La Faculté Economie Management Communication sciencesPo (EMCP) a accueilli de nombreux événements au cours de son histoire. Retour en images sur quelques moments marquants de notre Faculté.

Les 60 ans de la Faculté

En octobre 2022, la Faculté fêtait ses 60 ans. Pour marquer cet anniversaire, la Faculté a organisé deux grands événements qui ont donné à tous l’occasion de se retrouver et de partager parcours, expériences, talents et souvenirs ! 

Le 13 octobre, une conférence-débat autour de la thématique « Nouveaux rythmes scolaires : A l’Université aussi ? » en présence de la Ministre de l’enseignement supérieur et de représentants de partis. Le débat a été modéré par Béatrice Delvaux (Editorialiste en chef, Le Soir). La conférence-débat en intégralité est disponible sur Youtube.

Le 15 octobre, une soirée anniversaire autour du thème « La Faculté a des talents ». Anciens, professeurs, chercheurs et étudiants ont confronté leurs talents à l'aune des défis d’aujourd'hui et de demain: entrepreneuriat, développement durable, transition digitale et pédagogies innovantes ont été au menu d'une séance académique haute en couleur. La séance académique a été suivie par une soirée festive et conviviale autour d'un cocktail, d'un repas et d'un after-dinner. Toutes les photos de l'événement sont disponibles sur la photothèque.

Découvrez la vidéo souvenir de l'événement ici : 

60 ans

Cérémonie de diplomation en bachelier

Le 16 février 2024 a eu lieu la cérémonie de remise des diplômes des programmes de bachelier en information et communication, en Ingénieur de gestion, en sciences économiques et de gestion et en sciences politiques. Cette cérémonie a été suivie d’un verre de l’amitié, servi par le Cercle des étudiants, rassemblant les diplômés, leurs proches et les membres du personnel de la Faculté. Cette cérémonie a marqué le couronnement de plusieurs années d’efforts et de partage, tant pour les étudiants et leurs proches que pour les membres du personnel. 

Colloque "Réformer la Belgique"

Le 10 octobre 2023, un colloque autour du thème « Faut-il réformer la Belgique » a été organisé à la Faculté Economie Management Communication sciencesPo (EMCP). Celui-ci proposait différents panels et également un débat politique entre les représentants des six partis de la Fédération Wallonie Bruxelles et animé par Arnaud Ruyssen (RTBF). 

À la une

Actualités

L’importance des langues dans le parcours universitaire

Info études
Langues
Pédagogie

Pourquoi suivre des cours d’anglais quand on se destine à devenir vétérinaire ? Comment enseigner l’espagnol à de futurs ingénieurs de gestion ? Loin des listes de vocabulaire ou des cours en laboratoire avec un casque, elles sont enseignées comme de véritables compétences transversales, essentielles pour exercer les métiers de demain. 

étudiants-cours-de-langues

Ces dernières années, l’enseignement des langues n’a cessé d’évoluer, en s’adaptant aux nouveaux enjeux de société. Les étudiants ne travaillent plus uniquement la grammaire ou le vocabulaire, mais accomplissent des tâches concrètes, en lien direct avec leur discipline. « Le monde professionnel évolue rapidement et nous devons les préparer à cela », souligne Natassia Schutz, directrice du Centre de langues de l’UNamur. « La mobilité internationale et l’internationalisation des carrières imposent également de s’adapter à des environnements multilingues et multiculturels. » À ces exigences s’ajoutent aussi la diversité culturelle et l’inclusion. « Ludwig Wittgenstein disait "Les limites de sa propre langue signifient celles de son monde". Connaître plusieurs langues permet de voir son environnement autrement », rappelle-t-elle. Enfin, la transition numérique transforme en profondeur les pratiques pédagogiques, avec l’intégration d’outils technologiques qui multiplient les possibilités d’entraînement et d’interaction.

Une approche interdisciplinaire

Pour répondre à ces évolutions, le Centre de langues place l’étudiant au cœur de son approche. « Nous partons de ses besoins, de son contexte et de ses objectifs. Tout doit être porteur de sens et authentique », explique Natassia Schutz. Concrètement, cela se traduit par des cours adaptés aux réalités académiques et professionnelles de chaque discipline. En Faculté des sciences, les étudiants sont initiés dès la première année à la lecture d’articles, à la rédaction et à la présentation scientifique en anglais. En Faculté Économie Management Communication sciencesPo (EMCP), ils apprennent à rédiger un CV en néerlandais et s’entraînent lors de simulations d’entretien d’embauche. « Nous allons bien au-delà des listes de vocabulaire et de la grammaire et nous utilisons la langue étrangère comme un outil pour atteindre un objectif bien précis. »

« Nous nous décrivons souvent comme des couteaux suisses : en fonction du contexte, du cours ou des étudiants, nous sortons le bon outil », explique la directrice. L’équipe réfléchit collectivement à ses axes stratégiques, mais surtout, elle travaille en étroite collaboration avec les professeurs de chaque domaine. Cette co-construction permet d’ancrer les cours de langues dans des situations concrètes et pertinentes. « La collaboration interdisciplinaire est essentielle. Pour concevoir nos cours, nous sommes régulièrement en contact avec les professeurs des Facultés, cela nous permet de donner apprentissages sur mesure, qui allient apprentissage linguistique et application directe dans le domaine étudié », ajoute Natassia Schutz.

Un cours de spécialité en anglais  

Au Département de médecine vétérinaire, l’anglais n’est plus enseigné comme une matière séparée, mais directement intégré à un cours de spécialité grâce au dispositif EMILE (Enseignement de Matière par l’Intégration d’une Langue Étrangère). Le principe est simple : « Nous utilisons l’anglais pour enseigner une discipline, afin de combiner l’apprentissage de la matière et le développement des compétences linguistiques dans un contexte concret et motivant pour l’apprenant », explique Hélène Bouchat, enseignante en langues. « Ce dispositif repose sur trois principes : motiver les étudiants en donnant du sens à l’apprentissage de la langue, favoriser une exposition intensive à l’anglais et associer un spécialiste disciplinaire et une spécialiste linguiste pour intégrer contenu et langue de manière équilibrée », complète-t-elle.

