La Faculté de philosophie et lettres vous propose d'étudier les productions de l’esprit humain en quête de sens et de valeurs, en se souciant de restituer les œuvres, documents et courants de pensée dans leur contexte et leur évolution. Un vaste patrimoine à découvrir !

Les études

Vous disposez d'une curiosité pour les langues et les œuvres dans leurs diversité culturelle et temporelle ainsi que d'un intérêt pour la réflexion et l'analyse ? Vous serez alors séduits par l'offre d'enseignement proposée par la Faculté de philosophie et lettres. Bacheliers, masters de spécialisation, doctorats ou formations continues, la Faculté de philosophie et lettres propose un grand nombre de formations, quel que soit votre profil !

étudiants faculté philo et lettres

La recherche

La recherche en Faculté de philosophie et lettres est très diversifiée et veut jeter un regard neuf sur les productions culturelles d’hier et d’aujourd’hui. Des projets scientifiques de dimension nationale et internationale en font un des axes portant du rayonnement de la faculté en Belgique et à l'étranger. Soucieuse de garder un contact avec les enseignements dispensés dans les différentes sections de la faculté, la recherche est développée surtout au niveau des départements.

Professeur de philosophie et lettres

Service à la société

Les enseignants et chercheurs de la Faculté de philosophie et lettres contribuent à développer le dynamisme culturel de la Cité. Par des activités culturelles, des publications, des formations mais aussi par des interventions sur demande, leur travail s'inscrit régulièrement dans le contexte économique et social de la société civile.

Lettres études

Organisation

La Faculté de philosophie et lettres est organisée afin de gérer ses missions d'enseignement, de recherche et de service à la société. Elle dispose de services communs à toute la faculté. Elle compte 6 départements qui sont le reflet de ses différents enseignements, très variés, et tournés vers hier, aujourd'hui et demain.

À la une

Actualités

Quand les mèmes d’internet deviennent un objet de recherche

Littérature

Nés sur Internet, les mèmes font partie intégrante de la culture numérique. Ces images, souvent humoristiques, combinent texte et visuel pour faire passer un message. À l’UNamur, Lieven Vandelanotte, professeur de langue et linguistique anglaises et linguistique générale à la Faculté de philosophie et lettres, s’y est intéressé d’un point de vue linguistique. Dans son nouvel ouvrage, coécrit avec Barbara Dancygier de la University of British Columbia, il décrypte comment ces créations jouent avec les mots, les images et la grammaire. 

Lieven Vandelanotte

Apparu pour la première fois en 1976, le concept de mème a été utilisé par le biologiste Richard Dawkins, qui l’utilisait pour désigner une idée ou une habitude se propageant d’une personne à l’autre. Avec l’essor du numérique, le terme a pris un nouveau sens, désignant désormais ces images partagées et détournées en ligne, souvent accompagnées de texte, qui commentent l’actualité, expriment une émotion ou racontent une situation en quelques mots. Mais pour Lieven Vandelanotte, professeur à la Faculté de philosophie et lettres, les mèmes représentent un nouveau type de langage. « Les mèmes ne sont pas de simples illustrations. Ils combinent texte et image d’une manière qui transforme la façon dont le sens est construit », explique-t-il.

Un regard linguistique sur un langage numérique

Spécialiste du discours et de la linguistique anglaise, Lieven Vandelanotte étudie depuis plusieurs années le discours rapporté ainsi que la multimodalité, c’est-à-dire des productions qui combinent plusieurs modes d’expression, comme l’image et le texte. 

Grâce à son mandat de Professeur de recherche Francqui, obtenu en 2023, il a pu consacrer davantage de temps à cette thématique. « Ce mandat me donne l’occasion d’approfondir mes recherches sur la multimodalité et de finaliser ce livre, un projet que je mûrissais depuis longtemps. »

L’objectif de son travail ? Montrer que dans les mèmes, l’image joue un rôle linguistique à part entière. « Elle peut remplacer un mot, compléter une phrase ou exprimer un point de vue. C’est une véritable composante grammaticale. »

Quand les images construisent le sens

Parmi les mèmes qu’il analyse, Lieven Vandelanotte cite le célèbre Distracted Boyfriend (le petit ami distrait) : un homme détourne le regard de sa compagne pour admirer une autre femme.
« Ce mème illustre l’idée de faire un choix, de changer de préférence, de se détourner d’une option vers une autre. Une idée assez similaire est exprimée par le même qui s’appelle « Sortie 12 » (Exit 12). Un exemple qui mélange les deux, montre que les utilisateurs savent bien que ces images ne servent pas vraiment à parler d’un scénario entre amoureux ou d’une situation sur l’autoroute, mais ils perçoivent que différentes formes, avec des images différentes, peuvent avoir plus ou moins le même sens. »

Mème distracted boyfriend exit 12

Un autre exemple est celui du mème Good Girl Gina, où une jeune femme souriante est associée à des phrases décrivant un comportement « positif ». Dans la version Gets mad at you / Tells you why, l’humour repose sur le contraste avec un stéréotype sexiste : la protagoniste se fâche, mais, contrairement au stéréotype, elle explique pourquoi. « Dans ce cas, l’image remplit le rôle de sujet de la phrase. Elle n’illustre pas le texte, elle en fait partie intégrante et participe pleinement à la construction du sens », souligne Lieven Vandelanotte.

