Le Département s'intéresse aux sociétés du passé et d’aujourd’hui par le biais de l’étude des traces et productions matérielles, qu’il s’agisse de vestiges archéologiques ou architecturaux, d’objets ou d’œuvres artistiques. L'ouverture et la diversité sont les lignes directrices du Département d'archéologie et sciences de l'art.

Les études d'archéologie et sciences de l'art ont pour objectif de former les futurs professionnels du patrimoine aux méthodes de la recherche et aux savoirs spécifiques à ces disciplines. La pratique de terrain au contact direct des sites, des objets et des œuvres, est au cœur de nos méthodes d’enseignement. A partir de l’observation et de la caractérisation des traces d’occupation ou des matières façonnées par l’homme, l’étudiant est amené à les interpréter sous l’angle de leurs contextes de production et d’usage, en interrogeant leur signification. 

Les recherches menées au département portent sur des domaines artistiques et techniques divers, de la préhistoire au temps présent. 

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Pédagogie de terrain - Les chantiers-écoles en archéologie

Histoire de l'art et archéologie
Étudiants
Durable
ODD 4 - Éducation de qualité
ODD 11 - Villes et communautés durables

Dans le cadre de leur formation en archéologie, les étudiants de l’Université de Namur vivent une immersion unique dans leur future profession grâce à des chantiers-écoles. Ce programme, développé par le Département d'archéologie et sciences de l'art, allie étroitement expérience de terrain et apprentissage académique. 

Chantier école sur le site de Rome - Ostia

Cet article est tiré de la rubrique "Tomorrow learn" du magazine Omalius de décembre 2024.

Cette initiative est portée par Fanny Martin, chargée de cours en archéologie nationale à l’UNamur. « Sortir des études d’archéologie sans avoir expérimenté la discipline n’a pas beaucoup de sens. Lors de mon arrivée, il n’existait pas encore de chantiers-écoles à l’Université de Namur. Il me paraissait essentiel de proposer un projet pour les étudiants, car l’archéologie de terrain est une discipline à part entière », explique-t-elle. Julian Richard, professeur d’archéologie grecque et romaine et directeur du département, ajoute : « À l’UNamur, notre atout est d’emmener les étudiants sur le terrain le plus possible. Dès le bachelier, ils sont amenés à être en contact avec l’objet, l’observer, le manipuler, le comprendre. C’est une pédagogie à laquelle nous tenons, et la mise en place de chantier-école en fait partie ». 

Lors de ces chantiers, les étudiants, confrontés aux réalités du terrain, doivent appliquer leurs connaissances théoriques à des situations concrètes, développant non seulement leurs compétences techniques, mais aussi des capacités d’analyse et de résolution de problèmes. « En première et en deuxième année, les étudiants reçoivent un bagage méthodologique sur la fouille. Et puis, entre la deuxième et la troisième, ils partent sur le chantier-école durant deux semaines et mettent ces principes en pratique », complète Fanny Martin. 

Ces stages offrent une expérience immersive. Bérénice Didier, étudiante en histoire de l’art et archéologie, a travaillé sur le site de Tintigny, une nécropole à tombelles de l’âge du Fer, en Gaume, pendant que d’autres se rendaient au château Féodal de Moha, en Province de Liège.

Chantier école sur le site de Tintigny
Fouilles sur le site de Tintigny

Ce stage m’a beaucoup apporté. L’équipe sur le chantier était adorable. Nous avons d’abord appris les bases de la fouille, puis, petit à petit, exploré toutes les étapes de la discipline, ce qui était passionnant », raconte-t-elle. Marion Drabbé, étudiante en troisième année de bachelier en archéologie, appuie les propos de Bérénice en ajoutant : « J'avais quelques appréhensions, car les chantiers-écoles sont comme un petit examen dans notre cursus. Mais finalement, l'expérience a été formidable. Nous étions entourés de professionnels adorables, et j'ai été encadrée par Fanny Thirion, archéologue au Musée des Celtes. C'était génial ! Ces chantiers permettent de voir concrètement ce qu'on étudie, et on se rend compte à quel point l'archéologie est un travail précis et minutieux. Il y a aussi la satisfaction de découvrir des objets inédits : nous avons trouvé une urne avec des résidus osseux et une épingle de fibule, ce qui est assez rare dans les fouilles. Nous étions ravis ! ».

L'expérience des chantiers-écoles n'est pas seulement professionnelle. Pour Bérénice Didier, c’était aussi un moment de partage et de cohésion : « Cela faisait un peu colonie de vacances. C’était vraiment très chouette et j’ai eu l’occasion de créer beaucoup de liens ». En dehors des heures de fouille, les étudiants partagent leur quotidien, ce qui favorise des liens forts et développe leur capacité à travailler en équipe.  

Ces chantiers, qui constituent des projets de recherche à part entière, demandent une importante organisation et des soutiens variés. « Nous avons choisi de travailler dans la région de Tintigny, en Gaume. Le site est en danger de conservation et nous bénéficions d'un financement de l’Agence wallonne du Patrimoine ainsi que d’un partenariat avec le Musée des Celtes de Libramont et de la Commune de Tintigny pour mener à bien les opérations. Ce type de projet exige de nombreuses collaborations pour gérer la logistique et l’étude », explique Fanny Martin. De plus, les soutiens des partenaires et de l’UNamur permettent la gratuité des stages, pour ne priver aucun étudiant de cette opportunité.  

Une double mission et une ouverture sur le monde professionnel

Ces projets remplissent une double mission sociétale : préserver et transmettre le patrimoine à la société. Dans cette optique, les étudiants accueillent des visiteurs sur le site pour partager leurs découvertes, leur permettant d’acquérir des compétences en médiation culturelle. Bérénice témoigne d’ailleurs : « Faire des visites guidées m’a vraiment plu, au point de me donner envie d’explorer ce domaine à l’avenir ». Marion complète : « Les visites étaient vraiment enrichissantes. On se rend compte que pouvoir exprimer son savoir naissant face à des personnes intéressées par ce qu'on leur dit, c'est aussi très glorifiant ». Cette dimension fait de ces stages bien plus que des simples fouilles : ils sont également des lieux de transmission où les étudiants valorisent leur travail auprès de la société.  

