La Faculté de philosophie et lettres vous propose d'étudier les productions de l’esprit humain en quête de sens et de valeurs, en se souciant de restituer les œuvres, documents et courants de pensée dans leur contexte et leur évolution. Un vaste patrimoine à découvrir !

Les études

Vous disposez d'une curiosité pour les langues et les œuvres dans leurs diversité culturelle et temporelle ainsi que d'un intérêt pour la réflexion et l'analyse ? Vous serez alors séduits par l'offre d'enseignement proposée par la Faculté de philosophie et lettres. Bacheliers, masters de spécialisation, doctorats ou formations continues, la Faculté de philosophie et lettres propose un grand nombre de formations, quel que soit votre profil !

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La recherche

La recherche en Faculté de philosophie et lettres est très diversifiée et veut jeter un regard neuf sur les productions culturelles d’hier et d’aujourd’hui. Des projets scientifiques de dimension nationale et internationale en font un des axes portant du rayonnement de la faculté en Belgique et à l'étranger. Soucieuse de garder un contact avec les enseignements dispensés dans les différentes sections de la faculté, la recherche est développée surtout au niveau des départements.

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Les enseignants et chercheurs de la Faculté de philosophie et lettres contribuent à développer le dynamisme culturel de la Cité. Par des activités culturelles, des publications, des formations mais aussi par des interventions sur demande, leur travail s'inscrit régulièrement dans le contexte économique et social de la société civile.

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La Faculté de philosophie et lettres est organisée afin de gérer ses missions d'enseignement, de recherche et de service à la société. Elle dispose de services communs à toute la faculté. Elle compte 6 départements qui sont le reflet de ses différents enseignements, très variés, et tournés vers hier, aujourd'hui et demain.

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Université et démocratie : un lien vivant, parfois menacé

Paroles d'experts
Démocratie

Méfiance envers les institutions politiques traditionnelles et les élus, montée des logiques autoritaires, définancement des services publics… La démocratie semble aujourd’hui traverser une zone de turbulences. Dans ce contexte, quel rôle l’université joue-t-elle ? Pour éclairer cette question, nous avons rencontré quatre chercheurs issus de disciplines différentes : la pédagogue Sephora Boucenna, le philosophe Louis Carré, le politologue Vincent Jacquet, la juriste Aline Nardi. Leurs regards croisés dessinent les contours d’un enjeu plus que jamais d’actualité : penser et défendre le lien entre université et démocratie.

démocratie-visages

La démocratie n’a rien d’un concept figé. Elle fait débat, surtout aujourd’hui. Louis Carré, directeur du Département de philosophie et membre de l’Espace philosophique de Namur (Institut ESPHIN), en propose une définition en trois dimensions : un régime politique, un état de droit et une manière de faire société.

Le concept de démocratie : entre pouvoir du peuple et centralisation

« Étymologiquement, la démocratie est un régime politique qui consiste à donner le pouvoir au peuple », rappelle-t-il. « Nos démocraties occidentales reposent aujourd’hui sur l’idée que le peuple est souverain, sans pour autant gouverner directement. De là naît une tension entre la démocratie idéale et la démocratie réelle. » Vincent Jacquet, professeur au Département des sciences sociales, politiques et de la communication et président de l’Institut Transitions appuie le propos : « La démocratie est un idéal d’autogouvernement des citoyens, mais il est en tension avec des logiques plus centralisatrices, plus autoritaires. […] Nos systèmes politiques sont traversés par ces différentes tensions, avec à la fois des logiques autoritaires de plus en plus présentes, y compris chez nous, et des logiques de participation qui s’accompagnent parfois de beaucoup d’espoir et de déception aussi. »

Deuxième pilier selon Louis Carré : l’État de droit. La démocratie garantit les droits fondamentaux de tous les citoyens par la constitution. Mais là encore, gare aux paradoxes : « On pourrait en effet imaginer des lois prises par la majorité des représentants ou par un référendum, mais qui contreviennent aux droits fondamentaux », souligne le philosophe. La démocratie ne peut donc se résumer au seul principe majoritaire.

Enfin, la démocratie est également une manière de faire société. Elle repose sur un réel pluralisme : diversité des opinions, des croyances et des valeurs. « Cela suppose l’existence d’un espace public relativement autonome face au pouvoir en place qui, par moment, conteste les décisions prises par les gouvernements qui ont été élus », insiste Louis Carré.

La méfiance des citoyens vis-à-vis du politique n’est, à ce titre, pas nécessairement un symptôme de crise démocratique. Elle peut même en être un signe de vitalité, comme l’explique Vincent Jacquet : « Le fait que les citoyens soient critiques envers leur gouvernement n’est pas forcément négatif parce que, dans une démocratie, les citoyens doivent pouvoir contrôler les actions des gouvernants ».

Photo de Vincent Jacquet
Vincent Jacquet

Former les gouvernants… et les gouvernés

Dans ce contexte, quelle est la responsabilité de l’université ? Louis Carré rappelle d’abord une réalité simple : une grande partie de nos élus sont passés par les bancs de l’université. Mais sa mission d’enseignement ne s’arrête pas là. « Il s’agit de former des citoyens éclairés, pas seulement des gouvernants. Les universités doivent offrir un enseignement supérieur de qualité, ouvert au plus grand nombre », affirme-t-il.

« La démocratie suppose en effet des citoyens capables de débattre, de réfléchir, de problématiser les enjeux », complète Sephora Boucenna, doyenne de la Faculté des sciences de l’éducation et de la formation et membre de l’Institut de Recherches en Didactiques et Éducation de l’UNamur (IRDENA). Il s’agit donc de former des esprits réflexifs, aptes à interroger leur époque.

Former des enseignants réflexifs, pour des citoyens critiques

L’université forme également ceux qui, demain, éduqueront les générations futures : les enseignants. Et là encore, la démocratie est en jeu.

 « Notre mission est de former des enseignants réflexifs qui, eux-mêmes, apprendront à leurs élèves à penser de manière critique », insiste Sephora Boucenna. Cela passe par un travail en profondeur sur l’analyse de pratiques, la construction collective et l’apprentissage du débat, dès la formation initiale des enseignants jusqu'à leur formation continue. 

Sephora BOUCENNA
Sephora Boucenna

Produire et diffuser du savoir… en toute indépendance

Outre l’enseignement, l’université a également une mission de recherche et de service à la société. Elle produit des savoirs qui peuvent éclairer les politiques publiques, mais aussi les questionner. Cette fonction critique suppose une indépendance réelle vis-à-vis du politique. « Pour analyser avec lucidité les mécanismes démocratiques, y compris ceux que les gouvernements mettent en place, il faut que l’université garde sa liberté de recherche et de parole », souligne Vincent Jacquet.

 

Louis Carré va plus loin : « Comme la presse, l’université est une forme de contre-pouvoir dans l’espace public ». Il précise par ailleurs qu’« il y a une confusion entre liberté d’opinion et liberté académique. Les savoirs universitaires passent par une série de procédures de vérification, d’expérimentation, de discussion au sein de la communauté scientifique. Cela leur donne une robustesse qui n’est pas celle d’une opinion, d’une valeur, d’une croyance. » 

Louis Carré
Louis Carré

Cette fonction critique de l’université suppose donc une indépendance forte. Or, en Belgique, le financement des universités relève largement du pouvoir politique. « Celane doit pas signifier une mise sous tutelle », alerte Louis Carré. « Mener des recherches critiques, qui ne satisfont pas à court terme des commanditaires, demande une indépendance, y compris de moyens. Il faut des chercheurs en nombre qui puissent analyser différents types de dynamiques. Plus on coupera dans les finances de la recherche, comme c’est le cas aujourd’hui, moins on aura de chercheurs et donc de capacité d’analyse indépendante et de diversité des perspectives », insiste Vincent Jacquet.

Le mouvement « Université en colère », récemment lancé au sein des universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles, entend dénoncer les effets du définancement. Ses représentants appellent à « garantir les conditions de développement d’une université ouverte, indépendante, de qualité et accessible au plus grand nombre. Face aux défis sociaux, économiques et politiques de notre temps et parce que d’autres choix de société, et donc budgétaires, sont possibles, il est plus que jamais essentiel de renforcer les institutions et les acteurs au cœur de la production du savoir. » 

Entre vigilance et engagement : un lien à réinventer

La démocratie ne se limite donc ni aux élections ni aux institutions. Elle repose sur une vigilance collective, portée par les citoyens, les savoirs… et les lieux où ces savoirs se construisent. À ce titre, l’université apparaît comme un maillon essentiel de la vitalité démocratique. À condition de rester indépendante, accessible et ouverte sur la société.

« La démocratie, ce n’est pas seulement une affaire d’institutions. C’est l’affaire de citoyens qui la font vivre et qui s’organisent pour faire valoir leurs perspectives à différents moments », insiste Vincent Jacquet. Une invitation claire à ne pas rester spectateur, mais à participer, avec lucidité et exigence, à la construction d’un avenir démocratique commun.

Une année académique, placée sous la thématique de la démocratie

Retrouvez le discours prononcé par la Rectrice Annick Castiaux lors de la Cérémonie de rentrée académique 2025-2026.

Discours de la Rectrice à la Cérémonie de rentrée académique 2025-2026

Cet article est tiré de la rubrique "Enjeux" du magazine Omalius #38 (Septembre 2025).

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Enseigner l’esprit critique

Intelligence Artificielle
Étudiants

Art du doute fécond, l’esprit critique s’apprend et s’entretient. Face à la surcharge d’information et au déploiement de l’intelligence artificielle, il est plus que jamais nécessaire pour les étudiants de développer cette faculté tout au long de leur cursus. À l’UNamur, cette nécessité pédagogique se veut protéiforme. 