Mème Get mad at you

Il cite aussi la catégorie des when-memes, où une phrase débutant par When… (Quand…) se conclut par une image. Par exemple : « When you’re at a party full of people you don’t know so you stay with your friend the whole time » (Quand tu es à une fête pleine de gens que tu ne connais pas, donc tu restes avec ton ami tout le temps), accompagné de la photo d’un petit koala accroché à une jambe. « Ici, l’image vient terminer la phrase. Elle n’illustre pas directement la situation, elle en fournit la conclusion, comme un segment syntaxique à part entière. »

mème when

Ces analyses sont au cœur de l’ouvrage The Language of Memes, coécrit par Barbara Dancygier et Lieven Vandelanotte et publié chez Cambridge University Press.

Présenté comme le premier livre d’analyse linguistique approfondie des mèmes Internet, il propose une nouvelle approche de l’étude des genres multimodaux et explore la manière dont les images et les textes s’articulent pour créer du sens.

Cover de l’ouvrage The Language of Memes

Quand ça se déroule dans le train…

Au cours des dernières années, Lieven Vandelanotte a participé à de nombreux colloques pour présenter les résultats de ses recherches sur les mèmes, mais aucun n'était aussi original que le récent colloque « Railway Aesthetics ». Celui-ci s'est déroulé dans des trains en mouvement. Allant de Vienne à Bucarest, puis de Bucarest à Istanbul, les participants vivant ensemble dans les wagons pendant toute la durée de la conférence. Avec Justin Bai de l'Université du Colorado, il y a présenté un exposé sur l'utilisation des trains dans les mèmes Internet et les discours sur les réseaux sociaux, comme dans l'exemple ci-joint (un « when-meme » mettant en scène le regretté chef Anthony Bourdain, l’air très cool, reflétant ironiquement l'attitude de quelqu'un qui parvient à ne pas se faire moquer par un serveur français). 

mème train

L’UNamur active au sein du réseau Relief : de nouvelles collaborations envisagées

Institution

C’est officiel : l’Université de Namur intègre le Réseau d’Échanges et de Liaisons entre Institutions d’Enseignement Supérieur Francophones (RELIEF). Elle devient ainsi le quatrième partenaire de ce réseau aux côtés de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), de l’Université Savoie Mont Blanc et de la Haute École Spécialisée de Suisse Occidentale (HES-SO).

Logo Relief

Fin octobre, la Rectrice Annick Castiaux, accompagnée du Vice-recteur aux relations internationales et à la coopération Stéphane Leyens, était en visite à l’Université Savoie Mont Blanc. Le but : identifier les opportunités de collaborations bilatérales entre les deux institutions.

Les professeurs Denis Saint-Amand (Faculté de philosophie et lettres, président du Namur Institute of Language and Transmediality) et Johan Yans (directeur du Département de géologie et président du Institute of Life,Earth and Environment) faisaient également partie de la délégation UNamur. L’Université Savoie Mont Blanc était représentée par son Président, Philippe Briand, ainsi que par Mareva Sabatier (Vice-présidente du conseil d’administration, en charge des personnels), Pascal Hot (Vice-président en charge de la recherche) ou encore Emilie Viret-Thasiniphone (directrice des relations internationales).

Des rencontres ont eu lieu avec des représentants de différents instituts et laboratoires : mathématiques, physique, science de la terre et géologie, administration des entreprises, littérature. Des opportunités de collaborations dans ces domaines ont été évoquées. 

Relief : Une opportunité stratégique pour l’UNamur

Le Réseau RELIEF (Réseau d’Échanges et de Liaisons entre Institutions d’Enseignement Supérieur Francophones) regroupe quatre universités : l’UNamur, l’Université Savoie Mont Blanc, l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) ainsi que la Haute École Spécialisée de Suisse Occidentale (HES-SO). 

Créé en 2015, le réseau RELIEF a pour ambition de :

  • Favoriser les échanges et les interactions entre institutions partenaires ;
  • Développer des projets conjoints de qualité à l’échelle internationale, notamment dans l’espace francophone, pour les étudiants et les enseignants-chercheurs ;
  • Renforcer la visibilité et l’impact des initiatives portées par le réseau et ses membres.

Invitée à rejoindre RELIEF en 2025, l’UNamur se réjouit de cette intégration.

Image
Photo d'Annick Castiaux

C’est une belle opportunité pour notre université de renforcer ses collaborations existantes, d’en initier de nouvelles et de valoriser l’expertise de l’UNamur au sein d’un espace francophone d’innovation, de formation et de recherche

Annick Castiaux Rectrice de l’UNamur

En savoir plus :

SPiN : un nouveau centre de recherche pour penser les sciences autrement

Sciences, philosophies et sociétés

À l’heure où la désinformation, la post-vérité et le complotisme fragilisent la confiance dans les sciences, l’UNamur accueille SPiN (Science & Philosophy in Namur), un nouveau centre de recherche interdisciplinaire qui interroge la place des sciences dans la société. Fondé en septembre dernier par Olivier Sartenaer, professeur de philosophie des sciences à l’UNamur, SPiN rassemble des philosophes et des scientifiques autour d’une vision commune : développer une réflexion critique et accessible sur les sciences dans toute leur diversité.

L'équipe de recherche d'Oliver Sartenaer (Centre SPiN, ESPHIN)

De gauche à droite : Doan Vu Duc,  Maxime Hilbert, Charly Mobers, Olivier Sartenaer,  Louis Halflants, Andrea Roselli, Gauvain Leconte-Chevillard, Eve-Aline Dubois.