Ainsi, le cours d’ethnographie animale a été fusionné à celui d’anglais, pour n’en faire qu’un seul. Concrètement, Benoît Muylkens et Marlies Dauwen, professeurs d’ethnographie animale, assurent l’enseignement de la matière, tandis qu’Hélène Bouchat intervient régulièrement pour attirer l’attention sur des points linguistiques précis, comme du vocabulaire technique, des faux amis ou encore des structures grammaticales utiles. « Je veux être sûre que les étudiants comprennent bien, car leur réussite du cours passe aussi par la maîtrise de l’anglais. » Pour ceux qui rencontrent davantage de difficultés, des séances de remédiation sont organisées.

« Le résultat est très positif, les étudiants sont plus motivés et comprennent mieux l’utilité de l’anglais dans leur futur métier, cela donne du sens aux apprentissages », se réjouit Hélène Bouchat. « Nous savons aussi que les vétérinaires seront amenés à lire de la littérature scientifique en anglais. Les préparer dès le premier bloc est donc indispensable. »

Hélène Bouchat et Benoit Muylkens
Hélène Bouchat et Benoît Muylkens

Apprendre les langues par les projets

Dans la Faculté EMCP, les langues s’intègrent aussi dans des projets interdisciplinaires appelés « unités d’enseignement intégrées ». « Ces projets permettent de relier plusieurs cours autour d’une réalisation concrète. Dans le projet entrepreneuriat, par exemple, les étudiants conçoivent un business plan et nous les accompagnons dans la réalisation de leur "executive summary" en anglais, une synthèse destinée à convaincre un investisseur potentiel », explique Jérémie Dupal, chargé de la partie « anglais » du projet.

Cette approche nécessite une bonne coordination entre enseignants. « Nous devons savoir ce que nos collègues ont déjà vu avec les étudiants, car l’"executive summary" ne peut se rédiger que si les aspects financiers, marketing et autres sont en place. Cette approche pluridisciplinaire permet aussi de montrer aux étudiants que les disciplines sont complémentaires, comme dans la vie professionnelle. Ces projets rendent l’apprentissage plus concret et développent des compétences transversales comme la créativité, la collaboration ou la capacité à faire du lien entre leurs différents cours. Même les étudiants qui considèrent parfois les langues comme une contrainte comprennent, dans ce contexte, à quel point elles sont essentielles dans leur futur métier », conclut Jérémie Dupal.

Un nouveau nom pour le Centre de Langues

L’École des langues vivantes de l’UNamur devient le Centre de Langues. Créée dans les années 1970, l’École a évolué au fil du temps : d’une approche audio-orale, elle est passée à une démarche actionnelle et communicative, en lien avec les besoins académiques et professionnels des apprenants. « Le terme "école" ainsi que la distinction entre langues vivantes et langues mortes ne correspondaient plus à notre réalité », explique Natassia Schutz. « Avec ce nouveau nom, nous affirmons notre identité en tant qu’entité universitaire et renforçons le sentiment d’appartenance au sein de l’institution. »

equipe_centre_de_langues

Cet article est tiré de la rubrique "Tomorrow Learn" du magazine Omalius #38 (Septembre 2025).

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Assemblées citoyennes : gadgets ou leviers de changement ?

Paroles d'experts
Démocratie

Depuis une quinzaine d’années, les dispositifs de démocratie participative et délibérative se multiplient : budgets participatifs, consultations populaires, panels citoyens, etc. Vincent Jacquet, politologue et coordinateur du projet de recherche européen Citizen Impact (projet ERC, European Research Council), étudie l’impact de ces dispositifs du point de vue des gouvernants et des citoyens. 

Portrait de Vincent Jacquet

Le constat est nuancé : « Sans grande surprise, les élus actuels sont très ancrés dans une logique électorale et représentative. Beaucoup sont méfiants quant à la capacité des citoyens à s’investir au-delà des processus électoraux. Il y a évidemment des différences parmi les élus et les partis politiques. En simplifiant, on peut dire que plus un parti est à gauche et plus les élus sont jeunes, plus ils vont être ouverts aux mécanismes extra électoraux », explique Vincent Jacquet.

Dès lors, la question est de savoir si les gouvernants intègrent vraiment ces processus citoyens dans leurs décisions politiques. « En politique, les choses changent lentement. Il n’est donc pas étonnant qu’on n’assiste pas à de grandes réformes à court terme. Mais cela ne veut pas dire que les résultats ne sont pas pris en compte », nuance le politologue. Dans certains cas, les recommandations issues des assemblées citoyennes nourrissent les politiques publiques. Dans d’autres, elles restent lettre morte. Il précise cependant que l’absence d’impact tient moins à une volonté de manipulation de la part des élus, qu’au fait que la participation soit pensée à côté des circuits de décision.

Pour renforcer leur impact, trois leviers sont identifiés par le chercheur : 

  • Inscrire les assemblées dans la durée pour nourrir l’action publique sur le long terme.
  • Définir en amont le calendrier et la manière dont les décisions vont être prises par rapport aux recommandations citoyennes.
  • Garantir un soutien des recommandations par le politique ou la société civile.

L’exemple irlandais est souvent cité. Des assemblées citoyennes ont préparé le terrain à des référendums sur le mariage pour tous et l’avortement. « C’est l’interaction entre les délibérations d’une assemblée tirée au sort, une mobilisation sociale et l’organisation d’un référendum qui a permis de mener à bien ces réformes. »

De quoi rappeler que ces dispositifs ne remplacent pas la démocratie représentative, mais peuvent l’enrichir, à condition de ne pas rester au stade du symbole.

Une année académique, placée sous la thématique de la démocratie

Retrouvez le discours prononcé par la Rectrice Annick Castiaux lors de la Cérémonie de rentrée académique 2025-2026.

Discours de la Rectrice à la Cérémonie de rentrée académique 2025-2026

Cet article est tiré de la rubrique "Enjeux" du magazine Omalius #38 (Septembre 2025).