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Toute pensée qui se forme dans notre conscience est influencée à la fois par des contraintes externes – argument d’autorité, dogmatisme – mais aussi par des contraintes internes – opinions, émotions, suggestions. Faire preuve d’esprit critique est donc toujours d’abord un exercice réflexif, comme l’illustrait déjà Socrate. « À travers la maïeutique, l’art du dialogue, Socrate cherchait à remettre en question ses propres opinions. Il disait : la seule chose que je sais, c’est que je ne sais rien », rappelle Sabina Tortorella, chercheuse en philosophie politique à l’UNamur.  À partir de l’époque des Lumières, cet art de la mise en doute (étymologiquement, « critiquer », qui vient du grec, signifie « discerner ») se conçoit aussi comme la possibilité de faire usage public de la raison. « Dans la conception de Kant, la critique comporte une dimension d’émancipation », développe Sabina Tortorella.  « Elle consiste à sortir d’un état de tutelle, par ailleurs souvent très commode... » Avec Kant émerge aussi l’idée qu’il ne faut pas seulement se méfier du dogmatisme ou de ses émotions, mais de ses propres raisonnements : c’est la raison même qui fait l’objet de la critique. Bien sûr, cette disposition critique n’est pas la responsabilité des seuls individus : elle exige des institutions qui autorisent et encouragent le débat, la discussion, la confrontation.  « L’esprit critique est une attitude, un éthos qui ne peut pas se développer dans n’importe quel contexte », souligne Sabina Tortorella. « C’est pourquoi renforcer l’esprit critique demande d’abord de renforcer les institutions démocratiques. »

Proportionner sa confiance

« L’esprit critique pourrait être défini comme la faculté de proportionner correctement la confiance qu’on accorde à certains discours en fonction de leur qualité intrinsèque », commente Olivier Sartenaer, chargé de cours en philosophie des sciences à l'UNamur. 

Olivier Sartenaer
Olivier Sartenaer

« Autrement dit, si l’on est critique, on doit accorder beaucoup de confiance aux discours fiables et peu ou pas de confiance à ceux qui sont peu fiables. Par exemple, le platisme, qui considère que la terre est plate, peut être considéré comme une théorie peu fiable. Y croire beaucoup, c’est donc faire preuve de peu d’esprit critique. » Paradoxalement, la pensée complotiste revendique pourtant avec virulence son caractère critique, alors que, comme le souligne Sabina Tortorella, « l’esprit critique n’est pas le scepticisme radical. » Cette faculté de proportionner adéquatement sa confiance ne peut d’ailleurs être assimilée à la notion d’intelligence. « Cela relève aussi de dispositions psychosociales », souligne Olivier Sartenaer. « On sait par exemple que le climatoscepticisme est le fait de gens plutôt conservateurs. Concernant des cas extrêmes comme le platisme, on retrouve souvent une souffrance psychosociale, une forme de marginalité. Adhérer au platisme, c’est alors trouver une communauté, un sentiment d’appartenance. Si l’on était dans une société moins violente, plus bienveillante, il y aurait probablement moins d’adhésion à ces théories. »

Un privilège qui oblige 

Car la possibilité d’exercer son esprit critique est aussi une forme de privilège. « La faculté de discernement demande du temps et de l’énergie : c’est un travail qui met en jeu des dispositifs cognitifs assez coûteux », poursuit Olivier Sartenaer. « Tout le monde est capable d’avoir de l’esprit critique, mais s’asseoir et avoir le temps de penser est un luxe inouï », rappelle de son côté Géraldine Mathieu, professeure à la Faculté de droit de l’UNamur. Un luxe qui, selon elle, oblige à une forme d’engagement. « L’esprit critique, c’est aussi critiquer la norme, la loi, la jurisprudence et la combattre quand elle ne nous paraît pas juste », souligne la spécialiste du droit de la jeunesse. « Mon message aux étudiants est de leur faire comprendre qu’ils peuvent faire évoluer les choses. Cela suppose donc une forme de courage. » 

En ce sens, Géraldine Mathieu estime que l’université doit aujourd’hui se réinventer. « Nous ne pouvons plus former des étudiants qui soient de purs théoriciens. » Dans cette optique, elle propose donc à ses étudiants de découvrir les enjeux liés au droit de la jeunesse via le service-learning (apprentissage par le service), une alternative aux travaux valorisée par des crédits. 70 % d’entre eux choisissent aujourd’hui cette option.

Géraldine Mathieu
Géraldine Mathieu

« Si je leur apprends les textes, je ne leur apprends rien ou presque. Le service-learning, lui, requiert à la fois de s’engager socialement, de réfléchir de manière critique, mais aussi de se comprendre soi-même et de comprendre la société. » Que ce soit aux côtés des Mena accompagnés par la Croix-Rouge, dans des pouponnières, des IPPJ, des maisons de quartier ou dans les services pédiatriques des hôpitaux, les étudiants peuvent ainsi développer leur esprit critique à partir de réalités de terrain hétérogènes et complexes. « Cela leur permet aussi de se rendre compte dès le départ si le métier leur convient. Car la réalité est souvent très dure », commente l’enseignante.

Déluge épistémique

De tout temps, l’exercice de l’esprit critique a exigé un apprentissage, une discipline, un engagement. Mais aujourd’hui, la surcharge informationnelle fait émerger de nouvelles difficultés. « On parle parfois d’"epistemic flooding" ou de "déluge épistémique" », explique Olivier Sartenaer. « Il y aurait simplement trop d’informations qui nous parviennent pour qu’on puisse les intégrer en faisant preuve d’esprit critique. » Sélectionner ses sources est donc une première étape essentielle. « Les étudiants doivent apprendre à ne pas foncer tête baissée sur les ressources », explique Élodie Mercy, bibliothécaire au sein du groupe formation de la BUMP (Bibliothèque universitaire Moretus Plantin). « C’est pourquoi on leur apprend à interroger les sources, à identifier les bonnes méthodologies, à trier l’information. » Marie-France Juchert, directrice de la BUMP, estime de son côté que sortir de l’université sans posséder ces compétences serait un véritable « échec ». « Aujourd’hui, les métiers évoluent », souligne-t-elle. « Il faut être capable de se former tout au long de la vie. Savoir se documenter est donc indispensable. » 

D’autant que l’émergence de l’intelligence artificielle a compliqué davantage encore le rapport aux sources. Katrien Beuls, professeure en intelligence artificielle à l’UNamur, estime ainsi que ChatGPT fait peser sur l’esprit critique des menaces inédites. Loin des discours rassurants de certains confrères, elle rappelle que la majorité des étudiants – et des citoyens – ignorent le fonctionnement des LLM (Large Language Model), qui ne sont en aucune manière des moteurs de recherche, mais des systèmes statistiques appliqués à la linguistique. « ChatGPT ne fait que deviner les mots qui suivent », rappelle-t-elle. « Il n’y a aucune base de connaissance derrière. 

Or, les étudiants pensent que c’est le nouveau Google ! » Pour Katrien Beuls, il est donc urgent de renforcer « les connaissances de base », sans lesquelles il est impossible d’exercer son esprit critique face aux IA. « Les étudiants me disent qu’ils utilisent ChatGPT simplement pour brainstormer... mais justement : former des pensées par soi-même, être créatif est la chose la plus difficile ! » 

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Katrien Beuls

Katrien Beuls alerte surtout sur la menace que les LLM font peser sur les compétences rédactionnelles. « Aujourd’hui, tous les étudiants utilisent ChatGPT. Il est donc devenu impossible de demander des travaux écrits... Or apprendre à écrire nourrit l’esprit critique. C’est quelque chose de très difficile – tout le monde le sait ! – et qui doit être entraîné presque chaque jour. À l’école, on n’utilise pas de calculatrice avant de maîtriser les bases du calcul ou de correcteur orthographique avant de bien maîtriser la langue... Cela devrait être pareil pour l’écriture. »

Pour autant, comme le souligne Olivier Sartenaer, penser que les jeunes, parce que biberonnés aux réseaux sociaux, auraient abdiqué leurs capacités critiques est sans fondement. C’est d’ailleurs ce qu’a encore montré le dernier « baromètre de l’esprit critique ».[1] « La formation des jeunes comprend aujourd’hui l’éducation aux médias, ce qui a tendance à les rendre plus critiques : en matière de "fake news", ce sont d’ailleurs souvent les personnes plus âgées qui tombent dans le panneau... », relève le philosophe. Par ailleurs, pour OIivier Sartenaer, la sensibilité accrue des jeunes aux questions de discriminations est précisément une preuve de l’excellente santé de leur esprit critique. « Ne pas accepter des choses injustes au nom de l’argument autorité est bel et bien une manifestation de l’esprit critique... même si c’est parfois déroutant et inconfortable pour les enseignants », conclut-il. 

 

[1] https://www.universcience.fr/fr/esprit-critique/barometre-esprit-critique-2025

71% des 15-24 ans estiment par exemple que les scientifiques suivent des règles éthiques strictes (contre 62% chez les 18 ans et +), 69% que ce sont les mieux placés dans leur domaine pour savoir ce qui est bon pour les citoyens (contre 57%), 62% estiment que la science est la seule source fiable de savoir (contre 53%), 66% que les scientifiques sont indépendants (contre 53%). Mais ils craignent en revanche davantage le pouvoir détenu par les scientifiques, qui peut les rendre dangereux (73% contre 65%). 

La théorie du raisonnement motivé

Dans sa conférence-spectacle « L’instant critique », un seul en scène élaboré dans le cadre de sa thèse de doctorat, Régis Falque, chercheur à la faculté EMCP (Économie Management Communication sciencesPo) de l’UNamur, entreprend de « faire vivre de manière expérientielle des moments d’esprit critique et des expériences sociales avec le public ». Accessible dès la quatrième secondaire, ce dispositif pédagogique explore comment « l’esprit critique relève à la fois de compétences comme la capacité à reconnaître un argument, à évaluer un raisonnement, à mener des recherches, mais aussi de dispositions comme l’ouverture d’esprit et l’empathie », résume Régis Falque. Une combinaison qui forme ce qu’on appelle « la vertu intellectuelle ». Vertu que personne ne peut se prévaloir de posséder une fois pour toutes... Face à des sujets « idéologiquement chaud » (vaccination, pseudosciences...), notre avis peut en effet influencer l’activation de nos compétences critiques. C’est ce qu’on appelle la théorie du raisonnement motivé. « Confronté à un sujet sur lequel il a une posture idéologique, même un individu avec un prix Nobel peut ne pas activer ses compétences liées à l’esprit critique ou plus dramatique encore, activer ses compétences dans le seul but de justifier son point de vue sur le sujet », souligne Régis Falque. Manière de rappeler qu’il n’existe pas de « professionnel de l’esprit critique » et que la vertu intellectuelle ne va jamais sans une forme de modestie. 

