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Enseignement à distance et enseignement hybride - Réalisation de vidéos en économie industrielle

Depuis 2017, le Professeur Eric Toulemonde expérimente ponctuellement l’usage de capsules vidéos dans le cadre de son cours d’économie industrielle à destination d’étudiants HD. Dans le cadre du confinement, c’est l’ensemble du cours qui a évolué dans ce format. Le bilan de cette expérience apparaît très positif. Ce dispositif a permis à une large part des étudiants d’acquérir la matière en autonomie avec un minimum de décrochage.

Mots-clés : capsules vidéo, Teams

Retour d’expérience par Éric Toulemonde, Professeur au département Economie et Gestion à Horaire Décalé

Pouvez-vous résumer en une phrase ce que vous retenez de vos expérimentations pédagogiques à distance ?

La vidéo, à condition que l’on prenne le temps de l’élaborer avec un certain soin, est un outil riche et pertinent pour permettre aux étudiants d’acquérir par eux-mêmes les notions de mon cours. A utiliser toutefois de façon raisonnée, car le présentiel et l’interaction restent importantes dans un parcours de formation.

Dans quel contexte avez-vous été amené à enseigner à distance ?

Il y a eu deux grands moments qui m’ont amené à utiliser l’enseignement à distance. Récemment, bien sûr, il a eu l’épisode du confinement. Mais en réalité j’avais déjà fait un pas dans cette direction en 2017, suite à une réduction du nombre d’heures allouées à ce cours.

Initialement, j’enseignais sur la base de slides à la fois complètes et synthétiques, en posant régulièrement des questions aux étudiants et en les mettant au travail via des exercices que nous corrigions ensemble.

En 2017, pour continuer à couvrir la matière, j'ai réalisé quelques capsules vidéo. Les étudiants étaient invités à les visionner après une séance de cours consacrée à la matière. Les vidéos se substituent à des séances que je ne donne plus. Au cours suivant, ils pouvaient poser leurs questions.

Pour réaliser ces vidéos, j’ai appris à manipuler le logiciel Camtasia (merci à la cellule TICe pour l'aide apportée). J'ai repris les slides existantes que j'ai retravaillés pour m'assurer que le défilement des parties de slides allait correspondre à la parole que j'allais y ajouter.

Malgré ma réticence, j'ai appris que les étudiants apprécient voir l'image du narrateur incrustée dans les slides : cela rend la capsule plus vivante, plus humaine et cela aide à capter l'attention. Ces capsules ont des durées variables (en général un peu plus de 10 minutes mais une capsule en fait 20). Le retour des étudiants était très positif, même pour la capsule de 20 minutes. Ils appréciaient particulièrement le fait de pouvoir visionner les capsules quand ils en ont le temps (pour rappel ils travaillent et ont une vie de famille) et le fait de pouvoir réécouter les séquences pour lesquelles ils avaient baissé leur attention (ils visionnent souvent ces capsules en soirée).

Progressivement, j’ai exploité les capsules vidéo à un autre niveau. Traditionnellement, je terminais ce cours en leur proposant de résoudre chez eux plusieurs exercices issus des examens antérieurs. Nous corrigions ces exercices lors de la dernière séance de cours. Malheureusement, faute de temps, beaucoup d'étudiants n'essayaient pas de résoudre les exercices et venaient assister passivement à la séance. Ils passaient à côté de l'intérêt pédagogique de la séance. J'ai donc choisi de réaliser des capsules qui présentent ces exercices pas à pas, sur le même mode que les autres capsules vidéos. J'insiste auprès des étudiants pour qu'ils ne visionnent pas les capsules avant d'avoir essayé de résoudre les exercices par eux-mêmes, mais j'ignore si mon conseil est suivi.

Ainsi, suite à cette expérience positive et face à la nécessité de me lancer à partir du 16 mars dans de l’enseignement à distance, J'ai décidé de tout basculer vers la vidéo ; sachant que Teams n’était d’ailleurs pas encore disponible. Concernant les exercices que je résolvais habituellement avec les étudiants au tableau, j'ai également réalisé des capsules au sein desquelles j’ai intégré des moments de pause (une icône « pause » était incrustée) les invitant à répondre tout d’abord eux-mêmes aux questions posées. Ils accédaient à la réponse en reprenant la lecture de la vidéo.

Pour construire ces slides, j'ai beaucoup utilisé la fonction "Prendre un instantané" dans Adobe Reader qui permet de sélectionner sous forme d'images des petits morceaux d'un document pdf que je positionnais ensuite de façon efficace dans mon fichier PPT, tout en prévoyant de l'espace pour incruster la vidéo me montrant commenter les slides.

