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Paul Wynants

Il est historien et il terminera cet été son 2e mandat de doyen de la Faculté des sciences économiques, sociales et de gestion pour prendre la présidence de l’Association Chrétienne des Institutions Sociales et de Santé (ACIS). Il a été le tout premier vice-recteur aux affaires étudiantes de l’UNamur et ses étudiants l’ont surnommé Terminator… Il s’agit bien sûr de Paul Wynants, qui revient avec nous sur les 46 années (quasi ininterrompues !) qu’il a passées à l’Université de Namur.

PwyPourquoi avoir choisi Namur pour vos études en histoire, en 1972 ?

Je suis originaire de Huy et j’avais le choix entre Liège et Namur. Mes parents et moi avons choisi Namur essentiellement pour la réputation qu’avait l’Université en matière d’accompagnement pédagogique des étudiants. Pour le reste, j’aime l’histoire depuis l’adolescence. Déjà dans l’enseignement secondaire, c’était ma branche préférée. C’était donc un choix tout naturel !

Kottiez-vous à Namur ?

La première année non, et puis la 2e année, comme j’étais rejoint par ma sœur qui s’est inscrite en romanes, nous avons kotté à l’Avenue Reine Astrid.

Comment était l’étudiant Paul Wynants ? Était-il plutôt guindailleur ou appliqué ?

J’étais un étudiant bien appliqué et travailleur, mais je guindaillais une fois par semaine, le mercredi ! Ce qui me caractérisait, c’était que j’étais déjà très politisé depuis l’âge 16 ans, à une époque où la politisation dans le monde de la jeunesse était en déclin. C’était le soufflé de mai 68 qui retombait. Cela me singularisait des autres, parce que j’avais des idées politiques et que je militais. J’étais le fondateur d’un groupe de rassemblement des progressistes à Huy qui rassemblait des chrétiens de gauche, le Parti communiste et certains membres de gauche du Rassemblement wallon. J’avais créé ce groupe à 18 ans.

Votre engagement politique s’est-il exprimé à l’Université, en tant qu’étudiant ?

Il y avait une certaine tradition d’engagement politique en Faculté de droit, mais c’était extrêmement faible en Faculté de philosophie et lettres, donc finalement très peu.

Quels sont les meilleurs souvenirs de cette période ?

Le meilleur souvenir, c’était l’ambiance. En première année, nous étions 17, et en 2e, nous étions 12. C’était un groupe restreint, soudé, qui entretenait des relations de grande proximité avec les professeurs qui étaient eux-mêmes très jeunes.

Un professeur vous a-t-il particulièrement marqué ?

Plusieurs : René Noël, qui avait 34 ans et était déjà doyen, plein d’enthousiasme, plein d’entrain, très créatif et novateur ; Philippe Jacquet aussi, qui était plus classique, mais très proche des étudiants ; Camille Joset, pour ses talents d’orateur… Mais le professeur qui m’a le plus marqué, durant tout mon parcours académique, est Charles Jaumotte. Son cours d’économie était ultra brillant et m’ouvrait des horizons fantastiques.

En 1974, vous quittez Namur pour la licence en histoire à Louvain. Comment êtes-vous revenu à Namur, en tant qu’assistant ?

Le père Joset cherchait un collaborateur pour développer son atlas historique Meuse-Moselle. Le 1er mai 1976, j’étais en train d’achever mon mémoire – je m’en souviendrai toujours – et j’ai reçu un appel de sa part, me demandant de le rencontrer. Il m’a proposé d’être son collaborateur en laissant entendre que son choix avait été guidé par plusieurs considérations : le fait que j’avais été un très bon étudiant dans son cours des institutions belges, le fait que j’étais fortement recommandé par René Noël, mais aussi par Charles Jaumotte. D’emblée, il m’a laissé entrevoir la perspective de la réalisation d’une thèse de doctorat et même, si la thèse était bonne, d’une carrière académique. C’était quelqu’un qui faisait confiance aux jeunes et leur donnait des possibilités assez extraordinaires. Pendant toute sa vie, Camille Joset a fait confiance aux jeunes et leur a donné les moyens d’aboutir.