Les chantiers constituent aussi une première expérience dans le monde professionnel. « Ils leur offrent un premier bagage pour le futur », note Julian Richard. Les étudiants peuvent également participer à des missions internationales, comme celles organisées par Julian Richard à Ostie, le port antique de Rome, avec l’UCLouvain. Ces fouilles à l'étranger apportent une perspective complémentaire et enrichissent leur formation par l’étude d’autres contextes, notamment bâtis, ainsi que d’autres périodes.  

Grâce à cette approche, les étudiants en archéologie de l’UNamur développent une compréhension plus approfondie de leur domaine tout en construisant un réseau professionnel utile pour le futur. Le chantier-école devient une expérience marquante, préparant les étudiants aussi bien sur le plan académique que personnel, pour la suite de leur parcours. 

Un nouveau nom pour le département !

Le Département a récemment pris le nom de Département d’archéologie et sciences de l’art. Selon Mathieu Piavaux, professeur à l’UNamur et ancien directeur du département ayant contribué au projet, « ce changement visait deux objectifs. Premièrement, mettre en évidence une approche très pratique de l’archéologie, fortement mise en avant dans notre démarche pédagogique et dans l’activité scientifique du département. Que ce soit dans les cours dédiés aux méthodes de l’archéologie, à la technologie des objets et de l’architecture, mais aussi dans les travaux pratiques des étudiants comme dans les cours donnés en partie in situ. Deuxièmement, privilégier une appellation d’origine germanique, "sciences de l’art" (Kunstwissenschaft), qui recouvre un domaine beaucoup plus vaste que l’histoire de l’art stricto sensu et apparaissait donc mieux adaptée à la diversité des approches de nos disciplines, qui comptent par exemple la muséologie ou encore la conservation du patrimoine. Cette nouvelle appellation révèle aussi la polyvalence du département, impliqué dans des masters de spécialisation liés à la gestion et à la conservation du patrimoine. Enfin, le fait de mettre "sciences" dans le nom, est aussi un clin d’œil à la Faculté des sciences, avec laquelle nous collaborons régulièrement compte tenu de l’interdisciplinarité inhérente à nos disciplines. Tout cela représente un beau travail d’équipe, une belle dynamique collective qui permet ce genre d’évolution. Se redéfinir ensemble et faire évoluer notre identité est toujours enthousiasmant. » 

Cet article est tiré de la rubrique "Tomorrow learn" du magazine Omalius #35 (Décembre 2024).

Visuel de Omalius #35 - décembre 2024

Egypte : comprendre la rénovation du kiosque du temple d’Amon-Rê grâce à une recherche de l’UNamur

Histoire de l'art et archéologie
Publication

Expert en égyptologie, le Professeur René Preys, membre de l’Institut Paths et du Département d’histoire de l’art et archéologie de l’UNamur, vient de publier un ouvrage qui examine les restaurations du kiosque de Taharqa une contribution essentielle de la période kouchite (746 655 av. J.-C.), du temple d’Amon-Rê à Karnak, en Egypte.

2 chercheurs qui lisent des hiéroglyphes

Intitulé "The Kiosk of Taharqa. The Ptolemaic Decoration," l’ouvrage est publié par l'Institut Français d'Archéologie Orientale. Cette publication est le résultat d'une collaboration entre le Centre franco-égyptien d'Étude des Temples de Karnak (CFEETK) et le professeur René Preys.

Dans ce projet, le CFEETK est responsable de la fouille, de la restauration et de l’étude du temple d’Amon à Karnak. De son côté, les recherches du Professeur René Preys, se focalisent sur les monuments de l'époque gréco-romaine situés sur l'axe principal du temple d'Amon, entre le premier pylône et le Sanctuaire de la Barque.

Un premier volume publié en 2021 se consacrait à la porte ptolémaïque du deuxième pylône. Le deuxième volume se penche sur les restaurations ptolémaïques du Kiosque de Taharqa situé sur le parvis du temple. L'ouvrage examine les ajouts réalisés durant l'époque gréco-romaine. « Taharqa (690-664 BCE) est l'un des rois nubiens à l'origine du monument, mais les évolutions ultérieures ont été le fait des Ptolémées, parmi lesquels figure Cléopâtre », précise le Professeur René Preys.

L'ouvrage repose sur la photogramétrie, une technique qui utilise une série de photos très précises superposées pour capturer tous les détails. Cette méthode photographique revêt une grande importance, car une fois dégagés, les monuments se dégradent rapidement en raison de l'exposition au soleil, au vent, au sable et à la pollution atmosphérique notamment. À partir de ces photos, l'auteur crée des dessins qui sont ensuite analysés et interprétés dans l'ouvrage.

Ce livre est le fruit du travail d'une équipe collaborative, comprenant notamment Martina Minas-Nerpel, Professeur d'Égyptologie à l'Université de Trier.

La publication de ces deux ouvrages a reçu le financement du Fonds Spécial de Recherche de l’UNamur. Dans ce cadre, des étudiants en égyptologie peuvent participer à un nouveau projet de recherche mené par le Professeur René Preys, à Dendera.

Par ailleurs, René Preys a reçu un Excellence Of Science (EOS) du FNRS pour le projet AGROS : Agriculture, diet and nutrition in Greco-Roman Egypt. Ce projet est mené au sein du pôle de recherche Acanthum du département d'Histoire de l'Art et d'Archéologie. Il se penche sur les régimes alimentaires en Égypte durant la période gréco-romaine en utilisant une collection unique de vestiges archéologiques de plantes et d'animaux conservée au Kelsey Museum of Archaeology (États-Unis). Le projet EOS rassemble un consortium de chercheurs de diverses institutions, avec René Preys comme promoteur principal du groupe de recherche de l'UNamur. Le projet se focalise principalement sur les données alimentaires provenant des temples et des tombes de l'Égypte gréco-romaine. Le financement du FNRS permet de financer deux chercheurs post-doctorants sur une période de trois ans.

Plus d'info sur l'institut PaTHs

Le film "Specularia" primé aux USA

Evénement
Histoire de l'art et archéologie
Prix

Le documentaire produit dans le cadre du projet de recherche en archéologie expérimentale, "Spécularia", se voit récompensé d’un prix dans un festival américain, organisé par l’University of Pittsburgh et l'University of South Carolina!  

Visuel Specularia

Comprendre comment les romains produisaient leurs vitres : tel était l’objet du projet de recherche Spécularia, mené par l’UNamur dans le cadre thèse de doctorat de Géraldine Frère, chercheuse en archéologie au sein de l'Institut Patrimoines, Transmissions, Héritages (PaTHs).   

