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Mathieu Billa

Depuis 2014, Mathieu Billa dirige le Bastogne War Museum, le lieu de mémoire consacré à la Seconde Guerre mondiale qui a été créé à deux pas du Mardasson à Bastogne. Une formidable opportunité pour cet historien de 31 ans qui conjugue à la perfection travail et passion, passé historique et mémoire au temps présent. Un parcours que Mathieu Billa nous fait découvrir, dix ans après avoir quitté les bancs de notre Université (promo 2008).

bilPourquoi avoir choisi l'Université de Namur au moment de vos études ?

À la fin de mes études secondaires, je ne savais pas si j’allais entamer mon parcours universitaire en Histoire à Liège, à Namur ou à Louvain-la-Neuve. Ma mère était davantage partisane de l’Université de Namur, car elle en avait entendu le plus grand bien. Après avoir été visiter les différentes villes et infrastructures, mon choix s’est porté sur Namur pour son côté convivial notamment.

Vous êtes originaire de La Roche-en-Ardenne, cité bien connue pour son château féodal et pour son musée de la Seconde Guerre mondiale. L’histoire a-t-elle toujours été importante pour vous ?

Dès mon enfance, j’ai été bercé par les récits d’anciens témoins relatant « l’Offensive Von Rundstedt » (la contre-offensive allemande lancée en décembre 1944 afin de stopper la progression des forces alliées durant la Seconde Guerre mondiale, NDLR). Cela m’a toujours intéressé et, petit à petit, s’est développée en moi une véritable passion pour l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Le choix de mes études s’est donc fait assez naturellement.

Quels souvenirs gardez-vous de votre passage à l'Université de Namur ?

J’en garde de nombreux souvenirs, et rares sont ceux qu’il est déplaisant de se remémorer : les blocus à la Bibliothèque Universitaire Moretus Plantin et dans le hall de la Faculté de médecine, en passant par les diverses activités et excursions dans le cadre des cours, sans oublier les nombreuses soirées au Bunker, dans les cercles, en kot ou avec la régionale de la LUX… Je me souviens particulièrement de la semaine « half-time » que nous avions organisée avec les historiens (le half-time est une période festive célébrant la moitié du cursus universitaire, NDLR). Je n’avais malheureusement pas pu participer à la « descente de cours » dans l’auditoire occupé alors par Axel Tixhon et les étudiants de 1re année de Bac tant les festivités avaient été intenses pour moi durant les jours précédents ! Actuellement, j’ai le plaisir de fréquenter le professeur Axel Tixhon non plus dans le cadre des cours, mais dans le cadre de projets de partenariats entre le Bastogne War Museum et l’Université de Namur.

Quel a été votre parcours, depuis les études ?

Après l’université, j’ai fait une série de « petits jobs » en lien avec mes études… ou pas du tout. J’ai travaillé dans l’enseignement, pour le Mons Memorial Museum alors en construction, mais aussi comme chauffeur-livreur, serveur ou encore comme vendeur de fruits de mer à Oban, en Écosse. Je voulais apprendre l’anglais via l’immersion et j’ai donc voyagé six mois dans cette région et six mois aux États-Unis. Là-bas, j’en ai profité pour consulter des archives de l’armée américaine pour mon livre consacré à la vie des civils après la Bataille des Ardennes, mais aussi pour découvrir des musées d’histoire, rencontrer des vétérans de la Bataille des Ardennes ou des représentants de musées. Les enseignements tirés de ces voyages en pays anglo-saxons me sont toujours bien utiles aujourd’hui, puisque nous accueillons quotidiennement des visiteurs américains au Bastogne War Museum.

Comment êtes-vous devenu, en 2014, l’un des plus jeunes directeurs de musée en Belgique ?

Dès la fin de mes études, j’avais entendu dire qu’un nouveau centre de mémoire sur la Bataille des Ardennes allait ouvrir ses portes à Bastogne. Je me suis donné toutes les chances pour y être engagé, même si je ne m’attendais pas à obtenir le poste de responsable de site. Je ne remercierai jamais assez Benoît Remiche (directeur de la société Tempora, le gestionnaire du site pour le compte de la Ville de Bastogne) d’avoir fait confiance à un jeune historien sans expérience en management.

Quels sont aujourd'hui les défis d'un responsable de musée comme le Bastogne War Museum ?

Mon travail est davantage tourné vers le management que vers la recherche historique. Ma mission principale est de veiller à ce que le site soit toujours « bien tenu », fonctionnel et accueillant. À côté de cela, je dois m’assurer, avec l’équipe dont j’ai la responsabilité, que les objectifs qui nous sont assignés en termes de fréquentation du musée soient bien remplis. Pour le moment, nous sommes assez contents des résultats, le Bastogne War Museum ayant attiré plus de 600 000 visiteurs depuis son ouverture en mars 2014. Pour les années à venir, il est prévu que des travaux de réaménagements extérieurs soient entrepris, de même que la construction d’une grande extension qui pourra accueillir des expositions temporaires, des colloques et événements en tout genre. Les travaux devraient débuter cette année afin de pouvoir déjà disposer de certaines infrastructures l’année prochaine, en vue du 75e anniversaire de la Bataille des Ardennes.

Les activités de reconstitution historique connaissent un succès croissant, tant en Belgique que dans les pays anglo-saxons. Comment expliquez-vous cet engouement, notamment auprès des jeunes ?

Les activités de « reenactment » sont en effet assez populaires. Le fait qu’elles mettent en scène le quotidien des militaires de l’époque à grand renfort d’équipement, d’armes et de véhicules fait peut-être leur succès. Il faut dire aussi qu’à tout âge, il est impressionnant de se retrouver face à un char ou un camion d’un autre temps en état de marche. Ces reconstitutions historiques sont donc intéressantes, car elles permettent au grand public d’appréhender certains éléments de l’Histoire. Mais il ne faut pas oublier qu’il s’agit, à juste titre, de reconstitutions. L’erreur serait donc de s’imaginer que « c’était exactement comme cela ». Le contexte, les cadres mentaux et psychologiques notamment étaient bien différents…

Vous avez consacré vos recherches au sort des civils après la guerre, un point de vue rarement étudié.  Est-ce une dimension que vous avez intégrée au sein du Bastogne War Museum ?

Au sein du parcours de visite, cet aspect n’a pas été délaissé. Deux des quatre principaux personnages qui guident le visiteur dans l’exposition sont des civils. De nombreux objets du quotidien sont par ailleurs exposés. C’est très enthousiasmant de travailler dans un lieu aussi passionnant pour moi !

 

Propos recueillis par Morgane Belin