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Discours de rentrée 1999-2000

RETROSPECTIVES ET PERPECTIVES

L’évolution récente de la société interroge plus que jamais l’Université. D’abord, la démocratisation de l’enseignement a considérablement modifié le paysage de l’Université qui a été amenée ces dernières années à accueillir une part importante de notre jeunesse; c’est là une chance extraordinaire, mais aussi un redoutable défi. Et nos Facultés se sont engagées à le relever. Depuis plusieurs années déjà, les initiatives se sont multipliées pour améliorer l’accueil des nouveaux étudiants, adapter les méthodes de transmission des savoirs, renouveler les pratiques pédagogiques et faire place aux supports nouveaux de l’enseignement tels que le multimédia.

Ensuite, la disparition du plein emploi et l’instabilité socio-professionnelle amènent les hommes et les femmes d’aujourd’hui à changer de travail, mais aussi à se former en cours de route pour pouvoir rester dans la mouvance du travail. Ce phénomène contemporain oblige l’Université à ne plus se limiter à assurer l’enseignement initial, mais à prendre aussi  la responsabilité de la formation continuée. Nos Facultés ont déjà largement répondu à cette attente en développant de nombreux programmes, et notamment les formations à horaire décalé en sciences économiques et de gestion à Namur, et en informatique à Charleroi. Cet engagement dans la formation continuée est d’ailleurs une tradition pour les Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix qui depuis très longtemps donnent leur appui à l’Institut Supérieur de Culture Ouvrière.

Enfin, l’évolution rapide et massive des technologies a considérablement modifié non seulement les possibilités de la technique et de l’industrie, mais aussi nos pratiques les plus quotidiennes.  Qu’il nous suffise d’évoquer le PC sur notre bureau, l’ordinateur portable utilisé dans le train, le courrier électronique, les achats de tous les jours par carte magnétique, les paiements par self-banking, le GSM omniprésent dans la rue, au magasin et jusque dans les salles de spectacle, l’agenda électronique de poche, l’ordinateur de bord de nos voitures, Internet que quelques-uns des nôtres ont contribué à répandre dans les écoles, les entreprises et les administrations wallonnes… Autant de réalités quotidiennes, souvent maîtrisées avec beaucoup plus de facilité par les jeunes générations que par leurs parents !  Que ce soit au niveau de leur enseignement, dans leurs pratiques pédagogiques mais aussi bien évidemment dans leurs équipements et leurs objets de recherche, nos Facultés ont affronté positivement le défi posé par l’explosion de ces technologies nouvelles.

Au-delà de ces défis de société,  l’Université est aussi confrontée à des contraintes organisationnelles et budgétaires qui risquent de diminuer sa capacité à répondre aux besoins et aux interpellations de la société, et donc à entraver son action. Vous me permettrez de partager avec vous à ce propos trois considérations qui devraient à mes yeux mériter l’attention et la réflexion, non seulement de tous les responsables politiques mais aussi des autorités universitaires.

D’abord, le retard qu’a pris depuis plus de quinze ans le financement de l’enseignement universitaire en Communauté Française n’est pas sans danger, particulièrement en matière de recherche. Si l’Université devait être amenée à compter de plus en plus sur un financement privé pour assurer ses missions de recherche, la liberté académique de ses chercheurs en serait gravement menacée.

Ensuite, le financement des Universités au nombre d’étudiants à l’intérieur d’une enveloppe fermée risque, par ailleurs, d’entraîner les différentes institutions universitaires dans un processus de concurrence effrénée totalement incompatible avec la mission même de l’Université.

Enfin,  la réglementation actuelle de l’accès aux études de médecine risque non seulement d’entraîner un déficit grave de médecins spécialistes dans quelques années à peine, mais aussi de créer un climat de concurrence exacerbée entre les étudiants de candidature, ce qui ne les prépare pas vraiment à la confraternité de la profession.

L’Université est aussi confrontée à ses  propres défis internes. Pour nos Facultés, celui qui me semble le plus important et le plus urgent à relever, c’est le renouvellement considérable de ses enseignants dans les cinq prochaines années. En effet,  c’est au début des années 70 que notre Institution a connu un développement très important : bon nombre des professeurs engagés à l’époque arriveront prochainement à l’âge de la retraite.

Nos Facultés seront donc amenées dans un avenir proche à renouveler un nombre important de celles et ceux qui, depuis une trentaine d’années, ont assuré la qualité de l’enseignement et de la recherche à Namur et ont porté la renommée des Facultés bien au delà de nos frontières. C’est un défi considérable, c’est aussi une chance car bon nombre de nos unités de recherche et de nos départements seront amenés dans les prochains mois à engager une réflexion en profondeur sur la manière adéquate pour à la fois assurer les relais qui permettront de sauvegarder l’héritage humain, pédagogique et scientifique de très haute qualité laissé par ceux qui nous quitteront, et répondre aussi aux besoins d’aujourd’hui et surtout de demain. Dans certains cas, pour assurer ces relais dans les meilleures conditions, il faudra pouvoir engager des forces nouvelles avant même le départ de certains professeurs; le Conseil d’Administration veillera à évaluer ces besoins et à prévoir les moyens nécessaires à la mise en oeuvre d’engagements anticipés.