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Éduquer au numérique par la fiction : l’initiative interdisciplinaire du NaDI

Intelligence Artificielle
Transition numérique
Pédagogie
Vulgarisation scientifique
Evénement

Le Namur Digital Institute (NaDI) lance un cycle de rendez-vous originaux : « Les Séances du Numérique ». Des films suivis de débats avec des experts et expertes pour comprendre les défis du numérique et stimuler la réflexion collective. Un projet porté par Anthony Simonofski, Anne-Sophie Collard, Benoît Vanderose et Fanny Barnabé. 

image du film ex_machina

Les Séances du Numérique sont une initiative lancée par le NaDI, l’institut de recherche sur le numérique à l’UNamur. Ce dernier regroupe des chercheurs et chercheuses issues des Facultés de droit, d’informatique et EMCP

Pour stimuler la collaboration interdisciplinaire, le NaDI a lancé un appel à projets. Un des projets retenus ? Les Séances du Numérique, format original où la fiction devient le point de départ d’un débat. Chaque rencontre commence par la projection d’un film, suivie d’une conférence interdisciplinaire sur une question de société liée au numérique. 

Une première Séance du Numérique marquante

Pour inaugurer le cycle, l’équipe a choisi de projeter The Social Network en mai dernier. Le film retrace la création de Facebook par Mark Zuckerberg et le débat portait sur la modération des réseaux sociaux, un sujet brûlant depuis l’élection de Donald Trump. Deux experts ont animé la discussion : Julien Albert, expert du centre PReCISE, et Jérémy Grossman, expert au CRIDS.

Affiche du film "The social network"

Éduquer par la fiction

L’ambition de ces séances est simple : éduquer au numérique par la fiction et confronter des points de vue variés.

Ce format prolonge l’expérience du podcast Pop-Code déjà animé par Anthony Simonofski et Benoît Vanderose, mais avec une dimension supplémentaire : l’interdisciplinarité et l’échange direct avec le public. Après le film, chacun peut interpeller les experts et expertes et enrichir la réflexion.

Et la suite ?

Le numérique sera au cœur des prochaines projections, en s’inscrivant dans une dynamique à la fois collaborative et ancrée dans l’actualité :

  1. En favorisant la collaboration entre plusieurs centres du NaDI pour faire dialoguer les disciplines (comme ce fut le cas lors de la première séance avec le CRIDS et PReCISE).
  2. En rebondissant sur des thématiques liées à l’actualité pour garantir la pertinence des échanges.

Quatre séances seront proposées par an, ouvertes à toutes et tous, avec une priorité : toucher les citoyens et citoyennes. Les films sont là pour donner un rayonnement culturel et scientifique à l’événement.

À terme, l’équipe aimerait diversifier ses formats : projections dans des cinémas comme le Caméo, diffusion de séries, voire des playconférences où l’on joue à un jeu vidéo pendant le débat. L’idée : utiliser la fiction sous toutes ses formes pour lancer la discussion.

L’équipe derrière le projet

  • Fanny Barnabé, chargée de cours au CRIDS / NaDI
  • Anne-Sophie Collard, professeure à la Faculté EMCP
  • Anthony Simonofski, professeur à la Faculté EMCP
  • Benoît Vanderose, professeur à la Faculté d’informatique

En collaboration avec le Confluent des savoirs et l'Administration de la communication

Prochaine séance : 4 novembre – “L’IA a-t-elle une conscience ?”

Projection du film Ex Machina suivie d’un débat avec Isabelle Linden et Benoît Frenay.

Penser, réfléchir : l’être humain est-il encore unique ? 

Derrière la révolution de l’IA, une question se pose : l'IA a-t-elle une conscience ? Pour cette deuxième projection-débat des Séances du Numérique, nous vous invitons à plonger dans le film Ex_machina, un face-à-face troublant entre création et créateur, entre humain et machine, entre futur et humanité. 

Programme : 

  • 17h : Accueil & présentation du film
  • 17h15 :  Projection du film Ex machina
  • 19h05 : Débat « L’IA a-t-elle une conscience ? » (avec Isabelle Linden & Benoît Frenay)
  • 19h45 : fin

Deux experts prendront part au débat : 

  • Benoît Frenay, qui apportera un éclairage sur les logiques d’apprentissage des intelligences artificielles actuelles et les limites de leur « autonomie ». Peut-on vraiment parler d’intelligence sans conscience ? Jusqu’où peut aller l’imitation ?
  • Isabelle Linden, qui interrogera les fondements mêmes de ce que nous appelons « penser » dans une logique informatique. Peut-on créer une machine consciente ? Ou ne sommes-nous que face à des miroirs de nos propres désirs ?
affiche séance du numérique 25.11.04

Université et démocratie : un lien vivant, parfois menacé

Paroles d'experts
Démocratie

Méfiance envers les institutions politiques traditionnelles et les élus, montée des logiques autoritaires, définancement des services publics… La démocratie semble aujourd’hui traverser une zone de turbulences. Dans ce contexte, quel rôle l’université joue-t-elle ? Pour éclairer cette question, nous avons rencontré quatre chercheurs issus de disciplines différentes : la pédagogue Sephora Boucenna, le philosophe Louis Carré, le politologue Vincent Jacquet, la juriste Aline Nardi. Leurs regards croisés dessinent les contours d’un enjeu plus que jamais d’actualité : penser et défendre le lien entre université et démocratie.

démocratie-visages

La démocratie n’a rien d’un concept figé. Elle fait débat, surtout aujourd’hui. Louis Carré, directeur du Département de philosophie et membre de l’Espace philosophique de Namur (Institut ESPHIN), en propose une définition en trois dimensions : un régime politique, un état de droit et une manière de faire société.