Régis Falque

Esprit critique et pédagogie immersive

Pour stimuler l’esprit critique de ses étudiants, Mélanie Latiers, enseignante au sein de la Faculté des Sciences économiques, sociales et de gestion de l’UNamur, utilise la pédagogie immersive. « Dès les premières semaines de cours, on emmène les étudiants deux jours en dehors de l’université pour travailler le processus créatif et la construction de leur projet. » Après le handicap et la précarité, les étudiants sont cette année invités à travailler autour du développement durable. L’objectif ? Partir de connaissances sensibles plutôt que théoriques pour mettre au point des projets davantage connectés aux problématiques. « La première année, la réalité virtuelle a permis aux étudiants de se plonger dans le quotidien d’un travailleur en situation de handicap (trouble de l’autisme, handicap visuel, etc.) », explique Mélanie Latiers. « Lorsque nous avons travaillé sur la précarité, nous avons utilisé une installation artistique "A mile in my shoes", qui, à partir de leur paire de chaussures, faisait entendre l’histoire de personnes en difficulté. » Une approche qui vise à « dézoomer de ses préconceptions » pour renouer dans un second temps avec une posture « plus scientifique ». « Grâce à cette approche, les étudiants se sentent davantage acteurs, moins impuissants par rapport à ces enjeux », résume l’enseignante. 

Cet article est tiré de la rubrique "Enjeux" du magazine Omalius #35 (Juillet 2025).

Omalius #37

L’UNamur : centre névralgique des littératures sauvages

Littérature
Patrimoine, culture et sociétés

Le Conseil d’administration de l’UNamur a officialisé, en juin dernier, la création de l’Observatoire des Littératures Sauvages (OLSa). Fondé en 2022 sous l’impulsion de Denis Saint-Amand, chercheur qualifié FNRS au Département de langues et littératures françaises et romanes, ce centre de recherche étudie la façon dont la littérature se construit en dehors du livre et de l’institution littéraire, à travers des objets ou canaux alternatifs.

photo d'un tag qui dit "c'est comme ça qu'on écrit sur un mur"

Tags, banderoles, collages, tracts ou encore affiches… tous ces supports relèvent de ce qu’on appelle la « littérature sauvage ». On doit cette expression à l’universitaire belge Jacques Dubois qui, dans l’ouvrage L’Institution de la littérature, y désignait les productions évoluant en marge des circuits éditoriaux traditionnels. Près de cinquante ans plus tard, l’Observatoire des Littératures Sauvages (OLSa) a fait de ces pratiques littéraires – souvent brutes, artisanales et éphémères – son champ d’exploration. 

L’OLSa a vu le jour grâce à un Mandat d’Impulsion Scientifique FNRS octroyé fin 2020 à Denis Saint-Amand. Il rassemble au sein d’un réseau dense, ouvert et international des chercheurs et des chercheuses s’intéressant aux productions culturelles et littéraires qualifiables de « sauvages ». « L’un des intérêts de ce centre, c’est de participer au décloisonnement des études littéraires en les faisant dialoguer avec des spécialistes de disciplines telles que l’histoire, la sociologie, l’anthropologie ou les sciences politiques », souligne Denis Saint-Amand.

image d'un tag en italien

Des écrits contestataires aux cris des supporters

Depuis ses débuts, l’OLSa s’est attaqué à différents chantiers et a organisé plusieurs colloques et journées d’étude. Parmi ceux-ci, le colloque inaugural de juin 2022 consacré aux écrits de la contestation. Plus récemment, les membres du centre se sont intéressés à la poétique du stade de football : les discours (banderoles, chants et cris de supporters), leurs poétiques ainsi que leurs modes de fabrication, de diffusion et de circulation, en miroir des enjeux sociaux et politiques auxquels ils se rattachent.

Au fil des rendez-vous, Namur est devenu un nœud de connexion inédit et reconnu dans ce domaine de recherche. Une spécificité dont se réjouit Denis Saint-Amand. « L’OLSa est un espace assez unique. Il permet de rassembler autour de ces questions des personnes venant d’horizons  variés, de lancer des recherches doctorales ou postdoctorales et aussi d’impliquer les étudiants et étudiantes — en les invitant à travailler sur des cultures de l’écrit hors des corpus littéraires canoniques et en leur donnant la possibilité (à l’occasion de séminaires et conférences) d’être confrontés à d’autres voix, d’autres disciplines. »

Une reconnaissance venue à point

L’OLSa a fait l’objet d’une reconnaissance officielle comme centre de recherche en juin 2025, soit trois ans après sa fondation. « Il me semblait utile de voir si ça fonctionnait, si le centre pouvait attirer du monde », explique le chercheur. « C’est pour cette raison que l’on a organisé différents colloques et journées d’études, réalisé des publications, etc. Cette reconnaissance apporte de la stabilité et de la visibilité au centre. C’est paradoxal pour un espace consacré à des pratiques peu institutionnelles, mais c’est aussi et surtout une belle marque de confiance de l’université », confie Denis Saint-Amand.

Durant l’année académique 2025-2026, l’OLSa organisera un séminaire international sur les pratiques poétiques hors du livre, rendu en partie possible grâce à un crédit de recherche du FNRS. Il y a sera question, entre autres, des comptes Instagram dédiés à la poésie de rue, aux graffitis lyriques des casernes et cellules de prison ou de la performance poétique dans l’espace public. Plus de détails sur le site de l’OLSa ! 

En savoir plus sur l’Observatoire des Littératures Sauvages (OLSa).

Le rôle des femmes dans la Résistance, une mémoire à reconquérir

Histoire
Paroles d'experts
Genre et diversité

Le 8 avril dernier, le centre de recherche Histoire, Sons et Images (HiSI, membre de l’Institut Patrimoines, Transmissions et Héritages - PaTHs) organisait, en collaboration avec l’association « Coalition 8 mai », un colloque sur le thème des rapports entre femmes et extrême droite. Bénédicte Rochet et Axel Tixhon, professeurs au Département d’histoire, ont exploré cette thématique sous l’angle des résistantes actives lors de la guerre 40-45. Leur démarche s’inscrit pleinement dans la vision du centre de recherche qui étudie les documents audio et/ou visuels en tant que sources historiques, mais aussi l’histoire en tant que mode de compréhension du présent. 

Omalius_Femmes résistantes_Juillet 2025

Cet article est tiré de la rubrique "Experts" du magazine Omalius de juillet 2025.

Comment les femmes ont-elles intégré les mouvements de résistance durant la guerre 40-45 ? 

Axel Tixhon : On retrouve les femmes dans les réseaux de résistance qui cachent des enfants juifs, des soldats et aviateurs alliés ou encore des opposants politiques. Ces personnes étaient souvent hébergées temporairement avant d’être exfiltrées par des filières d’évasion depuis les territoires occupés vers l’Espagne, puis la Grande-Bretagne. Les réseaux de cache s’appuyaient sur les petites cellules familiales, hermétiques vis-à-vis de l’extérieur, mais très ouvertes à l’intérieur. Forcément quand une famille accueillait quelqu’un sous son toit, tous ses membres, et particulièrement les femmes, participaient. Leur engagement s’inscrit donc dans le prolongement du rôle traditionnel qu’elles jouaient à cette époque.

On observe également des profils de femmes émancipées. Par exemple, Louise-Marie Danhaive, connue pour ses activités littéraires avant la guerre, va s’engager dans la presse clandestine. Elle va donc sortir du rôle traditionnel de la femme. On retrouve aussi des personnalités moins connues, comme Juliette Bernard. Investie dans un groupe folklorique à Fosses-la-Ville avant la guerre, elle va entrer dans la résistance, essentiellement dans le secteur du renseignement et de l’aide aux partisans du Parti communiste. 

Même si c’est assez rare, certaines femmes ont aussi pris les armes comme Madeleine Tasset (Andenne), dont on a retrouvé une photo qui la montre manipuler une mitrailleuse et porter la tenue de l’armée secrète. 

Les résistantes ont souvent été invisibilisées, comment l’expliquer ? 

Bénédicte Rochet : Il y a d’abord des facteurs qui sont propres à l’histoire de la résistance et de la politique belges. Au lendemain de la 2e guerre mondiale, le gouvernement doit gérer des milliers de résistants dont certains sont armés tandis que d’autres font partie du Front de l’indépendance, réseau majoritairement communiste dont l’importance fait craindre une révolution dans notre pays. Churchill et Roosevelt vont alors inciter le gouvernement belge à reprendre les rênes du pouvoir et à maintenir l’ordre en s’appuyant sur les forces de police officielles et l’armée belge. Dans ce contexte, la résistance va être dénigrée et surtout désarmée. 

Dès novembre 1944, les résistants vont manifester pour obtenir une reconnaissance de leur statut. Ces manifestations vont être mises sous le boisseau par le gouvernement et même par la presse. Aujourd’hui encore, les commémorations mettent surtout à l’honneur l’armée. Et, lorsqu’on évoque la résistance, on rend hommage à ceux qui sont morts durant la guerre. 

Beaucoup de femmes ne vont par ailleurs pas demander une reconnaissance de statut parce qu’elles ne se retrouvent pas dans la connotation militaire qui y est associée à l’époque. En outre, comme elles entraient souvent en résistance avec l’ensemble de la cellule familiale, c’était le père de famille qui allait déposer le dossier de reconnaissance. Tout cela a participé à l’invisibilisation des résistantes. 

A.T. : Lors du colloque, Ellen De Soete, fondatrice de la Coalition 8 mai, a livré un témoignage très touchant. Elle a expliqué comment sa mère, résistante arrêtée et torturée, a bâti toute sa vie sur le silence. Son supplice avait été la conséquence du fait que d’autres avaient parlé. Il était donc essentiel pour elle de se taire afin de ne pas mettre ses enfants en danger. S’ils savaient, ils risquaient peut-être à leur tour d’être torturés. Ce n’est qu’à la fin de sa vie qu’elle a libéré sa parole. Ellen De Soete a expliqué que, enfant, leur mère leur interdisait de sortir ou d’inviter des amis à la maison. Les cicatrices provoquées par la guerre ont donc bien souvent débordé des individus eux-mêmes pour avoir un impact sur l’ensemble de la famille, y compris sur les générations suivantes. C’est donc aussi cette culture du silence qui a participé à l’invisibilité des femmes résistantes. 

B.R. : À partir des années 60-70, il y a un basculement avec les gender studies. Les études vont, dans un premier temps, se concentrer sur les femmes au travail et les droits des femmes, mais pas du tout sur leur rôle dans les contextes de guerre. Ce n’est donc qu’à la fin des années 90 et au début des années 2000 que l’histoire s’intéresse aux femmes résistantes durant la guerre 40-45.  

