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Discours de rentrée 2009-2010

L'ETUDIANT : PREMIER ACTEUR DE SA FORMATION

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Monsieur le Gouverneur,

Monsieur le Bourgmestre,

Monsieur le Président du Parlement de la Communauté française,

Madame et Messieurs les Recteurs et leurs représentants,

Mesdames et Messieurs les Directeurs Présidents,

Mesdames et Messieurs les parlementaires,

Mesdames et Messieurs les Députés provinciaux, Bourgmestres,

Echevins, Conseillers Provinciaux et Communaux,

Messeigneurs, Révérend Père Provincial,,

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

Chers étudiants, chers collègues, chers amis,

Au seuil de cette année académique, laissez moi vous souhaiter, au nom de toute la communauté universitaire, la très cordiale bienvenue. Votre présence parmi nous cet après-midi, de même que les messages des personnes qui n’ont pas pu nous rejoindre, témoignent  de votre attachement à notre université namuroise et de l’importance que vous accordez à la réalisation de nos missions, au service de la jeunesse et de la société toute entière.

Je souhaiterais comme chaque année, rendre brièvement hommage à celles et ceux qui ont consacré leur talent, leur énergie, leurs compétences à notre Université et qui nous quittent aujourd’hui pour débuter une nouvelle tranche de vie débordante de projets.

C’est au Professeur Roland LESUISSE que je souhaite en tout premier lieu exprimer notre profonde gratitude. Licencié en philosophie et lettres de l’UCL, il est quelques années plus tard un des premiers maîtres en informatique de Namur avant d’y obtenir le titre de docteur en sciences, option informatique. Fort de cette double formation qui correspond tellement au projet de notre institution, Roland LESUISSE devient chargé de cours en 1984, centrant ses recherches et ses enseignements sur la gestion de projets et la gestion stratégique des systèmes d’information. Il assumera durant six ans la charge de directeur de l’institut d’Informatique. Ses qualités d’écoute et de gestion l’ont conduit à la table du Conseil d’administration où il siègera durant huit ans comme secrétaire général, puis comme vice-recteur. Avec patience, écoute, disponibilité, calme mais avec un certain acharnement et non sans un fameux brin d’humour, il a organisé de main de maître plus de cent réunions du conseil et rédigé l’équivalent de plus de vingt kilos de pages de décisions et de procès-verbaux ! Pour la qualité de ton écoute et de ton attention à chacun, pour la clairvoyance de tes analyses et ton attachement au futur de notre institution, Bien cher Roland, un immense merci !

C’est par un doctorat en philosophie obtenue à l’Université de Lille III qu’Etienne GANTY achève sa longue formation de jésuite, tout en assurant des enseignements de philosophie à ses jeunes confrères. Il nous arrive en 1995 et reprend dès l’année suivante la direction du département de philosophie auquel il apporte un souffle nouveau, tant en matière d’enseignement que de recherche. Disciple de Heidegger, il se spécialise progressivement dans le domaine de la philosophie politique. Malgré sa très lourde charge d’enseignement, il reste un chercheur très actif. Derrière sa pipe et ses lunettes noires se cache un homme au grand cœur, toujours disponible à ses étudiants et ses chercheurs. 

Autre philosophe, autre jésuite, en faculté des Sciences Economiques, Sociales et de Gestion cette fois. Docteur en philosophie de l’UCL, spécialiste de Blondel, Paul FAVRAUX assure depuis près de trente ans des enseignements de philosophie et de sciences religieuses dans sa faculté, mais aussi en faculté de Droit. Très apprécié de ses étudiants et attentif à chacun, il manifeste un souci tout particulier aux conditions d’encadrement pédagogique des étudiants de première année.

Maître en sciences économiques de nos Facultés et docteur en théologie de l’UCL, le Père Edouard HERR a assuré durant de nombreuses années le cours d’« Approche philosophique des cultures et des sociétés ». Nous retiendrons de lui son engagement durant huit ans comme  délégué du Pouvoir Organisateur auprès du Conseil d’administration et de l’Assemblée générale. 

