Depuis 2022, la Faculté de droit fait le choix d’un thème d’année qui réunit toute la Faculté, étudiants et enseignants, tous blocs et programmes confondus. Ce fil conducteur est exploité dans les cours, encadrements, travaux, tournois d'éloquences, conférences et activités pédagogiques et culturelles proposées au fil de l'année académique. Une dynamique enthousiasmante et porteuse de valeurs qui rend toujours un peu plus unique l'encadrement de l'Université de Namur. 

Ainsi, en 2022-2023, nous nous sommes réunis autour de l’ENFANCE & la MIGRATION, en 2023-2024, autour du HARCELEMENT sous toutes ses formes, en 2024-2025, autour de l'INCLUSION, avec l'objectif de permettre à chacun.e de trouver sa place dans la société sans considération de race, sexe, classe sociale, génération, capacité, préférences amoureuses et/ou sexuelles,… Au fil de l'année, nous avons été sensibilisés au racisme, aux LGBTQIA+, aux moins valides, aux personnes âgées ou très jeunes, à la grossophobie, … 

La thématique 2025-2026 : L'environnement, avec le slogan "Réenchantons la Terre"

Logo du fil rouge de la Faculté de droit : Réanchantons la Terre (2025-2026)

Nous avons choisi cette année de mettre au centre de nos initiatives pédagogiques l'ENVIRONNEMENT, un des trois grands piliers du développement durable.

Objectifs

  • Nous réunir (horaire décalé et horaire de jour ; BAC 1, BAC 2 et BAC 3, centres de recherches et masters spécialisés)
  • Plonger dans la pratique et concrétiser les cours
  • Conscientiser que le droit est un (bon) outil au service de valeurs
  • Décloisonner les matières dans une approche transversale
  • Devenir un juriste engagé
  • S’enrichir la tête et le cœur !

Méthodologie

  • Au travers des différents cours, TP, travaux (méthodo et TFC), par une concrétisation de la matière enseignée ;
  • Dans le cadre d’activités complémentaires proposées : rencontre de professionnels du droit, pièces de théâtre, films, débats, ...

Activités

  • Des illustrations et des conférences dans les cours magistraux
  • L'intervention de nombreux spécialistes qui apportent leurs compétences et l'éclairage du "terrain"
  • Des activités facultaires en marge des cours (procès simulé, tournoi d’éloquence, …)
  • Des activités d'engagement citoyen (cette année : vide dressing, donnerie nomade, ... outre la collecte solidaire initiée l'an dernier pour rencontrer les besoins de la population paupérisée de Namur durant l'hiver)
  • Des activités culturelles
  • D'autres activités enrichissantes (concours de réalisation de capsules vidéos de sensibilisation,…)
     

Le Fil rouge des années précédentes

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Logo fil rouge de droit 2024-25

Retour sur le Fil rouge 2024-2025

Découvrez l'article sur les activités proposées dans le cadre du fil rouge de cette année sur notre Newsroom.

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Logo fil rouge de droit 2023-24

Retour sur le Fil rouge 2023-2024

Découvrez l'article sur les activités proposées dans le cadre du fil rouge de cette année sur notre Newsroom.

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Logo fil rouge de droit 2022-23

Retour sur le Fil rouge 2022-2023

Découvrez l'article sur les activités proposées dans le cadre du fil rouge 22-23 sur notre Newsroom.

À la une

Actualités

Éduquer au numérique par la fiction : l’initiative interdisciplinaire du NaDI

Intelligence Artificielle
Transition numérique
Pédagogie
Vulgarisation scientifique
Evénement

Le Namur Digital Institute (NaDI) lance un cycle de rendez-vous originaux : « Les Séances du Numérique ». Des films suivis de débats avec des experts et expertes pour comprendre les défis du numérique et stimuler la réflexion collective. Un projet porté par Anthony Simonofski, Anne-Sophie Collard, Benoît Vanderose et Fanny Barnabé. 

image du film ex_machina

Les Séances du Numérique sont une initiative lancée par le NaDI, l’institut de recherche sur le numérique à l’UNamur. Ce dernier regroupe des chercheurs et chercheuses issues des Facultés de droit, d’informatique et EMCP

Pour stimuler la collaboration interdisciplinaire, le NaDI a lancé un appel à projets. Un des projets retenus ? Les Séances du Numérique, format original où la fiction devient le point de départ d’un débat. Chaque rencontre commence par la projection d’un film, suivie d’une conférence interdisciplinaire sur une question de société liée au numérique. 

Une première Séance du Numérique marquante

Pour inaugurer le cycle, l’équipe a choisi de projeter The Social Network en mai dernier. Le film retrace la création de Facebook par Mark Zuckerberg et le débat portait sur la modération des réseaux sociaux, un sujet brûlant depuis l’élection de Donald Trump. Deux experts ont animé la discussion : Julien Albert, expert du centre PReCISE, et Jérémy Grossman, expert au CRIDS.

Affiche du film "The social network"

Éduquer par la fiction

L’ambition de ces séances est simple : éduquer au numérique par la fiction et confronter des points de vue variés.

Ce format prolonge l’expérience du podcast Pop-Code déjà animé par Anthony Simonofski et Benoît Vanderose, mais avec une dimension supplémentaire : l’interdisciplinarité et l’échange direct avec le public. Après le film, chacun peut interpeller les experts et expertes et enrichir la réflexion.

Et la suite ?

Le numérique sera au cœur des prochaines projections, en s’inscrivant dans une dynamique à la fois collaborative et ancrée dans l’actualité :

  1. En favorisant la collaboration entre plusieurs centres du NaDI pour faire dialoguer les disciplines (comme ce fut le cas lors de la première séance avec le CRIDS et PReCISE).
  2. En rebondissant sur des thématiques liées à l’actualité pour garantir la pertinence des échanges.

Quatre séances seront proposées par an, ouvertes à toutes et tous, avec une priorité : toucher les citoyens et citoyennes. Les films sont là pour donner un rayonnement culturel et scientifique à l’événement.