Si l’UNamur se distingue par la présence d’un département de philosophie des sciences au sein de sa Faculté des sciences, aucun centre de recherche n’était jusqu’ici spécifiquement dédié aux enjeux épistémologiques, éthiques, politiques et métaphysiques des sciences. SPiN vient combler ce vide. 

 

Logo du centre SPiN de l'Institut ESPHIN

« Plusieurs facteurs contingents ont permis la création de SPiN : l’absence d’une structure de recherche spécifiquement dédiée à ces thématiques et l’arrivée quasiment simultanée de quatre jeunes philosophes des sciences. C’est un peu un alignement des planètes », explique Olivier Sartenaer.

A ses côtés, on retrouve Juliette Ferry-Danini (Faculté d’informatique), Thibaut De Meyer (Faculté de philosophie et lettres) et Gaëlle Pontarotti (Faculté des sciences), qui forment le noyau dur de SPiN.

Répondre à une demande sociétale forte

SPiN s’inscrit dans une dynamique de recherche engagée au cœur des débat contemporains. 

Image
Olivier Sartenaer

On ressent un réel besoin d’éclairage des citoyens sur ces questions. C’était important pour nous qu’une structure de recherche reflète cette demande sociétale grandissante et accueille des recherches sur ces thématiques. 

Olivier Sartenaer Professeur de philosophie des sciences à l’UNamur

Les chercheurs de SPiN explorent un large éventail de thématiques, avec en toile de fond une interrogation sur notre rapport à la connaissance scientifique. Parmi ceux-ci :

  • le rapport entre sciences et pseudosciences ;
  • le réductionnisme dans les sciences ;
  • le déterminisme génétique et l’hérédité ;
  • l’éthique médicale et la santé publique (vaccinations, pandémies) ;
  • l’éthologie,
  • le perspectivisme.

Ces recherches sont portées par une équipe interdisciplinaire composée d’enseignants-chercheurs, de doctorants et de postdoctorants issus des différentes facultés de l’UNamur.

Un lieu de rencontre académique…mais aussi citoyen

SPiN organise des séminaires hebdomadaires consacrés aux recherches en cours en philosophie des sciences ainsi que des séminaires liés à des thématiques plus spécifiques : la santé, les sciences du vivant, la cosmologie et les théories de l’émergence et du réductionnisme dans les sciences naturelles.

Mais SPiN ne se limite pas à la sphère académique : le centre entend faire sortir ces questions hors des murs de l’université, au travers d’événements et d’activités accessibles à toutes et tous. Un événement inaugural est d’ores et déjà planifié pour le printemps prochain sur une thématique d’actualité : la méfiance dans les sciences. Plus d’infos à venir ! 

En savoir plus sur le centre de recherche SPiN

Université et démocratie : un lien vivant, parfois menacé

Paroles d'experts
Démocratie

Méfiance envers les institutions politiques traditionnelles et les élus, montée des logiques autoritaires, définancement des services publics… La démocratie semble aujourd’hui traverser une zone de turbulences. Dans ce contexte, quel rôle l’université joue-t-elle ? Pour éclairer cette question, nous avons rencontré quatre chercheurs issus de disciplines différentes : la pédagogue Sephora Boucenna, le philosophe Louis Carré, le politologue Vincent Jacquet, la juriste Aline Nardi. Leurs regards croisés dessinent les contours d’un enjeu plus que jamais d’actualité : penser et défendre le lien entre université et démocratie.

démocratie-visages

La démocratie n’a rien d’un concept figé. Elle fait débat, surtout aujourd’hui. Louis Carré, directeur du Département de philosophie et membre de l’Espace philosophique de Namur (Institut ESPHIN), en propose une définition en trois dimensions : un régime politique, un état de droit et une manière de faire société.

Le concept de démocratie : entre pouvoir du peuple et centralisation

« Étymologiquement, la démocratie est un régime politique qui consiste à donner le pouvoir au peuple », rappelle-t-il. « Nos démocraties occidentales reposent aujourd’hui sur l’idée que le peuple est souverain, sans pour autant gouverner directement. De là naît une tension entre la démocratie idéale et la démocratie réelle. » Vincent Jacquet, professeur au Département des sciences sociales, politiques et de la communication et président de l’Institut Transitions appuie le propos : « La démocratie est un idéal d’autogouvernement des citoyens, mais il est en tension avec des logiques plus centralisatrices, plus autoritaires. […] Nos systèmes politiques sont traversés par ces différentes tensions, avec à la fois des logiques autoritaires de plus en plus présentes, y compris chez nous, et des logiques de participation qui s’accompagnent parfois de beaucoup d’espoir et de déception aussi. »

Deuxième pilier selon Louis Carré : l’État de droit. La démocratie garantit les droits fondamentaux de tous les citoyens par la constitution. Mais là encore, gare aux paradoxes : « On pourrait en effet imaginer des lois prises par la majorité des représentants ou par un référendum, mais qui contreviennent aux droits fondamentaux », souligne le philosophe. La démocratie ne peut donc se résumer au seul principe majoritaire.

Enfin, la démocratie est également une manière de faire société. Elle repose sur un réel pluralisme : diversité des opinions, des croyances et des valeurs. « Cela suppose l’existence d’un espace public relativement autonome face au pouvoir en place qui, par moment, conteste les décisions prises par les gouvernements qui ont été élus », insiste Louis Carré.