Lors du colloque, vous avez aussi abordé les rapports entre l’extrême droite actuelle et la question du genre. Les droits des femmes sont souvent mis à mal par les partis d’extrême droite, et pourtant, en France, en Italie, en Allemagne, les grandes figures de ces partis sont des femmes. Comment peut-on expliquer cette contradiction ? 

A.T. : Il est difficile de répondre tant cela semble effectivement peu logique. Cela ressemble plus à une posture opportuniste qu’à une volonté de rendre les genres égaux dans la société. La présence de femmes à la tête des mouvements d’extrême droite en Europe est un moyen de déradicaliser le discours. On sait également que, dans la communication politique de l’extrême droite, on n’est pas à un paradoxe près. D’une certaine manière, ces partis aiment jouer la rupture entre ce qui est attendu de figures politiques et ce qu’elles disent ou font. Donc, une femme qui tient un discours à la limite masculiniste est acceptable dans ces partis, alors que cela ne le serait pas dans un parti traditionnel. 

B.R. : Les politologues qui ont participé au colloque ont aussi apporté un élément de réponse qui rejoint et complète l’histoire. Dans leur programme, ces partis affirment défendre le droit au sentiment de sécurité des femmes. Ils leur disent : vous avez de la chance, vous êtes libres et vivez dans un contexte de liberté d’expression, mais il vous manque la sécurité physique. Et qui met cette sécurité en danger ? Ce sont ces migrants, ces étrangers qui violent nos femmes et qui sont désignés comme l’ennemi commun. Ce discours sécuritaire peut toucher certaines femmes. Celles qui ont adhéré au parti nazi dès les années 30, l’ont fait dans l’idée de vivre dans une société sécurisée à l’abri de la violence des communistes, des juifs, etc.  

Axel Tixhon et Bénédicte Rochet

Le nazisme s’appuyait-il aussi sur de grandes figures féminines ? 

B.R. : On a seulement commencé à s’intéresser aux femmes du Troisième Reich dans les années 90. Les femmes ont souvent joué un rôle en tant qu’épouses. On pense par exemple à Magda Goebbels, épouse du ministre de la propagande, Joseph Goebbels, ou à Emmy Sonnemann, épouse de Hermann Göring. Ces femmes ont joué un rôle de réseautage et de soutien du régime, en organisant, par exemple, des dîners et réceptions. Le récent film de Jonathan Glazer, « La Zone d’intérêt », illustre bien ce rôle des femmes. Il met en scène le cadre familial du commandant du camp d’Auschwitz. Il montre comment son épouse instaure un climat familial accueillant et joue donc un rôle important de soutien à son mari, alors qu’elle sait ce qui se passe dans le camp situé de l’autre côté du mur de son jardin. 

À côté des épouses, plus de 500 000 femmes se sont engagées pour le troisième Reich, comme gardiennes dans les camps, infirmières, etc. Et puis, quelques personnalités n’ont pas agi en tant qu’épouse. Leni Riefenstahl, par exemple, a réalisé des films documentaires qui ont soutenu le parti.  

A.T. : Et ce sont sans doute les films les plus efficaces de la propagande nazie !  

Le programme du parti nazi en ce qui concerne les femmes a évolué au fil des années. Dans les années 30, il s’agit de mettre les femmes en sécurité. Dans les années 40, le rôle de la femme est de produire des bébés pour soutenir la race aryenne. Et puis, en 43, alors que les nazis constatent qu’ils sont en train de perdre la guerre, le curseur bouge encore : les femmes sont alors engagées dans l’industrie de guerre.  

Le travail de mémoire auprès du grand public porte souvent sur les conséquences du nazisme, moins sur les mécanismes et les discours qui ont permis aux nazis de prendre le pouvoir. Les méthodes et la rhétorique de l’époque sont-elles similaires à celles de l’extrême droite actuelle ?  

A.T. : Oui, par exemple dans la recherche du bouc émissaire et le développement des peurs. Lors du colloque, les politologues parlaient de « paniques morales ». Aujourd’hui, l’extrême droite insiste, par exemple, sur le déclin des valeurs morales, en pointant du doigt les personnes transgenres ou les personnes aux préférences sexuelles différentes. Elle va insister sur la nécessité de transformer le modèle social pour revenir à un traditionnel, tout en faisant peur. L’instrumentalisation des peurs est le fondement de la stratégie électorale des partis d’extrême droite, soit en accentuant les craintes qui existent, soit en les faisant littéralement naître.  

On sait que l’antisémitisme existait au préalable, mais les nazis lui ont accolé de nombreux discours violents et déshumanisants, pour justifier l’extermination des juifs. La violence était, dès lors, justifiée par le fait que les populations juives, gitanes, homosexuelles, étaient dangereuses.   

On retrouve aujourd’hui le même schéma dans certains discours agressifs qui proviennent de groupuscules d’extrême droite ou, plus généralement, de groupuscules extrémistes. Ces discours pourraient amener certains à justifier des violences semblables à celles de la guerre 40-45 envers ces soi-disant menaces pour la société. 

B.R. : La rhétorique est également similaire. Aussi bien dans le parti nazi que dans les partis d’extrême droite actuels, on est face à des tribuns qui, comme Hitler ou Goebbels, aiment les monologues. Ils tiennent des discours qui assènent des vérités et qui créent une panique morale. Par contre, tous ces tribuns sont en difficulté lorsqu’ils doivent débattre d’idées.  

C’est un peu la même chose aujourd’hui. Dans un débat contradictoire, Donald Trump va par exemple aller au conflit, comme il l’a fait avec le Président Zelenski. Göring, Hitler, Goebbels faisaient exactement la même chose. On a retrouvé des archives sonores du procès de l’incendie du Reichstag dans lesquels on entend Göring sortir complètement de ses gonds lorsqu’il est mis en contradiction avec un des accusés ou un des avocats. 

Ces similitudes doivent donc nous alerter sur les dangers de l’extrême droite actuelle ? 

A.T. : Oui. C’est l’objectif de « Coalition 8 mai », créée par Ellen De Soete qui a pris conscience que, lors des commémorations, on perpétue les mêmes gestes, mais on en a souvent perdu le sens. Il y a pourtant aujourd’hui des raisons de craindre qu’on débouche sur des horreurs semblables à celles commises en 40-45. L’association veut sensibiliser le public à ce danger. C’est pourquoi elle a proposé au Département d’histoire d’organiser ce colloque. 

Le baiser du GI en septembre 1944

« 1000 Résistantes ! 1940-1945. Des femmes dans la Résistance en Province de Namur. »  

À travers cette publication, le lecteur découvre les réseaux de résistance actifs en Province de Namur au sein desquels de nombreuses Namuroises se sont engagées durant la guerre 40-45. Le carnet présente également une liste de 1000 résistantes namuroises et les portraits de 15 d’entre elles réalisés par les étudiants du bloc 2 en histoire.  

Le projet a été initié par le Service des Musées et du Patrimoine culturel de la Province de Namur (SMPC) dirigé par Mélodie Brassine, alumnus du Département d’histoire, en collaboration avec le professeur Axel Tixhon. Au départ l’idée était de trouver une résistante pour chacune des 38 communes que compte la Province, mais le SMPC a pu, grâce à ses recherches, dresser une liste de 1000 noms. « Il y a donc un potentiel de recherche incroyable sur les résistantes en Province de Namur et ailleurs. Dans les différentes communes, il y a matière à creuser. Cela peut être une occasion pour les pouvoirs locaux de mettre en valeur certains profils à travers toute une série de démarches. Le travail de recherche pourrait être réalisé par des groupes d’action locale, des écoles secondaires, voire par des élèves de 6e primaire », suggère Axel Tixhon. 

Cet article est tiré de la rubrique "Experts" du magazine Omalius #37 (Juillet 2025).

Omalius #37

Copyrights (par ordre d'apparition) : 

  • Louise-Marie Danhaive
  • Imprimerie clandestine à Liège, 1944 – © Cegesoma
  • Madeleine Tasset – copyright : © Collection M. Tasset, Bibliotheca Andana
  • Irma Caldow à Solre-sur-Sambre vers 1943-1944 – © Cegesoma
  • Le baiser du GI septembre 1944 – © Cegesoma  

Université et démocratie : un lien vivant, parfois menacé

Paroles d'experts
Démocratie

Méfiance envers les institutions politiques traditionnelles et les élus, montée des logiques autoritaires, définancement des services publics… La démocratie semble aujourd’hui traverser une zone de turbulences. Dans ce contexte, quel rôle l’université joue-t-elle ? Pour éclairer cette question, nous avons rencontré quatre chercheurs issus de disciplines différentes : la pédagogue Sephora Boucenna, le philosophe Louis Carré, le politologue Vincent Jacquet, la juriste Aline Nardi. Leurs regards croisés dessinent les contours d’un enjeu plus que jamais d’actualité : penser et défendre le lien entre université et démocratie.

démocratie-visages

La démocratie n’a rien d’un concept figé. Elle fait débat, surtout aujourd’hui. Louis Carré, directeur du Département de philosophie et membre de l’Espace philosophique de Namur (Institut ESPHIN), en propose une définition en trois dimensions : un régime politique, un état de droit et une manière de faire société.

Le concept de démocratie : entre pouvoir du peuple et centralisation

« Étymologiquement, la démocratie est un régime politique qui consiste à donner le pouvoir au peuple », rappelle-t-il. « Nos démocraties occidentales reposent aujourd’hui sur l’idée que le peuple est souverain, sans pour autant gouverner directement. De là naît une tension entre la démocratie idéale et la démocratie réelle. » Vincent Jacquet, professeur au Département des sciences sociales, politiques et de la communication et président de l’Institut Transitions appuie le propos : « La démocratie est un idéal d’autogouvernement des citoyens, mais il est en tension avec des logiques plus centralisatrices, plus autoritaires. […] Nos systèmes politiques sont traversés par ces différentes tensions, avec à la fois des logiques autoritaires de plus en plus présentes, y compris chez nous, et des logiques de participation qui s’accompagnent parfois de beaucoup d’espoir et de déception aussi. »

Deuxième pilier selon Louis Carré : l’État de droit. La démocratie garantit les droits fondamentaux de tous les citoyens par la constitution. Mais là encore, gare aux paradoxes : « On pourrait en effet imaginer des lois prises par la majorité des représentants ou par un référendum, mais qui contreviennent aux droits fondamentaux », souligne le philosophe. La démocratie ne peut donc se résumer au seul principe majoritaire.

