Aller au contenu. | Aller à la navigation

Université
Facultés
Études et Formations
Recherche
Service à la société
International

Covid19, carte d’identité d’une maladie virale


La comparaison du Covid-19 avec la grippe et le SARS est très fréquente. Pouvez-vous nous dresser un tableau comparatif de ces trois maladies ?

Le point commun est clair : ces trois maladies sont virales.

Toutefois, elles appartiennent à deux familles de virus différentes. Il y a la grippe d’une part causée par le virus influenza. De l’autre, les coronavirus dont 2 variétés différentes sont les agents responsables du SARS et de la maladie à coronavirus 2019, aussi appelée Covid-19. Si nous sommes familiers de la grippe qui sévit chaque année dans nos régions, nous le sommes beaucoup moins avec le SARS qui a frappé l’Asie surtout, en 2003. Ce virus avait été rapidement circonscrit, fort heureusement. Le taux de mortalité constaté lors de cette épidémie était un peu plus important que celui lié au Covid-19 bien que le nombre total de décès fut moindre en raison du caractère limité de l’épidémie. Toutefois, l’atteinte respiratoire était fort similaire aux formes sévères de Covid-19, ce qui rapproche ces 2 coronavirus.

infected lungsLe virus influenza peut également être responsable de pneumonie mais plus rarement. Nous n’observons jamais un débordement des structures de soins lors des épidémies de grippes annuelles tel que nous l’observons actuellement avec le Covid-19. Les pneumonies liées au virus de la grippe saisonnière sont le plus souvent limitées à des groupes à risque : très jeunes enfants, personnes âgées, femmes enceintes, personnes diabétiques, sujets immunodéprimés ou atteints de maladies chroniques ... Le SARS et le Covid-19 dont les formes sévères atteignent également ces populations à risque se distinguent toutefois par leur capacité à entraîner des pneumonies sévères et même létales chez des sujets plus jeunes et sans comorbidité. Mais il faut rappeler 2 éléments importants : la majorité de ces patients atteints par le Covid-19 présentent fort heureusement une forme bénigne et nos confrères des soins intensifs rapportent que beaucoup de patients atteints du Covid-19 nécessitant une ventilation assistée souffrent malgré tout de comorbidités que l’on a tendance à banaliser : obésité, hypertension artérielle ou diabète.

Donc, s’il l’on résume, la grippe n’appartient pas à la même famille de virus et se complique beaucoup plus rarement en pneumonie et, dans ce cas, le plus souvent chez des sujets présentant un facteur de risque ; alors que tant le SARS que le Covid-19 sont plus fréquemment associés à une pneumonie pouvant être très sévère, parfois chez des sujets plus jeunes et en bonne santé.

Et au niveau de la contagiosité ?

C’est un élément différenciant la grippe et le Covid-19 à souligner également, probablement expliqué en grande partie par l’absence complète d’immunité vis-à-vis du coronavirus dans la population. Aujourd’hui, nous nous trouvons face à un taux d’attaque, c’est-à-dire une contagiosité très élevée. Ce qui est moins le cas en cas de grippe saisonnière. Par contre, le virus influenza qui mute régulièrement peut être à l’origine de pandémies similaires à celles que nous connaissons actuellement avec le coronavirus. Ceci survient s’il est l’objet de mutations qui le modifient plus radicalement que les mutations habituelles, de sorte que l’immunité acquise par une infection antérieure ou un vaccin (s’il ne prend pas en compte la mutation) ne permet plus aucune protection contre cette nouvelle souche mutée. Ce fut le cas lors de la fameuse grippe espagnole, associée à un taux de mortalité extrêmement élevé au début 20e siècle.

Restez chez vousConcernant le Covid-19, nous en sommes encore au stade de la découverte de ce virus. Il y beaucoup de questions qui restent actuellement sans réponse. Par exemple, pourquoi le SARS a-t-il pu être circonscrit rapidement et pas le Covid-19 ? Au début de l’épidémie, on a essayé de le circonscrire par dépistage des sujets atteints en partant de l’hypothèse que seuls des sujets symptomatiques pouvaient être contagieux, par homologie avec ce qu’on connaît de la grippe et du SARS. Des données préliminaires suggèrent que des sujets pas ou très peu symptomatiques ont pu participer à la propagation de l’épidémie de Covid-19. Ceci souligne bien entendu l’importance de respecter les consignes de confinement et de distanciation physique pour l’ensemble de la population !

Donc, le tableau clinique du Covid-19 diffère de ceux de la grippe et surtout du SARS, en ce sens qu’il est très variable en termes de sévérité des symptômes : du patient asymptomatique jusqu’au patient en défaillance respiratoire sévère qui doit malheureusement être admis aux soins intensifs.

Quelle est la prise en charge des malades présentant des symptômes aigus de la maladie ?

La sévérité de la maladie est due en grande partie au fait que les poumons sont atteints de façon relativement diffuse. Et donc leur rôle, qui est d’amener de l’oxygène à notre organisme (et d’en évacuer le CO2), n’est plus rempli correctement. Les échanges gazeux ne se font plus de manière optimale. Dans les cas les moins sévères, le manque d’oxygène peut être absent ou discret. Dans des cas plus sévères, on doit administrer de l’oxygène par de petits tuyaux placés sous les narines ce qui permet d’enrichir l’air que nous inspirons pour compenser le manque d’oxygène.

RespirateurMalheureusement, lorsque cette solution reste insuffisante dans des cas très sévères, la seule solution peut être l’intubation qui permet une respiration assistée par ventilation mécanique avec une machine et un air encore plus riche en oxygène, voire de l’oxygène pur. L’intubation nécessite une narcose, c’est-à-dire d’endormir le patient pour tolérer cette ventilation mécanique.

Comme beaucoup de maladies virales respiratoires, il n’existe pas de traitement curatif pour le coronavirus même si la recherche s’active autour de cette question avec, entre autres, l’utilisation de substances telles que la chloroquine et l’azithromycine, qui ne sont toutefois pas des médicaments antiviraux en tant que tels. Mais, à l’heure actuelle, le traitement est purement « de support » pour soulager la fièvre, la toux, les douleurs, etc. On pallie aux problèmes avec l’oxygène ou la ventilation assistée, en espérant que le patient va développer une immunité suffisante pour se débarrasser du virus et que les dommages causés par la réaction inflammatoire provoquée par le virus soient éliminés grâce au système de réparation propre à notre organisme. On ne connaît pas encore bien les séquelles à long terme que laissera le Covid-19, en particulier après une forme sévère nécessitant un séjour aux soins intensifs.

06/04/2020

Retour aux experts