Docteur en sciences des FUNDP, Ghislain BLANQUET a entamé sa carrière académique au département de physique en 1986 ; il y a créé, avec feu le Père Charly COURTOY, le laboratoire de spectroscopie moléculaire. Professeur très soucieux de pédagogie et fort apprécié de ses étudiants, il répartit ses enseignements entre des cours d’introduction à la physique destinés aux étudiants de médecine et de médecine vétérinaire, et des cours spécialisés destinés aux physiciens de deuxième cycle. Chercheur opiniâtre, il a publié de nombreux articles dans des revues spécialisées.

Autre docteur en sciences des FUNDP, Jean-Paul RASSON devient chargé de cours au département de mathématique dès 1977. Il y développe une grande activité de recherche au sein de l’unité de statistique. Par ses nombreuses publications, il devient vite une autorité scientifique reconnue à l’échelle internationale. Il parcourt le monde pour participer à des congrès et conférences afin d’y développer et partager sa passion des statistiques et des probabilités.

Docteur en médecine vétérinaire de Cureghem, Jean-Marie GIFFROY nous arrive en 1973 pour assurer les cours d’anatomie et d’embryologie animale. Il se chargera en outre très longtemps de la direction du département de médecine vétérinaire en pleine expansion. A ce jour, pas moins de 1750 étudiants ont été diplômés candidats ou bacheliers en médecine vétérinaire et ont pu apprécier (et parfois craindre) la grande exigence de notre collègue. Son engagement en faveur du bien-être animal le mène à la présidence du conseil du bien-être animal ; il est aussi membre de la Fondation Prince Laurent et de l’Institut pour la gestion durable des Ressources naturelles

Docteur en sciences de l'UCL, Jean-Marie ANDRE arrive aux Facultés en 1971. Fondateur du Laboratoire de chimie théorique appliquée, il acquiert rapidement dans son domaine une réputation internationale.  Ses travaux font l'objet de nombreuses publications et sont couronnés en 1991 par le prix Francqui. Jean-Marie ANDRE est membre de l'Académie Royale de Belgique dont il a assuré la présidence en 2008 ;  avec ses collègues Hervé HASQUIN et Marie-José SIMOEN, il est à l’initiative de la récente création du « Collège Belgique ». Mais il est avant tout un enseignant qui a l'art de démystifier les concepts les plus ardus rencontrés par ses étudiants.  Il a par ailleurs rendu de nombreux services à notre université, notamment comme Administrateur, Président du Conseil de recherche et Directeur de la Bibliothèque  Moretus-Plantin.

Mme Anne-Marie DAMIN-BOGAERT, conservatrice à la BUMP, vient d’être admise à la pension. Outre sa grande disponibilité à tous, chercheurs et étudiants, nous la connaissons pour les superbes expositions qu’elle met sur pied à la Bibliothèque ; depuis quelques jours, dans le cadre des journées du patrimoine, c’est une remarquable exposition sur l’architecte Roger BASTIN qu’elle nous propose de concert avec le service « culture » de la ville de Namur.

Après une longue carrière au service de la communauté universitaire, plusieurs membres du personnel administratif, technique et ouvrier nous quittent également pour une retraite bien méritée :

- Anne-Marie BERTRAND, Jean-Claude BOUCHAT, Alain BURLET, Monique JADIN,  Yvan MORCIAUX et Chantal VIAINA à la faculté des Sciences

- Jacqueline SPINEUX à la faculté de droit

- Danielle DESILLE,  Marie-France SIX-BOULANGER et Marie-Jeanne VERTEZ à la faculté de médecine

- Viviane DEPAS à la BUMP 

- Christian DE CALUWE et Gilbert LEFEVRE aux services techniques

- Anne-Marie QUOIRIN au secteur social.

