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Le temps

Ma thèse  a pris pour objet la façon dont le temps est exprimé en LSFB. Les recherches consacrées à d’autres langues des signes font apparaître que ces langues ne disposent pas de paradigme verbal pour le temps. Par contre, elles présentent un système flexionnel aspectuel extrêmement riche qui, dans certains cas, supplée la flexion temporelle. Des ressources spécifiques sont par ailleurs sollicitées pour exprimer le temps: différentes lignes du temps, des items lexicaux de type adverbial, certains marqueurs spécifiques, le recours à des pointés, le rôle de la main passive et celui des composantes non manuelles (mouvements du corps, de la tête et l'expression faciale).  

 

Le cœur de mon travail se trouve dans l'analyse au microscope de certains signes qui jouent un rôle significatif dans le marquage temporel : FINI, ALLER2-AUX, FUTUR, AVANT et APRES. La façon dont ils sont décrits rend compte de la procédure de recherche à l'œuvre. Chaque occurrence est examinée selon ses caractéristiques phonologiques, en fonction de ses propriétés morpho-syntaxiques et au regard des l'interprétation sémantique qu'elle reçoit au sein du passage auquel elle appartient. Ainsi, selon les principes de Rastier, l'analyse procède par la mise en complémentarité des indices locaux (du signe seul) et des éléments plus globaux (les signes avoisinants d'une part et l'ensemble du passage d'autre part). Ce sont les allers et retours entre ces multiples paliers qui permettent à l'analyse d'aboutir à l'identification des valeurs sémiologiques recouvertes par ces signes.

 

A l'issue de l'examen de ces quelques signes qui se veut prioritairement qualitatif, des résultats quantitatifs sont apportés. Le nombre d'attestations de ces signes est observé de façon contrastive dans trois types de données: descriptives, narratives et conversationnelles. Il est apparu que les trois types de données ne présentent pas les mêmes caractéristiques concernant le marquage du temps. La fracture majeure se trouve entre les descriptions et les conversations d'une part et les narrations d'autre part. Ces dernières ne contiennent presque aucun des signes et des structures étudiés. Cette particularité fait des narrations un type de discours non marqué du point de vue du temps (mais pas par défaut dans le temps de la conversation), c'est-à-dire dont les références temporelles explicites sont absentes. Cela inscrit ces récits dans un temps indéterminé, atemporel qui fait écho au caractère imaginaire qui les définit. Pour les conversations et les descriptions, le trait distinctif principal repose sur le type de signes et de structures prioritairement employés. En conversation, la tendance des signeurs est de fournir majoritairement des informations temporelles générales organisées en termes de passé, présent ou futur par rapport au présent de l'échange. Il en va autrement des descriptions qui sont hautement conditionnées par les tâches du protocole de collecte qui a impliqué leur composition. Contrairement aux données conversationnelles, la tendance est à l'introduction de références précises telles des dates ou des évènements particuliers.

 

Aurélie Sinte (collaboratrice de recherche post-doc FRS-FNRS/UNamur)

Publications disponibles sur Academia.edu