À terme, l’équipe aimerait diversifier ses formats : projections dans des cinémas comme le Caméo, diffusion de séries, voire des playconférences où l’on joue à un jeu vidéo pendant le débat. L’idée : utiliser la fiction sous toutes ses formes pour lancer la discussion.

L’équipe derrière le projet

  • Fanny Barnabé, chargée de cours au CRIDS / NaDI
  • Anne-Sophie Collard, professeure à la Faculté EMCP
  • Anthony Simonofski, professeur à la Faculté EMCP
  • Benoît Vanderose, professeur à la Faculté d’informatique

En collaboration avec le Confluent des savoirs et l'Administration de la communication

Prochaine séance : 4 novembre – “L’IA a-t-elle une conscience ?”

Projection du film Ex Machina suivie d’un débat avec Isabelle Linden et Benoît Frenay.

Penser, réfléchir : l’être humain est-il encore unique ? 

Derrière la révolution de l’IA, une question se pose : l'IA a-t-elle une conscience ? Pour cette deuxième projection-débat des Séances du Numérique, nous vous invitons à plonger dans le film Ex_machina, un face-à-face troublant entre création et créateur, entre humain et machine, entre futur et humanité. 

Programme : 

  • 17h : Accueil & présentation du film
  • 17h15 :  Projection du film Ex machina
  • 19h05 : Débat « L’IA a-t-elle une conscience ? » (avec Isabelle Linden & Benoît Frenay)
  • 19h45 : fin

Deux experts prendront part au débat : 

  • Benoît Frenay, qui apportera un éclairage sur les logiques d’apprentissage des intelligences artificielles actuelles et les limites de leur « autonomie ». Peut-on vraiment parler d’intelligence sans conscience ? Jusqu’où peut aller l’imitation ?
  • Isabelle Linden, qui interrogera les fondements mêmes de ce que nous appelons « penser » dans une logique informatique. Peut-on créer une machine consciente ? Ou ne sommes-nous que face à des miroirs de nos propres désirs ?
affiche séance du numérique 25.11.04

Intelligence artificielle, un danger pour la démocratie ?

Paroles d'experts
Démocratie

Peut-on encore parler de démocratie lorsque des algorithmes influencent nos choix électoraux ou participent à la rédaction des lois ? Cette thématique est étudiée par Aline Nardi, chercheuse à la Faculté de droit et membre du Namur Digital Institute (NADI). 

 

Aline Nardi

Plusieurs projets visent déjà à confier une partie du travail législatif à l’intelligence artificielle (IA). Si pour l’instant, il s’agit essentiellement d’outils de retranscription des débats parlementaires, de traduction ou d’analyse des archives, des outils de rédaction ou des textes de loi sont également envisagés. Recourir à l’IA peut paraître intéressant : elle peut améliorer la lisibilité ou faciliter la standardisation. Mais, selon ses usages, elle ne respecte pas spontanément les principes fondamentaux du processus législatif tels que la légalité, la proportionnalité ou l’égalité. Ces exigences établies par la Cour constitutionnelle font l’objet de nombreuses décisions jurisprudentielles. Dans le cadre d’une thèse de doctorat, Aline Nardi, les passe au crible pour voir si l’utilisation de l’IA est possible dans les processus législatifs.

Son constat ? « Pour certaines tâches plus critiques, qui dépassent la simple édition, des problèmes se posent ». Elle pointe notamment l’opacité du raisonnement, puisqu’« il est difficile de retracer pourquoi l’IA suggère telle piste à partir de la requête qu’on lui soumet ». Or, dans un État de droit, cheminement législatif doit être transparent et compréhensible afin d’être éventuellement contesté par les parlementaires et les citoyens.

À cela s’ajoutent des enjeux de légitimité démocratique : « La société qui va développer le système utilisé par les assemblées parlementaires peut influencer des décisions extrêmement importantes pour une nation. Un parlementaire est-il encore utile s’il n’est là que pour ratifier des décisions prises par une machine ? », s’interroge la juriste. 

Des élections influencées par l’IA

Côté citoyens, l’IA transforme depuis quelques années déjà les campagnes électorales. Microciblage, désinformation automatisée, manipulation des émotions via les réseaux sociaux : autant d’outils redoutables qui peuvent biaiser le débat public. La campagne présidentielle américaine de 2016 illustre clairement cette problématique. « La société Cambridge Analytica a par exemple ciblé et influencé les électeurs indécis dont les positions pouvaient être orientées au profit de Donald Trump. Environ 20 millions d’indécis ont ainsi reçu des messages sur mesure, tels que des mèmes, des vidéos, des articles de blog en faveur de Trump », rappelle Aline Nardi. Combinée aux réseaux sociaux, l’IA remet donc en cause le droit des électeurs à se forger une opinion à partir d’une information pluraliste et fiable.

Plus récemment, la Cour constitutionnelle roumaine a invalidé l’élection présidentielle de 2024 pour cause d’usage abusif de l’IA et de manque de transparence dans les campagnes numériques. « Cela a affecté le caractère librement exprimé du vote des citoyens et en particulier leur droit d’être correctement informés », explique Aline Nardi

L’Union européenne tente d’agir face à ces dérives. Plusieurs règlements ont été mis en place. Ils visent à encadrer les technologies numériques et à limiter leurs effets néfastes sur l’espace informationnel, notamment lors de processus électoraux. Parmi ces règlements : le Digital Services Act (DSA), le règlement sur l’IA et le règlement relatif à la transparence et au ciblage de la publicité à caractère politique (TTPA). Ces règlements ont d’ailleurs poussé Google et plus récemment Meta, à ne plus autoriser les publicités politiques, électorales et portant sur les enjeux sociaux dans l’Union européenne.

« Il subsiste toutefois une interrogation quant à l’applicabilité, la mise en œuvre concrète et l’effectivité de certaines normes issues des corpus de droit du numérique », alerte Aline Nardi qui appelle à « sortir de ce flou juridique ».

Une année académique placée sous la thématique de la démocratie

Retrouvez le discours prononcé par la Rectrice Annick Castiaux lors de la Cérémonie de rentrée académique 2025-2026.