Aujourd’hui, une nouvelle récompense vient d’être attribuée à l'équipe du projet Specularia : le documentaire réalisé par Philippe Axell et coproduit par l'UNamur et l'Archéoparc de Malagne a été récompensé d'une "Honorable Mention" lors de l'Arkhaios Film Festival organisé par l'University of Pittsburgh et l'University of South Carolina !  

Le film concourrait dans la catégorie Best Cultural Heritage Short Film sous le titre "Specularia. Glass windowpanes in Roman times". Il est donc l'un des trois films primés dans cette catégorie qui récompense les court-métrages documentaires relatifs au patrimoine culturel.  

Cette récompense souligne la qualité de cet exercice de médiation scientifique par le prisme du cinéma, qui résulte d'une fructueuse collaboration entre le réalisateur Philippe Axell, Malagne, l'archéoparc de Rochefort, et les membres de l'Université de Namur.  

Percer le mystère des vitres romaines : de la recherche scientifique au documentaire

Comment étaient produites les vitres à l’époque romaine ? Cette question est au centre du projet de recherche Specularia, mené par Géraldine Frère, chercheuse au sein de l'Institut Patrimoines, Transmissions, Héritages (PaTHs) et du Département d’archéologie et sciences de l'art, en collaboration avec Malagne, l’archéoparc de Rochefort. Après une phase d’expérimentation in situ et une analyse des résultats, le projet a connu une nouvelle étape avec la diffusion d’un documentaire. L’occasion de découvrir cette aventure scientifique en images ! Le premier rendez-vous était le 1er décembre 2023, au P’tit Festival d’archéologie de Rochefort.

Specularia, c'est un projet d'innovation scientifique mêlant recherche et artisanat. Il s'inscrit dans la thèse de doctorat de Géraldine Frère, intitulée « De sable à fenêtre. Productions et consommation du verre à vitre entre les Ier et IVe s. en Gaule septentrionale ». Au travers de ce travail, la chercheuse cherchait à comprendre les éléments qui ont conditionné l'industrie du verre à vivre au temps des Romains, mais également son installation dans l’architecture à cette époque. Concrètement, le projet entendait déterminer par qui, pour qui, comment, où et quand les vitres ont été produites. Pour ce faire, une méthodologie pluridisciplinaire a été mise en place : le projet d’archéologie expérimentale Specularia est l’un des nombreux axes développés afin de percer les mystères de cette industrie.

Après avoir connu diverses étapes préparatoires, l'équipe de recherche avait procédé à une phase d'expérimentation au sein de l’archéoparc de Malagne. Pour ce faire, deux fours de verriers avaient été reconstitués sur le site. En juillet 2023, épaulée par des artisans verriers, l'équipe scientifique avait participé à la fabrication des vitres. Une phase d’expérimentation scientifique rigoureuse, qui s’est aussi déroulée sous le regard de nombreux visiteurs.

Le travail de Géraldine Frère s'est poursuivi avec l’analyse des données récoltées, comparées au matériel archéologique, pour aboutir à l'étude scientifique la plus récente et la plus approfondie à ce jour sur la production du verre plat à l'époque romaine dans nos régions.

Un projet qui a été suivi, étape par étape, par le réalisateur Philippe Axell afin de réaliser un documentaire permettant de faire connaître cette aventure scientifique en Belgique et à l’international ainsi que la replacer dans le contexte plus large de l’histoire et de l’archéologie du verre.  

La bande annonce du documentaire

Visuel du documentaire Specularia

Les différentes étapes de l'expérience en images

Le crowdfunding

Le projet Specularia a impliqué l’achat de fournitures peu habituelles pour des recherches en laboratoire : argile réfractaire, tuiles, sable de rivière… Pour rassembler les fonds nécessaires, l’UNamur a lancé un crowdfunding. Une opération réussie grâce à la mobilisation des alumni, donateurs, donatrices, amis et amies de l'UNamur et de plusieurs soutiens : AGC Glass Europe, le Musée du Verre de la Ville de Charleroi ainsi que la Loterie Nationale et ses joueurs. L'UNamur remercie l'ensemble des partenaires et soutiens qui se sont manifestés et ont permis de faire de ce projet une réalité !

L’équipe

  • Julian Richard, archéologue et professeur à l’UNamur
  • Géraldine Frère, archéologue
  • Malagne, l’Archéoparc de Rochefort
  • Site et monument classé, Malagne abrite un patrimoine archéologique remarquable. La protection, et la valorisation de ses vestiges par la recherche et la médiation constituent les axes majeurs de ses missions qu’il met en œuvre au travers de reconstitutions, de publications ou de projets d’archéologie expérimentale.
  • Allain Guillot
  • Maître verrier, meilleur ouvrier de France, Allain Guillot est un expert du soufflage à la canne. Il intervient régulièrement auprès des musées et archéologues dans le cadre d’expériences sur les procédés anciens.
  • Les Infondus : Chloé Grevaz et François Dubois
  • Souffleurs de verre et membres de l’Association Française de l’Archéologie du Verre, Chloé Grevaz et François Dubois travaillent en lien avec de nombreux chercheurs, archéologues ou maîtres verriers sur les us et coutumes des artisans d’autrefois. François Dubois a obtenu le titre de meilleur ouvrier de France en 2011.

Les partenaires du projet "Spécularia" 

Les partenaires de Spécularia

Jérôme André: Conservateur du musée des arts contemporains du Grand-Hornu

Alumni
Histoire de l'art et archéologie

Jérôme André (Histoire de l’art et archéologie, promotion 1995) gère et valorise la collection du Musée des arts contemporains du Grand-Hornu (MACS). Au sein de cet ancien site industriel, classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO, il relève le défi de la conservation d’œuvres dont les supports et les formes peuvent être multiples. Il est aussi chargé de la conception et la production des expositions. Au quotidien, il accompagne les artistes, le commissaire et l’équipe du MACS pour créer la scénographie, monter les expositions, et même réaliser des œuvres. Cette année, il a également joué le rôle de commissaire de l’exposition consacrée à Angel Vergara.

Jérôme André

Omalius : Pouvez-vous nous expliquer votre travail au sein du Musée ?