La méfiance des citoyens vis-à-vis du politique n’est, à ce titre, pas nécessairement un symptôme de crise démocratique. Elle peut même en être un signe de vitalité, comme l’explique Vincent Jacquet : « Le fait que les citoyens soient critiques envers leur gouvernement n’est pas forcément négatif parce que, dans une démocratie, les citoyens doivent pouvoir contrôler les actions des gouvernants ».

Photo de Vincent Jacquet
Vincent Jacquet

Former les gouvernants… et les gouvernés

Dans ce contexte, quelle est la responsabilité de l’université ? Louis Carré rappelle d’abord une réalité simple : une grande partie de nos élus sont passés par les bancs de l’université. Mais sa mission d’enseignement ne s’arrête pas là. « Il s’agit de former des citoyens éclairés, pas seulement des gouvernants. Les universités doivent offrir un enseignement supérieur de qualité, ouvert au plus grand nombre », affirme-t-il.

« La démocratie suppose en effet des citoyens capables de débattre, de réfléchir, de problématiser les enjeux », complète Sephora Boucenna, doyenne de la Faculté des sciences de l’éducation et de la formation et membre de l’Institut de Recherches en Didactiques et Éducation de l’UNamur (IRDENA). Il s’agit donc de former des esprits réflexifs, aptes à interroger leur époque.

Former des enseignants réflexifs, pour des citoyens critiques

L’université forme également ceux qui, demain, éduqueront les générations futures : les enseignants. Et là encore, la démocratie est en jeu.

 « Notre mission est de former des enseignants réflexifs qui, eux-mêmes, apprendront à leurs élèves à penser de manière critique », insiste Sephora Boucenna. Cela passe par un travail en profondeur sur l’analyse de pratiques, la construction collective et l’apprentissage du débat, dès la formation initiale des enseignants jusqu'à leur formation continue. 

Sephora BOUCENNA
Sephora Boucenna

Produire et diffuser du savoir… en toute indépendance

Outre l’enseignement, l’université a également une mission de recherche et de service à la société. Elle produit des savoirs qui peuvent éclairer les politiques publiques, mais aussi les questionner. Cette fonction critique suppose une indépendance réelle vis-à-vis du politique. « Pour analyser avec lucidité les mécanismes démocratiques, y compris ceux que les gouvernements mettent en place, il faut que l’université garde sa liberté de recherche et de parole », souligne Vincent Jacquet.

 

Louis Carré va plus loin : « Comme la presse, l’université est une forme de contre-pouvoir dans l’espace public ». Il précise par ailleurs qu’« il y a une confusion entre liberté d’opinion et liberté académique. Les savoirs universitaires passent par une série de procédures de vérification, d’expérimentation, de discussion au sein de la communauté scientifique. Cela leur donne une robustesse qui n’est pas celle d’une opinion, d’une valeur, d’une croyance. » 

Louis Carré
Louis Carré

Cette fonction critique de l’université suppose donc une indépendance forte. Or, en Belgique, le financement des universités relève largement du pouvoir politique. « Celane doit pas signifier une mise sous tutelle », alerte Louis Carré. « Mener des recherches critiques, qui ne satisfont pas à court terme des commanditaires, demande une indépendance, y compris de moyens. Il faut des chercheurs en nombre qui puissent analyser différents types de dynamiques. Plus on coupera dans les finances de la recherche, comme c’est le cas aujourd’hui, moins on aura de chercheurs et donc de capacité d’analyse indépendante et de diversité des perspectives », insiste Vincent Jacquet.

Le mouvement « Université en colère », récemment lancé au sein des universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles, entend dénoncer les effets du définancement. Ses représentants appellent à « garantir les conditions de développement d’une université ouverte, indépendante, de qualité et accessible au plus grand nombre. Face aux défis sociaux, économiques et politiques de notre temps et parce que d’autres choix de société, et donc budgétaires, sont possibles, il est plus que jamais essentiel de renforcer les institutions et les acteurs au cœur de la production du savoir. » 

Entre vigilance et engagement : un lien à réinventer

La démocratie ne se limite donc ni aux élections ni aux institutions. Elle repose sur une vigilance collective, portée par les citoyens, les savoirs… et les lieux où ces savoirs se construisent. À ce titre, l’université apparaît comme un maillon essentiel de la vitalité démocratique. À condition de rester indépendante, accessible et ouverte sur la société.

« La démocratie, ce n’est pas seulement une affaire d’institutions. C’est l’affaire de citoyens qui la font vivre et qui s’organisent pour faire valoir leurs perspectives à différents moments », insiste Vincent Jacquet. Une invitation claire à ne pas rester spectateur, mais à participer, avec lucidité et exigence, à la construction d’un avenir démocratique commun.

Une année académique, placée sous la thématique de la démocratie

Retrouvez le discours prononcé par la Rectrice Annick Castiaux lors de la Cérémonie de rentrée académique 2025-2026.

Discours de la Rectrice à la Cérémonie de rentrée académique 2025-2026

Cet article est tiré de la rubrique "Experte" du magazine Omalius #38 (Septembre 2025).

cover-omalius-septembre-2025

Quand les mèmes d’internet deviennent un objet de recherche

Littérature

Nés sur Internet, les mèmes font partie intégrante de la culture numérique. Ces images, souvent humoristiques, combinent texte et visuel pour faire passer un message. À l’UNamur, Lieven Vandelanotte, professeur de langue et linguistique anglaises et linguistique générale à la Faculté de philosophie et lettres, s’y est intéressé d’un point de vue linguistique. Dans son nouvel ouvrage, coécrit avec Barbara Dancygier de la University of British Columbia, il décrypte comment ces créations jouent avec les mots, les images et la grammaire. 

