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Daniel Bourgeois

Arrivé aux Facultés pour suivre des candidatures en sciences économiques en 1974, le jeune Daniel Bourgeois n'imaginait pas qu'il entrait dans une maison qu'il ne quitterait plus jusqu'à son admission à la retraite, en 2016... soit 42 ans plus tard. Licencié et maître en sciences économiques, chercheur, membre puis directeur des Services financiers, Daniel Bourgeois a vécu tous les grands moments du développement des FUNDP, tout comme les grandes avancées technologiques qui ont marqué les métiers de la finance. Retour sur le parcours de Daniel, auquel nous avons tous à coeur de dire : "merci, et à bientôt" !

Daniel BourgeoisPourquoi avoir choisi les FUNDP pour faire vos études, en 1974 ? Était-ce en raison d'une proximité géographique ?

Ayant grandi dans un faubourg de la ville de Namur, et ayant opté pour suivre des études universitaires, mon choix s’est naturellement porté sur les FUNDP, d’autant que la matière qui m’intéressait (à savoir l’économie) y était enseignée. Un de mes cousins qui suivait déjà cette formation m’en avait par ailleurs dit le plus grand bien. La proximité de l’Université avec mon domicile a bien entendu constitué un attrait supplémentaire dans la mesure où elle permettait à mes parents de faire l’économie de la location d’un kot. Toutes mes études, partant de la maternelle en passant par les primaires, les humanités et ensuite l’Université se sont donc déroulées dans cette belle ville de Namur.

Quel est le souvenir le plus marquant de vos études à Namur ? 

Le souvenir le plus marquant est certainement la taille humaine du groupe d’étudiants dont je faisais partie. L’orientation « économie publique » devait compter une centaine d’étudiants tout au plus, ce qui permettait de se connaître tous, mais ce qui permettait surtout d’avoir un accès aisé et rapide aux différents professeurs si cela s’avérait nécessaire. Cette pédagogie basée sur la proximité étudiant/professeur et qui a fait la réputation des FUNDP n’était certainement pas un vain mot. Les professeurs nous connaissaient et nous appelaient par notre prénom. J'entends encore Michel Coipel m'appeler "Daniel".
Au rayon des anecdotes, je me souviens avoir énervé très fort le responsable informatique de la Faculté des sciences économiques lorsque je travaillais à mon mémoire. Pour exploiter et analyser des données que j’avais récoltées, j’avais préparé un programme d’exploitation en langage « Fortran » constitué d’une série de cartes micro perforées que j’avais remises au responsable informatique pour qu’il fasse travailler l’ordinateur de l’époque. J’avais juste oublié de mettre une dernière carte « fin » ou « stop » qui signifiait que le travail s’arrêtait là. Lorsque je suis venu rechercher les résultats, j’ai subi les foudres du responsable informatique qui (sans doute un peu distrait lui aussi) m’a montré le résultat du fait que l’ordinateur avait tourné en boucle pendant un long moment et avait du coup imprimé une montagne de papier…

Un professeur vous a-t-il particulièrement marqué ?

Charles JaumotteUn nom vient sans conteste immédiatement à l’esprit : c’est celui de Charles Jaumotte qui par son cours d'Introduction aux faits et mécanismes économiques, enseigné en 1re candidature, nous a inculqué l’ensemble des lois économiques qui régissent notre comportement d’acteur économique et le monde économique qui nous entoure, et tout cela dans un langage clair à souhait et toujours illustré d’exemples parlants. D’autres professeurs m’ont également marqué dans la mesure où ils partageaient leur vie entre un job important dans la vie économique réelle et leur activité de professeur, cette dernière étant nourrie par leur expérience dans le monde réel, ce qui rendait leur cours fort intéressant. Je veux parler ici par exemple de Jacques Degroot (Banque Mondiale et Fonds monétaire international) et de Jean-Pol Abraham (Banque Paribas), enseignant tous les deux les matières monétaires et financières. Je voudrais enfin citer le cas particulier de Paul Reding qui, tout jeune académique à l’époque, a accepté d’être le promoteur de mon mémoire de fin d’études et à ce titre a marqué ma formation.

Vous avez été diplômé en 1979 et vous avez rejoint les FUNDP comme chercheur la même année. Quelle était votre thématique de recherche ?

J’étais en effet fraîchement diplômé fin 1979 et à la recherche d’un premier emploi dans le secteur bancaire lorsque j’ai été contacté par Charles Jaumotte qui dirigeait plusieurs équipes de recherche et qui avait un poste de chercheur à me proposer. La recherche à laquelle j’ai modestement contribué était financée par la Politique Scientifique et touchait à la problématique des services à mettre à disposition des personnes âgées et plus particulièrement à la manière de mettre en adéquation l’offre de ces services (maisons de repos, soins et repas à domicile…) avec la demande.

Vous avez rejoint les Services financiers, pour ne plus les quitter, dès 1980. Comment cette "réorientation de carrière" a-t-elle eu lieu ?