Toutes et tous se sont dévoués durant de nombreuses années au service de l’institution. Qu’en notre nom à tous, ils soient aujourd’hui remerciés et qu’ils puissent profiter pleinement d’une retraite active et épanouissante. Nous serons toujours heureux de les revoir parmi nous !

Plusieurs membres de la communauté universitaire  nous ont quittés pour la maison du Père.

- Mademoiselle Pascale LEPAGE, chercheur au Département Education & Technologie

Monsieur Lucien BURNIAUX, technicien au département d’anatomie,

- Monsieur Willy DUMONT, chef de travaux au département de chimie.

A leurs familles et à leurs proches, notre communauté universitaire réitère ses sentiments de profonde sympathie.

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Les universitaires ne sont pas peu prolixes dans leurs propositions, commentaires, analyses, déclarations de toutes sortes sur les missions de l’université, sur le rôle des enseignants-chercheurs, sur l’importance des classements d’universités et donc prioritairement du nombre de publications répertoriées, sur l’ancrage régional, sur la contributions des universités à la création d’entreprises, sur la valorisation des résultats de la recherche et la protection de la propriété intellectuelle…et la liste est loin d’être exhaustive ! Qu’il nous suffise de découvrir le thème de certains colloques ou autres réunions d’associations internationales d’universités, de regarder les titres de certaines revues ou encore de faire des recherches sur la toile, et  nous serons impressionnés de découvrir l’ampleur du discours de l’université sur elle-même, et plus particulièrement sur des thématiques centrées autour des dimensions économique et concurrentielle. Le souci d’être dans le top 20, d’être parmi  les meilleurs est omniprésent ; encore faut-il savoir être les meilleurs en quoi ? Le point prête à discussion. Certes, le prestigieux journal « The Times » et une équipe de Shangaï ont effectué des classements mondiaux,  principalement fondés sur des critères liés à la recherche. Sont-ce cependant là les seuls critères à retenir ? Oserait-on imaginer qu’un jour ces classements puissent intégrer d’autres critères tels que « le devenir des étudiants formés par les universités » ?

C’est  cette perspective-là que le Père P-H KOLVENBACH, Supérieur général de la Compagnie de Jésus jusqu’il y a peu et  qui  était parmi nous dans cet auditoire il y a trois ans, jour pour jour, à l’occasion de la rentrée académique célébrant le 175ème anniversaire de nos Facultés, nous a fait partager lorsqu’il a évoqué sa vision de l’université et les raisons de l’engagement de la Compagnie de Jésus dans le travail d’enseignement supérieur et de recherche. Dans un document qu’il adressait à toutes les universités jésuites en 2001, il écrivait : « la vraie mesure de nos universités est la personne que devient l’étudiant ». 

Qu'on ne s’y méprenne pas ! Loin de moi et loin de lui, vous vous en doutez, l’intention de nier l’importance de l’évaluation externe de nos universités ou de minimiser la place de la valorisation des résultats de la recherche ou de l’ancrage régional ; ce sont  des services que la société attend de nous et nous y travaillons tous les jours ! Mais à force de nous laisser envahir par ces savantes préoccupations quantifiables et par leurs objectifs concurrentiels sous-jacents, nous risquerions d’oublier que la composante majoritaire de toute université, ce sont les étudiants ! Le propos peut sembler paradoxal. Cependant, en préambule du  discours qu’il prononçait à l’occasion de la fête patronale de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth le 20 mars 2006, le Recteur CHAMUSSY s’exprimait ainsi : « Il est étrange, à considérer la vaste littérature consacrée au phénomène universitaire, de voir le peu de place consacrée à l’étudiant comme acteur principal de la communauté universitaire. Il va de soi cependant que nous avons là le groupe le plus important par rapport à tous ceux que compte notre université ». Et le Recteur CHAMUSSY de poursuivre : « L’Université ne peut faire l’impasse aujourd’hui sur les modalités d’appropriation du savoir par la population étudiante de même que sur sa façon d’exister et se lancer dans la société telle qu’elle est ». Et vous conviendrez que « exister et se lancer dans la société telle qu’elle est », ce n’est assurément pas aujourd’hui une démarche confortable et sécurisante pour un jeune étudiant de Beyrouth, de Gaza, de Téhéran ou de Kinshasa !