Lieven Vandelanotte

Apparu pour la première fois en 1976, le concept de mème a été utilisé par le biologiste Richard Dawkins, qui l’utilisait pour désigner une idée ou une habitude se propageant d’une personne à l’autre. Avec l’essor du numérique, le terme a pris un nouveau sens, désignant désormais ces images partagées et détournées en ligne, souvent accompagnées de texte, qui commentent l’actualité, expriment une émotion ou racontent une situation en quelques mots. Mais pour Lieven Vandelanotte, professeur à la Faculté de philosophie et lettres, les mèmes représentent un nouveau type de langage. « Les mèmes ne sont pas de simples illustrations. Ils combinent texte et image d’une manière qui transforme la façon dont le sens est construit », explique-t-il.

Un regard linguistique sur un langage numérique

Spécialiste du discours et de la linguistique anglaise, Lieven Vandelanotte étudie depuis plusieurs années le discours rapporté ainsi que la multimodalité, c’est-à-dire des productions qui combinent plusieurs modes d’expression, comme l’image et le texte. 

Grâce à son mandat de Professeur de recherche Francqui, obtenu en 2023, il a pu consacrer davantage de temps à cette thématique. « Ce mandat me donne l’occasion d’approfondir mes recherches sur la multimodalité et de finaliser ce livre, un projet que je mûrissais depuis longtemps. »

L’objectif de son travail ? Montrer que dans les mèmes, l’image joue un rôle linguistique à part entière. « Elle peut remplacer un mot, compléter une phrase ou exprimer un point de vue. C’est une véritable composante grammaticale. »

Quand les images construisent le sens

Parmi les mèmes qu’il analyse, Lieven Vandelanotte cite le célèbre Distracted Boyfriend (le petit ami distrait) : un homme détourne le regard de sa compagne pour admirer une autre femme.
« Ce mème illustre l’idée de faire un choix, de changer de préférence, de se détourner d’une option vers une autre. Une idée assez similaire est exprimée par le même qui s’appelle « Sortie 12 » (Exit 12). Un exemple qui mélange les deux, montre que les utilisateurs savent bien que ces images ne servent pas vraiment à parler d’un scénario entre amoureux ou d’une situation sur l’autoroute, mais ils perçoivent que différentes formes, avec des images différentes, peuvent avoir plus ou moins le même sens. »

Mème distracted boyfriend exit 12

Un autre exemple est celui du mème Good Girl Gina, où une jeune femme souriante est associée à des phrases décrivant un comportement « positif ». Dans la version Gets mad at you / Tells you why, l’humour repose sur le contraste avec un stéréotype sexiste : la protagoniste se fâche, mais, contrairement au stéréotype, elle explique pourquoi. « Dans ce cas, l’image remplit le rôle de sujet de la phrase. Elle n’illustre pas le texte, elle en fait partie intégrante et participe pleinement à la construction du sens », souligne Lieven Vandelanotte.

Mème Get mad at you

Il cite aussi la catégorie des when-memes, où une phrase débutant par When… (Quand…) se conclut par une image. Par exemple : « When you’re at a party full of people you don’t know so you stay with your friend the whole time » (Quand tu es à une fête pleine de gens que tu ne connais pas, donc tu restes avec ton ami tout le temps), accompagné de la photo d’un petit koala accroché à une jambe. « Ici, l’image vient terminer la phrase. Elle n’illustre pas directement la situation, elle en fournit la conclusion, comme un segment syntaxique à part entière. »

mème when

Ces analyses sont au cœur de l’ouvrage The Language of Memes, coécrit par Barbara Dancygier et Lieven Vandelanotte et publié chez Cambridge University Press.

Présenté comme le premier livre d’analyse linguistique approfondie des mèmes Internet, il propose une nouvelle approche de l’étude des genres multimodaux et explore la manière dont les images et les textes s’articulent pour créer du sens.

Cover de l’ouvrage The Language of Memes

Quand ça se déroule dans le train…

Au cours des dernières années, Lieven Vandelanotte a participé à de nombreux colloques pour présenter les résultats de ses recherches sur les mèmes, mais aucun n'était aussi original que le récent colloque « Railway Aesthetics ». Celui-ci s'est déroulé dans des trains en mouvement. Allant de Vienne à Bucarest, puis de Bucarest à Istanbul, les participants vivant ensemble dans les wagons pendant toute la durée de la conférence. Avec Justin Bai de l'Université du Colorado, il y a présenté un exposé sur l'utilisation des trains dans les mèmes Internet et les discours sur les réseaux sociaux, comme dans l'exemple ci-joint (un « when-meme » mettant en scène le regretté chef Anthony Bourdain, l’air très cool, reflétant ironiquement l'attitude de quelqu'un qui parvient à ne pas se faire moquer par un serveur français). 

mème train

L’UNamur active au sein du réseau Relief : de nouvelles collaborations envisagées

Institution

C’est officiel : l’Université de Namur intègre le Réseau d’Échanges et de Liaisons entre Institutions d’Enseignement Supérieur Francophones (RELIEF). Elle devient ainsi le quatrième partenaire de ce réseau aux côtés de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), de l’Université Savoie Mont Blanc et de la Haute École Spécialisée de Suisse Occidentale (HES-SO).