Discours de la Rectrice à la Cérémonie de rentrée académique 2025-2026

Cet article est tiré de la rubrique "Enjeux" du magazine Omalius #38 (Septembre 2025).

cover-omalius-septembre-2025

Université et démocratie : un lien vivant, parfois menacé

Paroles d'experts
Démocratie

Méfiance envers les institutions politiques traditionnelles et les élus, montée des logiques autoritaires, définancement des services publics… La démocratie semble aujourd’hui traverser une zone de turbulences. Dans ce contexte, quel rôle l’université joue-t-elle ? Pour éclairer cette question, nous avons rencontré quatre chercheurs issus de disciplines différentes : la pédagogue Sephora Boucenna, le philosophe Louis Carré, le politologue Vincent Jacquet, la juriste Aline Nardi. Leurs regards croisés dessinent les contours d’un enjeu plus que jamais d’actualité : penser et défendre le lien entre université et démocratie.

démocratie-visages

La démocratie n’a rien d’un concept figé. Elle fait débat, surtout aujourd’hui. Louis Carré, directeur du Département de philosophie et membre de l’Espace philosophique de Namur (Institut ESPHIN), en propose une définition en trois dimensions : un régime politique, un état de droit et une manière de faire société.

Le concept de démocratie : entre pouvoir du peuple et centralisation

« Étymologiquement, la démocratie est un régime politique qui consiste à donner le pouvoir au peuple », rappelle-t-il. « Nos démocraties occidentales reposent aujourd’hui sur l’idée que le peuple est souverain, sans pour autant gouverner directement. De là naît une tension entre la démocratie idéale et la démocratie réelle. » Vincent Jacquet, professeur au Département des sciences sociales, politiques et de la communication et président de l’Institut Transitions appuie le propos : « La démocratie est un idéal d’autogouvernement des citoyens, mais il est en tension avec des logiques plus centralisatrices, plus autoritaires. […] Nos systèmes politiques sont traversés par ces différentes tensions, avec à la fois des logiques autoritaires de plus en plus présentes, y compris chez nous, et des logiques de participation qui s’accompagnent parfois de beaucoup d’espoir et de déception aussi. »

Deuxième pilier selon Louis Carré : l’État de droit. La démocratie garantit les droits fondamentaux de tous les citoyens par la constitution. Mais là encore, gare aux paradoxes : « On pourrait en effet imaginer des lois prises par la majorité des représentants ou par un référendum, mais qui contreviennent aux droits fondamentaux », souligne le philosophe. La démocratie ne peut donc se résumer au seul principe majoritaire.

Enfin, la démocratie est également une manière de faire société. Elle repose sur un réel pluralisme : diversité des opinions, des croyances et des valeurs. « Cela suppose l’existence d’un espace public relativement autonome face au pouvoir en place qui, par moment, conteste les décisions prises par les gouvernements qui ont été élus », insiste Louis Carré.

La méfiance des citoyens vis-à-vis du politique n’est, à ce titre, pas nécessairement un symptôme de crise démocratique. Elle peut même en être un signe de vitalité, comme l’explique Vincent Jacquet : « Le fait que les citoyens soient critiques envers leur gouvernement n’est pas forcément négatif parce que, dans une démocratie, les citoyens doivent pouvoir contrôler les actions des gouvernants ».

Photo de Vincent Jacquet
Vincent Jacquet

Former les gouvernants… et les gouvernés

Dans ce contexte, quelle est la responsabilité de l’université ? Louis Carré rappelle d’abord une réalité simple : une grande partie de nos élus sont passés par les bancs de l’université. Mais sa mission d’enseignement ne s’arrête pas là. « Il s’agit de former des citoyens éclairés, pas seulement des gouvernants. Les universités doivent offrir un enseignement supérieur de qualité, ouvert au plus grand nombre », affirme-t-il.

« La démocratie suppose en effet des citoyens capables de débattre, de réfléchir, de problématiser les enjeux », complète Sephora Boucenna, doyenne de la Faculté des sciences de l’éducation et de la formation et membre de l’Institut de Recherches en Didactiques et Éducation de l’UNamur (IRDENA). Il s’agit donc de former des esprits réflexifs, aptes à interroger leur époque.

Former des enseignants réflexifs, pour des citoyens critiques

L’université forme également ceux qui, demain, éduqueront les générations futures : les enseignants. Et là encore, la démocratie est en jeu.

 « Notre mission est de former des enseignants réflexifs qui, eux-mêmes, apprendront à leurs élèves à penser de manière critique », insiste Sephora Boucenna. Cela passe par un travail en profondeur sur l’analyse de pratiques, la construction collective et l’apprentissage du débat, dès la formation initiale des enseignants jusqu'à leur formation continue. 

Sephora BOUCENNA
Sephora Boucenna

Produire et diffuser du savoir… en toute indépendance

Outre l’enseignement, l’université a également une mission de recherche et de service à la société. Elle produit des savoirs qui peuvent éclairer les politiques publiques, mais aussi les questionner. Cette fonction critique suppose une indépendance réelle vis-à-vis du politique. « Pour analyser avec lucidité les mécanismes démocratiques, y compris ceux que les gouvernements mettent en place, il faut que l’université garde sa liberté de recherche et de parole », souligne Vincent Jacquet.

 

Louis Carré va plus loin : « Comme la presse, l’université est une forme de contre-pouvoir dans l’espace public ». Il précise par ailleurs qu’« il y a une confusion entre liberté d’opinion et liberté académique. Les savoirs universitaires passent par une série de procédures de vérification, d’expérimentation, de discussion au sein de la communauté scientifique. Cela leur donne une robustesse qui n’est pas celle d’une opinion, d’une valeur, d’une croyance. » 

Louis Carré
Louis Carré

Cette fonction critique de l’université suppose donc une indépendance forte. Or, en Belgique, le financement des universités relève largement du pouvoir politique. « Celane doit pas signifier une mise sous tutelle », alerte Louis Carré. « Mener des recherches critiques, qui ne satisfont pas à court terme des commanditaires, demande une indépendance, y compris de moyens. Il faut des chercheurs en nombre qui puissent analyser différents types de dynamiques. Plus on coupera dans les finances de la recherche, comme c’est le cas aujourd’hui, moins on aura de chercheurs et donc de capacité d’analyse indépendante et de diversité des perspectives », insiste Vincent Jacquet.

