.
En matière de recherche, les chercheurs travaillent à travers 11 instituts de recherche interdisciplinaires. L’équipe de Johan Yans est active au sein de l’Institut ILEE - Institute of Life, Earth and Environment – et cette recherche est un axe des activités consacrées au Développement Durable à l’UNamur.
La biodiversité des rivières américaines analysée pendant 30 ans
La biodiversité des rivières américaines analysée pendant 30 ans
Une équipe de chercheurs américains, avec l’aide de Frédérik De Laender, professeur au Département de biologie de l’UNamur, vient de publier dans la prestigieuse revue Nature. Leur étude décrit comment l’évolution des températures des cours d’eau et les introductions de poissons par l’humain peuvent modifier la biodiversité des rivières aux États-Unis.
En 2021, le professeur Frédérik De Laender a été contacté par des chercheurs américains pour contribuer à une étude sur l’évolution de la diversité aquatique des cours d’eau aux États-Unis. L’objectif : analyser son évolution et identifier les facteurs qui l’expliquent. Pour répondre à cette question, les chercheurs ont analysé des données collectées sur trente années, couvrant 389 espèces de poissons dans près de 3 000 rivières et ruisseaux.
« Il existait déjà de nombreuses données sur la diversité aquatique aux États-Unis, mais elles étaient dispersées, enregistrées dans des formats différents et produites selon des techniques et méthodologies variées », explique Frédérik De Laender. « Le défi a donc été de les harmoniser, afin de constituer un ensemble cohérent, capable de révéler des tendances sur plusieurs décennies et à l’échelle d’un continent. »
Les tendances observées
Dans cette étude intitulée « Diverging fish biodiversity trends in cold and warm rivers and streams » les chercheurs ont étudié 389 espèces de poissons dans 2 992 rivières et ruisseaux, entre 1993 et 2019. Les résultats montrent des évolutions contrastées selon la température de l’eau :
- Dans les eaux froides (< 15,4 °C), le nombre de poissons a chuté de 53 % et le nombre d’espèces de 32 %. Les petits poissons ont reculé, remplacés par des espèces plus grandes souvent introduites pour la pêche sportive.
- Dans les eaux chaudes (> 23,8 °C), à l’inverse, le nombre d’individus a augmenté de 70 % et la diversité de 16 %, avec une domination des petites espèces opportunistes.
- Les cours d’eau intermédiaires (15–24 °C) ont peu évolué.
Ces tendances montrent que les changements de température et les introductions de certaines espèces de poissons pour la pêche contribuent à transformer les communautés aquatiques locales.
La bonne nouvelle, c’est que nos résultats indiquent aussi que des actions de gestion ciblées, comme la restauration des cours d’eau, la limitation des introductions ou l’adaptation des pratiques de pêche, peuvent avoir un impact positif.
Frédérik De Laender – Mini CV
Frédérik De Laender est professeur au Département de biologie de l’Université de Namur, où il dirige le Laboratoire d’Écologie Environnementale des Écosystèmes (ECCOLOGY lab). Il est directeur de l’Unité de Recherche en Biologie Environnementale et Évolutive (URBE) et également membre des Instituts Life-Earth-Environment (ILEE) et système complexes (naXys) de l’UNamur.
Frédérik De Laender est un écologiste communautaire théorique qui étudie les liens entre changements environnementaux, biodiversité et fonctionnement des écosystèmes. Principalement axé sur la modélisation, il a également mené des expériences sur le plancton et contribué à des méta-analyses. Ses travaux portent notamment sur la stabilité écologique et la coexistence, afin de mieux comprendre les mécanismes qui déterminent la composition des communautés.
La recherche au Département de biologie
Le Département de biologie, riche de ses professeurs permanents mène une recherche scientifique internationale de pointe. Celle-ci se répartit entre 5 unités de recherche abordant des thématiques variées de biologie cellulaire et moléculaire, de microbiologie moléculaire, de biologie environnementale et évolutive, de biologie végétale et de didactique.
Comprendre pour mieux protéger : un projet de recherche conjoint FNRS-FRQ novateur sur le béluga du Saint-Laurent
Comprendre pour mieux protéger : un projet de recherche conjoint FNRS-FRQ novateur sur le béluga du Saint-Laurent
Un projet déposé par le Laboratoire de Physiologie Évolutive et Adaptative (LEAP) du professeur Frédéric Silvestre de l’Université de Namur a été classé parmi les 6 meilleurs projets de recherche financés par le FNRS et le Fonds de recherche du Québec (FRQ) pour une collaboration scientifique entre la Wallonie et le Québec. Le but ? Comprendre l'impact des activités humaines sur les bélugas de l'estuaire du Saint-Laurent (ESL) à l’aide d’approches interdisciplinaires pour permettre d’améliorer les stratégies de conservation de cette espèce menacée.