Jérôme André : Je suis responsable du service conservation des œuvres. Notre collection, qui augmente d’année en année, a été initiée avant que le musée existe, par son fondateur Laurent Busine. Dès le début, sa politique d’acquisition et sa volonté de soutenir les artistes contemporains étaient ambitieuses. Son idée était de constituer une collection tournée vers l’extérieur, notamment vers l’international, et inspirée par le lieu où elle allait être installée.

Beaucoup d’œuvres ont été commandées et produites dans le contexte de l’ancien site industriel. C’est par exemple le cas de notre première commande, l’œuvre « Les Registres du Grand-Hornu » de Christian Boltanski, artiste français de renommée internationale. Il s’agit d’une immense installation, comme un mausolée à la mémoire des travailleurs du Borinage, composé de boîtes, d’archives, de photos et de noms. Cette œuvre tisse le lien entre l’artiste, dont les préoccupations sont externes au Grand-Hornu, et les gens de la région, dont les attentes, concernent la mémoire, la transformation progressive du site en lieu d’art et à sa valorisation. Beaucoup d’artistes ont travaillé dans le même sens et ont souligné le caractère particulier et inspirant du Grand-Hornu. À côté des commandes, on achète également des œuvres contemporaines.

En tant que conservateur, mon rôle est d’établir l’inventaire de la collection et les scénarios de vieillissement des œuvres. Comme elles sont plurielles, cela part dans toutes les directions. On conserve aussi bien des plantes, des fossiles, que de la photographie, de la plasticine, de la vidéo et du numérique. On est autant pris par les questions d’obsolescence matérielle, qu’immatérielle. L’art conceptuel demande un travail de conservation différent. Il faut interviewer les artistes, écrire des scénarios pour pouvoir rejouer l’œuvre, réaliser des vidéos… On s’est souvent penchés sur ces questions en collaboration avec des étudiants dans le cadre de leur mémoire.

Un autre aspect de ma fonction concerne la valorisation de la collection, qu’on n’expose pas en permanence ici. On l’a donc intégrée dans des catalogues plus larges qu’ils soient français, européens ou wallons. On gère les œuvres qui sortent et celles qui rentrent. On les accompagne aussi pour qu’elles soient présentées dans les meilleures conditions. Cela demande beaucoup de déplacements. 

Le MACS

Situé sur le site de l’ancien charbonnage du Grand-Hornu (classé au Patrimoine mondial de l'humanité par l’UNESCO), le Musée des Arts Contemporains de la Fédération Wallonie-Bruxelles (MACS) a ouvert ses portes en 2002. Avec le centre d’innovation et de design (CID), il constitue l'un des pôles culturels axés vers la pluridisciplinarité des arts.

O. : Vous êtes aussi chargé de la conception et la production des expositions ?

J. A. : Oui, j’accompagne le commissaire de l’exposition et l’artiste dès le début du projet. Ensuite, je gère la scénographie. Dans certains cas, il faut prévoir des aménagements particuliers et pouvoir s’adapter aux œuvres d’art. Puis, il y a tout l’aspect logistique : le choix des matériaux, des prestataires, le montage de l’exposition en tant que telle. Tout ce travail se mène en équipe.

Parfois, nous sommes parties prenantes de l’œuvre. L’artiste la conçoit, mais s’appuie sur nous pour la réalisation technique. Pas pour des peintures ou des photographies évidemment, mais pour des projets monumentaux.

En tant que conservateur, mon rôle est d’établir l’inventaire de la collection et les scénarios de vieillissement des œuvres.

Jérôme André Conservateur au MACS

O. : Quelles expositions et quels artistes vous ont le plus marqué ?

J. A. : C’est chaque fois passionnant parce qu’on est en première ligne avec l’artiste. Le projet avec Christian Boltanski était intéressant. Je me souviens aussi très bien de l’exposition de Tony Oursler, artiste new-yorkais. Je travaillais de jour comme de nuit étant donné le décalage horaire. Un autre artiste américain m’a impressionné : Matt Mullican. Je l'ai rencontré à l’aéroport à Bruxelles où il était en transit. Il était hyper pragmatique et professionnel, comme Oursler d’ailleurs. Il connaissait mes questions avant même que je les lui pose. J’ai aussi apprécié la collaboration avec Lise Duclot, dont j’ai réalisé l’exposition et dont le musée a acquis une œuvre d’art. J’ai également beaucoup échangé avec Angel Vergara, dont l’œuvre est actuellement exposée. Abdel Abdessemed m’a aussi marqué par son énergie et ses projets énormes. Il a par exemple fait une tresse avec un avion, présentée au Centre Pompidou. Il m’avait dit à l’époque « Pas besoin de projet pour réaliser des œuvres » alors qu’elles nécessitent des investissements considérables. C’était une personnalité assez impressionnante. Et quand je l’appelais, il se faisait passer pour son assistant. C’était drôle !

O. : Quels conseils donneriez-vous aux étudiants qui veulent travailler dans le domaine de l’art contemporain ?

J. A. : Je les inviterais à être curieux de tout, parce que l’art contemporain est connecté à notre environnement immédiat et à notre quotidien. Je leur conseillerais aussi de ne pas hésiter à se confronter et à faire des stages. Étonnamment, je reçois plus de stagiaires qui viennent de l’étranger que de Belgique. Enfin, je dis toujours aux étudiants qu’avant de trouver une place en institution, il est intéressant d’être indépendant pour diversifier les expériences et les travaux. Personnellement, ça m’a permis d’écrire, de faire des visites guidées, des photos, etc.

O. : Que retenez-vous de votre parcours à l’UNamur ?

J. A. : La première chose que j’ai envie de souligner ce sont les liens forts que j’ai pu nouer à Namur. Je revois encore certains étudiants même après 30 ans ! C’était inhérent à la taille humaine de l’université, à la proximité qu’on pouvait avoir avec les professeurs et entre étudiants.

D’un point de vue académique, c’était assez appuyé, avec des professeurs comme Pierre-Jean Foulon qui nous a montré des œuvres très contemporaines, ou Claire de Ruyt qui nous a emmenés à la découverte de l’antiquité. Le spectre était large. Je pense aussi au travail de fin de cycle qui consistait à réaliser une visite guidée lors d’un voyage. Je ne sais pas si les étudiants d’autres universités ont vécu ce genre d’expérience, mais c’était enrichissant.