Le concept de démocratie : entre pouvoir du peuple et centralisation

« Étymologiquement, la démocratie est un régime politique qui consiste à donner le pouvoir au peuple », rappelle-t-il. « Nos démocraties occidentales reposent aujourd’hui sur l’idée que le peuple est souverain, sans pour autant gouverner directement. De là naît une tension entre la démocratie idéale et la démocratie réelle. » Vincent Jacquet, professeur au Département des sciences sociales, politiques et de la communication et président de l’Institut Transitions appuie le propos : « La démocratie est un idéal d’autogouvernement des citoyens, mais il est en tension avec des logiques plus centralisatrices, plus autoritaires. […] Nos systèmes politiques sont traversés par ces différentes tensions, avec à la fois des logiques autoritaires de plus en plus présentes, y compris chez nous, et des logiques de participation qui s’accompagnent parfois de beaucoup d’espoir et de déception aussi. »

Deuxième pilier selon Louis Carré : l’État de droit. La démocratie garantit les droits fondamentaux de tous les citoyens par la constitution. Mais là encore, gare aux paradoxes : « On pourrait en effet imaginer des lois prises par la majorité des représentants ou par un référendum, mais qui contreviennent aux droits fondamentaux », souligne le philosophe. La démocratie ne peut donc se résumer au seul principe majoritaire.

Enfin, la démocratie est également une manière de faire société. Elle repose sur un réel pluralisme : diversité des opinions, des croyances et des valeurs. « Cela suppose l’existence d’un espace public relativement autonome face au pouvoir en place qui, par moment, conteste les décisions prises par les gouvernements qui ont été élus », insiste Louis Carré.

La méfiance des citoyens vis-à-vis du politique n’est, à ce titre, pas nécessairement un symptôme de crise démocratique. Elle peut même en être un signe de vitalité, comme l’explique Vincent Jacquet : « Le fait que les citoyens soient critiques envers leur gouvernement n’est pas forcément négatif parce que, dans une démocratie, les citoyens doivent pouvoir contrôler les actions des gouvernants ».

Photo de Vincent Jacquet
Vincent Jacquet

Former les gouvernants… et les gouvernés

Dans ce contexte, quelle est la responsabilité de l’université ? Louis Carré rappelle d’abord une réalité simple : une grande partie de nos élus sont passés par les bancs de l’université. Mais sa mission d’enseignement ne s’arrête pas là. « Il s’agit de former des citoyens éclairés, pas seulement des gouvernants. Les universités doivent offrir un enseignement supérieur de qualité, ouvert au plus grand nombre », affirme-t-il.

« La démocratie suppose en effet des citoyens capables de débattre, de réfléchir, de problématiser les enjeux », complète Sephora Boucenna, doyenne de la Faculté des sciences de l’éducation et de la formation et membre de l’Institut de Recherches en Didactiques et Éducation de l’UNamur (IRDENA). Il s’agit donc de former des esprits réflexifs, aptes à interroger leur époque.

Former des enseignants réflexifs, pour des citoyens critiques

L’université forme également ceux qui, demain, éduqueront les générations futures : les enseignants. Et là encore, la démocratie est en jeu.

 « Notre mission est de former des enseignants réflexifs qui, eux-mêmes, apprendront à leurs élèves à penser de manière critique », insiste Sephora Boucenna. Cela passe par un travail en profondeur sur l’analyse de pratiques, la construction collective et l’apprentissage du débat, dès la formation initiale des enseignants jusqu'à leur formation continue. 

Sephora BOUCENNA
Sephora Boucenna

Produire et diffuser du savoir… en toute indépendance

Outre l’enseignement, l’université a également une mission de recherche et de service à la société. Elle produit des savoirs qui peuvent éclairer les politiques publiques, mais aussi les questionner. Cette fonction critique suppose une indépendance réelle vis-à-vis du politique. « Pour analyser avec lucidité les mécanismes démocratiques, y compris ceux que les gouvernements mettent en place, il faut que l’université garde sa liberté de recherche et de parole », souligne Vincent Jacquet.

 

Louis Carré va plus loin : « Comme la presse, l’université est une forme de contre-pouvoir dans l’espace public ». Il précise par ailleurs qu’« il y a une confusion entre liberté d’opinion et liberté académique. Les savoirs universitaires passent par une série de procédures de vérification, d’expérimentation, de discussion au sein de la communauté scientifique. Cela leur donne une robustesse qui n’est pas celle d’une opinion, d’une valeur, d’une croyance. » 

Louis Carré
Louis Carré

Cette fonction critique de l’université suppose donc une indépendance forte. Or, en Belgique, le financement des universités relève largement du pouvoir politique. « Celane doit pas signifier une mise sous tutelle », alerte Louis Carré. « Mener des recherches critiques, qui ne satisfont pas à court terme des commanditaires, demande une indépendance, y compris de moyens. Il faut des chercheurs en nombre qui puissent analyser différents types de dynamiques. Plus on coupera dans les finances de la recherche, comme c’est le cas aujourd’hui, moins on aura de chercheurs et donc de capacité d’analyse indépendante et de diversité des perspectives », insiste Vincent Jacquet.

Le mouvement « Université en colère », récemment lancé au sein des universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles, entend dénoncer les effets du définancement. Ses représentants appellent à « garantir les conditions de développement d’une université ouverte, indépendante, de qualité et accessible au plus grand nombre. Face aux défis sociaux, économiques et politiques de notre temps et parce que d’autres choix de société, et donc budgétaires, sont possibles, il est plus que jamais essentiel de renforcer les institutions et les acteurs au cœur de la production du savoir. » 

Entre vigilance et engagement : un lien à réinventer

La démocratie ne se limite donc ni aux élections ni aux institutions. Elle repose sur une vigilance collective, portée par les citoyens, les savoirs… et les lieux où ces savoirs se construisent. À ce titre, l’université apparaît comme un maillon essentiel de la vitalité démocratique. À condition de rester indépendante, accessible et ouverte sur la société.

« La démocratie, ce n’est pas seulement une affaire d’institutions. C’est l’affaire de citoyens qui la font vivre et qui s’organisent pour faire valoir leurs perspectives à différents moments », insiste Vincent Jacquet. Une invitation claire à ne pas rester spectateur, mais à participer, avec lucidité et exigence, à la construction d’un avenir démocratique commun.

Une année académique, placée sous la thématique de la démocratie

Retrouvez le discours prononcé par la Rectrice Annick Castiaux lors de la Cérémonie de rentrée académique 2025-2026.

Discours de la Rectrice à la Cérémonie de rentrée académique 2025-2026

Cet article est tiré de la rubrique "Enjeux" du magazine Omalius #38 (Septembre 2025).

