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Yves Freson

De père professeur, de mère institutrice, il ne s'est pas beaucoup posé la question du choix de sa profession. Il voulait des langues et l'enseignement... il se lance dans les germaniques en 1962 aux Facultés de Namur. Il poursuit ses études à Leuven et entame ensuite une carrière de professeur, jusqu'en septembre 2000.

Il a alors 55 ans. C'est au tour d'un francophone, bilingue, d'assurer la présidence de la Fédération royale belge de tennis. Elu à la tête du tennis belge, il demande sa prépension et se consacre à 100% à ses passions, le tennis et les voyages.

Yves FresonVous revenez de Madrid, où la Belgique a remporté la Fed Cup: c'est une première dans l'histoire du tennis belge. En tant que président de la Fédération, vous êtes un homme heureux?

Oh, heureux est un mot beaucoup trop faible! Je suis un homme comblé... C'est un événement historique, c'est la première fois qu'une équipe belge de tennis, tant masculine que féminine, gagne une telle compétition dont le nom porte peut-être à confusion mais en réalité c'est le championnat du monde par équipe féminine, donc... être champion du monde, cela fait toujours un énorme plaisir! C'est bien sûr un titre que les joueuses ont gagné, pas la Fédération. Mais être le président d'une telle équipe de jeunes espoirs comme elles le sont, c'est presque le paradis sur terre!


On reviendra sur le tennis belge mais, avant cela, pourriez-vous nous décrire, en résumé, votre parcours après votre passage à Namur (candidatures en langues et littératures germaniques, 1962-1964) ?

J'ai étudié les licences à Leuven. Et, déjà à l'époque, j'ai fait mon mémoire sur l'origine du vocabulaire allemand du tennis, à la grande stupéfaction de mon promoteur (rires)! C'est dire si le tennis était déjà une passion. Tout de suite après ma licence, j'ai été engagé comme professeur de néerlandais et d'allemand dans l'enseignement secondaire supérieur.

Pourquoi les Facultés de Namur pour vos candis ?

Les Facultés étaient une excellente transition avec le monde du secondaire. Nous avions des interrogations toutes les semaines sur les cours généraux; nous parlions du "stress du lundi matin": c'est en arrivant le lundi matin que nous apprenions par les valves les cours dans lesquels certains d'entre nous seraient interrogés. La présence au cours était obligatoire. Nous avions notre place dans l'Aula Maior et le préfet allait dans la cabine de projection cinématographique, il relevait les places vides et les absences devaient alors être justifiées. C'était un autre monde! (rires) Il nous était interdit de sortir après 21 heures en première candi, nous devions avoir l'autorisation du préfet pour aller au cinéma! Malgré ces péripéties, je garde d'excellents souvenirs des Facultés.

Une anecdote à partager ?

En seconde candi, nous avions 8 examens à passer le même jour. Nous devions être là à 8h30 le matin, tous les professeurs étaient dans un grand auditoire et nous passions de l'un à l'autre. Je n'avais absolument pas étudié l'examen du Père Joset, j'avais été pris de court et mal organisé pendant l'année – je n'ai pas toujours été un étudiant brillant, j'étais un peu guindailleur aussi – je retardais donc l'échéance le plus possible. A 15h45, le Père Joset est venu me trouver dans le couloir en me disant "Monsieur Freson, n'est-il pas temps d'y aller?" Je suis rentré dans l'auditoire avec des jambes flageollantes, en attendant la plus belle cote d'exclusion de ma carrière d'étudiant. J'ai tiré la question suivante: "expliquez-moi les origines de la renaissance" Monsieur de Jonghe en avait abondamment parlé dans le cadre de son cours de littérature européenne. J'ai ressorti tout cela au Père Joset, c'était très loin de son cours, mais il a considéré que j'avais vraiment bien travaillé à côté, il m'a mis un 17 pointé, cela a été la plus belle cote de toute ma carrière d'étudiant! (rires)

De quand date votre passion pour le tennis ?

De l'âge de 8 ans. C'était l'époque de Washer et de Brichant. Mes parents écoutaient les commentaires de Luc Varenne à la radio, des heures durant (coup droit de Washer, revers de Brichant, ...). Il m'ont offert à cette époque-là ma première raquette. Les études étant ce qu'elles étaient, je n'ai vraiment commencé à jouer qu'au milieu des années '60. Je joue toujours aujourd'hui, avec des amis, le plus régulièrement possible.