O. : Avez-vous un souvenir particulier à nous raconter ?

J. A. : On avait réalisé une chouette exposition à la Bibliothèque, en collaboration avec Jean-Pierre De Rycke. C’était une manière de rentrer dans du concret. Benoît Poelvoorde était venu. On l’avait ensuite invité au cercle et il avait été ingérable ! D’une manière générale, les activités au cercle sont aussi de bons souvenirs.

Les études en histoire de l'art et archéologie à l'UNamur

Cet article est tiré de la rubrique "Alumni" du magazine Omalius#30 (Septembre 2023).

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Pédagogie de terrain - Les chantiers-écoles en archéologie

Histoire de l'art et archéologie
Étudiants
Durable
ODD 4 - Éducation de qualité
ODD 11 - Villes et communautés durables

Dans le cadre de leur formation en archéologie, les étudiants de l’Université de Namur vivent une immersion unique dans leur future profession grâce à des chantiers-écoles. Ce programme, développé par le Département d'archéologie et sciences de l'art, allie étroitement expérience de terrain et apprentissage académique. 

Chantier école sur le site de Rome - Ostia

Cet article est tiré de la rubrique "Tomorrow learn" du magazine Omalius de décembre 2024.

Cette initiative est portée par Fanny Martin, chargée de cours en archéologie nationale à l’UNamur. « Sortir des études d’archéologie sans avoir expérimenté la discipline n’a pas beaucoup de sens. Lors de mon arrivée, il n’existait pas encore de chantiers-écoles à l’Université de Namur. Il me paraissait essentiel de proposer un projet pour les étudiants, car l’archéologie de terrain est une discipline à part entière », explique-t-elle. Julian Richard, professeur d’archéologie grecque et romaine et directeur du département, ajoute : « À l’UNamur, notre atout est d’emmener les étudiants sur le terrain le plus possible. Dès le bachelier, ils sont amenés à être en contact avec l’objet, l’observer, le manipuler, le comprendre. C’est une pédagogie à laquelle nous tenons, et la mise en place de chantier-école en fait partie ». 

Lors de ces chantiers, les étudiants, confrontés aux réalités du terrain, doivent appliquer leurs connaissances théoriques à des situations concrètes, développant non seulement leurs compétences techniques, mais aussi des capacités d’analyse et de résolution de problèmes. « En première et en deuxième année, les étudiants reçoivent un bagage méthodologique sur la fouille. Et puis, entre la deuxième et la troisième, ils partent sur le chantier-école durant deux semaines et mettent ces principes en pratique », complète Fanny Martin. 

Ces stages offrent une expérience immersive. Bérénice Didier, étudiante en histoire de l’art et archéologie, a travaillé sur le site de Tintigny, une nécropole à tombelles de l’âge du Fer, en Gaume, pendant que d’autres se rendaient au château Féodal de Moha, en Province de Liège.

Chantier école sur le site de Tintigny
Fouilles sur le site de Tintigny

Ce stage m’a beaucoup apporté. L’équipe sur le chantier était adorable. Nous avons d’abord appris les bases de la fouille, puis, petit à petit, exploré toutes les étapes de la discipline, ce qui était passionnant », raconte-t-elle. Marion Drabbé, étudiante en troisième année de bachelier en archéologie, appuie les propos de Bérénice en ajoutant : « J'avais quelques appréhensions, car les chantiers-écoles sont comme un petit examen dans notre cursus. Mais finalement, l'expérience a été formidable. Nous étions entourés de professionnels adorables, et j'ai été encadrée par Fanny Thirion, archéologue au Musée des Celtes. C'était génial ! Ces chantiers permettent de voir concrètement ce qu'on étudie, et on se rend compte à quel point l'archéologie est un travail précis et minutieux. Il y a aussi la satisfaction de découvrir des objets inédits : nous avons trouvé une urne avec des résidus osseux et une épingle de fibule, ce qui est assez rare dans les fouilles. Nous étions ravis ! ».

L'expérience des chantiers-écoles n'est pas seulement professionnelle. Pour Bérénice Didier, c’était aussi un moment de partage et de cohésion : « Cela faisait un peu colonie de vacances. C’était vraiment très chouette et j’ai eu l’occasion de créer beaucoup de liens ». En dehors des heures de fouille, les étudiants partagent leur quotidien, ce qui favorise des liens forts et développe leur capacité à travailler en équipe.  

Ces chantiers, qui constituent des projets de recherche à part entière, demandent une importante organisation et des soutiens variés. « Nous avons choisi de travailler dans la région de Tintigny, en Gaume. Le site est en danger de conservation et nous bénéficions d'un financement de l’Agence wallonne du Patrimoine ainsi que d’un partenariat avec le Musée des Celtes de Libramont et de la Commune de Tintigny pour mener à bien les opérations. Ce type de projet exige de nombreuses collaborations pour gérer la logistique et l’étude », explique Fanny Martin. De plus, les soutiens des partenaires et de l’UNamur permettent la gratuité des stages, pour ne priver aucun étudiant de cette opportunité.  

Une double mission et une ouverture sur le monde professionnel

Ces projets remplissent une double mission sociétale : préserver et transmettre le patrimoine à la société. Dans cette optique, les étudiants accueillent des visiteurs sur le site pour partager leurs découvertes, leur permettant d’acquérir des compétences en médiation culturelle. Bérénice témoigne d’ailleurs : « Faire des visites guidées m’a vraiment plu, au point de me donner envie d’explorer ce domaine à l’avenir ». Marion complète : « Les visites étaient vraiment enrichissantes. On se rend compte que pouvoir exprimer son savoir naissant face à des personnes intéressées par ce qu'on leur dit, c'est aussi très glorifiant ». Cette dimension fait de ces stages bien plus que des simples fouilles : ils sont également des lieux de transmission où les étudiants valorisent leur travail auprès de la société.  

Les chantiers constituent aussi une première expérience dans le monde professionnel. « Ils leur offrent un premier bagage pour le futur », note Julian Richard. Les étudiants peuvent également participer à des missions internationales, comme celles organisées par Julian Richard à Ostie, le port antique de Rome, avec l’UCLouvain. Ces fouilles à l'étranger apportent une perspective complémentaire et enrichissent leur formation par l’étude d’autres contextes, notamment bâtis, ainsi que d’autres périodes.  

Grâce à cette approche, les étudiants en archéologie de l’UNamur développent une compréhension plus approfondie de leur domaine tout en construisant un réseau professionnel utile pour le futur. Le chantier-école devient une expérience marquante, préparant les étudiants aussi bien sur le plan académique que personnel, pour la suite de leur parcours. 