Le cours s'est déroulé sous ce format jusqu'à la fin de l'année. Néanmoins j'y ai ajouté des séances de questions/réponses via Teams quand cet outil est devenu disponible. De façon surprenante, très peu d'étudiants se sont connectés pour ces séances et ceux qui l'ont fait m'ont dit qu'ils n'avaient pas de questions parce que le cours était très clair.

Quels avantages et quelles limites percevez-vous à cette solution de l’EAD par vidéos ?

L’avantage principal tient certainement à la souplesse de visionnement d’une vidéo : à leur rythme, quand et où ils le veulent… J'ai l'impression que certains étudiants qui auraient laissé tomber ce cours pour la première session s'il avait été donné en présentiel (parce qu'ils n'auraient pas pu assister à plusieurs séances) n'ont pas abandonné cette année, sans doute parce qu'ils ont pu "assister virtuellement" à toutes les séances en visionnant les capsules au moment qui leur convenait le mieux. Seuls 12,5% des étudiants n'ont pas présenté l'examen en juin alors qu'on était proche de 50% pour les deux dernières années. Sur ce plan, l'expérience s'avère donc très positive. Enfin, ces vidéos sont des ressources recyclables qui permettraient à l’avenir de réduire le nombre de séances en présentiel, ce qui peut être précieux pour des étudiants HD qui n'ont pas la possibilité d'assister à toutes les séances de cours. Quelques séances en présentiel pourraient être consacrées à des illustrations complémentaires. Je reste persuadé que les étudiants ont besoin de se retrouver de temps en temps en présentiel, ne fut-ce que pour se motiver mutuellement ou pour déconnecter de leur environnement familial et professionnel.

Pour ce qui est des limites, je dirais en premier la charge de travail. Pour arriver à un résultat qui me satisfait j'ai dû consacrer beaucoup de temps à la création de ces capsules, un temps sans commune mesure avec le temps passé en présentiel pour donner le cours. La réalisation de vidéos implique de retravailler les slides de façon à s'assurer d'une adéquation entre l'écran et la parole. En m'enregistrant, il m'est arrivé de me rendre compte que je n'étais pas clair ou qu'il manquait de l'information sur les slides. Je stoppais ainsi l'enregistrement pour retravailler les slides et je recommençais ensuite l'enregistrement. J'ai chaque fois visionné le résultat "final", ce qui m'a parfois amené à apporter de nouvelles corrections et de nouveaux enregistrements. Il y a aussi le risque de figer excessivement un cours dans des capsules "vieillissantes". Vu le travail que cela implique on risque de ne plus trop avoir envie de le modifier. Le côté technique (presque intemporel) du cours atténue néanmoins le risque. Ensuite, évidemment il y a un certain manque d’interaction. J'ai ressenti assez mal l'absence d'interaction avec les étudiants. Habituellement j'arrive à me faire une bonne idée de leur compréhension du cours; ce n'était pas le cas ici (dans un premier temps parce que Teams n'était pas fonctionnel et dans un second temps parce que les étudiants se contentaient de courtes sessions Teams pour dire "tout va bien"). J'ai donc avancé à l'aveugle et cela s'est bien terminé; je ne suis pas sûr que cela se serait passé aussi bien avec un cours que je n'aurais pas enseigné quelques fois au préalable. Enfin, je n'ai pas pu illustrer la matière de quelques exemples d'actualité et je n'ai pas pu susciter la prise de parole chez les étudiants pour qu'ils illustrent le cours, sur base de leur expérience professionnelle par exemple.

A refaire qu’est-ce que vous changeriez en priorité ?

Je donnerais la première séance via TEAMS, une séance « contact » et introductive. J’ajouterais des séances TEAMS chaque semaine après le visionnement des capsules. Je pense aussi qu’il faudrait réduire la longueur de certaines capsule (40 min parfois) dont la matière ne se prêtait pas facilement à un découpage en petites sections.

Quels conseils donneriez-vous à un enseignant qui souhaite se lancer ?

Je pense qu’il est plus facile de se lancer dans la réalisation de capsules vidéos quand on connaît déjà très bien son cours et qu’on l’a donné plusieurs années. Cela permet de se donner une première base de slides à la fois complètes, claires et synthétiques. Ensuite, je dirais qu’il faut prêter un grand soin à la qualité des vidéos. J’ai le sentiment que si la capsule n’est pas claire, s’il y a des hésitations, si le débit est trop lent (comme un cours filmé), les étudiants vont décrocher. Une capsule courte et dense évite le risque du sentiment de perdre son temps. J’ai aussi entendu que les vidéos réalisées par powerpoint commenté étaient moins appréciées des étudiants.