Enfin, la démocratie est également une manière de faire société. Elle repose sur un réel pluralisme : diversité des opinions, des croyances et des valeurs. « Cela suppose l’existence d’un espace public relativement autonome face au pouvoir en place qui, par moment, conteste les décisions prises par les gouvernements qui ont été élus », insiste Louis Carré.

La méfiance des citoyens vis-à-vis du politique n’est, à ce titre, pas nécessairement un symptôme de crise démocratique. Elle peut même en être un signe de vitalité, comme l’explique Vincent Jacquet : « Le fait que les citoyens soient critiques envers leur gouvernement n’est pas forcément négatif parce que, dans une démocratie, les citoyens doivent pouvoir contrôler les actions des gouvernants ».

Photo de Vincent Jacquet
Vincent Jacquet

Former les gouvernants… et les gouvernés

Dans ce contexte, quelle est la responsabilité de l’université ? Louis Carré rappelle d’abord une réalité simple : une grande partie de nos élus sont passés par les bancs de l’université. Mais sa mission d’enseignement ne s’arrête pas là. « Il s’agit de former des citoyens éclairés, pas seulement des gouvernants. Les universités doivent offrir un enseignement supérieur de qualité, ouvert au plus grand nombre », affirme-t-il.

« La démocratie suppose en effet des citoyens capables de débattre, de réfléchir, de problématiser les enjeux », complète Sephora Boucenna, doyenne de la Faculté des sciences de l’éducation et de la formation et membre de l’Institut de Recherches en Didactiques et Éducation de l’UNamur (IRDENA). Il s’agit donc de former des esprits réflexifs, aptes à interroger leur époque.

Former des enseignants réflexifs, pour des citoyens critiques

L’université forme également ceux qui, demain, éduqueront les générations futures : les enseignants. Et là encore, la démocratie est en jeu.

 « Notre mission est de former des enseignants réflexifs qui, eux-mêmes, apprendront à leurs élèves à penser de manière critique », insiste Sephora Boucenna. Cela passe par un travail en profondeur sur l’analyse de pratiques, la construction collective et l’apprentissage du débat, dès la formation initiale des enseignants jusqu'à leur formation continue. 

Sephora BOUCENNA
Sephora Boucenna

Produire et diffuser du savoir… en toute indépendance

Outre l’enseignement, l’université a également une mission de recherche et de service à la société. Elle produit des savoirs qui peuvent éclairer les politiques publiques, mais aussi les questionner. Cette fonction critique suppose une indépendance réelle vis-à-vis du politique. « Pour analyser avec lucidité les mécanismes démocratiques, y compris ceux que les gouvernements mettent en place, il faut que l’université garde sa liberté de recherche et de parole », souligne Vincent Jacquet.

 

Louis Carré va plus loin : « Comme la presse, l’université est une forme de contre-pouvoir dans l’espace public ». Il précise par ailleurs qu’« il y a une confusion entre liberté d’opinion et liberté académique. Les savoirs universitaires passent par une série de procédures de vérification, d’expérimentation, de discussion au sein de la communauté scientifique. Cela leur donne une robustesse qui n’est pas celle d’une opinion, d’une valeur, d’une croyance. » 

Louis Carré
Louis Carré

Cette fonction critique de l’université suppose donc une indépendance forte. Or, en Belgique, le financement des universités relève largement du pouvoir politique. « Celane doit pas signifier une mise sous tutelle », alerte Louis Carré. « Mener des recherches critiques, qui ne satisfont pas à court terme des commanditaires, demande une indépendance, y compris de moyens. Il faut des chercheurs en nombre qui puissent analyser différents types de dynamiques. Plus on coupera dans les finances de la recherche, comme c’est le cas aujourd’hui, moins on aura de chercheurs et donc de capacité d’analyse indépendante et de diversité des perspectives », insiste Vincent Jacquet.

Le mouvement « Université en colère », récemment lancé au sein des universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles, entend dénoncer les effets du définancement. Ses représentants appellent à « garantir les conditions de développement d’une université ouverte, indépendante, de qualité et accessible au plus grand nombre. Face aux défis sociaux, économiques et politiques de notre temps et parce que d’autres choix de société, et donc budgétaires, sont possibles, il est plus que jamais essentiel de renforcer les institutions et les acteurs au cœur de la production du savoir. » 

Entre vigilance et engagement : un lien à réinventer

La démocratie ne se limite donc ni aux élections ni aux institutions. Elle repose sur une vigilance collective, portée par les citoyens, les savoirs… et les lieux où ces savoirs se construisent. À ce titre, l’université apparaît comme un maillon essentiel de la vitalité démocratique. À condition de rester indépendante, accessible et ouverte sur la société.

« La démocratie, ce n’est pas seulement une affaire d’institutions. C’est l’affaire de citoyens qui la font vivre et qui s’organisent pour faire valoir leurs perspectives à différents moments », insiste Vincent Jacquet. Une invitation claire à ne pas rester spectateur, mais à participer, avec lucidité et exigence, à la construction d’un avenir démocratique commun.

Une année académique, placée sous la thématique de la démocratie

Retrouvez le discours prononcé par la Rectrice Annick Castiaux lors de la Cérémonie de rentrée académique 2025-2026.

Discours de la Rectrice à la Cérémonie de rentrée académique 2025-2026

Cet article est tiré de la rubrique "Enjeux" du magazine Omalius #38 (Septembre 2025).

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Enseigner l’esprit critique

Intelligence Artificielle
Étudiants

Art du doute fécond, l’esprit critique s’apprend et s’entretient. Face à la surcharge d’information et au déploiement de l’intelligence artificielle, il est plus que jamais nécessaire pour les étudiants de développer cette faculté tout au long de leur cursus. À l’UNamur, cette nécessité pédagogique se veut protéiforme. 

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Toute pensée qui se forme dans notre conscience est influencée à la fois par des contraintes externes – argument d’autorité, dogmatisme – mais aussi par des contraintes internes – opinions, émotions, suggestions. Faire preuve d’esprit critique est donc toujours d’abord un exercice réflexif, comme l’illustrait déjà Socrate. « À travers la maïeutique, l’art du dialogue, Socrate cherchait à remettre en question ses propres opinions. Il disait : la seule chose que je sais, c’est que je ne sais rien », rappelle Sabina Tortorella, chercheuse en philosophie politique à l’UNamur.  À partir de l’époque des Lumières, cet art de la mise en doute (étymologiquement, « critiquer », qui vient du grec, signifie « discerner ») se conçoit aussi comme la possibilité de faire usage public de la raison. « Dans la conception de Kant, la critique comporte une dimension d’émancipation », développe Sabina Tortorella.  « Elle consiste à sortir d’un état de tutelle, par ailleurs souvent très commode... » Avec Kant émerge aussi l’idée qu’il ne faut pas seulement se méfier du dogmatisme ou de ses émotions, mais de ses propres raisonnements : c’est la raison même qui fait l’objet de la critique. Bien sûr, cette disposition critique n’est pas la responsabilité des seuls individus : elle exige des institutions qui autorisent et encouragent le débat, la discussion, la confrontation.  « L’esprit critique est une attitude, un éthos qui ne peut pas se développer dans n’importe quel contexte », souligne Sabina Tortorella. « C’est pourquoi renforcer l’esprit critique demande d’abord de renforcer les institutions démocratiques. »

Proportionner sa confiance

« L’esprit critique pourrait être défini comme la faculté de proportionner correctement la confiance qu’on accorde à certains discours en fonction de leur qualité intrinsèque », commente Olivier Sartenaer, chargé de cours en philosophie des sciences à l'UNamur. 

Olivier Sartenaer
Olivier Sartenaer

« Autrement dit, si l’on est critique, on doit accorder beaucoup de confiance aux discours fiables et peu ou pas de confiance à ceux qui sont peu fiables. Par exemple, le platisme, qui considère que la terre est plate, peut être considéré comme une théorie peu fiable. Y croire beaucoup, c’est donc faire preuve de peu d’esprit critique. » Paradoxalement, la pensée complotiste revendique pourtant avec virulence son caractère critique, alors que, comme le souligne Sabina Tortorella, « l’esprit critique n’est pas le scepticisme radical. » Cette faculté de proportionner adéquatement sa confiance ne peut d’ailleurs être assimilée à la notion d’intelligence. « Cela relève aussi de dispositions psychosociales », souligne Olivier Sartenaer. « On sait par exemple que le climatoscepticisme est le fait de gens plutôt conservateurs. Concernant des cas extrêmes comme le platisme, on retrouve souvent une souffrance psychosociale, une forme de marginalité. Adhérer au platisme, c’est alors trouver une communauté, un sentiment d’appartenance. Si l’on était dans une société moins violente, plus bienveillante, il y aurait probablement moins d’adhésion à ces théories. »

Un privilège qui oblige 

Car la possibilité d’exercer son esprit critique est aussi une forme de privilège. « La faculté de discernement demande du temps et de l’énergie : c’est un travail qui met en jeu des dispositifs cognitifs assez coûteux », poursuit Olivier Sartenaer. « Tout le monde est capable d’avoir de l’esprit critique, mais s’asseoir et avoir le temps de penser est un luxe inouï », rappelle de son côté Géraldine Mathieu, professeure à la Faculté de droit de l’UNamur. Un luxe qui, selon elle, oblige à une forme d’engagement. « L’esprit critique, c’est aussi critiquer la norme, la loi, la jurisprudence et la combattre quand elle ne nous paraît pas juste », souligne la spécialiste du droit de la jeunesse. « Mon message aux étudiants est de leur faire comprendre qu’ils peuvent faire évoluer les choses. Cela suppose donc une forme de courage. » 

En ce sens, Géraldine Mathieu estime que l’université doit aujourd’hui se réinventer. « Nous ne pouvons plus former des étudiants qui soient de purs théoriciens. » Dans cette optique, elle propose donc à ses étudiants de découvrir les enjeux liés au droit de la jeunesse via le service-learning (apprentissage par le service), une alternative aux travaux valorisée par des crédits. 70 % d’entre eux choisissent aujourd’hui cette option.