Au moment où nous nous préparons, comme toutes les universités de la  Communauté française de Belgique, à des évolutions institutionnelles importantes, il me semble plus que jamais indispensable de réaffirmer que l’étudiant est le premier acteur de sa formation et de faire en sorte qu’il le soit réellement. Tout le monde s’accorde pour nous reconnaître une riche tradition et des pratiques innovantes en matière de pédagogie ; dans l’université nouvelle dont le projet se précise peu à peu et dont le nouveau Président de l’Académie nous entretiendra dans quelques instants, il nous faudra tout à la fois renforcer certaines de nos spécificités et en partager d’autres. 

A cet effet, considérons ensemble quelques unes des propositions qui sont faites à nos étudiants pour les aider à devenir les premiers acteurs de leur formation. Bien sûr,  ces propositions prises isolément ne sont pas, ou ne sont plus, une exclusivité de nos facultés namuroises. Tant mieux ! Mais je me propose de vous montrer que prises toutes ensemble, dans le contexte et la vision qui est la nôtre, elles prennent une cohérence spécifique, sinon unique en  Communauté française.

Au début de ce parcours universitaire namurois, il y a un élève, fille ou garçon, rhétoricien dans un collège, un athénée, un lycée ; cet élève est issu  de la Communauté française de Belgique le plus souvent, mais aussi de la Communauté flamande ou germanophone, ou de l’étranger. Il –elle- s’est informé depuis des mois sur les cursus d’études proposés par les différentes universités. Il a fait son choix, celui du cursus et celui des FUNDP, sur base notamment de notre  site web, des  salons de l’étudiant, des soirées  d’information organisées dans son école, de nos journées « portes ouvertes » ou des semaines « cours ouverts » organisés durant ses congés scolaires. Le plus souvent, après avoir ainsi affiné son projet, il a définitivement choisi  après une rencontre avec un étudiant qui a fait le même choix quelques années plus tôt ! 

L’étape suivante, celle de l’inscription, n’est pas, chez nous, une simple démarche administrative ; elle est aussi un moment d’accueil, d’écoute et de dialogue ;  elle se règle non  par des échanges informatisés mais dans le cadre d’une rencontre personnalisée. Une fois inscrit, notre tout nouvel universitaire va pouvoir, s’il le souhaite, participer dès le mois d’août aux cours préparatoires qui lui permettront une mise à niveau de ses connaissances. Durant cette session, l’Assemblée générale des étudiants lui proposera une première soirée festive et conviviale qui lui permettra déjà de vivre cette ambiance particulière d’une communauté universitaire à taille humaine, au sein d’une ville à taille humaine.

Dès demain matin, 16 septembre, le voici plongé dans sa faculté où professeurs et assistants, collaborateurs didactiques, techniciens  et secrétaires, mais aussi les étudiants des années supérieures, vont l’accompagner dans ce nouveau monde. En première année, l’accompagnement des étudiants, calculé en termes de personnel mobilisé, est effectivement important ! Plus que d’autres institutions, nous avons, pour lui donner les plus grandes chances de réussite, opté délibérément d’accompagner ce nouvel  étudiant au maximum et de l’aider  le plus possible à découvrir son nouvel univers avec ses outils de travail, du laboratoire à la bibliothèque, à mettre au point sa méthode de travail… Il ne s’agit pas, comme on le dit parfois en parlant de nous, de le materner. Bien au contraire, nous voulons  l’aider à s’assumer progressivement, à se prendre en charge, non seulement au niveau de ses études, mais plus largement de sa vie d’étudiant et de citoyen. L’objectif, c’est que, le plus vite possible, chaque étudiant devienne le premier acteur de sa formation, et d’une formation qui ne se limite pas à la discipline de base de ses études, mais qui l’ouvre sur d’autres savoirs, ainsi que sur la culture et les réalités sociales et économiques de notre vaste monde !

