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Enseignement à distance d’un cours de "Sources et principes du droit" adressé à un grand groupe au départ de vidéos et de travaux hebdomadaires

Lors du confinement, Elise Degrave a conçu un cours à distance fondé sur une diversité d’outils pédagogiques : vidéos avec exercices intégrés, dépôt de travaux hebdomadaires, voting et gamification… L’objectif ? Maintenir les étudiants dans un rythme de travail régulier

Mots-clés : classe inversée, regarder une vidéo, étude de cas, recherche d'informations

Retour d’expérience par Elise Degrave, Professeure en Faculté de droit

Pouvez-vous résumer en une phrase ce que vous retenez de vos expérimentations pédagogiques à distance ?

Une envie très forte de créer du lien et de me montrer présente malgré la distance (wooclap permet des choses intéressantes à cet égard via les exercices « au rythme du participant » et via les sondages), et dans le contexte covid, de distiller de la bonne humeur là où il y en a si peu.

Dans quel contexte se situe cette expérience d’enseignement à distance ?

En bac 1 en faculté de droit pour le cours de "Sources et principes du droit". Il concerne environ 450 étudiants.

Qu’avez-vous mis en place ?

Avec un groupe de 450 étudiants, lorsque j’ai dû enseigner à distance, j’étais assez contrainte. TEAMS n’était initialement pas disponible et, par ailleurs, sans l’extension Life event, on ne sait pas l’utiliser avec de si grands groupes. Je souhaitais malgré tout rester autant que possible proche de ce que l’on fait d’habitude à ce cours et garder les étudiants dans le rythme. Alors voilà ce que j’ai proposé.

J’ai basculé le cours sous le format de capsules vidéos d’une durée d’environ 20 minutes. J’en réalisais 4 pour l’équivalent d’une séance de cours (chaque heure était divisée en 2 parties). J’ai utilisé le système de Powerpoint commenté. C’est vraiment simple à utiliser. J’y ai intégré mon visage ; je trouve que cela humanise la vidéo et que c’est plus motivant pour les étudiants. Bon je leur ai dit que si cela dérangeait certains de voir ma tête, ils pouvaient aussi simplement coller un post-it dessus ! Selon les retours que j’ai reçus des étudiants, ils apprécient le fait de voir la tête du prof.

Après, il fallait qu’ils visionnent ces vidéos et pour cela j’ai placé un incitant. Au sein des vidéos, j’ai glissé des exercices, des cas pratiques, des demandes de recherche d’informations sur internet qu’ils devaient me rendre pour le cours suivant, en déposant leur production via l’outil Devoir de WebCampus. Que ces préparations soient bien faites ou pas, s’ils les avaient toutes réalisées de manière complète et déposées à temps, ils obtenaient un point bonus pour l’examen. Cela a très bien marché. Comme je ne pouvais corriger les productions de 450 étudiants, j’en choisissais une chaque semaine au hasard que je corrigeais en suivi des modifications et que je leur transmettais (après anonymisation bien sûr). Ils pouvaient ensuite corriger par eux-mêmes leur devoir. S’ils avaient des questions, ils pouvaient les poser aux assistants lors de rendez-vous TEAMS. Au sein des vidéos (via un lien que je mettais sur webcampus avec l’outil « URL ») je leur proposais également des quizz via WebCampus ou via Wooclap (que j’intégrais via des captures d’écran). Après le cours, ils avaient la possibilité de me laisser leur avis, leurs suggestions via un lien Wooclap (question ouverte). Ils m’ont envoyé beaucoup de retours qui m’ont permis de m’ajuster de semaine en semaine et de garder le moral aussi, car il y avait beaucoup de mots très sympas (on a besoin, nous aussi, de caresses psychologiques 😉). Chaque semaine, j’enregistrais les vidéos la veille. Elles chargeaient la nuit et étaient prêtes et disponibles à l’heure du cours.

Autre chose, j’ai l’habitude d’utiliser l’outil Kahoot en cours. C’est un outil de voting gratuit qui a l’avantage d’être assez ludique (musique, couleurs, podium final). Les étudiants s’y inscrivent en se donnant un pseudo (parfois drôle) et, au fil des questions, on peut afficher un classement des répondants. On peut intégrer de la musique pendant qu’ils répondent. C’est fun et en même temps il y a un esprit de concours que les étudiants apprécient généralement. À la fin du cours, j’ai l’habitude d’afficher le classement et on applaudit tous ensemble les meilleurs répondants. J’ai appris à utiliser Kahoot à distance. Chaque jour où nous avions normalement cours, je leur posais 5 questions sur le cours précédent. J’ouvrais le vote à 10h30 et je le fermais à 18h. Certains répondaient plusieurs fois pour être parmi les mieux classés. J’ai eu des plaintes d’autres étudiants. Moi je leur ai dit, s’ils font les exercices 15 fois, tant mieux !