Géraldine Mathieu
Géraldine Mathieu

« Si je leur apprends les textes, je ne leur apprends rien ou presque. Le service-learning, lui, requiert à la fois de s’engager socialement, de réfléchir de manière critique, mais aussi de se comprendre soi-même et de comprendre la société. » Que ce soit aux côtés des Mena accompagnés par la Croix-Rouge, dans des pouponnières, des IPPJ, des maisons de quartier ou dans les services pédiatriques des hôpitaux, les étudiants peuvent ainsi développer leur esprit critique à partir de réalités de terrain hétérogènes et complexes. « Cela leur permet aussi de se rendre compte dès le départ si le métier leur convient. Car la réalité est souvent très dure », commente l’enseignante.

Déluge épistémique

De tout temps, l’exercice de l’esprit critique a exigé un apprentissage, une discipline, un engagement. Mais aujourd’hui, la surcharge informationnelle fait émerger de nouvelles difficultés. « On parle parfois d’"epistemic flooding" ou de "déluge épistémique" », explique Olivier Sartenaer. « Il y aurait simplement trop d’informations qui nous parviennent pour qu’on puisse les intégrer en faisant preuve d’esprit critique. » Sélectionner ses sources est donc une première étape essentielle. « Les étudiants doivent apprendre à ne pas foncer tête baissée sur les ressources », explique Élodie Mercy, bibliothécaire au sein du groupe formation de la BUMP (Bibliothèque universitaire Moretus Plantin). « C’est pourquoi on leur apprend à interroger les sources, à identifier les bonnes méthodologies, à trier l’information. » Marie-France Juchert, directrice de la BUMP, estime de son côté que sortir de l’université sans posséder ces compétences serait un véritable « échec ». « Aujourd’hui, les métiers évoluent », souligne-t-elle. « Il faut être capable de se former tout au long de la vie. Savoir se documenter est donc indispensable. » 

D’autant que l’émergence de l’intelligence artificielle a compliqué davantage encore le rapport aux sources. Katrien Beuls, professeure en intelligence artificielle à l’UNamur, estime ainsi que ChatGPT fait peser sur l’esprit critique des menaces inédites. Loin des discours rassurants de certains confrères, elle rappelle que la majorité des étudiants – et des citoyens – ignorent le fonctionnement des LLM (Large Language Model), qui ne sont en aucune manière des moteurs de recherche, mais des systèmes statistiques appliqués à la linguistique. « ChatGPT ne fait que deviner les mots qui suivent », rappelle-t-elle. « Il n’y a aucune base de connaissance derrière. 

Or, les étudiants pensent que c’est le nouveau Google ! » Pour Katrien Beuls, il est donc urgent de renforcer « les connaissances de base », sans lesquelles il est impossible d’exercer son esprit critique face aux IA. « Les étudiants me disent qu’ils utilisent ChatGPT simplement pour brainstormer... mais justement : former des pensées par soi-même, être créatif est la chose la plus difficile ! » 

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Katrien Beuls

Katrien Beuls alerte surtout sur la menace que les LLM font peser sur les compétences rédactionnelles. « Aujourd’hui, tous les étudiants utilisent ChatGPT. Il est donc devenu impossible de demander des travaux écrits... Or apprendre à écrire nourrit l’esprit critique. C’est quelque chose de très difficile – tout le monde le sait ! – et qui doit être entraîné presque chaque jour. À l’école, on n’utilise pas de calculatrice avant de maîtriser les bases du calcul ou de correcteur orthographique avant de bien maîtriser la langue... Cela devrait être pareil pour l’écriture. »

Pour autant, comme le souligne Olivier Sartenaer, penser que les jeunes, parce que biberonnés aux réseaux sociaux, auraient abdiqué leurs capacités critiques est sans fondement. C’est d’ailleurs ce qu’a encore montré le dernier « baromètre de l’esprit critique ».[1] « La formation des jeunes comprend aujourd’hui l’éducation aux médias, ce qui a tendance à les rendre plus critiques : en matière de "fake news", ce sont d’ailleurs souvent les personnes plus âgées qui tombent dans le panneau... », relève le philosophe. Par ailleurs, pour OIivier Sartenaer, la sensibilité accrue des jeunes aux questions de discriminations est précisément une preuve de l’excellente santé de leur esprit critique. « Ne pas accepter des choses injustes au nom de l’argument autorité est bel et bien une manifestation de l’esprit critique... même si c’est parfois déroutant et inconfortable pour les enseignants », conclut-il. 

 

[1] https://www.universcience.fr/fr/esprit-critique/barometre-esprit-critique-2025

71% des 15-24 ans estiment par exemple que les scientifiques suivent des règles éthiques strictes (contre 62% chez les 18 ans et +), 69% que ce sont les mieux placés dans leur domaine pour savoir ce qui est bon pour les citoyens (contre 57%), 62% estiment que la science est la seule source fiable de savoir (contre 53%), 66% que les scientifiques sont indépendants (contre 53%). Mais ils craignent en revanche davantage le pouvoir détenu par les scientifiques, qui peut les rendre dangereux (73% contre 65%). 

La théorie du raisonnement motivé

Dans sa conférence-spectacle « L’instant critique », un seul en scène élaboré dans le cadre de sa thèse de doctorat, Régis Falque, chercheur à la faculté EMCP (Économie Management Communication sciencesPo) de l’UNamur, entreprend de « faire vivre de manière expérientielle des moments d’esprit critique et des expériences sociales avec le public ». Accessible dès la quatrième secondaire, ce dispositif pédagogique explore comment « l’esprit critique relève à la fois de compétences comme la capacité à reconnaître un argument, à évaluer un raisonnement, à mener des recherches, mais aussi de dispositions comme l’ouverture d’esprit et l’empathie », résume Régis Falque. Une combinaison qui forme ce qu’on appelle « la vertu intellectuelle ». Vertu que personne ne peut se prévaloir de posséder une fois pour toutes... Face à des sujets « idéologiquement chaud » (vaccination, pseudosciences...), notre avis peut en effet influencer l’activation de nos compétences critiques. C’est ce qu’on appelle la théorie du raisonnement motivé. « Confronté à un sujet sur lequel il a une posture idéologique, même un individu avec un prix Nobel peut ne pas activer ses compétences liées à l’esprit critique ou plus dramatique encore, activer ses compétences dans le seul but de justifier son point de vue sur le sujet », souligne Régis Falque. Manière de rappeler qu’il n’existe pas de « professionnel de l’esprit critique » et que la vertu intellectuelle ne va jamais sans une forme de modestie. 

Régis Falque

Esprit critique et pédagogie immersive

Pour stimuler l’esprit critique de ses étudiants, Mélanie Latiers, enseignante au sein de la Faculté des Sciences économiques, sociales et de gestion de l’UNamur, utilise la pédagogie immersive. « Dès les premières semaines de cours, on emmène les étudiants deux jours en dehors de l’université pour travailler le processus créatif et la construction de leur projet. » Après le handicap et la précarité, les étudiants sont cette année invités à travailler autour du développement durable. L’objectif ? Partir de connaissances sensibles plutôt que théoriques pour mettre au point des projets davantage connectés aux problématiques. « La première année, la réalité virtuelle a permis aux étudiants de se plonger dans le quotidien d’un travailleur en situation de handicap (trouble de l’autisme, handicap visuel, etc.) », explique Mélanie Latiers. « Lorsque nous avons travaillé sur la précarité, nous avons utilisé une installation artistique "A mile in my shoes", qui, à partir de leur paire de chaussures, faisait entendre l’histoire de personnes en difficulté. » Une approche qui vise à « dézoomer de ses préconceptions » pour renouer dans un second temps avec une posture « plus scientifique ». « Grâce à cette approche, les étudiants se sentent davantage acteurs, moins impuissants par rapport à ces enjeux », résume l’enseignante. 

Cet article est tiré de la rubrique "Enjeux" du magazine Omalius #35 (Juillet 2025).

Omalius #37

L’UNamur : centre névralgique des littératures sauvages

Littérature
Patrimoine, culture et sociétés

Le Conseil d’administration de l’UNamur a officialisé, en juin dernier, la création de l’Observatoire des Littératures Sauvages (OLSa). Fondé en 2022 sous l’impulsion de Denis Saint-Amand, chercheur qualifié FNRS au Département de langues et littératures françaises et romanes, ce centre de recherche étudie la façon dont la littérature se construit en dehors du livre et de l’institution littéraire, à travers des objets ou canaux alternatifs.

photo d'un tag qui dit "c'est comme ça qu'on écrit sur un mur"

Tags, banderoles, collages, tracts ou encore affiches… tous ces supports relèvent de ce qu’on appelle la « littérature sauvage ». On doit cette expression à l’universitaire belge Jacques Dubois qui, dans l’ouvrage L’Institution de la littérature, y désignait les productions évoluant en marge des circuits éditoriaux traditionnels. Près de cinquante ans plus tard, l’Observatoire des Littératures Sauvages (OLSa) a fait de ces pratiques littéraires – souvent brutes, artisanales et éphémères – son champ d’exploration. 

L’OLSa a vu le jour grâce à un Mandat d’Impulsion Scientifique FNRS octroyé fin 2020 à Denis Saint-Amand. Il rassemble au sein d’un réseau dense, ouvert et international des chercheurs et des chercheuses s’intéressant aux productions culturelles et littéraires qualifiables de « sauvages ». « L’un des intérêts de ce centre, c’est de participer au décloisonnement des études littéraires en les faisant dialoguer avec des spécialistes de disciplines telles que l’histoire, la sociologie, l’anthropologie ou les sciences politiques », souligne Denis Saint-Amand.

image d'un tag en italien

Des écrits contestataires aux cris des supporters

Depuis ses débuts, l’OLSa s’est attaqué à différents chantiers et a organisé plusieurs colloques et journées d’étude. Parmi ceux-ci, le colloque inaugural de juin 2022 consacré aux écrits de la contestation. Plus récemment, les membres du centre se sont intéressés à la poétique du stade de football : les discours (banderoles, chants et cris de supporters), leurs poétiques ainsi que leurs modes de fabrication, de diffusion et de circulation, en miroir des enjeux sociaux et politiques auxquels ils se rattachent.