Le béluga (Delphinapterus leucas) de l'estuaire du Saint-Laurent (ESL) au Québec (Canada) vit dans un écosystème marin fortement impacté par les activités humaines et ne montre aucun signe de rétablissement depuis plusieurs décennies. Aussi appelé baleine blanche ou dauphin blanc, le béluga a une espérance de vie aux alentours des 70 ans. On constate notamment des maladies infectieuses et une augmentation de la mortalité post-partum chez les femelles, mais les causes exactes restent indéterminées. Cependant, l'exposition aux contaminants serait l'une des causes de l'augmentation de la mortalité précoce observée ces dernières années.
Une des principales limites à l'évaluation de la santé des individus de cette population en relation avec l'exposition aux contaminants est l'absence de méthode permettant de déterminer l'âge des bélugas vivants de l'ESL.
Jusqu’ici, la méthode la plus fiable pour déterminer leur âge était de compter les stries de croissance à l’intérieur de leurs dents. Autant dire que cette technique ne s’applique qu’aux bélugas morts… L’expertise des chercheurs namurois du Laboratoire de Physiologie Évolutive et Adaptative (LEAP) du Professeur Frédéric Silvestre va permettre le développement ’une nouvelle « horloge épigénétique » et de l’utiliser pour estimer l'âge des bélugas vivants, ce qui permettra en fin de compte d'améliorer les stratégies de conservation afin d'aider cette population menacée à se rétablir.
Une horloge épigénétique pour déterminer l’âge des bélugas
Le projet s'intitule : « Une horloge épigénétique pour estimer l'âge des bélugas du Saint-Laurent et son impact sur l'accumulation de contaminants, le stress et la santé de cette population menacée ».
L’épigénétique, c’est l'étude des changements dans l'activité des gènes, n'impliquant pas de modification de la séquence d'ADN et pouvant être transmis lors des divisions cellulaires. L’un des éléments «régulateurs» de l’expression des gènes st la méthylation: un groupement chimique qui vient se fixer à certains endroits sur le brin d’ADN pour favoriser ou limiter l’expression des gènes. Depuis quelques décennies, on a découvert que la méthylation changeait de manière prévisible au cours du vieillissement, selon un schéma qu’on nomme «horloge épigénétique». Une fois cette horloge établie pour une population d’individus donnée, il est donc possible de déduire l’âge d’un individu en cherchant la présence ou l’absence de méthylation sur l’ADN. Il suffit pour cela de quelques cellules, par exemple des cellules de peau.
L’équipe internationale et interdisciplinaire
Une équipe de scientifiques de haut niveau issus des deux régions est impliquée.
- Pr Frédéric Silvestre et Dr Alice Dennis – UNamur, Belgique
- Dr Krishna Das – ULiège, Belgique
- Dr Jonathan Verreault – Université du Québec à Montréal, Canada
- Dr Stéphane Lair – Université de Montréal, Canada
- Dr Magali Houde – Environnement et changement climatique Canada
- Dr Véronique Lesage – Pêche et océans Canada
- Dr Robert Michaud – Groupe de recherche et d’enseignement sur les mammifères marins (GREMM), Québec, Canada
L’expertise namuroise pour préserver la biodiversité
L’équipe de chercheurs validera cette nouvelle méthode et étudiera le lien avec l'accumulation de contaminants, le stress physiologique et la santé globale de cette population menacée, en comparant la population du ESL à une population plus saine de bélugas de l'Arctique canadien.
En résumé, cette recherche vise à mieux comprendre comment l'âge biologique, tel que mesuré par l'horloge épigénétique, influence la vulnérabilité des bélugas aux facteurs de stress environnementaux et à leur santé.
Ce projet abordera des questions de recherche fondamentales jamais explorées auparavant chez les bélugas,
Un nouveau doctorant rejoindra l’équipe namuroise, sous la direction de Frédéric Silvestre et travaillera en collaboration avec la chercheuse Justine Bélik sur la base de l'EpiClock qu’elle a développé pour le rivulus des mangroves.
Avecun projet sur le rivulus des mangroves en Floride et au Belize, et celui sur les populations de poissons et d'invertébrés dans les montagnes équatoriennes, il s'agit du troisième projet scientifique utilisant l’expertise des chercheurs namurois en épigénétique écologique chez les animaux sauvages pour aider à préserver la biodiversité.
FNRS – La liberté de chercher
Recherche collaborative F.R.S.-FNRS – FRQ (Fédération Wallonie-Bruxelles – Québec)
Le F.R.S.-FNRS a lancé des appels PINT-Bilat-P pour des projets de recherche bilatéraux avec le Fonds de Recherche du Québec. Ces appels s’inscrivent dans le cadre d’une volonté de développer des partenariats stratégiques. Ce programme bilatéral de recherche a pour but de créer un effet de levier pour l’excellence scientifique et d’amener les chercheurs et chercheuses de la Fédération Wallonie-Bruxelles et du Québec à développer des projets de recherche conjoints novateurs.