Le mouvement « Université en colère », récemment lancé au sein des universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles, entend dénoncer les effets du définancement. Ses représentants appellent à « garantir les conditions de développement d’une université ouverte, indépendante, de qualité et accessible au plus grand nombre. Face aux défis sociaux, économiques et politiques de notre temps et parce que d’autres choix de société, et donc budgétaires, sont possibles, il est plus que jamais essentiel de renforcer les institutions et les acteurs au cœur de la production du savoir. » 

Entre vigilance et engagement : un lien à réinventer

La démocratie ne se limite donc ni aux élections ni aux institutions. Elle repose sur une vigilance collective, portée par les citoyens, les savoirs… et les lieux où ces savoirs se construisent. À ce titre, l’université apparaît comme un maillon essentiel de la vitalité démocratique. À condition de rester indépendante, accessible et ouverte sur la société.

« La démocratie, ce n’est pas seulement une affaire d’institutions. C’est l’affaire de citoyens qui la font vivre et qui s’organisent pour faire valoir leurs perspectives à différents moments », insiste Vincent Jacquet. Une invitation claire à ne pas rester spectateur, mais à participer, avec lucidité et exigence, à la construction d’un avenir démocratique commun.

Une année académique, placée sous la thématique de la démocratie

Retrouvez le discours prononcé par la Rectrice Annick Castiaux lors de la Cérémonie de rentrée académique 2025-2026.

Discours de la Rectrice à la Cérémonie de rentrée académique 2025-2026

Cet article est tiré de la rubrique "Enjeux" du magazine Omalius #38 (Septembre 2025).

cover-omalius-septembre-2025
Article
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Faculté de droit

Former les experts en droit du numérique

Droit
Étudiants
Futurs étudiants

La cérémonie de diplomation du master de spécialisation en Droit du Numérique a eu lieu ce vendredi 3 octobre 2025 en présence de la Rectrice, Annick Castiaux, et de la Ministre fédérale du Numérique et de la Politique Scientifique, Vanessa Matz. Une double présence qui symbolise l'importance du rôle des nouveaux diplômés dans nos sociétés toujours plus numérisées.

Cérémonie de diplomation du master de spécialisation en Droit du Numérique

Il est dans la nature du droit de travailler dans le temps long. Mais lorsque l'objet même de ce droit est par essence mouvant et en constante évolution, il est parfois difficile de garder le rythme. 

"La technologie évolue très rapidement, et c'est pour cette raison que tous les cours donnés durant ce Master de spécialisation en Droit du Numérique sont en lien avec les recherches que nous menons ici au CRIDS (cf. encadré), éclaire Élise Degrave, Professeur de Droit et directrice du Master. Tous les professeurs donnent des cours en lien avec leur thématique de recherche, et ces derniers évoluent au gré des résultats que nous obtenons et partageons avec les étudiants."

D'une durée d'un an, accessible aux titulaires d'un premier Master sur dossier, ce Master de spécialisation couvre un large programme : commerce, communications, vie privée, propriété intellectuelle, gouvernance internationale, information, intelligence artificielle… 

"Le Master est dense, avec un panel de cours très à jour, qui nous donne véritablement une vision à 360° de nos futurs métiers, estime Emma Belot, fraîchement diplômée et déjà embauchée dans un cabinet d'avocat. Cela se voit dès que nous entrons dans le monde du travail, et en particulier dans le domaine technique. On ne peut pas se revendiquer spécialiste du droit des nouvelles technologies sans comprendre la technologie dont on parle. Or cette dernière compte pour une large part de notre formation, en lien avec la faculté d'informatique."

En plus des cours théoriques, les étudiants peuvent également compter sur une pédagogie dont la Rectrice Annick Castiaux a souligné le caractère innovant. "Outre le stage en immersion professionnelle, les étudiants participent au Namur Legal Lab, qui prodigue des conseils juridiques aux start-up, ainsi qu'à un séminaire qui les forme à travailler en équipe, a-t-elle déclaré.

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Photo d'Annick Castiaux

Il est important que ce Master soit toujours en évolution pour rester à la pointe par rapport aux enjeux de société liés au numérique.

Annick Castiaux Rectrice de l'Université de Namur

Des enjeux dont les responsables du Master ont pleinement conscience, eux qui s'attachent à former des juristes très attentifs aux garde-fous nécessaires au fonctionnement d'une société libérale et démocratique.

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Elise DEGRAVE

A nos yeux, un juriste est un professionnel qui anticipe les problèmes pour les éviter par la suite. Nos étudiants sont formés dans cette optique. En étant capable de discuter en amont avec un technicien dont ils comprennent les problèmes, ils peuvent ainsi montrer que prendre en compte les garde-fous juridiques dès le départ permet d'éviter une perte de temps et d'argent importante, plutôt que de déconstruire les outils par la suite parce qu'ils ne respectent pas la législation.

Élise Degrave Professeur de Droit et directrice du Master de spécialisation en Droit du Numérique

La Ministre Vanessa Matz a, quant à elle, souligné l'importance pour la Belgique et l'Europe de former des experts capables de répondre à ces problématiques pressantes. "Contrôler l'exploitation des données personnelles, protéger le droit d'auteur face à l'utilisation de l'intelligence artificielle générative, ou encore réguler les plateformes et les GAFAM ne sont pas des questions théoriques, estime-t-elle. Elles exigent un équilibre délicat entre progrès et éthique, et ce sera aux nouveaux diplômés du Master d'y répondre en écrivant les futures règles du jeu."

