Apprentissage des maths à distance. Comment favoriser l’engagement des étudiants et l’interactivité étudiants-enseignant tout en limitant la charge de travail de l’enseignant ?

Mots-clés : tableau blanc interactif, EBEAM – Scrapbook, Teams

Témoignage de Julien Blanchard, assistant au département de mathématiques

Pouvez-vous résumer en une phrase ce que vous retenez de vos expérimentations pédagogiques à distance ?

Après avoir réalisé des powerpoints commentés, mis en œuvre des séances Teams appuyées sur LaTeX, l’usage du tableau blanc interactif associé à eBeams apparaît finalement comme une solution idéale permettant de quasi répliquer à distance une séance de TP avec ses avantages : interactions entre professeur et étudiants, souplesse dans la réaction aux réponses des étudiants et ce en limitant le temps de préparation.

Dans quel contexte avez-vous été amené à enseigner à distance ?

Je suis intervenu dans plusieurs contextes différents. Initialement, le confinement a imposé la transformation de séances de Travaux pratiques d’un cours de Probabilité donné à des étudiants de Bloc 1 en un dispositif à distance (environ 25 étudiants). Plus récemment, j’ai également été en charge de cours préparatoires donnés l’été à une grande diversité de futurs étudiants (mathématiques, sciences, vétérinaire…) aux bagages en maths très hétérogènes.

Quelles solutions d’enseignement à distance avez-vous mises en place ?

Dans un premier temps, dans l’urgence, j’ai exploité la solution des powerpoints commentés. Le dispositif était construit comme suit : un énoncé, au format PDF, des différents exercices que les étudiants avaient à réaliser par eux-mêmes était déposé sur WebCampus. Ensuite, un document PDF de solutions des exercices était disponible quelques jours plus tard sur WebCampus avec des vidéos commentées qui expliquaient ces solutions. J’ai rapidement pris conscience des limites de cette solution : les étudiants visionnaient peu les vidéos (ils se limitaient peut-être à consulter les corrigés), les documents que je leur transmettais me satisfaisaient peu (il s’agissait souvent de photographies de mes corrigés papiers incrustées dans un document Word ou un powerpoint), l’explication des solutions sur la simple base de photographies de corrigés permet peu de rendre visible les étapes de la réflexion.

Dans un second temps, après les congés de Pâques, j’ai mis en place des séances Live sur Teams. Je présentais les solutions au départ d’un diaporama rédigé avec l’outil LaTeX (prononcer Latec) ; un programme permettant d’écrire des maths. Les séances étaient construites comme mes TP en présentiel : exposé d’un énoncé, temps de solution individuel (5-10 minutes), correction interactive… J’ai tout de suite remarqué que les étudiants étaient davantage présents et que le dispositif permettait à nouveau d’avoir une interaction avec les étudiants, de répondre à leurs questions. Les étudiants ont été heureux de ses séances en live et moi je retrouvais le plaisir d’être en contact avec eux. Je pouvais également présenter ligne par ligne les étapes de la solution ; c’était beaucoup plus clair pour eux. Les limites de cette approche ? C’est très chronophage de rédiger des solutions en LaTeX et le dispositif ne permet pas d’adapter la solution aux propositions des étudiants. Il y a parfois plusieurs entrées possibles face à un exercice. Ayant dû préparer ma solution, je ne pouvais développer tous les types de solutions proposés par les étudiants comme j’aurais pu le faire en classe.

Dans un troisième temps, dans le cadre des cours préparatoires, j’ai exploré une troisième solution qui me semble meilleure encore : le tableau blanc interactif mobile (prêté par le DET au département de mathématiques). En maths, nous avons énormément de cours préparatoires à donner dans de nombreuses filières. Il me fallait une solution qui limite le temps de préparation ; c’est ce que permet le tableau interactif. Concrètement, il s’agit d’une valise contenant un rétroprojecteur qui doit être installé en classe avec l’ordinateur portable. Le cours se donne au départ du tableau de la classe. J’ai utilisé le logiciel EBEAM – Scrapbook. L’écran de l’ordinateur est projeté sur le tableau et on peut commander l’ordinateur depuis le tableau. Les étudiants me voient écrire au tableau les développements mathématiques dont ils prennent note en direct. Il y a moyen ensuite d’extraire des PDF de ces productions. J’utilisais par ailleurs TEAMS en veillant à un maximum d’interactivité : questions, chat… Ce dispositif est beaucoup plus souple pour moi car il me permet en permanence d’adapter mes explications au tableau aux questions des étudiants ; ce qui est particulièrement nécessaire en cours préparatoires. C’est aussi beaucoup plus interactif encore que les séances que je donnais précédemment. Je ne suis pas contraint d’écrire préalablement tous mes corrigés en LaTeX. C’est presque comme si on donnait un cours en présentiel. La principale limite qu’il reste concerne l’accompagnement des étudiants : Je ne sais pas voir ce qu’ils font concrètement chez eux (même si je leur demande d’allumer leur caméra, tous ne le font pas) et je ne sais pas passer dans les bancs et réagir à leurs productions. On pourrait peut-être solutionner ce problème en intégrant de la classe inversée ; ils m’enverraient des productions que je pourrais consulter avant le cours. A réfléchir.