Malgré l’ampleur de cette tâche, nos préoccupations ne se borneront pas à pourvoir au remplacement d’une partie de notre corps professoral. Nous allons également mettre en chantier d’autres projets en nous fondant sur les documents préparatoires que l’Assemblée générale et le Conseil d’administration ont élaboré au cours de ces récentes années.

Je me contenterai pour le moment d’accentuer certaines pistes évoquées par les documents précités en tentant de les articuler l’une à l’autre et de tenter de mettre en harmonie les réponses que nous avons déjà apportées et que nous devrons plus que jamais apporter dans un proche avenir.

Nous pourrions partir d’une triple évidence : chaque institution universitaire ne peut pas « tout » faire, certains projets seront mieux assurés si les compétences potentielles en la matière se regroupent, et enfin notre horizon aujourd’hui doit nous amener quotidiennement à dépasser non seulement les frontières de notre communauté « Wallonie-Bruxelles » ou même de notre petit pays, mais aussi celles de l’Europe en construction pour s’ouvrir au monde tout entier. Il nous faut donc être à la fois sélectifs et capables d’organiser nos complémentarités. Pour pouvoir mener des collaborations positives, ce qui se fait déjà très largement, il nous faut être soucieux de l’indépendance de notre Institution et veiller à la diversification de nos collaborations. Plusieurs partenaires ne peuvent véritablement travailler ensemble que si chacun reconnaît d’abord l’existence autonome de l’autre et en fait ainsi un partenaire à part entière.

Il nous faut par ailleurs centrer nos efforts dans l’accomplissement de chacune des trois missions de l’Université. Pour relever les défis pédagogiques auxquels nous sommes confrontés, il nous faudra poursuivre et développer les initiatives prises ces dernières années : l’accueil des étudiants de première candidature dès avant leur entrée à l’université, l’accompagnement personnalisé et renforcé de ces mêmes étudiants de première candidature pour améliorer sensiblement le taux de réussite sans diminuer les exigences des études, une prise en charge consistante de la formation des maîtres ce qui nécessitera peut-être des investissements importants au niveau des programmes d’agrégation, et enfin un développement des multiples initiatives en matière de formation continuée.

Afin de pouvoir relever les défis considérables de la recherche,  il nous faudra multiplier les contacts à l’extérieur de l’Université pour obtenir les moyens de poursuivre le travail de très haute qualité scientifique que réalisent nos laboratoires et nos centres de recherche. Ceci nous amènera naturellement à concentrer nos efforts sur des pôles d’excellence à vocation internationale. Par ailleurs, la valorisation de nos recherches fera l’objet d’un effort tout particulier de l’Institution; c’est pourquoi, grâce notamment aux fonds mis à disposition récemment par la Région Wallone, une cellule de valorisation sera mise sur pied dans les toutes prochaines semaines.

L’Université ne vit pas en vase clos, elle se doit au contraire d’être profondément ancrée dans son tissu régional pour pouvoir répondre aux interrogations de son environnement. La création prochaine d’une cellule « placement » devrait favoriser cette interaction nécessaire entre les besoins de la société et les potentialités de nos diplômés. Nous sommes bien conscients que nous avons des services à rendre, spécialement dans les domaines où notre compétence est reconnue par tous;  ainsi nous est-il possible de souhaiter la création d’un « infopôle » à Namur.

Dans les prochains mois, le Conseil d’Administration s’attachera à définir un plan stratégique qui devrait préciser le cap de nos efforts à tous pour les prochaines années.

Comme vous le constatez, les défis sont multiples et les tâches que chacun devra remplir sont impressionnantes. Ces défis, nous ne pourrons les relever qu’en nous mettant au travail tous ensemble, convaincus que chacun dans l’Institution tient une place indispensable à la bonne marche de l’ensemble, que chacun mérite aussi d’être reconnu, soutenu et respecté. Comme le proclame avec justesse la dernière phrase de notre Charte : « Au sein de la communauté universitaire, l’attention à l’homme se vit dans le respect, la confiance et la reconnaissance de la contribution de chacun à l’oeuvre commune ».

Plus que jamais, nous aurons besoin de l’aide et de l’appui de vous tous qui êtes venus nous rejoindre aujourd’hui. Votre présence nous manifeste tout l’intérêt que vous portez à nos Facultés et nous savons que vous continuerez à nous appuyer comme vous l’avez toujours fait jusqu’à présent. Déjà, nous vous en remercions.

J’ai l’honneur et le plaisir de déclarer ouverte l’année académique 1999-2000 sous l’égide de Notre-Dame de la Paix.

Michel Scheuer, Recteur