Le Département de biologie de l’UNamur contribue à la sauvegarde d’un troupeau de mouflons grâce à son expertise en génétique
Le Département de biologie de l’UNamur contribue à la sauvegarde d’un troupeau de mouflons grâce à son expertise en génétique
Une recherche peu banale a récemment mobilisé des équipes du Département de biologie de l’UNamur. Des analyses génétiques réalisées par l’Unité de Recherche en Biologie Environnementale et évolutive (URBE) ont en effet pu confirmer le statut de protection d’un troupeau de mouflons sauvages installé à Gesves, et ainsi souligner l’importance de leur sauvetage.
Ces derniers mois, la commune de Gesves, en province de Namur, était confrontée à la présence d’un troupeau de mouflons, des moutons sauvages reconnaissables à leurs impressionnantes cornes en spirales. À l’origine de celui-ci : un mâle et une femelle probablement échappés d’une chasse privée, qui se sont installés et reproduits dans les prairies de cette commune rurale en 2019, jusqu’à former un véritable troupeau de 17 individus en 2024.
Si ces ovins ont gagné l’affection des habitants, les agriculteurs locaux déploraient quant à eux les dommages causés à leurs cultures. Leurs plaintes ont abouti en août 2024 à une autorisation de destruction émanant du Département Nature et Forêt (DNF). Plusieurs individus ont également été abattus pendant la période de chasse.
Une opération de sauvetage complexe
Touchés par le sort réservé à ces animaux, une poignée de riverains a mené depuis le mois de janvier une véritable opération de sauvetage des sept mouflons encore présents sur les prairies. La manœuvre s’annonçait pour le moins complexe : il fallait, d’une part, réunir les autorisations officielles nécessaires à la capture et au transport des mouflons dans un lieu adapté et, d’autre part, mettre en place une infrastructure pour les capturer.
Un enclos muni d’une caméra de surveillance et d’un système de fermeture automatisé a alors été installé par une entreprise spécialisée. Après des mois d’un travail d’approche patient et millimétré, les mouflons ont pu être capturés en douceur le 24 mai dernier et transférés au Domaine des Grottes de Han, prêt à les accueillir.
Origine des mouflons : l’ADN à la rescousse
En parallèle de cette initiative, les riverains mobilisés – parmi lesquels Nathalie Kirschvink, vétérinaire et professeure à la Faculté de médecine de l’UNamur – ont sollicité l’expertise des laboratoires de l’Unité de Recherche en Biologie Environnementale et évolutive (URBE) de l’UNamur pour éclaircir une question déterminante : l’origine des mouflons. En effet, dans nos régions, les mouflons sont considérés comme du gibier et donc chassables, tandis que les mouflons issus de certaines lignées bénéficient d’une protection.
Nathalie Kirschvink a donc confié des échantillons frais composés de poils et d’excréments à Alice Dennis, professeure et chercheuse à l’URBE. Le séquençage de l’ADN contenu dans ces échantillons a permis à Alice Dennis et au technicien Jérôme Lambert d’identifier des liens de parenté entre les mouflons de Gesves et ceux issus d’une lignée corse, dont le génome avait déjà été décrit dans la littérature scientifique.
Cette identification repose sur la phylogénie, une méthode utilisée dans les sciences du vivant permettant de reconstituer au travers d’un arbre phylogénétique les relations évolutives entre des espèces et ainsi retracer leurs origines et leurs liens de parenté.
De la cellule aux écosystèmes : plonger dans l’infiniment petit pour protéger le vivant
Cette expertise est au cœur des recherches de l’URBE, qui utilise les outils de l’écologie moléculaire pour étudier aussi bien la physiologie d’organismes (comme les escargots pour Alice Dennis) que leurs interactions avec leur environnement. La méthodologie utilisée peut s’appliquer à des cas très concrets et locaux, comme celui des mouflons de Gesves mais, plus largement, servir à une meilleure compréhension de la diversité génétique entre espèces dans une optique de sauvegarde de la biodiversité.
L’URBE s’oriente de plus en plus vers l’écologie moléculaire, une discipline qui explore, via la génétique, la capacité d’adaptation des espèces aux changements environnementaux. En effet, plus une population est diversifiée au niveau génétique, au mieux elle a la capacité à s’adapter aux perturbations de son environnement. Il s’agit de questionnements essentiels en termes de conservation des espèces, à l’heure où la biodiversité connaît une crise sans précédent.
En savoir plus sur l’Unité de Recherche en Biologie Environnementale et évolutive
Événements
Fish Physiology in support of Sustainable Aquaculture
Save the date !
Deadlines
- Opening of abstract submissions and registrations: 15 September 2025
- Deadline to submit indicative title and summary: 30 November 2025
- Deadline for final abstract submissions: 01 May 2026
- Early bird registration deadline: 01 March 2026
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