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L’importance des langues dans le parcours universitaire

Info études
Langues
Pédagogie

Pourquoi suivre des cours d’anglais quand on se destine à devenir vétérinaire ? Comment enseigner l’espagnol à de futurs ingénieurs de gestion ? Loin des listes de vocabulaire ou des cours en laboratoire avec un casque, elles sont enseignées comme de véritables compétences transversales, essentielles pour exercer les métiers de demain. 

étudiants-cours-de-langues

Ces dernières années, l’enseignement des langues n’a cessé d’évoluer, en s’adaptant aux nouveaux enjeux de société. Les étudiants ne travaillent plus uniquement la grammaire ou le vocabulaire, mais accomplissent des tâches concrètes, en lien direct avec leur discipline. « Le monde professionnel évolue rapidement et nous devons les préparer à cela », souligne Natassia Schutz, directrice du Centre de langues de l’UNamur. « La mobilité internationale et l’internationalisation des carrières imposent également de s’adapter à des environnements multilingues et multiculturels. » À ces exigences s’ajoutent aussi la diversité culturelle et l’inclusion. « Ludwig Wittgenstein disait "Les limites de sa propre langue signifient celles de son monde". Connaître plusieurs langues permet de voir son environnement autrement », rappelle-t-elle. Enfin, la transition numérique transforme en profondeur les pratiques pédagogiques, avec l’intégration d’outils technologiques qui multiplient les possibilités d’entraînement et d’interaction.

Une approche interdisciplinaire

Pour répondre à ces évolutions, le Centre de langues place l’étudiant au cœur de son approche. « Nous partons de ses besoins, de son contexte et de ses objectifs. Tout doit être porteur de sens et authentique », explique Natassia Schutz. Concrètement, cela se traduit par des cours adaptés aux réalités académiques et professionnelles de chaque discipline. En Faculté des sciences, les étudiants sont initiés dès la première année à la lecture d’articles, à la rédaction et à la présentation scientifique en anglais. En Faculté Économie Management Communication sciencesPo (EMCP), ils apprennent à rédiger un CV en néerlandais et s’entraînent lors de simulations d’entretien d’embauche. « Nous allons bien au-delà des listes de vocabulaire et de la grammaire et nous utilisons la langue étrangère comme un outil pour atteindre un objectif bien précis. »

« Nous nous décrivons souvent comme des couteaux suisses : en fonction du contexte, du cours ou des étudiants, nous sortons le bon outil », explique la directrice. L’équipe réfléchit collectivement à ses axes stratégiques, mais surtout, elle travaille en étroite collaboration avec les professeurs de chaque domaine. Cette co-construction permet d’ancrer les cours de langues dans des situations concrètes et pertinentes. « La collaboration interdisciplinaire est essentielle. Pour concevoir nos cours, nous sommes régulièrement en contact avec les professeurs des Facultés, cela nous permet de donner apprentissages sur mesure, qui allient apprentissage linguistique et application directe dans le domaine étudié », ajoute Natassia Schutz.

Un cours de spécialité en anglais  

Au Département de médecine vétérinaire, l’anglais n’est plus enseigné comme une matière séparée, mais directement intégré à un cours de spécialité grâce au dispositif EMILE (Enseignement de Matière par l’Intégration d’une Langue Étrangère). Le principe est simple : « Nous utilisons l’anglais pour enseigner une discipline, afin de combiner l’apprentissage de la matière et le développement des compétences linguistiques dans un contexte concret et motivant pour l’apprenant », explique Hélène Bouchat, enseignante en langues. « Ce dispositif repose sur trois principes : motiver les étudiants en donnant du sens à l’apprentissage de la langue, favoriser une exposition intensive à l’anglais et associer un spécialiste disciplinaire et une spécialiste linguiste pour intégrer contenu et langue de manière équilibrée », complète-t-elle.

Ainsi, le cours d’ethnographie animale a été fusionné à celui d’anglais, pour n’en faire qu’un seul. Concrètement, Benoît Muylkens et Marlies Dauwen, professeurs d’ethnographie animale, assurent l’enseignement de la matière, tandis qu’Hélène Bouchat intervient régulièrement pour attirer l’attention sur des points linguistiques précis, comme du vocabulaire technique, des faux amis ou encore des structures grammaticales utiles. « Je veux être sûre que les étudiants comprennent bien, car leur réussite du cours passe aussi par la maîtrise de l’anglais. » Pour ceux qui rencontrent davantage de difficultés, des séances de remédiation sont organisées.

« Le résultat est très positif, les étudiants sont plus motivés et comprennent mieux l’utilité de l’anglais dans leur futur métier, cela donne du sens aux apprentissages », se réjouit Hélène Bouchat. « Nous savons aussi que les vétérinaires seront amenés à lire de la littérature scientifique en anglais. Les préparer dès le premier bloc est donc indispensable. »

Hélène Bouchat et Benoit Muylkens
Hélène Bouchat et Benoît Muylkens

Apprendre les langues par les projets

Dans la Faculté EMCP, les langues s’intègrent aussi dans des projets interdisciplinaires appelés « unités d’enseignement intégrées ». « Ces projets permettent de relier plusieurs cours autour d’une réalisation concrète. Dans le projet entrepreneuriat, par exemple, les étudiants conçoivent un business plan et nous les accompagnons dans la réalisation de leur "executive summary" en anglais, une synthèse destinée à convaincre un investisseur potentiel », explique Jérémie Dupal, chargé de la partie « anglais » du projet.

Cette approche nécessite une bonne coordination entre enseignants. « Nous devons savoir ce que nos collègues ont déjà vu avec les étudiants, car l’"executive summary" ne peut se rédiger que si les aspects financiers, marketing et autres sont en place. Cette approche pluridisciplinaire permet aussi de montrer aux étudiants que les disciplines sont complémentaires, comme dans la vie professionnelle. Ces projets rendent l’apprentissage plus concret et développent des compétences transversales comme la créativité, la collaboration ou la capacité à faire du lien entre leurs différents cours. Même les étudiants qui considèrent parfois les langues comme une contrainte comprennent, dans ce contexte, à quel point elles sont essentielles dans leur futur métier », conclut Jérémie Dupal.