Comment as-tu adapté ton évaluation ?

J’ai fait un écrit assez habituel. Normalement, ils ne pouvaient pas avoir leur cours, mais j’ai décidé de ne pas contrôler cela via les contrôles vidéos. Je n’avais pas envie de « fliquer », d’autant que cela n’empêche pas l’étudiant de tricher (sur un autre écran par exemple, avec un membre de la famille caché dans la pièce, etc). J’ai opté pour un système de réponse en ligne question par question. Ils avaient chaque fois un temps limité (entre 5 et 20 minutes) par question ; le timing était déterminé, et communiqué à l’avance, à la minute près. Entre chaque question, ils avaient une petite pause. La question suivante apparaissait à l’heure annoncée. J’avais aussi fait 6 questionnaires différents pour limiter la tricherie.

Quels sont les éléments positifs de ce dispositif pour les étudiants ?

Je pense qu’ils ont été davantage confrontés individuellement aux exercices que je leur soumettais. En amphi, ils discutent entre eux, ils ne répondent pas forcément individuellement ni sérieusement. Là, ils n’avaient pas de copains pour souffler les réponses et ils avaient du temps pour le faire sérieusement.

Et c’est un peu la même chose pour les devoirs. Ils étaient incités à corriger eux-mêmes leur devoir au départ de la correction du prof. Ils pouvaient voir comment le professeur corrige, ce qui était moins présent dans le système antérieur.

Enfin j’ai aussi profité de la situation pour proposer aux étudiants des exercices un peu différents (de la recherche d’information sur internet, de la recherche dans le syllabus…) que je n’avais pas la possibilité de faire lors du cours en présentiel.

Les principaux intérêts de cette expérience pour le prof ?

Il y a plusieurs choses. Le plus important, je dirais c’est d’être parvenu à sortir de cette situation quand même très difficile pour tout le monde et à faire que le bateau ne coule pas. J’aime les défis. Il fallait apporter de la joie de vivre. D’ailleurs, je plaçais souvent une blague ou l’autre à la fin des vidéos et ils appréciaient. J’ai même créé un google drive partagé où ils pouvaient déposer leurs propres blagues !

Un autre avantage, c’est que j’ai approfondi la maîtrise de différents outils dans le cadre du travail à distance : kahoot, wooclap, powerpoint… L’utilisation de Wooclap pour évaluer les cours à la fin des vidéos était vraiment riche et utile. J’ai le sentiment que ça a beaucoup plus de sens pour les étudiants que les évaluations institutionnelles de fin d’année.

Enfin j’ai fondamentalement découvert une nouvelle façon d’enseigner que je vais ré-exploiter. Pour un autre cours, en HD, j’envisage un scénario hybride mêlant un cours présentiel et un cours en distanciel accompagné ; c’est-à-dire des capsules mêlant théorie, exercices, recherches sur internet etc… Le présentiel sera consacré aux notions qui suscitent les débats, les échanges et qui sont riches à travailler collectivement. Les notions plus techniques seront vues via des vidéos.

Les limites principales ?

Cela prend tout de même du temps de réaliser ces vidéos, essentiellement parce qu’il faut refaire les diapos, intégrer des exercices, etc. Mais bon, l’avantage c’est que quand tu te plantes sur une dia, tu ne dois pas tout recommencer, tu réenregistres juste la dia.

A refaire, est-ce que tu modifierais quelque chose ?

Je pense que j’intégrerais des sessions de cours en direct, à la condition que life event soit disponible.

Quel est le plus gros plantage du dispositif ? Une anecdote ?

Il y a plusieurs choses. Un exemple de plantage : mon discours de fin d’année en étant émue, avec mes mômes qui se disputaient derrière.

Toutefois, le plus gros plantage c’est celui-ci. J’ai fait une blague en leur recommandant cette « nouvelle méthode pédagogique ». J’ai reçu des mails d’étudiants me demandant plus d’informations car ils trouvaient cela intéressant et allaient envoyer des sms au grand guérisseur… J’ai pris conscience que le public était assez « captif » et prêt à croire n’importe quoi.