Aller au contenu. | Aller à la navigation

Université
Facultés
Études et Formations
Recherche
Service à la société
International

Enseignement à distance d’un cours de chimie au départ de vidéos, de séances live et de labos à distance

Lors du confinement Diane Baillieul, Isabelle Ravet et leurs assistants ont exploré l’enseignement à distance. Plusieurs solutions ont été explorées : les capsules vidéos, le live via TEAMS et les labos à distance (au départ de documents PDF). Une difficulté tenait à l’impossibilité d’utiliser le tableau, ressource importante pour un cours de chimie (équations, molécules à dessiner, exercices…). La solution a été de filmer des feuilles complétées au fur et à mesure par l’enseignant. Les capsules réalisées grâce au média serveur permettaient de visionner ces feuilles en même temps que le powerpoint du cours. Les séances live réalisées par les assistants ont exploité la co-animation au départ de TEAMS : un assistant complétait les équations sur la feuille filmée, pendant que l’autre, face caméra, commentait ces développements. Des labos à distance ont également été imaginés.

Mots-clés : capsules vidéo, Teams, co-animation, forum

Retour d’expérience par Diane Baillieul, Professeure en Faculté des sciences

Pouvez-vous résumer en une phrase ce que vous retenez de vos expérimentations pédagogiques à distance ?

Nous avons appris un autre métier, celui de l’enseignement à distance. Il a fallu maîtriser en un temps record de nouveaux outils, ce qui a demandé d’investir beaucoup de temps, d’énergie, de la persévérance, de la motivation… mais cela en valait la peine.

Dans quel contexte avez-vous été amené à enseigner à distance ?

Au second quadrimestre, lorsque nous avons été contraints à rester confinés, nous avons eu recours à des capsules vidéos pour donner nos enseignements. Les cours concernés étaient ceux de chimie organique donnés aux étudiants Bloc 1 médecine vétérinaire, aux étudiants Bloc 1 sciences chimiques ainsi qu’aux étudiants de Bloc 2 Ingénieurs de gestion. Les capsules variaient car la matière et surtout l’approfondissement de celle-ci diffèrent selon ces publics.

À l’aide de notre correspondant informatique, Laurent Demelenne, nous avons appris à réaliser des capsules via l’outil média-serveur. Nous avions le problème que l’enseignement de la chimie nécessite l’écriture d’équations, de structures de molécules ou de schémas au tableau. Les PowerPoint ne sont guère adaptés pour cela et les outils numériques dont nous disposions permettaient difficilement d’obtenir un enregistrement de qualité d’un tableau (nous ne disposions ni de TBI, ni de tablettes). Nous avons eu l’idée de fixer des caméras sur les statifs, ces supports métalliques qui permettent de suspendre nos accessoires de chimie au laboratoire. La caméra filme alors une feuille qui remplace le tableau et qui est complétée progressivement par l’enseignant (dont on ne voit que la main).

Parallèlement, un Powerpoint était projeté et commenté. Les étudiants visualisaient donc les deux images sur leur écran : la feuille complétée par la main de l’enseignant et le Powerpoint ; la voix commentant tantôt l’un tantôt l’autre. Le système est dynamique pour les étudiants car il leur permet d’agrandir à leur guise l’une ou l’autre de ces images. La durée des capsules, longues au début, a fortement diminué au fil des semaines ; d’une durée d’une heure et demie, elles sont passées à 30 minutes.

Concernant le rythme de travail, j’ai essayé de respecter l’horaire initial du cours, même si, au début, cela n’a pas été évident en raison du retard pris suite à des problèmes informatiques. Je les tenais au courant régulièrement de l’avancée dans la matière, des capsules à venir. Je laissais les vidéos accessibles une semaine pour les inciter à visionner et éviter la procrastination.

Au niveau des séances d’exercices (TD), les assistants ont réalisé des petites capsules sur base de Powerpoint commentés sur des exercices résolus, étape par étape. Les étudiants avaient en plus reçu des exercices à faire chez eux avec un solutionnaire fourni (au format PDF).

Pour maintenir une interaction avec les étudiants, le forum a été utilisé. Certains TD ont eu lieu en live sur TEAMS où certains étudiants posaient leurs questions ; les questions posées sur le forum ont été exploitées à ces occasions. Pour le cours, deux séances live de questions-réponses ont eu lieu mais très peu d’étudiants étaient présents.