Logo Relief

Fin octobre, la Rectrice Annick Castiaux, accompagnée du Vice-recteur aux relations internationales et à la coopération Stéphane Leyens, était en visite à l’Université Savoie Mont Blanc. Le but : identifier les opportunités de collaborations bilatérales entre les deux institutions.

Les professeurs Denis Saint-Amand (Faculté de philosophie et lettres, président du Namur Institute of Language and Transmediality) et Johan Yans (directeur du Département de géologie et président du Institute of Life,Earth and Environment) faisaient également partie de la délégation UNamur. L’Université Savoie Mont Blanc était représentée par son Président, Philippe Briand, ainsi que par Mareva Sabatier (Vice-présidente du conseil d’administration, en charge des personnels), Pascal Hot (Vice-président en charge de la recherche) ou encore Emilie Viret-Thasiniphone (directrice des relations internationales).

Des rencontres ont eu lieu avec des représentants de différents instituts et laboratoires : mathématiques, physique, science de la terre et géologie, administration des entreprises, littérature. Des opportunités de collaborations dans ces domaines ont été évoquées. 

Relief : Une opportunité stratégique pour l’UNamur

Le Réseau RELIEF (Réseau d’Échanges et de Liaisons entre Institutions d’Enseignement Supérieur Francophones) regroupe quatre universités : l’UNamur, l’Université Savoie Mont Blanc, l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) ainsi que la Haute École Spécialisée de Suisse Occidentale (HES-SO). 

Créé en 2015, le réseau RELIEF a pour ambition de :

  • Favoriser les échanges et les interactions entre institutions partenaires ;
  • Développer des projets conjoints de qualité à l’échelle internationale, notamment dans l’espace francophone, pour les étudiants et les enseignants-chercheurs ;
  • Renforcer la visibilité et l’impact des initiatives portées par le réseau et ses membres.

Invitée à rejoindre RELIEF en 2025, l’UNamur se réjouit de cette intégration.

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Photo d'Annick Castiaux

C’est une belle opportunité pour notre université de renforcer ses collaborations existantes, d’en initier de nouvelles et de valoriser l’expertise de l’UNamur au sein d’un espace francophone d’innovation, de formation et de recherche

Annick Castiaux Rectrice de l’UNamur

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SPiN : un nouveau centre de recherche pour penser les sciences autrement

Sciences, philosophies et sociétés

À l’heure où la désinformation, la post-vérité et le complotisme fragilisent la confiance dans les sciences, l’UNamur accueille SPiN (Science & Philosophy in Namur), un nouveau centre de recherche interdisciplinaire qui interroge la place des sciences dans la société. Fondé en septembre dernier par Olivier Sartenaer, professeur de philosophie des sciences à l’UNamur, SPiN rassemble des philosophes et des scientifiques autour d’une vision commune : développer une réflexion critique et accessible sur les sciences dans toute leur diversité.

L'équipe de recherche d'Oliver Sartenaer (Centre SPiN, ESPHIN)

De gauche à droite : Doan Vu Duc,  Maxime Hilbert, Charly Mobers, Olivier Sartenaer,  Louis Halflants, Andrea Roselli, Gauvain Leconte-Chevillard, Eve-Aline Dubois.

Si l’UNamur se distingue par la présence d’un département de philosophie des sciences au sein de sa Faculté des sciences, aucun centre de recherche n’était jusqu’ici spécifiquement dédié aux enjeux épistémologiques, éthiques, politiques et métaphysiques des sciences. SPiN vient combler ce vide. 

 

Logo du centre SPiN de l'Institut ESPHIN

« Plusieurs facteurs contingents ont permis la création de SPiN : l’absence d’une structure de recherche spécifiquement dédiée à ces thématiques et l’arrivée quasiment simultanée de quatre jeunes philosophes des sciences. C’est un peu un alignement des planètes », explique Olivier Sartenaer.

A ses côtés, on retrouve Juliette Ferry-Danini (Faculté d’informatique), Thibaut De Meyer (Faculté de philosophie et lettres) et Gaëlle Pontarotti (Faculté des sciences), qui forment le noyau dur de SPiN.

Répondre à une demande sociétale forte

SPiN s’inscrit dans une dynamique de recherche engagée au cœur des débat contemporains. 

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Olivier Sartenaer

On ressent un réel besoin d’éclairage des citoyens sur ces questions. C’était important pour nous qu’une structure de recherche reflète cette demande sociétale grandissante et accueille des recherches sur ces thématiques. 

Olivier Sartenaer Professeur de philosophie des sciences à l’UNamur

Les chercheurs de SPiN explorent un large éventail de thématiques, avec en toile de fond une interrogation sur notre rapport à la connaissance scientifique. Parmi ceux-ci :

  • le rapport entre sciences et pseudosciences ;
  • le réductionnisme dans les sciences ;
  • le déterminisme génétique et l’hérédité ;
  • l’éthique médicale et la santé publique (vaccinations, pandémies) ;
  • l’éthologie,
  • le perspectivisme.

Ces recherches sont portées par une équipe interdisciplinaire composée d’enseignants-chercheurs, de doctorants et de postdoctorants issus des différentes facultés de l’UNamur.