Le Centre de Recherche Information, Droit et Société (CRIDS)

Le Master de Spécialisation en Droit du Numérique dépend du CRIDS, le Centre de Recherche Information, Droit et Société. Fondé en 1979, et dirigé aujourd'hui par le Pr Hervé Jacquemin et co-dirigé par le chercheur Jean-Marc Van Gyseghem, il s'agit d'un centre de recherche interdisciplinaire qui mène des recherches de pointe dans des domaines comme les communications numériques, la vie privée, la propriété intellectuelle, la cybersécurité ou encore la gouvernance des algorithmes, le e-commerce ou le e-gouvernement. 

Éduquer au numérique par la fiction : l’initiative interdisciplinaire du NaDI

Intelligence Artificielle
Transition numérique
Pédagogie
Vulgarisation scientifique
Evénement

Le Namur Digital Institute (NaDI) lance un cycle de rendez-vous originaux : « Les Séances du Numérique ». Des films suivis de débats avec des experts et expertes pour comprendre les défis du numérique et stimuler la réflexion collective. Un projet porté par Anthony Simonofski, Anne-Sophie Collard, Benoît Vanderose et Fanny Barnabé. 

image du film ex_machina

Les Séances du Numérique sont une initiative lancée par le NaDI, l’institut de recherche sur le numérique à l’UNamur. Ce dernier regroupe des chercheurs et chercheuses issues des Facultés de droit, d’informatique et EMCP

Pour stimuler la collaboration interdisciplinaire, le NaDI a lancé un appel à projets. Un des projets retenus ? Les Séances du Numérique, format original où la fiction devient le point de départ d’un débat. Chaque rencontre commence par la projection d’un film, suivie d’une conférence interdisciplinaire sur une question de société liée au numérique. 

Une première Séance du Numérique marquante

Pour inaugurer le cycle, l’équipe a choisi de projeter The Social Network en mai dernier. Le film retrace la création de Facebook par Mark Zuckerberg et le débat portait sur la modération des réseaux sociaux, un sujet brûlant depuis l’élection de Donald Trump. Deux experts ont animé la discussion : Julien Albert, expert du centre PReCISE, et Jérémy Grossman, expert au CRIDS.

Affiche du film "The social network"

Éduquer par la fiction

L’ambition de ces séances est simple : éduquer au numérique par la fiction et confronter des points de vue variés.

Ce format prolonge l’expérience du podcast Pop-Code déjà animé par Anthony Simonofski et Benoît Vanderose, mais avec une dimension supplémentaire : l’interdisciplinarité et l’échange direct avec le public. Après le film, chacun peut interpeller les experts et expertes et enrichir la réflexion.

Et la suite ?

Le numérique sera au cœur des prochaines projections, en s’inscrivant dans une dynamique à la fois collaborative et ancrée dans l’actualité :

  1. En favorisant la collaboration entre plusieurs centres du NaDI pour faire dialoguer les disciplines (comme ce fut le cas lors de la première séance avec le CRIDS et PReCISE).
  2. En rebondissant sur des thématiques liées à l’actualité pour garantir la pertinence des échanges.

Quatre séances seront proposées par an, ouvertes à toutes et tous, avec une priorité : toucher les citoyens et citoyennes. Les films sont là pour donner un rayonnement culturel et scientifique à l’événement.

À terme, l’équipe aimerait diversifier ses formats : projections dans des cinémas comme le Caméo, diffusion de séries, voire des playconférences où l’on joue à un jeu vidéo pendant le débat. L’idée : utiliser la fiction sous toutes ses formes pour lancer la discussion.

L’équipe derrière le projet

  • Fanny Barnabé, chargée de cours au CRIDS / NaDI
  • Anne-Sophie Collard, professeure à la Faculté EMCP
  • Anthony Simonofski, professeur à la Faculté EMCP
  • Benoît Vanderose, professeur à la Faculté d’informatique

En collaboration avec le Confluent des savoirs et l'Administration de la communication

Prochaine séance : 4 novembre – “L’IA a-t-elle une conscience ?”

Projection du film Ex Machina suivie d’un débat avec Isabelle Linden et Benoît Frenay.

Penser, réfléchir : l’être humain est-il encore unique ? 

Derrière la révolution de l’IA, une question se pose : l'IA a-t-elle une conscience ? Pour cette deuxième projection-débat des Séances du Numérique, nous vous invitons à plonger dans le film Ex_machina, un face-à-face troublant entre création et créateur, entre humain et machine, entre futur et humanité. 

Programme : 

  • 17h : Accueil & présentation du film
  • 17h15 :  Projection du film Ex machina
  • 19h05 : Débat « L’IA a-t-elle une conscience ? » (avec Isabelle Linden & Benoît Frenay)
  • 19h45 : fin

Deux experts prendront part au débat : 

  • Benoît Frenay, qui apportera un éclairage sur les logiques d’apprentissage des intelligences artificielles actuelles et les limites de leur « autonomie ». Peut-on vraiment parler d’intelligence sans conscience ? Jusqu’où peut aller l’imitation ?
  • Isabelle Linden, qui interrogera les fondements mêmes de ce que nous appelons « penser » dans une logique informatique. Peut-on créer une machine consciente ? Ou ne sommes-nous que face à des miroirs de nos propres désirs ?
affiche séance du numérique 25.11.04

Intelligence artificielle, un danger pour la démocratie ?

Paroles d'experts
Démocratie

Peut-on encore parler de démocratie lorsque des algorithmes influencent nos choix électoraux ou participent à la rédaction des lois ? Cette thématique est étudiée par Aline Nardi, chercheuse à la Faculté de droit et membre du Namur Digital Institute (NADI). 

 

Aline Nardi

Plusieurs projets visent déjà à confier une partie du travail législatif à l’intelligence artificielle (IA). Si pour l’instant, il s’agit essentiellement d’outils de retranscription des débats parlementaires, de traduction ou d’analyse des archives, des outils de rédaction ou des textes de loi sont également envisagés. Recourir à l’IA peut paraître intéressant : elle peut améliorer la lisibilité ou faciliter la standardisation. Mais, selon ses usages, elle ne respecte pas spontanément les principes fondamentaux du processus législatif tels que la légalité, la proportionnalité ou l’égalité. Ces exigences établies par la Cour constitutionnelle font l’objet de nombreuses décisions jurisprudentielles. Dans le cadre d’une thèse de doctorat, Aline Nardi, les passe au crible pour voir si l’utilisation de l’IA est possible dans les processus législatifs.