Un nouveau nom pour le Centre de Langues

L’École des langues vivantes de l’UNamur devient le Centre de Langues. Créée dans les années 1970, l’École a évolué au fil du temps : d’une approche audio-orale, elle est passée à une démarche actionnelle et communicative, en lien avec les besoins académiques et professionnels des apprenants. « Le terme "école" ainsi que la distinction entre langues vivantes et langues mortes ne correspondaient plus à notre réalité », explique Natassia Schutz. « Avec ce nouveau nom, nous affirmons notre identité en tant qu’entité universitaire et renforçons le sentiment d’appartenance au sein de l’institution. »

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Cet article est tiré de la rubrique "Tomorrow Learn" du magazine Omalius #38 (Septembre 2025).

cover-omalius-septembre-2025

Assemblées citoyennes : gadgets ou leviers de changement ?

Paroles d'experts
Démocratie

Depuis une quinzaine d’années, les dispositifs de démocratie participative et délibérative se multiplient : budgets participatifs, consultations populaires, panels citoyens, etc. Vincent Jacquet, politologue et coordinateur du projet de recherche européen Citizen Impact (projet ERC, European Research Council), étudie l’impact de ces dispositifs du point de vue des gouvernants et des citoyens. 

Portrait de Vincent Jacquet

Le constat est nuancé : « Sans grande surprise, les élus actuels sont très ancrés dans une logique électorale et représentative. Beaucoup sont méfiants quant à la capacité des citoyens à s’investir au-delà des processus électoraux. Il y a évidemment des différences parmi les élus et les partis politiques. En simplifiant, on peut dire que plus un parti est à gauche et plus les élus sont jeunes, plus ils vont être ouverts aux mécanismes extra électoraux », explique Vincent Jacquet.

Dès lors, la question est de savoir si les gouvernants intègrent vraiment ces processus citoyens dans leurs décisions politiques. « En politique, les choses changent lentement. Il n’est donc pas étonnant qu’on n’assiste pas à de grandes réformes à court terme. Mais cela ne veut pas dire que les résultats ne sont pas pris en compte », nuance le politologue. Dans certains cas, les recommandations issues des assemblées citoyennes nourrissent les politiques publiques. Dans d’autres, elles restent lettre morte. Il précise cependant que l’absence d’impact tient moins à une volonté de manipulation de la part des élus, qu’au fait que la participation soit pensée à côté des circuits de décision.

Pour renforcer leur impact, trois leviers sont identifiés par le chercheur : 

  • Inscrire les assemblées dans la durée pour nourrir l’action publique sur le long terme.
  • Définir en amont le calendrier et la manière dont les décisions vont être prises par rapport aux recommandations citoyennes.
  • Garantir un soutien des recommandations par le politique ou la société civile.

L’exemple irlandais est souvent cité. Des assemblées citoyennes ont préparé le terrain à des référendums sur le mariage pour tous et l’avortement. « C’est l’interaction entre les délibérations d’une assemblée tirée au sort, une mobilisation sociale et l’organisation d’un référendum qui a permis de mener à bien ces réformes. »

De quoi rappeler que ces dispositifs ne remplacent pas la démocratie représentative, mais peuvent l’enrichir, à condition de ne pas rester au stade du symbole.

Une année académique, placée sous la thématique de la démocratie

Retrouvez le discours prononcé par la Rectrice Annick Castiaux lors de la Cérémonie de rentrée académique 2025-2026.

Discours de la Rectrice à la Cérémonie de rentrée académique 2025-2026

Cet article est tiré de la rubrique "Enjeux" du magazine Omalius #38 (Septembre 2025).

cover-omalius-septembre-2025

Éduquer au numérique par la fiction : l’initiative interdisciplinaire du NaDI

Intelligence Artificielle
Transition numérique
Pédagogie
Vulgarisation scientifique
Evénement

Le Namur Digital Institute (NaDI) lance un cycle de rendez-vous originaux : « Les Séances du Numérique ». Des films suivis de débats avec des experts et expertes pour comprendre les défis du numérique et stimuler la réflexion collective. Un projet porté par Anthony Simonofski, Anne-Sophie Collard, Benoît Vanderose et Fanny Barnabé. 

image du film ex_machina

Les Séances du Numérique sont une initiative lancée par le NaDI, l’institut de recherche sur le numérique à l’UNamur. Ce dernier regroupe des chercheurs et chercheuses issues des Facultés de droit, d’informatique et EMCP

Pour stimuler la collaboration interdisciplinaire, le NaDI a lancé un appel à projets. Un des projets retenus ? Les Séances du Numérique, format original où la fiction devient le point de départ d’un débat. Chaque rencontre commence par la projection d’un film, suivie d’une conférence interdisciplinaire sur une question de société liée au numérique. 

Une première Séance du Numérique marquante

Pour inaugurer le cycle, l’équipe a choisi de projeter The Social Network en mai dernier. Le film retrace la création de Facebook par Mark Zuckerberg et le débat portait sur la modération des réseaux sociaux, un sujet brûlant depuis l’élection de Donald Trump. Deux experts ont animé la discussion : Julien Albert, expert du centre PReCISE, et Jérémy Grossman, expert au CRIDS.

Affiche du film "The social network"

Éduquer par la fiction

L’ambition de ces séances est simple : éduquer au numérique par la fiction et confronter des points de vue variés.

Ce format prolonge l’expérience du podcast Pop-Code déjà animé par Anthony Simonofski et Benoît Vanderose, mais avec une dimension supplémentaire : l’interdisciplinarité et l’échange direct avec le public. Après le film, chacun peut interpeller les experts et expertes et enrichir la réflexion.

Et la suite ?

Le numérique sera au cœur des prochaines projections, en s’inscrivant dans une dynamique à la fois collaborative et ancrée dans l’actualité :

  1. En favorisant la collaboration entre plusieurs centres du NaDI pour faire dialoguer les disciplines (comme ce fut le cas lors de la première séance avec le CRIDS et PReCISE).
  2. En rebondissant sur des thématiques liées à l’actualité pour garantir la pertinence des échanges.

Quatre séances seront proposées par an, ouvertes à toutes et tous, avec une priorité : toucher les citoyens et citoyennes. Les films sont là pour donner un rayonnement culturel et scientifique à l’événement.