Un lieu de rencontre académique…mais aussi citoyen

SPiN organise des séminaires hebdomadaires consacrés aux recherches en cours en philosophie des sciences ainsi que des séminaires liés à des thématiques plus spécifiques : la santé, les sciences du vivant, la cosmologie et les théories de l’émergence et du réductionnisme dans les sciences naturelles.

Mais SPiN ne se limite pas à la sphère académique : le centre entend faire sortir ces questions hors des murs de l’université, au travers d’événements et d’activités accessibles à toutes et tous. Un événement inaugural est d’ores et déjà planifié pour le printemps prochain sur une thématique d’actualité : la méfiance dans les sciences. Plus d’infos à venir ! 

En savoir plus sur le centre de recherche SPiN

Université et démocratie : un lien vivant, parfois menacé

Paroles d'experts
Démocratie

Méfiance envers les institutions politiques traditionnelles et les élus, montée des logiques autoritaires, définancement des services publics… La démocratie semble aujourd’hui traverser une zone de turbulences. Dans ce contexte, quel rôle l’université joue-t-elle ? Pour éclairer cette question, nous avons rencontré quatre chercheurs issus de disciplines différentes : la pédagogue Sephora Boucenna, le philosophe Louis Carré, le politologue Vincent Jacquet, la juriste Aline Nardi. Leurs regards croisés dessinent les contours d’un enjeu plus que jamais d’actualité : penser et défendre le lien entre université et démocratie.

démocratie-visages

La démocratie n’a rien d’un concept figé. Elle fait débat, surtout aujourd’hui. Louis Carré, directeur du Département de philosophie et membre de l’Espace philosophique de Namur (Institut ESPHIN), en propose une définition en trois dimensions : un régime politique, un état de droit et une manière de faire société.

Le concept de démocratie : entre pouvoir du peuple et centralisation

« Étymologiquement, la démocratie est un régime politique qui consiste à donner le pouvoir au peuple », rappelle-t-il. « Nos démocraties occidentales reposent aujourd’hui sur l’idée que le peuple est souverain, sans pour autant gouverner directement. De là naît une tension entre la démocratie idéale et la démocratie réelle. » Vincent Jacquet, professeur au Département des sciences sociales, politiques et de la communication et président de l’Institut Transitions appuie le propos : « La démocratie est un idéal d’autogouvernement des citoyens, mais il est en tension avec des logiques plus centralisatrices, plus autoritaires. […] Nos systèmes politiques sont traversés par ces différentes tensions, avec à la fois des logiques autoritaires de plus en plus présentes, y compris chez nous, et des logiques de participation qui s’accompagnent parfois de beaucoup d’espoir et de déception aussi. »

Deuxième pilier selon Louis Carré : l’État de droit. La démocratie garantit les droits fondamentaux de tous les citoyens par la constitution. Mais là encore, gare aux paradoxes : « On pourrait en effet imaginer des lois prises par la majorité des représentants ou par un référendum, mais qui contreviennent aux droits fondamentaux », souligne le philosophe. La démocratie ne peut donc se résumer au seul principe majoritaire.

Enfin, la démocratie est également une manière de faire société. Elle repose sur un réel pluralisme : diversité des opinions, des croyances et des valeurs. « Cela suppose l’existence d’un espace public relativement autonome face au pouvoir en place qui, par moment, conteste les décisions prises par les gouvernements qui ont été élus », insiste Louis Carré.

La méfiance des citoyens vis-à-vis du politique n’est, à ce titre, pas nécessairement un symptôme de crise démocratique. Elle peut même en être un signe de vitalité, comme l’explique Vincent Jacquet : « Le fait que les citoyens soient critiques envers leur gouvernement n’est pas forcément négatif parce que, dans une démocratie, les citoyens doivent pouvoir contrôler les actions des gouvernants ».

Photo de Vincent Jacquet
Vincent Jacquet

Former les gouvernants… et les gouvernés

Dans ce contexte, quelle est la responsabilité de l’université ? Louis Carré rappelle d’abord une réalité simple : une grande partie de nos élus sont passés par les bancs de l’université. Mais sa mission d’enseignement ne s’arrête pas là. « Il s’agit de former des citoyens éclairés, pas seulement des gouvernants. Les universités doivent offrir un enseignement supérieur de qualité, ouvert au plus grand nombre », affirme-t-il.

« La démocratie suppose en effet des citoyens capables de débattre, de réfléchir, de problématiser les enjeux », complète Sephora Boucenna, doyenne de la Faculté des sciences de l’éducation et de la formation et membre de l’Institut de Recherches en Didactiques et Éducation de l’UNamur (IRDENA). Il s’agit donc de former des esprits réflexifs, aptes à interroger leur époque.

Former des enseignants réflexifs, pour des citoyens critiques

L’université forme également ceux qui, demain, éduqueront les générations futures : les enseignants. Et là encore, la démocratie est en jeu.

 « Notre mission est de former des enseignants réflexifs qui, eux-mêmes, apprendront à leurs élèves à penser de manière critique », insiste Sephora Boucenna. Cela passe par un travail en profondeur sur l’analyse de pratiques, la construction collective et l’apprentissage du débat, dès la formation initiale des enseignants jusqu'à leur formation continue. 