Son constat ? « Pour certaines tâches plus critiques, qui dépassent la simple édition, des problèmes se posent ». Elle pointe notamment l’opacité du raisonnement, puisqu’« il est difficile de retracer pourquoi l’IA suggère telle piste à partir de la requête qu’on lui soumet ». Or, dans un État de droit, cheminement législatif doit être transparent et compréhensible afin d’être éventuellement contesté par les parlementaires et les citoyens.

À cela s’ajoutent des enjeux de légitimité démocratique : « La société qui va développer le système utilisé par les assemblées parlementaires peut influencer des décisions extrêmement importantes pour une nation. Un parlementaire est-il encore utile s’il n’est là que pour ratifier des décisions prises par une machine ? », s’interroge la juriste. 

Des élections influencées par l’IA

Côté citoyens, l’IA transforme depuis quelques années déjà les campagnes électorales. Microciblage, désinformation automatisée, manipulation des émotions via les réseaux sociaux : autant d’outils redoutables qui peuvent biaiser le débat public. La campagne présidentielle américaine de 2016 illustre clairement cette problématique. « La société Cambridge Analytica a par exemple ciblé et influencé les électeurs indécis dont les positions pouvaient être orientées au profit de Donald Trump. Environ 20 millions d’indécis ont ainsi reçu des messages sur mesure, tels que des mèmes, des vidéos, des articles de blog en faveur de Trump », rappelle Aline Nardi. Combinée aux réseaux sociaux, l’IA remet donc en cause le droit des électeurs à se forger une opinion à partir d’une information pluraliste et fiable.

Plus récemment, la Cour constitutionnelle roumaine a invalidé l’élection présidentielle de 2024 pour cause d’usage abusif de l’IA et de manque de transparence dans les campagnes numériques. « Cela a affecté le caractère librement exprimé du vote des citoyens et en particulier leur droit d’être correctement informés », explique Aline Nardi

L’Union européenne tente d’agir face à ces dérives. Plusieurs règlements ont été mis en place. Ils visent à encadrer les technologies numériques et à limiter leurs effets néfastes sur l’espace informationnel, notamment lors de processus électoraux. Parmi ces règlements : le Digital Services Act (DSA), le règlement sur l’IA et le règlement relatif à la transparence et au ciblage de la publicité à caractère politique (TTPA). Ces règlements ont d’ailleurs poussé Google et plus récemment Meta, à ne plus autoriser les publicités politiques, électorales et portant sur les enjeux sociaux dans l’Union européenne.

« Il subsiste toutefois une interrogation quant à l’applicabilité, la mise en œuvre concrète et l’effectivité de certaines normes issues des corpus de droit du numérique », alerte Aline Nardi qui appelle à « sortir de ce flou juridique ».

Une année académique placée sous la thématique de la démocratie

Retrouvez le discours prononcé par la Rectrice Annick Castiaux lors de la Cérémonie de rentrée académique 2025-2026.

Discours de la Rectrice à la Cérémonie de rentrée académique 2025-2026

Cet article est tiré de la rubrique "Enjeux" du magazine Omalius #38 (Septembre 2025).

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Université et démocratie : un lien vivant, parfois menacé

Paroles d'experts
Démocratie

Méfiance envers les institutions politiques traditionnelles et les élus, montée des logiques autoritaires, définancement des services publics… La démocratie semble aujourd’hui traverser une zone de turbulences. Dans ce contexte, quel rôle l’université joue-t-elle ? Pour éclairer cette question, nous avons rencontré quatre chercheurs issus de disciplines différentes : la pédagogue Sephora Boucenna, le philosophe Louis Carré, le politologue Vincent Jacquet, la juriste Aline Nardi. Leurs regards croisés dessinent les contours d’un enjeu plus que jamais d’actualité : penser et défendre le lien entre université et démocratie.

démocratie-visages

La démocratie n’a rien d’un concept figé. Elle fait débat, surtout aujourd’hui. Louis Carré, directeur du Département de philosophie et membre de l’Espace philosophique de Namur (Institut ESPHIN), en propose une définition en trois dimensions : un régime politique, un état de droit et une manière de faire société.

Le concept de démocratie : entre pouvoir du peuple et centralisation

« Étymologiquement, la démocratie est un régime politique qui consiste à donner le pouvoir au peuple », rappelle-t-il. « Nos démocraties occidentales reposent aujourd’hui sur l’idée que le peuple est souverain, sans pour autant gouverner directement. De là naît une tension entre la démocratie idéale et la démocratie réelle. » Vincent Jacquet, professeur au Département des sciences sociales, politiques et de la communication et président de l’Institut Transitions appuie le propos : « La démocratie est un idéal d’autogouvernement des citoyens, mais il est en tension avec des logiques plus centralisatrices, plus autoritaires. […] Nos systèmes politiques sont traversés par ces différentes tensions, avec à la fois des logiques autoritaires de plus en plus présentes, y compris chez nous, et des logiques de participation qui s’accompagnent parfois de beaucoup d’espoir et de déception aussi. »

Deuxième pilier selon Louis Carré : l’État de droit. La démocratie garantit les droits fondamentaux de tous les citoyens par la constitution. Mais là encore, gare aux paradoxes : « On pourrait en effet imaginer des lois prises par la majorité des représentants ou par un référendum, mais qui contreviennent aux droits fondamentaux », souligne le philosophe. La démocratie ne peut donc se résumer au seul principe majoritaire.

Enfin, la démocratie est également une manière de faire société. Elle repose sur un réel pluralisme : diversité des opinions, des croyances et des valeurs. « Cela suppose l’existence d’un espace public relativement autonome face au pouvoir en place qui, par moment, conteste les décisions prises par les gouvernements qui ont été élus », insiste Louis Carré.