À terme, l’équipe aimerait diversifier ses formats : projections dans des cinémas comme le Caméo, diffusion de séries, voire des playconférences où l’on joue à un jeu vidéo pendant le débat. L’idée : utiliser la fiction sous toutes ses formes pour lancer la discussion.

L’équipe derrière le projet

  • Fanny Barnabé, chargée de cours au CRIDS / NaDI
  • Anne-Sophie Collard, professeure à la Faculté EMCP
  • Anthony Simonofski, professeur à la Faculté EMCP
  • Benoît Vanderose, professeur à la Faculté d’informatique

En collaboration avec le Confluent des savoirs et l'Administration de la communication

Prochaine séance : 4 novembre – “L’IA a-t-elle une conscience ?”

Projection du film Ex Machina suivie d’un débat avec Isabelle Linden et Benoît Frenay.

Penser, réfléchir : l’être humain est-il encore unique ? 

Derrière la révolution de l’IA, une question se pose : l'IA a-t-elle une conscience ? Pour cette deuxième projection-débat des Séances du Numérique, nous vous invitons à plonger dans le film Ex_machina, un face-à-face troublant entre création et créateur, entre humain et machine, entre futur et humanité. 

Programme : 

  • 17h : Accueil & présentation du film
  • 17h15 :  Projection du film Ex machina
  • 19h05 : Débat « L’IA a-t-elle une conscience ? » (avec Isabelle Linden & Benoît Frenay)
  • 19h45 : fin

Deux experts prendront part au débat : 

  • Benoît Frenay, qui apportera un éclairage sur les logiques d’apprentissage des intelligences artificielles actuelles et les limites de leur « autonomie ». Peut-on vraiment parler d’intelligence sans conscience ? Jusqu’où peut aller l’imitation ?
  • Isabelle Linden, qui interrogera les fondements mêmes de ce que nous appelons « penser » dans une logique informatique. Peut-on créer une machine consciente ? Ou ne sommes-nous que face à des miroirs de nos propres désirs ?
affiche séance du numérique 25.11.04

Université et démocratie : un lien vivant, parfois menacé

Paroles d'experts
Démocratie

Méfiance envers les institutions politiques traditionnelles et les élus, montée des logiques autoritaires, définancement des services publics… La démocratie semble aujourd’hui traverser une zone de turbulences. Dans ce contexte, quel rôle l’université joue-t-elle ? Pour éclairer cette question, nous avons rencontré quatre chercheurs issus de disciplines différentes : la pédagogue Sephora Boucenna, le philosophe Louis Carré, le politologue Vincent Jacquet, la juriste Aline Nardi. Leurs regards croisés dessinent les contours d’un enjeu plus que jamais d’actualité : penser et défendre le lien entre université et démocratie.

démocratie-visages

La démocratie n’a rien d’un concept figé. Elle fait débat, surtout aujourd’hui. Louis Carré, directeur du Département de philosophie et membre de l’Espace philosophique de Namur (Institut ESPHIN), en propose une définition en trois dimensions : un régime politique, un état de droit et une manière de faire société.

Le concept de démocratie : entre pouvoir du peuple et centralisation

« Étymologiquement, la démocratie est un régime politique qui consiste à donner le pouvoir au peuple », rappelle-t-il. « Nos démocraties occidentales reposent aujourd’hui sur l’idée que le peuple est souverain, sans pour autant gouverner directement. De là naît une tension entre la démocratie idéale et la démocratie réelle. » Vincent Jacquet, professeur au Département des sciences sociales, politiques et de la communication et président de l’Institut Transitions appuie le propos : « La démocratie est un idéal d’autogouvernement des citoyens, mais il est en tension avec des logiques plus centralisatrices, plus autoritaires. […] Nos systèmes politiques sont traversés par ces différentes tensions, avec à la fois des logiques autoritaires de plus en plus présentes, y compris chez nous, et des logiques de participation qui s’accompagnent parfois de beaucoup d’espoir et de déception aussi. »

Deuxième pilier selon Louis Carré : l’État de droit. La démocratie garantit les droits fondamentaux de tous les citoyens par la constitution. Mais là encore, gare aux paradoxes : « On pourrait en effet imaginer des lois prises par la majorité des représentants ou par un référendum, mais qui contreviennent aux droits fondamentaux », souligne le philosophe. La démocratie ne peut donc se résumer au seul principe majoritaire.

Enfin, la démocratie est également une manière de faire société. Elle repose sur un réel pluralisme : diversité des opinions, des croyances et des valeurs. « Cela suppose l’existence d’un espace public relativement autonome face au pouvoir en place qui, par moment, conteste les décisions prises par les gouvernements qui ont été élus », insiste Louis Carré.

La méfiance des citoyens vis-à-vis du politique n’est, à ce titre, pas nécessairement un symptôme de crise démocratique. Elle peut même en être un signe de vitalité, comme l’explique Vincent Jacquet : « Le fait que les citoyens soient critiques envers leur gouvernement n’est pas forcément négatif parce que, dans une démocratie, les citoyens doivent pouvoir contrôler les actions des gouvernants ».

Photo de Vincent Jacquet
Vincent Jacquet

Former les gouvernants… et les gouvernés

Dans ce contexte, quelle est la responsabilité de l’université ? Louis Carré rappelle d’abord une réalité simple : une grande partie de nos élus sont passés par les bancs de l’université. Mais sa mission d’enseignement ne s’arrête pas là. « Il s’agit de former des citoyens éclairés, pas seulement des gouvernants. Les universités doivent offrir un enseignement supérieur de qualité, ouvert au plus grand nombre », affirme-t-il.

« La démocratie suppose en effet des citoyens capables de débattre, de réfléchir, de problématiser les enjeux », complète Sephora Boucenna, doyenne de la Faculté des sciences de l’éducation et de la formation et membre de l’Institut de Recherches en Didactiques et Éducation de l’UNamur (IRDENA). Il s’agit donc de former des esprits réflexifs, aptes à interroger leur époque.