Un nouveau nom pour le département !

Le Département a récemment pris le nom de Département d’archéologie et sciences de l’art. Selon Mathieu Piavaux, professeur à l’UNamur et ancien directeur du département ayant contribué au projet, « ce changement visait deux objectifs. Premièrement, mettre en évidence une approche très pratique de l’archéologie, fortement mise en avant dans notre démarche pédagogique et dans l’activité scientifique du département. Que ce soit dans les cours dédiés aux méthodes de l’archéologie, à la technologie des objets et de l’architecture, mais aussi dans les travaux pratiques des étudiants comme dans les cours donnés en partie in situ. Deuxièmement, privilégier une appellation d’origine germanique, "sciences de l’art" (Kunstwissenschaft), qui recouvre un domaine beaucoup plus vaste que l’histoire de l’art stricto sensu et apparaissait donc mieux adaptée à la diversité des approches de nos disciplines, qui comptent par exemple la muséologie ou encore la conservation du patrimoine. Cette nouvelle appellation révèle aussi la polyvalence du département, impliqué dans des masters de spécialisation liés à la gestion et à la conservation du patrimoine. Enfin, le fait de mettre "sciences" dans le nom, est aussi un clin d’œil à la Faculté des sciences, avec laquelle nous collaborons régulièrement compte tenu de l’interdisciplinarité inhérente à nos disciplines. Tout cela représente un beau travail d’équipe, une belle dynamique collective qui permet ce genre d’évolution. Se redéfinir ensemble et faire évoluer notre identité est toujours enthousiasmant. » 

Cet article est tiré de la rubrique "Tomorrow learn" du magazine Omalius #35 (Décembre 2024).

Visuel de Omalius #35 - décembre 2024

Egypte : comprendre la rénovation du kiosque du temple d’Amon-Rê grâce à une recherche de l’UNamur

Histoire de l'art et archéologie
Publication

Expert en égyptologie, le Professeur René Preys, membre de l’Institut Paths et du Département d’histoire de l’art et archéologie de l’UNamur, vient de publier un ouvrage qui examine les restaurations du kiosque de Taharqa une contribution essentielle de la période kouchite (746 655 av. J.-C.), du temple d’Amon-Rê à Karnak, en Egypte.

2 chercheurs qui lisent des hiéroglyphes

Intitulé "The Kiosk of Taharqa. The Ptolemaic Decoration," l’ouvrage est publié par l'Institut Français d'Archéologie Orientale. Cette publication est le résultat d'une collaboration entre le Centre franco-égyptien d'Étude des Temples de Karnak (CFEETK) et le professeur René Preys.

Dans ce projet, le CFEETK est responsable de la fouille, de la restauration et de l’étude du temple d’Amon à Karnak. De son côté, les recherches du Professeur René Preys, se focalisent sur les monuments de l'époque gréco-romaine situés sur l'axe principal du temple d'Amon, entre le premier pylône et le Sanctuaire de la Barque.

Un premier volume publié en 2021 se consacrait à la porte ptolémaïque du deuxième pylône. Le deuxième volume se penche sur les restaurations ptolémaïques du Kiosque de Taharqa situé sur le parvis du temple. L'ouvrage examine les ajouts réalisés durant l'époque gréco-romaine. « Taharqa (690-664 BCE) est l'un des rois nubiens à l'origine du monument, mais les évolutions ultérieures ont été le fait des Ptolémées, parmi lesquels figure Cléopâtre », précise le Professeur René Preys.

L'ouvrage repose sur la photogramétrie, une technique qui utilise une série de photos très précises superposées pour capturer tous les détails. Cette méthode photographique revêt une grande importance, car une fois dégagés, les monuments se dégradent rapidement en raison de l'exposition au soleil, au vent, au sable et à la pollution atmosphérique notamment. À partir de ces photos, l'auteur crée des dessins qui sont ensuite analysés et interprétés dans l'ouvrage.

Ce livre est le fruit du travail d'une équipe collaborative, comprenant notamment Martina Minas-Nerpel, Professeur d'Égyptologie à l'Université de Trier.

La publication de ces deux ouvrages a reçu le financement du Fonds Spécial de Recherche de l’UNamur. Dans ce cadre, des étudiants en égyptologie peuvent participer à un nouveau projet de recherche mené par le Professeur René Preys, à Dendera.

Par ailleurs, René Preys a reçu un Excellence Of Science (EOS) du FNRS pour le projet AGROS : Agriculture, diet and nutrition in Greco-Roman Egypt. Ce projet est mené au sein du pôle de recherche Acanthum du département d'Histoire de l'Art et d'Archéologie. Il se penche sur les régimes alimentaires en Égypte durant la période gréco-romaine en utilisant une collection unique de vestiges archéologiques de plantes et d'animaux conservée au Kelsey Museum of Archaeology (États-Unis). Le projet EOS rassemble un consortium de chercheurs de diverses institutions, avec René Preys comme promoteur principal du groupe de recherche de l'UNamur. Le projet se focalise principalement sur les données alimentaires provenant des temples et des tombes de l'Égypte gréco-romaine. Le financement du FNRS permet de financer deux chercheurs post-doctorants sur une période de trois ans.

Plus d'info sur l'institut PaTHs

Le film "Specularia" primé aux USA

Evénement
Histoire de l'art et archéologie
Prix

Le documentaire produit dans le cadre du projet de recherche en archéologie expérimentale, "Spécularia", se voit récompensé d’un prix dans un festival américain, organisé par l’University of Pittsburgh et l'University of South Carolina!  

Visuel Specularia

Comprendre comment les romains produisaient leurs vitres : tel était l’objet du projet de recherche Spécularia, mené par l’UNamur dans le cadre thèse de doctorat de Géraldine Frère, chercheuse en archéologie au sein de l'Institut Patrimoines, Transmissions, Héritages (PaTHs).   

Aujourd’hui, une nouvelle récompense vient d’être attribuée à l'équipe du projet Specularia : le documentaire réalisé par Philippe Axell et coproduit par l'UNamur et l'Archéoparc de Malagne a été récompensé d'une "Honorable Mention" lors de l'Arkhaios Film Festival organisé par l'University of Pittsburgh et l'University of South Carolina !  