La méfiance des citoyens vis-à-vis du politique n’est, à ce titre, pas nécessairement un symptôme de crise démocratique. Elle peut même en être un signe de vitalité, comme l’explique Vincent Jacquet : « Le fait que les citoyens soient critiques envers leur gouvernement n’est pas forcément négatif parce que, dans une démocratie, les citoyens doivent pouvoir contrôler les actions des gouvernants ».

Photo de Vincent Jacquet
Vincent Jacquet

Former les gouvernants… et les gouvernés

Dans ce contexte, quelle est la responsabilité de l’université ? Louis Carré rappelle d’abord une réalité simple : une grande partie de nos élus sont passés par les bancs de l’université. Mais sa mission d’enseignement ne s’arrête pas là. « Il s’agit de former des citoyens éclairés, pas seulement des gouvernants. Les universités doivent offrir un enseignement supérieur de qualité, ouvert au plus grand nombre », affirme-t-il.

« La démocratie suppose en effet des citoyens capables de débattre, de réfléchir, de problématiser les enjeux », complète Sephora Boucenna, doyenne de la Faculté des sciences de l’éducation et de la formation et membre de l’Institut de Recherches en Didactiques et Éducation de l’UNamur (IRDENA). Il s’agit donc de former des esprits réflexifs, aptes à interroger leur époque.

Former des enseignants réflexifs, pour des citoyens critiques

L’université forme également ceux qui, demain, éduqueront les générations futures : les enseignants. Et là encore, la démocratie est en jeu.

 « Notre mission est de former des enseignants réflexifs qui, eux-mêmes, apprendront à leurs élèves à penser de manière critique », insiste Sephora Boucenna. Cela passe par un travail en profondeur sur l’analyse de pratiques, la construction collective et l’apprentissage du débat, dès la formation initiale des enseignants jusqu'à leur formation continue. 

Sephora BOUCENNA
Sephora Boucenna

Produire et diffuser du savoir… en toute indépendance

Outre l’enseignement, l’université a également une mission de recherche et de service à la société. Elle produit des savoirs qui peuvent éclairer les politiques publiques, mais aussi les questionner. Cette fonction critique suppose une indépendance réelle vis-à-vis du politique. « Pour analyser avec lucidité les mécanismes démocratiques, y compris ceux que les gouvernements mettent en place, il faut que l’université garde sa liberté de recherche et de parole », souligne Vincent Jacquet.

 

Louis Carré va plus loin : « Comme la presse, l’université est une forme de contre-pouvoir dans l’espace public ». Il précise par ailleurs qu’« il y a une confusion entre liberté d’opinion et liberté académique. Les savoirs universitaires passent par une série de procédures de vérification, d’expérimentation, de discussion au sein de la communauté scientifique. Cela leur donne une robustesse qui n’est pas celle d’une opinion, d’une valeur, d’une croyance. » 

Louis Carré
Louis Carré

Cette fonction critique de l’université suppose donc une indépendance forte. Or, en Belgique, le financement des universités relève largement du pouvoir politique. « Celane doit pas signifier une mise sous tutelle », alerte Louis Carré. « Mener des recherches critiques, qui ne satisfont pas à court terme des commanditaires, demande une indépendance, y compris de moyens. Il faut des chercheurs en nombre qui puissent analyser différents types de dynamiques. Plus on coupera dans les finances de la recherche, comme c’est le cas aujourd’hui, moins on aura de chercheurs et donc de capacité d’analyse indépendante et de diversité des perspectives », insiste Vincent Jacquet.

Le mouvement « Université en colère », récemment lancé au sein des universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles, entend dénoncer les effets du définancement. Ses représentants appellent à « garantir les conditions de développement d’une université ouverte, indépendante, de qualité et accessible au plus grand nombre. Face aux défis sociaux, économiques et politiques de notre temps et parce que d’autres choix de société, et donc budgétaires, sont possibles, il est plus que jamais essentiel de renforcer les institutions et les acteurs au cœur de la production du savoir. » 

Entre vigilance et engagement : un lien à réinventer

La démocratie ne se limite donc ni aux élections ni aux institutions. Elle repose sur une vigilance collective, portée par les citoyens, les savoirs… et les lieux où ces savoirs se construisent. À ce titre, l’université apparaît comme un maillon essentiel de la vitalité démocratique. À condition de rester indépendante, accessible et ouverte sur la société.

« La démocratie, ce n’est pas seulement une affaire d’institutions. C’est l’affaire de citoyens qui la font vivre et qui s’organisent pour faire valoir leurs perspectives à différents moments », insiste Vincent Jacquet. Une invitation claire à ne pas rester spectateur, mais à participer, avec lucidité et exigence, à la construction d’un avenir démocratique commun.

Une année académique, placée sous la thématique de la démocratie

Retrouvez le discours prononcé par la Rectrice Annick Castiaux lors de la Cérémonie de rentrée académique 2025-2026.

Discours de la Rectrice à la Cérémonie de rentrée académique 2025-2026

Cet article est tiré de la rubrique "Enjeux" du magazine Omalius #38 (Septembre 2025).

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Article
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Faculté de droit

Former les experts en droit du numérique

Droit
Étudiants
Futurs étudiants

La cérémonie de diplomation du master de spécialisation en Droit du Numérique a eu lieu ce vendredi 3 octobre 2025 en présence de la Rectrice, Annick Castiaux, et de la Ministre fédérale du Numérique et de la Politique Scientifique, Vanessa Matz. Une double présence qui symbolise l'importance du rôle des nouveaux diplômés dans nos sociétés toujours plus numérisées.

Cérémonie de diplomation du master de spécialisation en Droit du Numérique

Il est dans la nature du droit de travailler dans le temps long. Mais lorsque l'objet même de ce droit est par essence mouvant et en constante évolution, il est parfois difficile de garder le rythme. 