En 1994, vous obtenez votre diplôme de juge-arbitre international: l'opportunité de vivre vos passions simultanément ?

Exactement. Le goût pour les voyages m'est venu des émissions de télévision: j'ai participé pendant une dizaine d'années à l'émission "Visa pour le monde", que j'ai gagné, avec à la clé un magnifique tour du monde. Ceci n'a fait que confirmer mon goût des voyages. Puis j'ai commencé ma carrière comme arbitre de tennis, puis juge-arbitre régional, national, et en 94 ce diplôme officiel de la Fédération internationale qui m'a permis d'aller dans toute une série de pays pour diriger des compétitions: l'Ouzbekistan, la Turquie, le Danemark, le Maroc...

Après avoir assuré la fonction de vice-président de l'Association francophone de tennis (AFT), vous êtes élu président de la Fédération belge de tennis en mars 2000: quelles sont les missions principales de la Fédération et votre rôle dans celles-ci ?

La Fédération traite principalement de tout ce qui est du domaine international: les Jeux Olympiques, la Coupe Davis, la Fed Cup, la sélection des joueurs pour ces rencontres et, également, les domaines nationaux qui intéressent les 2 ligues: par exemple, le championnat interclub (il y a encore un champion de Belgique). Une de mes missions principales est de veiller à l'équilibre entre les décisions et à résoudre les problèmes dans une certaine sérénité.

Pour arriver à un tel niveau de tennis, la Fédération belge a-t-elle un secret ?

On m'a beaucoup posé cette question cette année: si il y avait un secret, évidemment, je ne le communiquerais pas ! (rires) Ce que les 2 ligues ont fait (c'est de leur ressort): mettre des structures sur pied, qui partent des clubs et remontent vers les régions et les provinces, et puis qui viennent vers les 2 centres de ligues (Mons et Anvers). Les meilleurs joueurs sont pris en charge par des professeurs hyper-compétents et hyper-professionnels. Ainsi, le jeune qui a du talent en principe ne devrait pas passer à travers les mailles du filet. Encore faut-il que ces jeunes acceptent la vie en internat. En tant qu'"élite sportive", ils bénéficient d'un régime scolaire adapté: 22 heures de cours par semaine au lieu de 34 ou 36, de façon à pouvoir se consacrer à leur sport. Ils sont actuellement 9 en Communauté française.

En 2002, la Fédération fêtera son centenaire: des projets déjà pour "marquer" l'événement ?

Un timbre va sortir début janvier, nous allons éditer un livre sur le centenaire de la Fédération, nous allons organiser une grande fête pour tous les clubs: voilà ce qui était prévu jusqu'à présent. Nous avons la garde de la coupe (de la Fed Cup) pendant 1 an: nous voudrions la faire voyager dans le pays à l'occasion du centenaire de la Fédération, pour en faire profiter un maximum de clubs et d'organisations. On envisage également d'organiser la finale de la Fed Cup en Belgique l'an prochain: mais pour cela, il faudra que le pouvoir politique nous aide grandement, c'est un projet très coûteux.

La pratique régulière d'un sport, dans le cadre de l'université ou en dehors, fait-elle à votre avis partie intégrante de la formation au sens large des étudiants ?

Oui, même si le système belge ne facilite pas beaucoup la pratique du sport. Il est évident que le sport fait partie de la formation d'un individu: la force de caractère, la volonté, l'esprit d'équipe, le dépassement de soi, ... Le sport peut donner tout cela, quelque soit la discipline. Les anciens grecs prônaient déjà la pratique du sport et organisaient des jeux olympiques. Le sport est important pour la bonne forme physique de l'individu, mais aussi pour sa bonne forme mentale, et c'est peut-être encore plus important.

Avec du recul, il semble que vous ayez magnifiquement réussi à combiner votre profession, vos compétences en langues et vos passions, c'est un peu le rêve de tout un chacun. Y a-t-il un "truc" pour cela ?

Il faut essayer de vivre ses passions. Il faut d'abord les définir, on ne les a pas nécessairement au départ. Et puis il faut de la chance, j'ai souvent été "the right man at the right place". J'ai eu beaucoup de chance et je suis, à ce niveau-là, un homme comblé!