Enseignement à distance face à un très grand groupe. Réalisation de parcours pédagogiques dans le cadre des cours préparatoires de chimie

Mots-clés : parcours pédagogiques, powerpoint commentés, QCM

Retour d’expérience par Paul Bohy, collaborateur didactique

Pouvez-vous résumer en une phrase ce que vous retenez de vos expérimentations pédagogiques à distance ?

Je dirais sans doute que la réalisation de parcours pédagogiques assez ludiques, un peu sur le mode du jeu de l’oie, me semble être un dispositif intéressant pour rendre les étudiants actifs, pour les motiver à aller au bout et pour individualiser leurs parcours d’apprentissage (feedback…).

Dans quel contexte avez-vous été amené à enseigner à distance ?

Depuis quelques années, j’interviens dans le cadre des cours préparatoires en chimie destinés aux étudiants candidats aux examens d’entrée en médecine et dentisterie. Il s’agit d’un très grand groupe d’étudiants (environ 700 cette année).

Quelles solutions d’enseignement à distance avez-vous mises en place ?

Face à la contrainte du confinement, au départ j’ai réalisé des vidéos de type « powerpoint commenté » sur les points de théorie. J’avais l’impression que les étudiants ne suivaient pas et sans doute les vidéos étaient trop longues (30-50 min). Il a ensuite été nécessaire de trouver des solutions permettant de soumettre un très grand groupe d’étudiants à des problèmes et des questions de chimie proches de ceux qu’ils rencontreront lors des examens d’entrée en médecine et dentisterie. Il fallait aussi pouvoir donner du feedback à ces étudiants. J’ai ensuite utilisé les exercices proposés dans les fascicules réalisés par Isabelle et Diane pour le cours prépa med. et dent. et réalisé des mini capsules toujours en powerpoint commenté. Une des contraintes résidait dans le fait que le bagage de ces étudiants était très hétérogène (options au secondaire, réseau, matière non vue en raison du confinement…). La création du parcours pédagogique en ligne que je vois un peu comme une sorte de jeu de l’oie, est la solution que nous avons imaginée avec les pédagogues de l’UNamur. Une dizaine de parcours pédagogiques fondés sur des vidéos et des QCM, ont été créés, sur des matières différentes.

En quoi est-ce que cela consiste concrètement ?

Concrètement, les étudiants se connectent sur la plateforme d’apprentissage et reçoivent tout d’abord une explication théorique au départ d’un document PDF qu’ils doivent télécharger. Ensuite, un parcours de QCM commence (entre 10 et 20 questions par parcours). Si les étudiants répondent correctement à la question, ils passent à la question suivante. En revanche, s’ils échouent, une courte vidéo (powerpoint commenté de 3 minutes) leur expose quelques explications supplémentaires et une nouvelle question leur est ensuite posée. Ils accèderont à la suite du parcours une fois cette question réussie. Les étudiants ont bien sûr la possibilité de recommencer autant de fois qu’ils le souhaitent.

Quels sont les avantages et les limites de cette solution technopédagogique ?

Ce que je retiens de positif, c’est déjà que pour moi, cela a enrichi mes ressources pédagogiques. J’ai appris à utiliser des outils nouveaux et j’ai pu faire participer des étudiants tout en travaillant à distance. Un second avantage réside dans le fait que l’on a accès aux données des parcours pédagogiques. On identifie ainsi facilement les questions qui posent problème et on peut dès lors cibler nos retours (via la plateforme) sur ces matières. Évidemment un autre avantage tient au fait que ces parcours pédagogiques sont réutilisables années après années et qu’ils sont flexibles, on peut toujours encoder de nouvelles questions ou ajouter de nouvelles vidéos.

Pour les étudiants, je pense qu’un des avantages tient à l’effet de motivation. C’est un peu une sorte de jeu, ils veulent aller au bout. On a constaté que 80% des étudiants inscrits ont réalisé l’ensemble des parcours pédagogiques. Ces parcours permettent aussi d’individualiser leurs apprentissages : ils réalisent les parcours qu’ils souhaitent sur les thématiques qu’ils estiment moins maîtrisées et le retour reçu ne porte que sur des questions dont la réponse était erronée. Enfin, ils apprennent à travailler par eux-mêmes, ils apprennent à devenir plus autonomes.

Les limites du dispositif concernent peut-être des étudiants qui ne prendraient pas au sérieux les parcours pédagogiques qui seraient dans l’illusion de la compréhension (par des réponses intuitives ou au hasard). Mais surtout il faut reconnaître que la construction de parcours pédagogiques prend du temps : maîtriser les outils, identifier les questions, scénariser la progression, enregistrer les vidéos, mettre en ligne, paramétrer les conditions d’avancée dans les parcours… Même si je n’y travaillais pas toute la journée, je mettais trois jours pour réaliser un parcours. J’en profite pour exprimer un tout grand merci à l’équipe informatique pour leur compétence et leur grande patience ☺.