Dès ses premiers pas dans notre institution, ce nouvel étudiant va également être accompagné par  bien d’autres acteurs de la communauté universitaire qui vont l’aider à répondre à ses multiples questions relatives au contenu des cours, à sa méthode de travail, à la vie estudiantine namuroise, aux engagements spirituels, sociaux et politiques susceptibles de l’intéresser. Outre les professeurs et les assistants, ces acteurs sont le service info-études, le service de pédagogie universitaire, le service psycho-médico-social, et surtout les autres étudiants eux-mêmes qui sont passés par cette même étape de découverte et qui bien souvent seront les meilleurs guides pour les plus jeunes !

Très vite, notre jeune étudiant va être initié à l’ABC de ce qu’est une démarche de recherche et il sera invité progressivement à se familiariser  avec cette démarche qui fait partie intégrante de sa formation universitaire ; enseignement et recherche ne sont, en effet, jamais  dissociés ni dissociables à l’université!

Ce compagnonnage entre les étudiants et les acteurs universitaires va se poursuivre et se resserrer  au fur et à mesure que l’étudiant va progresser dans son cursus. Il culminera au moment où, au cours de ses années de master, il sera amené à réaliser son travail de fin d’étude. A ce moment où il sera confronté pleinement à toutes les exigences du travail intellectuel, il trouvera à ses côtés son directeur de mémoire et toute l’équipe de recherche de celui-ci. Il sera, plus que jamais, l’acteur de sa formation mais recevra de ses maîtres tout ce qui pourra stimuler son épanouissement intellectuel. Son diplôme une fois décroché,  il paiera  sa cotisation annuelle à l’Association d’anciens de sa faculté ; celle-ci pourra compter sur lui pour intervenir dans un cours et apporter ainsi à ses successeurs le témoignage de son expérience professionnelle !

Mais, il est temps de quitter la description pour nous interroger sur ce qui fait l’originalité des appuis pédagogiques que nous proposons aux étudiants qui ont fait le choix de Namur. Ces modalités, ces techniques (parfois fort répandues) sont, en somme, bien peu de chose si elles ne s’inscrivent pas dans un contexte de valeurs spécifiques à l’université et partagées par tous ses membres.  Je voudrais mettre en exergue quelques-unes de ces valeurs.

L’attention aux autres et la disponibilité d’abord.  Il m’arrive régulièrement de rencontrer un interlocuteur qui, découvrant le recteur de Namur, s’empresse de me dire qu’il est un ancien. Qu’il ait quitté nos Facultés il y a cinq ans ou trente ans, quand je lui demande ce qu’il a retenu de ses années namuroises, la réponse est  presque toujours la même, sinon dans les termes utilisés, au moins dans le sens : « la disponibilité des enseignants ». Le professeur, l’assistant, le technicien de laboratoire, la secrétaire sont disponibles pour les étudiants, et cette disponibilité est en quelque sorte une priorité absolue. Ils travaillent sur place, présents dans leur bureau ou leur laboratoire, accessibles à celles et ceux qui souhaitent les rencontrer. On ne s’étonnera pas de retrouver ici la marque toujours vivante de la célèbre « cura personalis » d’Ignace de Loyola, l’attention à la personne, véhiculée depuis près de cinq siècles par la tradition jésuite en matière de pédagogie

Si cette disponibilité est aujourd’hui encore une caractéristique forte de notre université, son objectif n’est pas d’étouffer une personnalité naissante mais au contraire de favoriser son éclosion : elle vise à faire en sorte que l’étudiant devienne lui-même un acteur de sa formation et se prépare à devenir demain un acteur dans la société, au service de tout l’homme et de tous les hommes.

