Face aux formes prises aujourd’hui par l’injustice sociale – à
travers les phénomènes de souffrance ou de grande précarité sociales,
notamment –, face aux différents types d’inégalités, face aussi au
paradoxe du désinvestissement des figures classiques de l’action
politique et à l’émergence de nouvelles formes de mobilisations
sociales, la question du rapport du
social et du
politique apparaît singulièrement importante. Comment
convient-il en effet de comprendre un tel rapport afin
d’appréhender au mieux ces nouvelles formes de mouvements
sociaux mais aussi et surtout les ressources
émancipatrices qui pourraient leur être inhérentes ? Par ailleurs,
de quelle aide peuvent être à cet égard les théorisations de la
philosophie politique ? Faut-il considérer que le social et le
politique obéissent à des logiques radicalement opposées et penser
une opposition franche entre ce qui serait de l’ordre de
l’
inégalité sociale, d’une part, qui reposerait,
d’autre part, sur une
égalité politique radicale de
tous ? En ce sens, toute lutte pour la
reconnaissance en terme d’injustice ou de souffrance sociales ne
tend-elle pas à rabattre le politique sur le social, ou plus
spécifiquement encore, à
socialiser le politique, et dès lors
à lui faire perdre sa teneur spécifique ? Simultanément, les
phénomènes contemporains évoqués plus haut n’obligent-ils pas à mieux
réfléchir les implications mutuelles du
social et du politique ? Ne devrions-nous pas, dans ce cas,
repenser cette tension d’une toute autre façon et avancer l’idée
qu’une opposition aussi tranchée se rend incapable d’appréhender la
teneur politique des mouvements sociaux ? Autrement dit, la
compréhension de la spécificité du moment politique peut-elle se faire
indépendamment de la question sociale ?
Ce sont ces différentes questions – qui portent toutes, d’une façon
ou d’une autre, sur l’intelligence du partage entre
social et politique – que ces journées d’études souhaiteraient
prendre comme fil directeur. Sans préjuger nullement des réponses
contrastées et diverses qu’il est possible d’y apporter, l’un des
enjeux de ce travail collectif serait de se demander dans quelle mesure
la thématique du différend entre social et politique implique aussi, et
par elle-même, un questionnement d’ordre plus général. Questionnement
qui porterait tout à la fois sur le sens même de la démocratie et
de son concept, ainsi que sur le rôle et les tâches d’une philosophie
politique aujourd’hui. En effet, peut-on traiter les
revendications sociales – prenant souvent une forme juridique – dans la
perspective d’une crise de la démocratie où l’excès de la démocratie
serait compris comme un danger mettant en péril son fondement
même ? Ou faut-il voir dans cet excès non seulement les ressources
de la démocratie, mais son véritable sens ? Par ailleurs, le différend
entre social et politique ne demande-t-il pas que soient repensés la
spécificité et le rôle d’une théorie critique ? A un tout autre
niveau, ne réinterroge-t-il pas la thématique de la communauté à
l’heure d’une mondialisation avancée ? Plus encore, n’en va-t-il
pas des conditions de possibilité mêmes de l’action
politique ?
Lieu : Auditoire L4
(3ème étage), Faculté de philosophie et lettres - 1, Rue Grafé -
Namur
Entrée libre – Inscription souhaitée
Inscription et infos : mireille.meert@fundp.ac.be
0032(0)8172 4119 (ou 4102/4089)