Former des enseignants réflexifs, pour des citoyens critiques

L’université forme également ceux qui, demain, éduqueront les générations futures : les enseignants. Et là encore, la démocratie est en jeu.

 « Notre mission est de former des enseignants réflexifs qui, eux-mêmes, apprendront à leurs élèves à penser de manière critique », insiste Sephora Boucenna. Cela passe par un travail en profondeur sur l’analyse de pratiques, la construction collective et l’apprentissage du débat, dès la formation initiale des enseignants jusqu'à leur formation continue. 

Sephora BOUCENNA
Sephora Boucenna

Produire et diffuser du savoir… en toute indépendance

Outre l’enseignement, l’université a également une mission de recherche et de service à la société. Elle produit des savoirs qui peuvent éclairer les politiques publiques, mais aussi les questionner. Cette fonction critique suppose une indépendance réelle vis-à-vis du politique. « Pour analyser avec lucidité les mécanismes démocratiques, y compris ceux que les gouvernements mettent en place, il faut que l’université garde sa liberté de recherche et de parole », souligne Vincent Jacquet.

 

Louis Carré va plus loin : « Comme la presse, l’université est une forme de contre-pouvoir dans l’espace public ». Il précise par ailleurs qu’« il y a une confusion entre liberté d’opinion et liberté académique. Les savoirs universitaires passent par une série de procédures de vérification, d’expérimentation, de discussion au sein de la communauté scientifique. Cela leur donne une robustesse qui n’est pas celle d’une opinion, d’une valeur, d’une croyance. » 

Louis Carré
Louis Carré

Cette fonction critique de l’université suppose donc une indépendance forte. Or, en Belgique, le financement des universités relève largement du pouvoir politique. « Celane doit pas signifier une mise sous tutelle », alerte Louis Carré. « Mener des recherches critiques, qui ne satisfont pas à court terme des commanditaires, demande une indépendance, y compris de moyens. Il faut des chercheurs en nombre qui puissent analyser différents types de dynamiques. Plus on coupera dans les finances de la recherche, comme c’est le cas aujourd’hui, moins on aura de chercheurs et donc de capacité d’analyse indépendante et de diversité des perspectives », insiste Vincent Jacquet.

Le mouvement « Université en colère », récemment lancé au sein des universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles, entend dénoncer les effets du définancement. Ses représentants appellent à « garantir les conditions de développement d’une université ouverte, indépendante, de qualité et accessible au plus grand nombre. Face aux défis sociaux, économiques et politiques de notre temps et parce que d’autres choix de société, et donc budgétaires, sont possibles, il est plus que jamais essentiel de renforcer les institutions et les acteurs au cœur de la production du savoir. » 

Entre vigilance et engagement : un lien à réinventer

La démocratie ne se limite donc ni aux élections ni aux institutions. Elle repose sur une vigilance collective, portée par les citoyens, les savoirs… et les lieux où ces savoirs se construisent. À ce titre, l’université apparaît comme un maillon essentiel de la vitalité démocratique. À condition de rester indépendante, accessible et ouverte sur la société.

« La démocratie, ce n’est pas seulement une affaire d’institutions. C’est l’affaire de citoyens qui la font vivre et qui s’organisent pour faire valoir leurs perspectives à différents moments », insiste Vincent Jacquet. Une invitation claire à ne pas rester spectateur, mais à participer, avec lucidité et exigence, à la construction d’un avenir démocratique commun.

Une année académique, placée sous la thématique de la démocratie

Retrouvez le discours prononcé par la Rectrice Annick Castiaux lors de la Cérémonie de rentrée académique 2025-2026.

Discours de la Rectrice à la Cérémonie de rentrée académique 2025-2026

Cet article est tiré de la rubrique "Enjeux" du magazine Omalius #38 (Septembre 2025).

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Événements

04

Séminaire TRANSDEM | Markus Hermann Meckl

Séminaire

Séminaire TRANSDEM | Markus Hermann Meckl

Economie
Environnement
Démocratie
4
12:45 - 14:00
Université de Namur - rue de Bruxelles, 61 - 5000 Namur

Les séminaires TRANSDEM s'intéressent à la manière dont les tensions institutionnelles, économiques, environnementales et migratoires actuelles transforment et mettent au défi la manière dont nos régimes démocratiques fonctionnent.

Victimisation et identité : la société post-héroïque

Plus d'infos à venir

02

Séminaire "Methods" | Philine Widmer

Séminaire

Séminaire "Methods" | Philine Widmer

Pédagogie
Langues
Intelligence artificielle
2
12:45 - 14:00
Université de Namur - rue de Bruxelles, 61 - 5000 Namur
Personne de contact :  Santos Nelson

"Methods" est une série de séminaires organisés par l'Institut Transitions de l'Université de Namur dans le but de favoriser la collaboration interdisciplinaire et l'échange de connaissances. Tous les séminaires se déroulent sous forme hybride.

Oratrice : Philine Widmer 

Plus d'infos à venir.

Les séminaires "Methods"

Le séminaire sur les méthodes est une série de séminaires organisés à l'Université de Namur dans le but de favoriser la collaboration interdisciplinaire et l'échange de connaissances. Tous les séminaires se déroulent sous forme hybride.

Cette série de séminaires se concentre sur les approches méthodologiques avancées, en particulier dans les domaines du traitement du langage naturel (NLP), de l'intelligence artificielle (IA), de l'analyse vidéo et d'images, et de l'analyse multimodale.

Pour rester informé des détails des prochains séminaires, merci de vous inscrire à notre liste de diffusion ci-dessous.

  • 19
  • 25

Cours ouverts de printemps

Evénement institutionnel

Cours ouverts de printemps

Institution
Futurs étudiants
19
08:30 - 25
16:30
Rue de Bruxelles, 85 - 5000 Namur
Personne de contact :  Info études

Découvrez la vie universitaire lors des cours ouverts de printemps !

5 jours pour plonger dans le quotidien des étudiants

Pendant les congés de l’enseignement secondaire, l’Université de Namur vous invite à vivre l’expérience universitaire de l’intérieur.

Assistez à des cours (plus de 300 heures accessibles), participez à des travaux pratiques, rencontrez des professeurs et explorez le campus et la ville.

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