Approche scientifique de l'origine de la moralité.

Au cours de cet exposé, l'oratrice se propose de faire une synthèse d’ouvrages scientifiques récents, notamment de Frans de Waal (Docteur en biologie, Professeur de psychologie à l’Université Emory (Atlanta), Michael Tomasello (Psychologue cognitif et développemental américain qui, de 2008 à 2018, fut Co-Directeur de l’Institut Max Planck d'anthropologie évolutionnaire à Leipzig) et Antonio Damasio (Médecin portugais, Professeur de neurologie, neurosciences et psychologie, Université de South California).

 S’opposant aux théories socio-biologiques calviniste et janséniste selon lesquelles la nature humaine est mauvaise, de Waal affirme que l’être humain est complexe et de nature partiellement bonne. Il souligne, que l’empathie et la réciprocité qu’il qualifie de « piliers de la morale humaine », existent aussi dans d’autres espèces, en particulier chez les chimpanzés. Sa thèse est que ces piliers sont apparus spontanément au cours de l’évolution biologique et que les conditions d’apparition évolutive de la morale sont double : la vie en groupe et l’existence de liens sociaux au sein du groupe.

 Quant à Tomasello, il se focalise sur la morale proprement humaine, qui vient se superposer à la morale d’empathie et de réciprocité et qu’il qualifie de morale « d’équité ». Et il définit l’équité comme impliquant d’agir après un jugement (sous-tendu par des valeurs) et avec le sens de l’obligation. Sur base de comparaisons expérimentales du comportement de chimpanzés et de jeunes enfants, il formule la thèse suivante : c’est l’accroissement de l’interdépendance résultant de l’évolution qui a donné naissance à la morale d’équité. La moralité humaine peut donc être vue comme une forme de coopération. Elle est la façon dont les humains en sont arrivés à interagir les uns avec les autres. Le psychologue suggère un scenario évolutif comportant deux étapes. La première étape se serait produite il y a environ 400.000 ans et aurait été imposée par des challenges écologiques : un refroidissement climatique rendant vitale la chasse. Or, écrit Tomasello, il était beaucoup plus efficace de chasser à deux : ce fut donc le premier pas dans l’histoire naturelle du contrat social, le compagnon de chasse étant considéré comme un alter ego et son respect étant lié, non plus au pouvoir, mais à quelque chose comme le « mérite ». La seconde étape, qui se serait passée vers – 100.000 ans, résulterait d’un accroissement de la population et donc de la complexité de la division du travail. Ceci coïnciderait donc avec un accroissement de l’interdépendance des êtres humains au sein de leur groupe et l’extension de la morale d’équité à tous les individus du groupe (à l’exclusion de ceux qui en étaient étrangers) et à toutes les circonstances (et pas seulement à la chasse). A ce moment apparaitraient aussi les concepts de bien et de mal, relatifs au groupe.

A. Damasio propose, dans son dernier livre, une vision englobante, pouvant intégrer les observations à la fois de de Waal et de Tomasello. Selon lui, l’homéostasie au sens large, qu’il définit comme une régulation optimisée, avec ses adjoints mentaux (les sentiments), pourrait en effet, expliquer l’émergence des cultures, en ce compris de leur morale.

Programme :

12H : Apéritif

12H30 : Repas

13H30 : Conférence

 Lieu : l'Arsenal, rue Bruno 11, Namur

Pour les personnes qui s’inscrivent au repas, la participation aux frais est de 25 euros à verser au compte BE10 2500 0740 2704 de l’Unamur avec la mention : NOM et PRENOM, CPO 4945850 REHNam, déjeuner/conférence du 23 septembre 2019. Ce versement sert de confirmation pour votre participation à l’événement. Date limite pour l’inscription au repas, le lundi 16 septembre 2019. Merci de respecter cette date pour permettre la bonne organisation du repas.

Pour les personnes venant uniquement à la conférence, la participation aux frais est de 5 euros, à payer sur place.

Pour les étudiants, l’accès à la conférence est gratuit.