Le film concourrait dans la catégorie Best Cultural Heritage Short Film sous le titre "Specularia. Glass windowpanes in Roman times". Il est donc l'un des trois films primés dans cette catégorie qui récompense les court-métrages documentaires relatifs au patrimoine culturel.  

Cette récompense souligne la qualité de cet exercice de médiation scientifique par le prisme du cinéma, qui résulte d'une fructueuse collaboration entre le réalisateur Philippe Axell, Malagne, l'archéoparc de Rochefort, et les membres de l'Université de Namur.  

Percer le mystère des vitres romaines : de la recherche scientifique au documentaire

Comment étaient produites les vitres à l’époque romaine ? Cette question est au centre du projet de recherche Specularia, mené par Géraldine Frère, chercheuse au sein de l'Institut Patrimoines, Transmissions, Héritages (PaTHs) et du Département d’archéologie et sciences de l'art, en collaboration avec Malagne, l’archéoparc de Rochefort. Après une phase d’expérimentation in situ et une analyse des résultats, le projet a connu une nouvelle étape avec la diffusion d’un documentaire. L’occasion de découvrir cette aventure scientifique en images ! Le premier rendez-vous était le 1er décembre 2023, au P’tit Festival d’archéologie de Rochefort.

Specularia, c'est un projet d'innovation scientifique mêlant recherche et artisanat. Il s'inscrit dans la thèse de doctorat de Géraldine Frère, intitulée « De sable à fenêtre. Productions et consommation du verre à vitre entre les Ier et IVe s. en Gaule septentrionale ». Au travers de ce travail, la chercheuse cherchait à comprendre les éléments qui ont conditionné l'industrie du verre à vivre au temps des Romains, mais également son installation dans l’architecture à cette époque. Concrètement, le projet entendait déterminer par qui, pour qui, comment, où et quand les vitres ont été produites. Pour ce faire, une méthodologie pluridisciplinaire a été mise en place : le projet d’archéologie expérimentale Specularia est l’un des nombreux axes développés afin de percer les mystères de cette industrie.

Après avoir connu diverses étapes préparatoires, l'équipe de recherche avait procédé à une phase d'expérimentation au sein de l’archéoparc de Malagne. Pour ce faire, deux fours de verriers avaient été reconstitués sur le site. En juillet 2023, épaulée par des artisans verriers, l'équipe scientifique avait participé à la fabrication des vitres. Une phase d’expérimentation scientifique rigoureuse, qui s’est aussi déroulée sous le regard de nombreux visiteurs.

Le travail de Géraldine Frère s'est poursuivi avec l’analyse des données récoltées, comparées au matériel archéologique, pour aboutir à l'étude scientifique la plus récente et la plus approfondie à ce jour sur la production du verre plat à l'époque romaine dans nos régions.

Un projet qui a été suivi, étape par étape, par le réalisateur Philippe Axell afin de réaliser un documentaire permettant de faire connaître cette aventure scientifique en Belgique et à l’international ainsi que la replacer dans le contexte plus large de l’histoire et de l’archéologie du verre.  

La bande annonce du documentaire

Visuel du documentaire Specularia

Les différentes étapes de l'expérience en images

Le crowdfunding

Le projet Specularia a impliqué l’achat de fournitures peu habituelles pour des recherches en laboratoire : argile réfractaire, tuiles, sable de rivière… Pour rassembler les fonds nécessaires, l’UNamur a lancé un crowdfunding. Une opération réussie grâce à la mobilisation des alumni, donateurs, donatrices, amis et amies de l'UNamur et de plusieurs soutiens : AGC Glass Europe, le Musée du Verre de la Ville de Charleroi ainsi que la Loterie Nationale et ses joueurs. L'UNamur remercie l'ensemble des partenaires et soutiens qui se sont manifestés et ont permis de faire de ce projet une réalité !

L’équipe

  • Julian Richard, archéologue et professeur à l’UNamur
  • Géraldine Frère, archéologue
  • Malagne, l’Archéoparc de Rochefort
  • Site et monument classé, Malagne abrite un patrimoine archéologique remarquable. La protection, et la valorisation de ses vestiges par la recherche et la médiation constituent les axes majeurs de ses missions qu’il met en œuvre au travers de reconstitutions, de publications ou de projets d’archéologie expérimentale.
  • Allain Guillot
  • Maître verrier, meilleur ouvrier de France, Allain Guillot est un expert du soufflage à la canne. Il intervient régulièrement auprès des musées et archéologues dans le cadre d’expériences sur les procédés anciens.
  • Les Infondus : Chloé Grevaz et François Dubois
  • Souffleurs de verre et membres de l’Association Française de l’Archéologie du Verre, Chloé Grevaz et François Dubois travaillent en lien avec de nombreux chercheurs, archéologues ou maîtres verriers sur les us et coutumes des artisans d’autrefois. François Dubois a obtenu le titre de meilleur ouvrier de France en 2011.

Les partenaires du projet "Spécularia" 

Les partenaires de Spécularia

Jérôme André: Conservateur du musée des arts contemporains du Grand-Hornu

Alumni
Histoire de l'art et archéologie

Jérôme André (Histoire de l’art et archéologie, promotion 1995) gère et valorise la collection du Musée des arts contemporains du Grand-Hornu (MACS). Au sein de cet ancien site industriel, classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO, il relève le défi de la conservation d’œuvres dont les supports et les formes peuvent être multiples. Il est aussi chargé de la conception et la production des expositions. Au quotidien, il accompagne les artistes, le commissaire et l’équipe du MACS pour créer la scénographie, monter les expositions, et même réaliser des œuvres. Cette année, il a également joué le rôle de commissaire de l’exposition consacrée à Angel Vergara.

Jérôme André

Omalius : Pouvez-vous nous expliquer votre travail au sein du Musée ?

Jérôme André : Je suis responsable du service conservation des œuvres. Notre collection, qui augmente d’année en année, a été initiée avant que le musée existe, par son fondateur Laurent Busine. Dès le début, sa politique d’acquisition et sa volonté de soutenir les artistes contemporains étaient ambitieuses. Son idée était de constituer une collection tournée vers l’extérieur, notamment vers l’international, et inspirée par le lieu où elle allait être installée.