Au fil des rendez-vous, Namur est devenu un nœud de connexion inédit et reconnu dans ce domaine de recherche. Une spécificité dont se réjouit Denis Saint-Amand. « L’OLSa est un espace assez unique. Il permet de rassembler autour de ces questions des personnes venant d’horizons  variés, de lancer des recherches doctorales ou postdoctorales et aussi d’impliquer les étudiants et étudiantes — en les invitant à travailler sur des cultures de l’écrit hors des corpus littéraires canoniques et en leur donnant la possibilité (à l’occasion de séminaires et conférences) d’être confrontés à d’autres voix, d’autres disciplines. »

Une reconnaissance venue à point

L’OLSa a fait l’objet d’une reconnaissance officielle comme centre de recherche en juin 2025, soit trois ans après sa fondation. « Il me semblait utile de voir si ça fonctionnait, si le centre pouvait attirer du monde », explique le chercheur. « C’est pour cette raison que l’on a organisé différents colloques et journées d’études, réalisé des publications, etc. Cette reconnaissance apporte de la stabilité et de la visibilité au centre. C’est paradoxal pour un espace consacré à des pratiques peu institutionnelles, mais c’est aussi et surtout une belle marque de confiance de l’université », confie Denis Saint-Amand.

Durant l’année académique 2025-2026, l’OLSa organisera un séminaire international sur les pratiques poétiques hors du livre, rendu en partie possible grâce à un crédit de recherche du FNRS. Il y a sera question, entre autres, des comptes Instagram dédiés à la poésie de rue, aux graffitis lyriques des casernes et cellules de prison ou de la performance poétique dans l’espace public. Plus de détails sur le site de l’OLSa ! 

En savoir plus sur l’Observatoire des Littératures Sauvages (OLSa).

Le rôle des femmes dans la Résistance, une mémoire à reconquérir

Histoire
Paroles d'experts
Genre et diversité

Le 8 avril dernier, le centre de recherche Histoire, Sons et Images (HiSI, membre de l’Institut Patrimoines, Transmissions et Héritages - PaTHs) organisait, en collaboration avec l’association « Coalition 8 mai », un colloque sur le thème des rapports entre femmes et extrême droite. Bénédicte Rochet et Axel Tixhon, professeurs au Département d’histoire, ont exploré cette thématique sous l’angle des résistantes actives lors de la guerre 40-45. Leur démarche s’inscrit pleinement dans la vision du centre de recherche qui étudie les documents audio et/ou visuels en tant que sources historiques, mais aussi l’histoire en tant que mode de compréhension du présent. 

Omalius_Femmes résistantes_Juillet 2025

Cet article est tiré de la rubrique "Experts" du magazine Omalius de juillet 2025.

Comment les femmes ont-elles intégré les mouvements de résistance durant la guerre 40-45 ? 

Axel Tixhon : On retrouve les femmes dans les réseaux de résistance qui cachent des enfants juifs, des soldats et aviateurs alliés ou encore des opposants politiques. Ces personnes étaient souvent hébergées temporairement avant d’être exfiltrées par des filières d’évasion depuis les territoires occupés vers l’Espagne, puis la Grande-Bretagne. Les réseaux de cache s’appuyaient sur les petites cellules familiales, hermétiques vis-à-vis de l’extérieur, mais très ouvertes à l’intérieur. Forcément quand une famille accueillait quelqu’un sous son toit, tous ses membres, et particulièrement les femmes, participaient. Leur engagement s’inscrit donc dans le prolongement du rôle traditionnel qu’elles jouaient à cette époque.

On observe également des profils de femmes émancipées. Par exemple, Louise-Marie Danhaive, connue pour ses activités littéraires avant la guerre, va s’engager dans la presse clandestine. Elle va donc sortir du rôle traditionnel de la femme. On retrouve aussi des personnalités moins connues, comme Juliette Bernard. Investie dans un groupe folklorique à Fosses-la-Ville avant la guerre, elle va entrer dans la résistance, essentiellement dans le secteur du renseignement et de l’aide aux partisans du Parti communiste. 

Même si c’est assez rare, certaines femmes ont aussi pris les armes comme Madeleine Tasset (Andenne), dont on a retrouvé une photo qui la montre manipuler une mitrailleuse et porter la tenue de l’armée secrète. 

Les résistantes ont souvent été invisibilisées, comment l’expliquer ? 

Bénédicte Rochet : Il y a d’abord des facteurs qui sont propres à l’histoire de la résistance et de la politique belges. Au lendemain de la 2e guerre mondiale, le gouvernement doit gérer des milliers de résistants dont certains sont armés tandis que d’autres font partie du Front de l’indépendance, réseau majoritairement communiste dont l’importance fait craindre une révolution dans notre pays. Churchill et Roosevelt vont alors inciter le gouvernement belge à reprendre les rênes du pouvoir et à maintenir l’ordre en s’appuyant sur les forces de police officielles et l’armée belge. Dans ce contexte, la résistance va être dénigrée et surtout désarmée. 

Dès novembre 1944, les résistants vont manifester pour obtenir une reconnaissance de leur statut. Ces manifestations vont être mises sous le boisseau par le gouvernement et même par la presse. Aujourd’hui encore, les commémorations mettent surtout à l’honneur l’armée. Et, lorsqu’on évoque la résistance, on rend hommage à ceux qui sont morts durant la guerre. 

Beaucoup de femmes ne vont par ailleurs pas demander une reconnaissance de statut parce qu’elles ne se retrouvent pas dans la connotation militaire qui y est associée à l’époque. En outre, comme elles entraient souvent en résistance avec l’ensemble de la cellule familiale, c’était le père de famille qui allait déposer le dossier de reconnaissance. Tout cela a participé à l’invisibilisation des résistantes. 

A.T. : Lors du colloque, Ellen De Soete, fondatrice de la Coalition 8 mai, a livré un témoignage très touchant. Elle a expliqué comment sa mère, résistante arrêtée et torturée, a bâti toute sa vie sur le silence. Son supplice avait été la conséquence du fait que d’autres avaient parlé. Il était donc essentiel pour elle de se taire afin de ne pas mettre ses enfants en danger. S’ils savaient, ils risquaient peut-être à leur tour d’être torturés. Ce n’est qu’à la fin de sa vie qu’elle a libéré sa parole. Ellen De Soete a expliqué que, enfant, leur mère leur interdisait de sortir ou d’inviter des amis à la maison. Les cicatrices provoquées par la guerre ont donc bien souvent débordé des individus eux-mêmes pour avoir un impact sur l’ensemble de la famille, y compris sur les générations suivantes. C’est donc aussi cette culture du silence qui a participé à l’invisibilité des femmes résistantes. 

B.R. : À partir des années 60-70, il y a un basculement avec les gender studies. Les études vont, dans un premier temps, se concentrer sur les femmes au travail et les droits des femmes, mais pas du tout sur leur rôle dans les contextes de guerre. Ce n’est donc qu’à la fin des années 90 et au début des années 2000 que l’histoire s’intéresse aux femmes résistantes durant la guerre 40-45.  

Lors du colloque, vous avez aussi abordé les rapports entre l’extrême droite actuelle et la question du genre. Les droits des femmes sont souvent mis à mal par les partis d’extrême droite, et pourtant, en France, en Italie, en Allemagne, les grandes figures de ces partis sont des femmes. Comment peut-on expliquer cette contradiction ? 

A.T. : Il est difficile de répondre tant cela semble effectivement peu logique. Cela ressemble plus à une posture opportuniste qu’à une volonté de rendre les genres égaux dans la société. La présence de femmes à la tête des mouvements d’extrême droite en Europe est un moyen de déradicaliser le discours. On sait également que, dans la communication politique de l’extrême droite, on n’est pas à un paradoxe près. D’une certaine manière, ces partis aiment jouer la rupture entre ce qui est attendu de figures politiques et ce qu’elles disent ou font. Donc, une femme qui tient un discours à la limite masculiniste est acceptable dans ces partis, alors que cela ne le serait pas dans un parti traditionnel. 

B.R. : Les politologues qui ont participé au colloque ont aussi apporté un élément de réponse qui rejoint et complète l’histoire. Dans leur programme, ces partis affirment défendre le droit au sentiment de sécurité des femmes. Ils leur disent : vous avez de la chance, vous êtes libres et vivez dans un contexte de liberté d’expression, mais il vous manque la sécurité physique. Et qui met cette sécurité en danger ? Ce sont ces migrants, ces étrangers qui violent nos femmes et qui sont désignés comme l’ennemi commun. Ce discours sécuritaire peut toucher certaines femmes. Celles qui ont adhéré au parti nazi dès les années 30, l’ont fait dans l’idée de vivre dans une société sécurisée à l’abri de la violence des communistes, des juifs, etc.  

Axel Tixhon et Bénédicte Rochet

Le nazisme s’appuyait-il aussi sur de grandes figures féminines ? 

B.R. : On a seulement commencé à s’intéresser aux femmes du Troisième Reich dans les années 90. Les femmes ont souvent joué un rôle en tant qu’épouses. On pense par exemple à Magda Goebbels, épouse du ministre de la propagande, Joseph Goebbels, ou à Emmy Sonnemann, épouse de Hermann Göring. Ces femmes ont joué un rôle de réseautage et de soutien du régime, en organisant, par exemple, des dîners et réceptions. Le récent film de Jonathan Glazer, « La Zone d’intérêt », illustre bien ce rôle des femmes. Il met en scène le cadre familial du commandant du camp d’Auschwitz. Il montre comment son épouse instaure un climat familial accueillant et joue donc un rôle important de soutien à son mari, alors qu’elle sait ce qui se passe dans le camp situé de l’autre côté du mur de son jardin. 

À côté des épouses, plus de 500 000 femmes se sont engagées pour le troisième Reich, comme gardiennes dans les camps, infirmières, etc. Et puis, quelques personnalités n’ont pas agi en tant qu’épouse. Leni Riefenstahl, par exemple, a réalisé des films documentaires qui ont soutenu le parti.  

A.T. : Et ce sont sans doute les films les plus efficaces de la propagande nazie !  

Le programme du parti nazi en ce qui concerne les femmes a évolué au fil des années. Dans les années 30, il s’agit de mettre les femmes en sécurité. Dans les années 40, le rôle de la femme est de produire des bébés pour soutenir la race aryenne. Et puis, en 43, alors que les nazis constatent qu’ils sont en train de perdre la guerre, le curseur bouge encore : les femmes sont alors engagées dans l’industrie de guerre.  

Le travail de mémoire auprès du grand public porte souvent sur les conséquences du nazisme, moins sur les mécanismes et les discours qui ont permis aux nazis de prendre le pouvoir. Les méthodes et la rhétorique de l’époque sont-elles similaires à celles de l’extrême droite actuelle ?  