Étant chercheur en histoire, comment s’explique votre localisation en Faculté des sciences économiques, sociales et de gestion ?

Le professeur Joset avait ses bureaux en Faculté des sciences économiques et sociales (on ne disait pas encore de gestion) et l’Unité Meuse-Moselle y était également basée. J’étais initialement destiné à assurer des cours en histoire contemporaine en Faculté de philo et lettres, mais cela a changé avec l’arrivée de Pierre Sauvage sj au Département d’histoire. Il y a repris les cours d’histoire contemporaine et j’ai donc assuré les cours en FSESG ainsi qu’à la Faculté de droit, tout en donnant plusieurs enseignements en philo et lettres.

Un historien qui a aussi été doyen deux fois dans une faculté comptant principalement des économistes et des gestionnaires !

On m’a choisi au décanat dans des périodes de transition, où il y avait des réformes de programme et de cadre à mener, précisément parce que j’étais neutre. C’était d’abord de 2002 à 2007 : j’ai mené toute la réforme de Bologne, en l’appliquant d’année en année dans la Faculté. De 2015 à 2018, j’ai connu l’application du décret paysage et la réorganisation de l’enseignement supérieur en FWB, avec la nécessité pour l’Université et la Faculté de se repositionner. Nous avons en FSESG une situation tout à fait atypique, puisque les économistes organisent un programme de master commun avec l’UCL, tandis que les gestionnaires ont un programme spécifique à Namur.

Vous avez également été le tout premier vice-recteur aux affaires étudiantes, de 1995 à 1999. Comment cette nouvelle fonction a-t-elle été créée ? 

Le CA était alors très réduit, il y avait 6 ou 7 personnes et chaque administrateur ou presque avait en charge un portefeuille. Plusieurs personnes, comme le Père Maon, avaient déjà pris en charge des matières relatives aux étudiants, mais sans être membre du CA. En 95, année de création du poste, j’avais en charge le Secteur social, mais aussi le Service des inscriptions. L’essentiel du travail était d’être l’interlocuteur de l’AGE pour tout ce qui concernait la vie estudiantine dans sa dimension de représentation et dans sa dimension para-académique.

Quel souvenir gardez-vous de cette mission ?

J’ai eu la chance de connaître quelques présidents de l’AGE successifs qui étaient de très grande qualité et qui étaient des organisateurs remarquables. J’étais aussi secondé par une personne de grande compétence au Service des inscriptions, Nathalie Bataille, et par une personne d’un grand engagement personnel et humain au Secteur social : Jean-Robert Honorez, qui en était le directeur. La collaboration avec ces deux personnes et les discussions avec les responsables de l’AGE étaient vraiment très fructueuses et je me suis vraiment épanoui à ce poste. Il fallait régler des problèmes parfois très concrets : la rénovation des kots, la gestion de l’Arsenal, la gestion des grandes manifestations folkloriques estudiantines, c’étaient des responsabilités parfois assez lourdes, mais vraiment très intéressantes. J’ai aussi découvert une face de la vie estudiantine para-académique que je sous-estimais complètement auparavant : elle contribue à la prise de responsabilité d’une série de jeunes, elle participe à leur épanouissement personnel, et elle contribue aussi à la vie et à la dynamique de l’Université et du campus. Ma vision a complètement changé !

En 40 ans, le métier de professeur d’université a-t-il évolué ? Quels ont été vos défis en tant qu’enseignant ?

Au départ, le principal défi était le grand nombre d’étudiants. J’ai eu le privilège d’enseigner en 1re année en sciences économiques, sociales et de gestion, en 1re année de droit et en 2e année d’histoire et d’autres orientations d’études. Certaines années, j’avais 1200 étudiants. À l’époque, les examens étaient oraux même pour les grands groupes et j’avais calculé que je passais 2 mois de l’année à interroger les étudiants ! Ensuite, il y a l’évolution de la société et des étudiants qui occasionne un changement des méthodes d’enseignement, qui sont aujourd’hui plus participatives. En 3e année de sciences politiques, j’ai notamment introduit un cours sous forme de séminaire, qui est le cours que je préfère. À l’issue du séminaire, on réalise soit une publication, soit des conférences, soit une interview, et on valorise alors le travail des étudiants.  