Enfin il a fallu relever le challenge des séances de labos ; élément important pour un cours de chimie. Pour cela, nous disposions déjà de vidéos préparatoires aux labos qui permettaient de visualiser ce que les étudiants allaient faire (manipulations…). Afin qu’ils exercent leurs compétences d’analyse de résultats, nous avons produit des documents relatant les différentes observations réalisées au fil du labo : « Lors de la distillation, la température du laboratoire s’élève à 21,6 °C pour une pression de 1021 hPa. A la fin de l’étape de prélèvement, le thermomètre affiche une température de 74,9°C, soit 4,8 °C de plus que lors de l’écoulement de la première goutte. » Parmi l’ensemble de ces descriptions, les étudiants devaient identifier les informations pertinentes (des distracteurs étaient prévus), interpréter les résultats (avec notamment l’interprétation d’observations transmises sous forme de photos) et rédiger un rapport (qu’ils déposaient ensuite sur WebCampus). Afin de limiter la tricherie, nous avons proposé plusieurs versions avec des données (résultats) différentes.

Pour les cours donnés aux ingénieurs de gestion, il a fallu imaginer une solution aux présentations des travaux collectifs. Les séances live sur TEAMS ont vraiment bien fonctionné pour cela. Nous avions créé des canaux pour chaque groupe. Chaque étudiant avait un temps de parole pour présenter une partie du travail en partageant un PowerPoint préparé. Ensuite, les membres du jury ont pu chacun à leur tour poser leurs questions aux étudiants de leur choix. C’était vraiment très intéressant.

Plus récemment, cet été, il a également fallu basculer les cours préparatoires en enseignement à distance. Traditionnellement, ce dispositif repose sur quelques heures de cours en grands groupes portant sur des bases théoriques, suivies de séances en petits groupes avec les assistants.

Les cours théoriques ont été transformés en capsules vidéos. Il fallait réaliser des vidéos courtes, mais il s’agissait d’éviter également de multiplier excessivement celles-ci. Une solution intéressante a été d’utiliser la fonction « chapitrage » de média serveur qui permet d’insérer des repères temporels dans la vidéo. Les étudiants peuvent rapidement passer d’un point de matière à l’autre, sans tout visionner. C’est un bon compromis.

Les séances en petit groupe ont été transformées en plusieurs séances de 2 heures de live via TEAMS. L’élément original, ici, c’est que ces séances étaient co-animées par un duo d’assistants. Nous avons profité du fait que TEAMS permet facilement à plusieurs personnes d’être visibles et d’intervenir en même temps. L’étudiant avait la possibilité d’« épingler » l’ assistant qui se chargeait de développer les exercices sur papier qui étaient filmés (à nouveau par une caméra fixée sur statif). Pendant ce temps-là, l’autre assistant apparaît à l’écran et commente le développement qui se réalise.

Quels sont les aspects positifs et moins positifs de ces dispositifs d’enseignement à distance ?

Les étudiants ont apprécié les capsules avec la réserve toutefois qu’ils ne voient pas la tête du prof et que cela perd un côté humain. Cela semble important à un moment donné qu’ils puissent visualiser le professeur. A l’avenir, je tâcherai d’ajouter mon visage aux capsules.

Ce qui est plus compliqué pour les capsules, c’est le côté chronophage : préparer les Powerpoint, élaborer un scénario, et surtout prendre le temps de se familiariser avec la technique… Il y a aussi le manque de contact réel avec l’auditoire : pouvoir se rendre compte en direct de la réaction des étudiants lors d’une explication est capital !

Autre chose de vraiment positif, c’est que nous sommes maintenant mieux équipés et prêts à faire face à la nécessité de l’enseignement à distance. Si, par exemple, pour des raisons diverses, je ne sais pas donner un TD en présentiel, j’ai cette solution. Je suis plus tranquille. J’envisage aussi de réaliser de telles capsules sur les notions les plus difficiles. Elles seront d’ailleurs probablement réutilisées ailleurs.

Un élément qui semble avoir moins marché, ce sont les séances live de questions et réponses. Nous avions 15 à 20 étudiants connectés sur 300. Je pense que beaucoup procrastinaient et ne venaient dès lors pas à ces séances qu’ils n’avaient pas préparées. Cela dit je ne pense pas non plus qu’au final on a eu moins de questions que lors des cours en présentiel. Selon l’expérience des assistants, ce qui fonctionne bien, c’est lorsque l’enseignant interpelle explicitement l’un ou l’autre étudiant.

Qu’est-ce que tu modifierais en premier si tu devais refaire ?

Je dirais produire d’emblée des capsules plus courtes et donner aux étudiants un planning de travail les informant des durées des vidéos.