A.T. : Oui, par exemple dans la recherche du bouc émissaire et le développement des peurs. Lors du colloque, les politologues parlaient de « paniques morales ». Aujourd’hui, l’extrême droite insiste, par exemple, sur le déclin des valeurs morales, en pointant du doigt les personnes transgenres ou les personnes aux préférences sexuelles différentes. Elle va insister sur la nécessité de transformer le modèle social pour revenir à un traditionnel, tout en faisant peur. L’instrumentalisation des peurs est le fondement de la stratégie électorale des partis d’extrême droite, soit en accentuant les craintes qui existent, soit en les faisant littéralement naître.  

On sait que l’antisémitisme existait au préalable, mais les nazis lui ont accolé de nombreux discours violents et déshumanisants, pour justifier l’extermination des juifs. La violence était, dès lors, justifiée par le fait que les populations juives, gitanes, homosexuelles, étaient dangereuses.   

On retrouve aujourd’hui le même schéma dans certains discours agressifs qui proviennent de groupuscules d’extrême droite ou, plus généralement, de groupuscules extrémistes. Ces discours pourraient amener certains à justifier des violences semblables à celles de la guerre 40-45 envers ces soi-disant menaces pour la société. 

B.R. : La rhétorique est également similaire. Aussi bien dans le parti nazi que dans les partis d’extrême droite actuels, on est face à des tribuns qui, comme Hitler ou Goebbels, aiment les monologues. Ils tiennent des discours qui assènent des vérités et qui créent une panique morale. Par contre, tous ces tribuns sont en difficulté lorsqu’ils doivent débattre d’idées.  

C’est un peu la même chose aujourd’hui. Dans un débat contradictoire, Donald Trump va par exemple aller au conflit, comme il l’a fait avec le Président Zelenski. Göring, Hitler, Goebbels faisaient exactement la même chose. On a retrouvé des archives sonores du procès de l’incendie du Reichstag dans lesquels on entend Göring sortir complètement de ses gonds lorsqu’il est mis en contradiction avec un des accusés ou un des avocats. 

Ces similitudes doivent donc nous alerter sur les dangers de l’extrême droite actuelle ? 

A.T. : Oui. C’est l’objectif de « Coalition 8 mai », créée par Ellen De Soete qui a pris conscience que, lors des commémorations, on perpétue les mêmes gestes, mais on en a souvent perdu le sens. Il y a pourtant aujourd’hui des raisons de craindre qu’on débouche sur des horreurs semblables à celles commises en 40-45. L’association veut sensibiliser le public à ce danger. C’est pourquoi elle a proposé au Département d’histoire d’organiser ce colloque. 

Le baiser du GI en septembre 1944

« 1000 Résistantes ! 1940-1945. Des femmes dans la Résistance en Province de Namur. »  

À travers cette publication, le lecteur découvre les réseaux de résistance actifs en Province de Namur au sein desquels de nombreuses Namuroises se sont engagées durant la guerre 40-45. Le carnet présente également une liste de 1000 résistantes namuroises et les portraits de 15 d’entre elles réalisés par les étudiants du bloc 2 en histoire.  

Le projet a été initié par le Service des Musées et du Patrimoine culturel de la Province de Namur (SMPC) dirigé par Mélodie Brassine, alumnus du Département d’histoire, en collaboration avec le professeur Axel Tixhon. Au départ l’idée était de trouver une résistante pour chacune des 38 communes que compte la Province, mais le SMPC a pu, grâce à ses recherches, dresser une liste de 1000 noms. « Il y a donc un potentiel de recherche incroyable sur les résistantes en Province de Namur et ailleurs. Dans les différentes communes, il y a matière à creuser. Cela peut être une occasion pour les pouvoirs locaux de mettre en valeur certains profils à travers toute une série de démarches. Le travail de recherche pourrait être réalisé par des groupes d’action locale, des écoles secondaires, voire par des élèves de 6e primaire », suggère Axel Tixhon. 

Cet article est tiré de la rubrique "Experts" du magazine Omalius #37 (Juillet 2025).

Omalius #37

Copyrights (par ordre d'apparition) : 

  • Louise-Marie Danhaive
  • Imprimerie clandestine à Liège, 1944 – © Cegesoma
  • Madeleine Tasset – copyright : © Collection M. Tasset, Bibliotheca Andana
  • Irma Caldow à Solre-sur-Sambre vers 1943-1944 – © Cegesoma
  • Le baiser du GI septembre 1944 – © Cegesoma  
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Événements

05

Lunch de la philo | Boris Tilquin, scénariste

Café scientifique / Rencontre
Café scientifique / Rencontre
-
Faculté de philosophie et lettres Institut ESPHIN

Lunch de la philo | Boris Tilquin, scénariste

Philosophie
5
12:50 - 14:00
Université de Namur, auditoire L57 - rue Grafé, 1 - 5000 Namur
Personne de contact :  Riss Laëtitia

Les "Lunchs de la philo" : L'occasion pour le Département de philosophie d'inviter des anciennes et anciens étudiant.e.s qui sont aujourd'hui dans la vie professionnelle afin qu'ils puissent évoquer leur parcours et témoigner de ce que leur formation philosophique leur a apporté. 

Après un bachelier en Philosophie à Namur, Boris Tilquin travaille comme chef décorateur avant d'intégrer un bachelier de montage à l'IAD à Louvain-La-Neuve, de collaborer à l'écriture avec plusieurs réalisateurs et d'intégrer un master en Ecriture de scénario à l'IAD. Il sort en 2016 et travaille directement comme scénariste sur une série télévisée et plusieurs films de cinéma. Il est également Vice Président de l'Association des Scénaristes entre 2018 et 2023 et membre effectif de la Commission du film du Centre du Cinéma de la Fédération Wallonie Bruxelles de 2020 à 2025. À partir de 2020, il transmet son expérience de scénariste à des étudiants dans des conférences et des cours du soir. En 2023, il intègre le Master en Cultures et pensées cinématographiques pour revenir dans cette faculté de Philosophie de Namur... qu'il est décidément difficile de quitter !

Sandwich offert sous condition d'inscription avant le lundi 31/10 à l'adresselaetitia.riss@unamur.be

15

Journée d’étude de la Société médicale belge de Saint Luc - La pratique médicale, entre performance et robustesse pour une pratique durable

Congrès / Colloque / Conférence

Journée d’étude de la Société médicale belge de Saint Luc - La pratique médicale, entre performance et robustesse pour une pratique durable

Médecine
Santé
Philosophie
15
08:30 - 18:30
UNamur (auditoire S01) - Rue Grafé - 5000 Namur
Personne de contact :  CATHMED.BE

Le 15 novembre, la Faculté de médecine et le Centre Universitaire Notre-Dame de la paix (Institut ESPHIN) de l'UNamur participeront à l’organisation de la journée d’étude de la Société médicale belge de Saint Luc. Cette journée aura pour thème : « La pratique médicale, entre performance et robustesse pour une pratique durable » et réunira un panel international d’orateurs de renom.

Affiche de la journée d'étude

Bienvenue au colloque

Notre monde et notre système de santé sont dominés par la recherche de la performance et de l'optimisation. Dans un univers plein d'incertitudes, les écosystèmes et les personnes risquent d'être exsangues. Or, les processus biologiques de base, comme le cycle de Krebs, ne brillent pas par leur efficacité mais par leur stabilité dans des conditions changeantes. La vie n'est pas synonyme d'hyper-efficacité.

La vie publique de Jésus - guérissant en chemin, restaurant l'être par savoir, sagesse et résilience - et le Cantique du Soleil de Saint François (qui célèbre cette année son 800ème anniversaire) nous inspirent toujours dans notre recherche de ce bon équilibre, même face à la souffrance et aux limites.

Programme et intervenants

  • 8h30 : enregistrement des participants
  • 9h00 - 12h45 : conférences, table ronde, discussion
  • 12h45 - 14h00 : déjeuner-sandwiches (inclus)
  • 14h00-17h30 : conférences, table ronde, discussion
  • 18h15 : célébration eucharistique à la Chapelle Universitaire Notre-Dame de la Paix (4, rue Grafé, Namur)

Orateurs :

  • Simon ABSIL
  • Anne BERQUIN
  • Olivier BOUCHE
  • Dominique BOURG
  • Jean-Michel DOGNE
  • Edouard HOSTEN
  • Jonas ROOSELEER
  • Ellen VAN STICHEL

Infos pratiques

  • Traduction simultanée disponible (français et néerlandais)
  • Demande d'accréditation déposée
  • Repas sandwich

 

Inscription préalable obligatoire

Frais d'inscription selon votre catégorie

  • € 100: (médecin)
  • € 60: (autre profession)
  • € 30: jeune professionnel ou étudiant (<35 ans)
  • € 0: J'ai reçu un code de promotion (gratuit, mais inscription obligatoire)
  • 11
  • 12

BAAHE Conference 2025 - Language and literature across the lifespan

Congrès / Colloque / Conférence
Congrès / Colloque / Conférence
-
Faculté de philosophie et lettres Institut NaLTT

BAAHE Conference 2025 - Language and literature across the lifespan

Langues
Langues germaniques
S'inscrire à l'événement
11
13:00 - 12
19:00
UNamur (Pedro Arrupe/103-PA11) - Rue de Bruxelles 67 - 5000 Namur
Personne de contact :  Silva Emma-Louise
S'inscrire à l'événement

L'Unité d'anglais de l'Université de Namur est heureuse d'accueillir la conférence 2025 de l'Association belge des anglicistes de l'enseignement supérieur (BAAHE). 

Affiche Baahe conference

La thématique de la conférence de cette année : « La langue et la littérature tout au long de la vie ». 

Conférenciers principaux :

  • Michael Erard, dont le dernier ouvrage, Bye Bye I Love You: The Story of Our First and Last Words, a inspiré notre choix de thème
  • Vanessa Joosen, qui partagera les dernières conclusions de ses travaux passionnants sur la représentation de l'âge et du parcours de vie dans la littérature jeunesse. 

Parmi les intervenants figurent :

  • Winny Ang
  • Steven Gilbers
  • Patrick McGuinness
  • Peter Petré
  • Emma-Louise Silva
  • Markus Werkle-Bergner

La conférence aura lieu le vendredi 12 décembre 2025 et sera précédée d'un symposium interdisciplinaire d'une demi-journée, intitulé « Lifelines: Language, memory and the life course », qui se tiendra le jeudi 11 décembre. La conférence est ouverte aux membres de la BAAHE et aux non-membres (ou futurs membres). 

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