D’où vient votre surnom de « Terminator » ?

C’est une réputation en partie usurpée ! C’est vrai que je suis exigeant, et c’est vrai que les résultats des étudiants dans les matières que j’enseigne doivent être mérités par un travail réel, mais je ne suis pas quelqu’un qui prend plaisir à couper des têtes. Cette réputation vient du fait que j’ai donné cours en Faculté de droit durant une dizaine d’années en succédant au professeur Georges Hansotte qui était chahuté et était très, très bienveillant, avec un syllabus très bien fait qu’il suffisait d’apprendre par cœur. En étant très exigeant, la différence a frappé les esprits. Les étudiants m’ont représenté lors de la revue en Arnold Schwarzenegger, en remplaçant sa tête par la mienne sur leur affiche. La légende était née, car l’année suivante j’étais devenu « l’effaceur », un autre rôle de Schwarzenegger. En fait, je n’ai jamais démenti cette légende, car cela m’arrangeait bien que les étudiants investissent beaucoup dans ces matières !

Selon vous, quelles sont les caractéristiques de l’UNamur ?

Ce qui me frappe, c’est la souplesse relative dont on peut faire preuve et la capacité d’adaptation spontanée et parfois peu organisée que l’on peut mettre en oeuvre. C’est un atout dans une société qui se transforme rapidement. Aussi, la qualité des relations humaines, même si nous n’en avons pas le monopole. La disponibilité du corps professoral namurois est remarquable. Obtenir un rendez-vous est facile, nos portes sont souvent ouvertes ! Enfin, la légèreté de nos structures qui, comparativement à d’autres universités, sont relativement souples. Mais elles ont une tendance à se raidir à mesure que la taille de l’institution augmente…

Quel est le défi de l’UNamur dans les années à venir ?

Trouver un positionnement original : avoir des points forts en nombre limité, mais très clairement identifiés en matière de recherche d’une part, et avoir une offre de formation qui nous distingue dans le paysage universitaire en FWB, y compris au point de vue méthodologique. Avoir des orientations d’études et un mode de formation et de fonctionnement pédagogiques qui nous soient propres. La proximité physique et intellectuelle entre nos facultés est un atout pour se doter de ce visage spécifique.

À l’été, vous prendrez la présidence de l’ACIS (Association Chrétienne des Institutions Sociales et de Santé). Comment avez-vous été amené à rejoindre ce groupe ?

J’ai été choisi en 2010 par l’UNamur pour succéder à Charles Jaumotte (ancien administrateur général, NDLR) dans ce groupe auquel participe l’Université de Namur par tradition. J’ai une certaine expérience, étant gestionnaire d’autres asbl proches de l’UNamur. Le CA de l’ACIS m’a ensuite choisi comme président de manière indépendante. En tant que tel, je devrai garder une certaine position de neutralité, puisque siègent au CA plusieurs groupes hospitaliers régionaux et qu’il faut donc préserver les équilibres. L’ACIS est actuellement un groupe important en Wallonie, qui compte 6.270 employés répartis dans trois secteurs : les maisons de repos et de soins ; le secteur psychiatrique, avec des services de santé mentale ambulatoires et des hôpitaux psychiatriques ; et  le secteur socio-éducatif, avec des crèches, des établissements d’aide à la jeunesse, d’enseignement spécialisé, des entreprises de formation par le travail, etc. En tout, cela représente 80 établissements, dont une soixantaine en Belgique et 17 en France. Environ 8000 patients et résidents sont pris en charge au sein de ceux-ci. Mon rôle sera d’appuyer la direction générale en tant que président du CA.

Aurez-vous encore un peu de temps pour vos activités de chercheur… et pour vos hobbys ?

Je poursuis mes recherches sur le ministre Jules de Burlet, dont j’ai déjà étudié la carrière communale et la carrière parlementaire. Je vais m’attaquer à sa carrière ministérielle… bien que la plupart des sources n’aient pas été conservées. Je continue aussi à pratiquer ma passion, la pêche sportive en rivière. Je passe généralement 10 journées entières par an au grand air, les pieds dans l’eau !

 

Propos recueillis par Morgane Belin