"La technologie évolue très rapidement, et c'est pour cette raison que tous les cours donnés durant ce Master de spécialisation en Droit du Numérique sont en lien avec les recherches que nous menons ici au CRIDS (cf. encadré), éclaire Élise Degrave, Professeur de Droit et directrice du Master. Tous les professeurs donnent des cours en lien avec leur thématique de recherche, et ces derniers évoluent au gré des résultats que nous obtenons et partageons avec les étudiants."

D'une durée d'un an, accessible aux titulaires d'un premier Master sur dossier, ce Master de spécialisation couvre un large programme : commerce, communications, vie privée, propriété intellectuelle, gouvernance internationale, information, intelligence artificielle… 

"Le Master est dense, avec un panel de cours très à jour, qui nous donne véritablement une vision à 360° de nos futurs métiers, estime Emma Belot, fraîchement diplômée et déjà embauchée dans un cabinet d'avocat. Cela se voit dès que nous entrons dans le monde du travail, et en particulier dans le domaine technique. On ne peut pas se revendiquer spécialiste du droit des nouvelles technologies sans comprendre la technologie dont on parle. Or cette dernière compte pour une large part de notre formation, en lien avec la faculté d'informatique."

En plus des cours théoriques, les étudiants peuvent également compter sur une pédagogie dont la Rectrice Annick Castiaux a souligné le caractère innovant. "Outre le stage en immersion professionnelle, les étudiants participent au Namur Legal Lab, qui prodigue des conseils juridiques aux start-up, ainsi qu'à un séminaire qui les forme à travailler en équipe, a-t-elle déclaré.

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Photo d'Annick Castiaux

Il est important que ce Master soit toujours en évolution pour rester à la pointe par rapport aux enjeux de société liés au numérique.

Annick Castiaux Rectrice de l'Université de Namur

Des enjeux dont les responsables du Master ont pleinement conscience, eux qui s'attachent à former des juristes très attentifs aux garde-fous nécessaires au fonctionnement d'une société libérale et démocratique.

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Elise DEGRAVE

A nos yeux, un juriste est un professionnel qui anticipe les problèmes pour les éviter par la suite. Nos étudiants sont formés dans cette optique. En étant capable de discuter en amont avec un technicien dont ils comprennent les problèmes, ils peuvent ainsi montrer que prendre en compte les garde-fous juridiques dès le départ permet d'éviter une perte de temps et d'argent importante, plutôt que de déconstruire les outils par la suite parce qu'ils ne respectent pas la législation.

Élise Degrave Professeur de Droit et directrice du Master de spécialisation en Droit du Numérique

La Ministre Vanessa Matz a, quant à elle, souligné l'importance pour la Belgique et l'Europe de former des experts capables de répondre à ces problématiques pressantes. "Contrôler l'exploitation des données personnelles, protéger le droit d'auteur face à l'utilisation de l'intelligence artificielle générative, ou encore réguler les plateformes et les GAFAM ne sont pas des questions théoriques, estime-t-elle. Elles exigent un équilibre délicat entre progrès et éthique, et ce sera aux nouveaux diplômés du Master d'y répondre en écrivant les futures règles du jeu."

Le Centre de Recherche Information, Droit et Société (CRIDS)

Le Master de Spécialisation en Droit du Numérique dépend du CRIDS, le Centre de Recherche Information, Droit et Société. Fondé en 1979, et dirigé aujourd'hui par le Pr Hervé Jacquemin et co-dirigé par le chercheur Jean-Marc Van Gyseghem, il s'agit d'un centre de recherche interdisciplinaire qui mène des recherches de pointe dans des domaines comme les communications numériques, la vie privée, la propriété intellectuelle, la cybersécurité ou encore la gouvernance des algorithmes, le e-commerce ou le e-gouvernement. 

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Chaire Francqui 2025-2026 en Faculté de droit | Besoin d'environnement, besoin de droit ?

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Leçon inaugurale | Protéger l'environnement au-delà du politique

Oratrice : Delphine Misonne, Maître de recherches FNRS, Professeure à l'UCLouvain, Directrice du CEDRE et membre de l'Académie royale de Belgique.

Chaire Francqui 2025-2026 en Faculté de droit Delphine Misonne

Cette Chaire Francqui offre un regard neuf sur les avancées mais aussi les tensions qui caractérisent aujourd’hui la manière dont le droit organise la relation de la société à l’environnement, en tant que substrat essentiel à la vie humaine et à l’équilibre des écosystèmes. Loin de présenter ce droit comme ayant atteint son paroxysme, ce sont de ses avancées récentes majeures dont il sera discuté, ainsi que des risques de régression qui le menacent. Si l’ambition de protéger l’environnement est bien devenue une question juridique, comment ses ressorts essentiels sont-ils en train d’évoluer, que ce soit en matière climatique, dans le rapport à la santé humaine ou encore au statut accordé à la nature ?

La conférence sera suivie d'un drink local proposé par le Cercle de Droit, la Régionale la Binchoise et la Régionale RTM.

Évènement gratuit.  Inscription vivement souhaitée.

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Leçon 2 | Le droit de l’environnement menacé de disparition ?

Oratrice : Delphine Misonne, Maître de recherches FNRS, Professeure à l'UCLouvain, Directrice du CEDRE et membre de l'Académie royale de Belgique.

Chaire Francqui 2025-2026 en Faculté de droit Delphine Misonne

Cette Chaire Francqui offre un regard neuf sur les avancées mais aussi les tensions qui caractérisent aujourd’hui la manière dont le droit organise la relation de la société à l’environnement, en tant que substrat essentiel à la vie humaine et à l’équilibre des écosystèmes. Loin de présenter ce droit comme ayant atteint son paroxysme, ce sont de ses avancées récentes majeures dont il sera discuté, ainsi que des risques de régression qui le menacent. Si l’ambition de protéger l’environnement est bien devenue une question juridique, comment ses ressorts essentiels sont-ils en train d’évoluer, que ce soit en matière climatique, dans le rapport à la santé humaine ou encore au statut accordé à la nature ?

La conférence sera suivie d'un drink local proposé par le Cercle de Droit, la Régionale la Binchoise et la Régionale RTM.

Évènement gratuit.  Inscription vivement souhaitée.

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