Services financiers 1984Le métier de chercheur financé sur contrat particulier de recherche est a priori un job que l’on exerce en début de carrière dans l’attente de trouver un emploi plus stable, assorti d’un contrat d’emploi à durée indéterminée. Tout en étant chercheur, j’ai donc poursuivi ma recherche d’un emploi stable. Étant intéressé par le monde de la finance, mes recherches se sont naturellement tournées principalement vers le monde bancaire, jusqu’à décrocher un contrat avec une banque danoise basée à Luxembourg, ma candidature ayant été recommandée et soutenue par Jean-Pol Abraham. C’est alors, à la veille de signer mon contrat avec cette banque danoise que Charles Jaumotte s’est à nouveau adressé à moi en me signalant que les FUNDP avaient décidé d’ouvrir un poste d’adjoint au directeur financier et en m’invitant à postuler si j’étais intéressé. C’est ce que j’ai fait avec la perspective de remplacer le directeur financier de l’époque, Jacques Vandermensbrugghe, une petite dizaine d’années plus tard, lorsqu’il serait arrivé à l’âge de la retraite. Ma candidature a certainement été soutenue par Charles Jaumotte et le Conseil d’administration m’a engagé comme adjoint au directeur financier en décembre 1980, avec le projet d’apprendre le métier à mon aise sur une période d’une dizaine d’années. Malheureusement pour lui, Jacques Vandermensbrugghe est tombé malade quelques mois après mon arrivée et a dû assez rapidement abandonner sa fonction. C’est ainsi que dès le mois d’octobre 1983, et en bouleversant le timing prévu initialement, le Conseil d’administration m’a nommé directeur des services financiers, avec à nouveau le plein soutien de Charles Jaumotte, même si à l’époque, j’étais encore un "gamin", comme Charles a plaisir à me le rappeler régulièrement. Il avait toutefois confiance en moi, et en ma capacité à relever ce défi. Ce fut une période à la fois très enrichissante, mais aussi un peu stressante, car ma formation s'en est trouvée très accélérée...

De 1983 à 2016, la gestion des finances de l'Université a dû être complètement bouleversée par le développement de l'informatique, l'arrivée d'ordinateurs et de logiciels performants, d'applications de gestion en ligne comme Noé Finance... Quels furent, selon vous, les "tournants" technologiques les plus importants ?

Il est évident que sur la période considérée, c’est l’évolution de l’outil informatique qui a constitué le tournant technologique le plus important, et principalement l’arrivée des PC’s au milieu des années 80, que l’on devait partager au début vu leur coût, avant de disposer chacun du sien. L’arrivée des PC’s a par ailleurs coïncidé avec l’accès aux logiciels de bureautique, et on a vu apparaître rapidement les e-mails et l’accès à internet. Avec les PC's, les techniques d’encodage des mouvements comptables s’en sont trouvées modifiées et simplifiées, tout en offrant des outils de reporting toujours plus détaillés et plus complets. Les logiciels comptables ont également dû évoluer compte tenu de l’évolution des supports informatiques mais également de la règlementation. L’évolution la plus récente a consisté à mettre en œuvre un logiciel de gestion intégrée qui a donné naissance à Noé Finance, offrant entre autres choses et pour la première fois à l’ensemble des gestionnaires de budgets ou de comptes pour ordre un accès direct à la situation et aux mouvements de leurs comptes.

Outre les applications comptables, les Services financiers ont également vu évoluer d’autres applications dans leur environnement, comme l’informatisation des flux financiers entrants et sortants, et l’apparition des terminaux de paiements. Le temps où le chef comptable allait déposer à la banque des chèques, des virements papiers ou des disquettes contenant les paiements à effectuer ou des enveloppes contenant les paiements effectués en cash par les étudiants était révolu…

Les contacts avec l’administration fiscale ont également été progressivement informatisés : déclaration TVA, déclaration IPM, attestations pour déduction fiscale des dons reçus, etc.

Comment avez-vous réussi à intégrer avec succès ces nouvelles technologies au sein des Services financiers ?
Tous ces changements informatiques ont été acceptés et assimilés sans aucun problème. Le personnel des Services financiers a bien entendu dû s’adapter à chaque fois mais il l’a toujours fait avec beaucoup d’entrain car à chaque fois, il voyait clairement les avantages et les plus-values qu’il pouvait en retirer. Ces changements informatiques ont par ailleurs toujours été mis en place et soutenus ensuite par l’équipe « applications administratives » du centre de calcul (devenu Service Informatique Universitaire), ce qui procurait un grand confort aux utilisateurs que nous étions.

33 ans à la tête des Services financiers, toujours avec compétence et avec le sourire. Quel est votre secret ?

À vrai dire, je n’ai aucun secret. J’ai eu la chance d’assister et de participer au développement et à l’extension des FUNDP, en étant impliqué dans tous les dossiers importants, en raison de ma fonction d’une part, mais aussi du mode de fonctionnement mis en place par Charles Jaumotte. Cette implication et cette connaissance des dossiers est évidemment cruciale pour être efficace dans son job. N’oublions pas qu’un homme (ou une femme) bien informé(e) en vaut deux. Charles l’avait très bien compris.

Services financiers aujourd'huiLe développement de l’institution et les multiples modifications réglementaires intervenues dans son environnement ont par ailleurs eu pour conséquence que la petite équipe constituant les Services financiers à mon arrivée (4 personnes, 3,5 UTP) a progressivement dû être étoffée. J’ai donc procédé au fil du temps au recrutement des autres collaborateurs constituant finalement une équipe de 12 UTP. En parallèle, la constitution de trois cellules au sein des Services financiers a permis à chacune et chacun de trouver parfaitement sa place au sein de l’équipe, tout en étant doté d’une grande polyvalence via la formation qu’on lui assurait. Chaque nouveau membre de l’équipe arrivait dans un groupe qui fonctionnait très efficacement et y trouvait rapidement sa place, où il jouait un rôle crucial et en adhérant surtout parfaitement à la philosophie qui a toujours été la mienne, à savoir l’idée que nous étions là pour rendre un service le meilleur possible à l’ensemble de la communauté universitaire.

Disposer d’une information la plus large possible et être entouré d’une équipe formidable, voilà sans doute les raisons principales qui m’ont permis de tenir la distance en restant efficace et en gardant le sourire. Un autre ingrédient de la recette de la réussite est peut-être l’état d’esprit qui m’a toujours animé : « Faire mon travail le plus sérieusement possible, mais sans jamais me prendre au sérieux ».

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Propos recueillis par Morgane Belin