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Philippe Maystadt

Personnalité dynamique du paysage politique belge dans les années ’80 et ’90, Philippe Maystadt assure aujourd’hui la présidence du comité de direction ainsi que la présidence du conseil d’administration de la Banque Européenne d’Investissement (BEI). À 17 ans, lorsqu’il termine ses humanités au Collège du Sacré-Coeur à Charleroi, il arrive aux Facultés pour s’inscrire en sciences économiques. Il rencontre alors le Père Joset qui le convainc de réaliser les candidatures en droit en même temps... Point de départ d’un parcours brillant.
Philippe MaystadtPourquoi avez-vous choisi les Facultés de Namur pour vos études ?

J’étais carolo, étudiant dans un collège jésuite... Assez naturellement je me suis dirigé pour mes études universitaires vers les Facultés de Namur. J’ai beaucoup apprécié Namur : nous avions des professeurs exceptionnels. Le père Lahaye m’a initié à la philo et je lui dois beaucoup parce que cet enseignement m’a été très utile par la suite. Le père Boland, professeur d’histoire contemporaine, extrêmement brillant, le père Joset, le père Maon, le Père Raes, ... J’ai eu la chance d’avoir comme professeurs des personnalités tout à fait intéressantes et très différentes.

À  29 ans, vous vous lancez dans la politique...

C’est un peu le hasard.  Alfred Califice, premier Ministre des affaires wallonnes, m’a appelé dans son cabinet comme technicien pour préparer la confection du premier budget wallon. C’est ainsi que ma carrière politique a débuté.

Vous occupez ensuite de nombreuses responsabilités ministérielles, dont celle de Ministre des finances pendant 10 ans. Vous êtes une des chevilles ouvrières du redressement des finances de la Belgique dans les années ’80...

Nous avons apporté des modifications importantes à la manière dont l’État belge se finançait et gérait sa trésorerie : nous avons complètement revu les méthodes de financement du budget de l’État et, en particulier, nous avons mis au point de nouvelles techniques d’emprunt à la fois plus concurrentielles et plus diversifiées. Il s’agit d’une réelle modernisation de la gestion de cette dette et de la trésorerie qui a eu des effets durables sur la réduction des charges d’intérêt et donc du déficit de l’État belge.

Quel est le rôle de l’institution que vous présidez aujourd’hui ?

Institution bancaire créée par le Traité de Rome, la Banque Européenne d’Investissement a pour mission d’apporter un soutien financier à la réalisation des objectifs de l’Union européenne. Nous empruntons des capitaux sur les marchés financiers et nous octroyons des crédits à long terme dans le cadre des objectifs fixés par le Traité et par le Conseil européen.

La BEI aide notamment les pays candidats à l’adhésion ?

Oui, réussir l’élargissement constitue un des objectifs de l’Union européenne. On nous demande donc depuis quelques années de financer des projets dans ces pays de manière à préparer leur entrée dans l’Union. Il s’agit d’une activité en croissance : en 2003, nous avons accordé des prêts pour plus de 40 milliards d’euros, dont près de 80% pour des pays faisant partie de l’Union, le solde à destination principalement des pays candidats.

Selon un sondage Eurobaromètre de décembre, 47 % des citoyens de l’Union seraient favorables à l’élargissement, 43 % seulement en Belgique...

Je pense qu’en soi l’élargissement est quelque chose de tout à fait positif, y compris pour nos pays. Il faut se rappeler que le but premier de la construction européenne est d’assurer la paix et la stabilité dans une partie du monde qui avait été trop souvent déchirée par les guerres. L’élargissement est d’abord important pour étendre cette œuvre de paix et de stabilité à l’ensemble du continent européen. Je pense aussi que d’un point de vue économique les conséquences seront finalement très positives à la fois pour les nouveaux membres et pour les États membres existants, notamment pour nos entreprises qui ont accès à des marchés en croissance. Le problème provient peut-être du sentiment que l’Europe n’a pas encore réussi à se doter des moyens de fonctionner correctement après l’arrivée des dix nouveaux membres. Les institutions européennes doivent être réorganisées, nous ne réussirons l’élargissement que si nous nous dotons des moyens et des procédures qui nous permettront de fonctionner correctement et, notamment, d’être encore capables de prendre des décisions à 25.

Que pensez-vous de l’harmonisation européenne de l’enseignement universitaire ?

L’harmonisation devrait faciliter la mobilité des personnes au sein de l’Union, ce qui est indispensable. Sur un marché unique, doté d’une monnaie unique, la mobilité des facteurs de production doit permettre de répondre à des impulsions qui touchent une partie de ce grand marché. Nous avons la mobilité des capitaux, celle des personnes est encore insuffisante.