Beaucoup d’œuvres ont été commandées et produites dans le contexte de l’ancien site industriel. C’est par exemple le cas de notre première commande, l’œuvre « Les Registres du Grand-Hornu » de Christian Boltanski, artiste français de renommée internationale. Il s’agit d’une immense installation, comme un mausolée à la mémoire des travailleurs du Borinage, composé de boîtes, d’archives, de photos et de noms. Cette œuvre tisse le lien entre l’artiste, dont les préoccupations sont externes au Grand-Hornu, et les gens de la région, dont les attentes, concernent la mémoire, la transformation progressive du site en lieu d’art et à sa valorisation. Beaucoup d’artistes ont travaillé dans le même sens et ont souligné le caractère particulier et inspirant du Grand-Hornu. À côté des commandes, on achète également des œuvres contemporaines.

En tant que conservateur, mon rôle est d’établir l’inventaire de la collection et les scénarios de vieillissement des œuvres. Comme elles sont plurielles, cela part dans toutes les directions. On conserve aussi bien des plantes, des fossiles, que de la photographie, de la plasticine, de la vidéo et du numérique. On est autant pris par les questions d’obsolescence matérielle, qu’immatérielle. L’art conceptuel demande un travail de conservation différent. Il faut interviewer les artistes, écrire des scénarios pour pouvoir rejouer l’œuvre, réaliser des vidéos… On s’est souvent penchés sur ces questions en collaboration avec des étudiants dans le cadre de leur mémoire.

Un autre aspect de ma fonction concerne la valorisation de la collection, qu’on n’expose pas en permanence ici. On l’a donc intégrée dans des catalogues plus larges qu’ils soient français, européens ou wallons. On gère les œuvres qui sortent et celles qui rentrent. On les accompagne aussi pour qu’elles soient présentées dans les meilleures conditions. Cela demande beaucoup de déplacements. 

Le MACS

Situé sur le site de l’ancien charbonnage du Grand-Hornu (classé au Patrimoine mondial de l'humanité par l’UNESCO), le Musée des Arts Contemporains de la Fédération Wallonie-Bruxelles (MACS) a ouvert ses portes en 2002. Avec le centre d’innovation et de design (CID), il constitue l'un des pôles culturels axés vers la pluridisciplinarité des arts.

O. : Vous êtes aussi chargé de la conception et la production des expositions ?

J. A. : Oui, j’accompagne le commissaire de l’exposition et l’artiste dès le début du projet. Ensuite, je gère la scénographie. Dans certains cas, il faut prévoir des aménagements particuliers et pouvoir s’adapter aux œuvres d’art. Puis, il y a tout l’aspect logistique : le choix des matériaux, des prestataires, le montage de l’exposition en tant que telle. Tout ce travail se mène en équipe.

Parfois, nous sommes parties prenantes de l’œuvre. L’artiste la conçoit, mais s’appuie sur nous pour la réalisation technique. Pas pour des peintures ou des photographies évidemment, mais pour des projets monumentaux.

En tant que conservateur, mon rôle est d’établir l’inventaire de la collection et les scénarios de vieillissement des œuvres.

Jérôme André Conservateur au MACS

O. : Quelles expositions et quels artistes vous ont le plus marqué ?

J. A. : C’est chaque fois passionnant parce qu’on est en première ligne avec l’artiste. Le projet avec Christian Boltanski était intéressant. Je me souviens aussi très bien de l’exposition de Tony Oursler, artiste new-yorkais. Je travaillais de jour comme de nuit étant donné le décalage horaire. Un autre artiste américain m’a impressionné : Matt Mullican. Je l'ai rencontré à l’aéroport à Bruxelles où il était en transit. Il était hyper pragmatique et professionnel, comme Oursler d’ailleurs. Il connaissait mes questions avant même que je les lui pose. J’ai aussi apprécié la collaboration avec Lise Duclot, dont j’ai réalisé l’exposition et dont le musée a acquis une œuvre d’art. J’ai également beaucoup échangé avec Angel Vergara, dont l’œuvre est actuellement exposée. Abdel Abdessemed m’a aussi marqué par son énergie et ses projets énormes. Il a par exemple fait une tresse avec un avion, présentée au Centre Pompidou. Il m’avait dit à l’époque « Pas besoin de projet pour réaliser des œuvres » alors qu’elles nécessitent des investissements considérables. C’était une personnalité assez impressionnante. Et quand je l’appelais, il se faisait passer pour son assistant. C’était drôle !

O. : Quels conseils donneriez-vous aux étudiants qui veulent travailler dans le domaine de l’art contemporain ?

J. A. : Je les inviterais à être curieux de tout, parce que l’art contemporain est connecté à notre environnement immédiat et à notre quotidien. Je leur conseillerais aussi de ne pas hésiter à se confronter et à faire des stages. Étonnamment, je reçois plus de stagiaires qui viennent de l’étranger que de Belgique. Enfin, je dis toujours aux étudiants qu’avant de trouver une place en institution, il est intéressant d’être indépendant pour diversifier les expériences et les travaux. Personnellement, ça m’a permis d’écrire, de faire des visites guidées, des photos, etc.

O. : Que retenez-vous de votre parcours à l’UNamur ?

J. A. : La première chose que j’ai envie de souligner ce sont les liens forts que j’ai pu nouer à Namur. Je revois encore certains étudiants même après 30 ans ! C’était inhérent à la taille humaine de l’université, à la proximité qu’on pouvait avoir avec les professeurs et entre étudiants.

D’un point de vue académique, c’était assez appuyé, avec des professeurs comme Pierre-Jean Foulon qui nous a montré des œuvres très contemporaines, ou Claire de Ruyt qui nous a emmenés à la découverte de l’antiquité. Le spectre était large. Je pense aussi au travail de fin de cycle qui consistait à réaliser une visite guidée lors d’un voyage. Je ne sais pas si les étudiants d’autres universités ont vécu ce genre d’expérience, mais c’était enrichissant.

O. : Avez-vous un souvenir particulier à nous raconter ?

J. A. : On avait réalisé une chouette exposition à la Bibliothèque, en collaboration avec Jean-Pierre De Rycke. C’était une manière de rentrer dans du concret. Benoît Poelvoorde était venu. On l’avait ensuite invité au cercle et il avait été ingérable ! D’une manière générale, les activités au cercle sont aussi de bons souvenirs.

Les études en histoire de l'art et archéologie à l'UNamur

Cet article est tiré de la rubrique "Alumni" du magazine Omalius#30 (Septembre 2023).

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Cérémonie officelle de rentrée académique 2025-2026

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