Deuxième valeur importante : la formation à l’autonomie et à la prise de responsabilité. Tout au long de son parcours au sein de nos facultés, l’étudiant est donc en quelque sorte invité à une autonomie croissante ; pour y arriver, le fait de croiser au jour le jour d’autres étudiants qui sont déjà un peu plus loin dans leur parcours est essentiel. La présence en nos murs d’étudiants de deuxième cycle, de doctorants, de jeunes chercheurs belges et étrangers aide considérablement les plus jeunes à progresser vers cette autonomie et vers la capacité et le désir de prendre des responsabilités, non seulement à l’égard d’eux-mêmes, mais aussi de la communauté étudiante. En même temps qu’ils acquièrent leur autonomie, les étudiants sont invités à prendre des responsabilités au sein de la Communauté universitaire. Depuis très longtemps, notamment dans le cadre des « commissions de contact » réunissant enseignants et représentants des étudiants, mais aussi via leur participation au conseil facultaire, les étudiants sont amenés à collaborer activement à l’amélioration de l’enseignement et de leurs conditions de travail, à la répartition harmonieuse entre cours magistraux et travaux personnels ou en équipe et, plus généralement à l’équilibre des programmes de cours. Récemment, la généralisation de l’évaluation des enseignements par les étudiants leur a permis d’être des acteurs essentiels dans l’amélioration de la  qualité de l’enseignement qui leur est prodigué. De même enfin, une commission de contact institutionnelle a précédé durant de nombreuses années le « conseil des affaires sociales » mis en place par le décret « participation » de 2003, pour aborder toutes les questions non académiques relatives à la vie estudiantine : logement, restauration, culture, sport, détente…

Troisième de nos valeurs et non des moindres : le souci de ceux que l’histoire humaine a rendus faibles, fragiles, opprimés. Pour atteindre cet objectif, les propositions qui touchent l’étudiant dans sa vie extra académique sont particulièrement importantes. Je pense à ces étudiants qui chaque année, grâce à la FUCID, notre ONG universitaire, font l’expérience bouleversante d’un voyage d’immersion de plusieurs semaines dans un pays du Sud. Je pense aussi à ces étudiants qui, dans le cadre du projet de leur kot communautaire se mettent chaque semaine au service d’enfants ou d’adultes namurois particulièrement défavorisés. Je pense enfin à ces quelques étudiants qui, depuis plusieurs mois, ont accompagné au jour le jour cette vingtaine de personnes sans papiers hébergées en faculté de droit ; ils ont été un relais d’une qualité humaine exceptionnelle entre l’université, le monde extérieur et ces personnes « sans droits » qui n’ont pas eu la chance de fréquenter des auditoires universitaires, mais qu’un étonnant concours de circonstances a amenés à trouver refuge dans le hall d’une faculté de droit !

Ils sont très nombreux aujourd’hui ceux qui ont accompli leur parcours d’étudiant dans l’une de nos six facultés ; au jour le jour, à travers l’enseignement  reçu et la recherche pratiquée, dans le partage d’une vie estudiantine stimulante, ils ont été les acteurs de leur propre formation. Une formation qui les a conduits à être des hommes et des femmes pour et avec les autres, au service de l’humanité. A l’échelle de notre vaste monde, être étudiant universitaire aujourd’hui reste un privilège rare, un privilège qui constitue une invitation permanente à contribuer au mieux être de l’homme, ici et ailleurs. C’est bien « cette personne qu’est devenue l’étudiant » qui constitue la vraie mesure de notre université. C’est à cet objectif exaltant que nous sommes tous attelés, aujourd’hui dans la structure que nous connaissons, demain dans celle que nous construisons avec nos partenaires de la future UCLouvain, C’est dans cet esprit, et sous l’égide de Notre-Dame de la Paix, que je déclare ouverte cette année académique 2009-2010.

Namur, le 15 septembre 2009

Michel Scheuer, Recteur