Sephora BOUCENNA
Sephora Boucenna

Produire et diffuser du savoir… en toute indépendance

Outre l’enseignement, l’université a également une mission de recherche et de service à la société. Elle produit des savoirs qui peuvent éclairer les politiques publiques, mais aussi les questionner. Cette fonction critique suppose une indépendance réelle vis-à-vis du politique. « Pour analyser avec lucidité les mécanismes démocratiques, y compris ceux que les gouvernements mettent en place, il faut que l’université garde sa liberté de recherche et de parole », souligne Vincent Jacquet.

 

Louis Carré va plus loin : « Comme la presse, l’université est une forme de contre-pouvoir dans l’espace public ». Il précise par ailleurs qu’« il y a une confusion entre liberté d’opinion et liberté académique. Les savoirs universitaires passent par une série de procédures de vérification, d’expérimentation, de discussion au sein de la communauté scientifique. Cela leur donne une robustesse qui n’est pas celle d’une opinion, d’une valeur, d’une croyance. » 

Louis Carré
Louis Carré

Cette fonction critique de l’université suppose donc une indépendance forte. Or, en Belgique, le financement des universités relève largement du pouvoir politique. « Celane doit pas signifier une mise sous tutelle », alerte Louis Carré. « Mener des recherches critiques, qui ne satisfont pas à court terme des commanditaires, demande une indépendance, y compris de moyens. Il faut des chercheurs en nombre qui puissent analyser différents types de dynamiques. Plus on coupera dans les finances de la recherche, comme c’est le cas aujourd’hui, moins on aura de chercheurs et donc de capacité d’analyse indépendante et de diversité des perspectives », insiste Vincent Jacquet.

Le mouvement « Université en colère », récemment lancé au sein des universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles, entend dénoncer les effets du définancement. Ses représentants appellent à « garantir les conditions de développement d’une université ouverte, indépendante, de qualité et accessible au plus grand nombre. Face aux défis sociaux, économiques et politiques de notre temps et parce que d’autres choix de société, et donc budgétaires, sont possibles, il est plus que jamais essentiel de renforcer les institutions et les acteurs au cœur de la production du savoir. » 

Entre vigilance et engagement : un lien à réinventer

La démocratie ne se limite donc ni aux élections ni aux institutions. Elle repose sur une vigilance collective, portée par les citoyens, les savoirs… et les lieux où ces savoirs se construisent. À ce titre, l’université apparaît comme un maillon essentiel de la vitalité démocratique. À condition de rester indépendante, accessible et ouverte sur la société.

« La démocratie, ce n’est pas seulement une affaire d’institutions. C’est l’affaire de citoyens qui la font vivre et qui s’organisent pour faire valoir leurs perspectives à différents moments », insiste Vincent Jacquet. Une invitation claire à ne pas rester spectateur, mais à participer, avec lucidité et exigence, à la construction d’un avenir démocratique commun.

Une année académique, placée sous la thématique de la démocratie

Retrouvez le discours prononcé par la Rectrice Annick Castiaux lors de la Cérémonie de rentrée académique 2025-2026.

Discours de la Rectrice à la Cérémonie de rentrée académique 2025-2026

Cet article est tiré de la rubrique "Experte" du magazine Omalius #38 (Septembre 2025).

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Événements

15

Journée d’étude de la Société médicale belge de Saint Luc - La pratique médicale, entre performance et robustesse pour une pratique durable

Congrès / Colloque / Conférence

Journée d’étude de la Société médicale belge de Saint Luc - La pratique médicale, entre performance et robustesse pour une pratique durable

Médecine
Santé
Philosophie
15
08:30 - 18:30
UNamur (auditoire S01) - Rue Grafé - 5000 Namur
Personne de contact :  CATHMED.BE

Le 15 novembre, la Faculté de médecine et le Centre Universitaire Notre-Dame de la paix (Institut ESPHIN) de l'UNamur participeront à l’organisation de la journée d’étude de la Société médicale belge de Saint Luc. Cette journée aura pour thème : « La pratique médicale, entre performance et robustesse pour une pratique durable » et réunira un panel international d’orateurs de renom.

Affiche de la journée d'étude

Bienvenue au colloque

Notre monde et notre système de santé sont dominés par la recherche de la performance et de l'optimisation. Dans un univers plein d'incertitudes, les écosystèmes et les personnes risquent d'être exsangues. Or, les processus biologiques de base, comme le cycle de Krebs, ne brillent pas par leur efficacité mais par leur stabilité dans des conditions changeantes. La vie n'est pas synonyme d'hyper-efficacité.

La vie publique de Jésus - guérissant en chemin, restaurant l'être par savoir, sagesse et résilience - et le Cantique du Soleil de Saint François (qui célèbre cette année son 800ème anniversaire) nous inspirent toujours dans notre recherche de ce bon équilibre, même face à la souffrance et aux limites.

Programme et intervenants

  • 8h30 : enregistrement des participants
  • 9h00 - 12h45 : conférences, table ronde, discussion
  • 12h45 - 14h00 : déjeuner-sandwiches (inclus)
  • 14h00-17h30 : conférences, table ronde, discussion
  • 18h15 : célébration eucharistique à la Chapelle Universitaire Notre-Dame de la Paix (4, rue Grafé, Namur)

Orateurs :

  • Simon ABSIL
  • Anne BERQUIN
  • Olivier BOUCHE
  • Dominique BOURG
  • Jean-Michel DOGNE
  • Edouard HOSTEN
  • Jonas ROOSELEER
  • Ellen VAN STICHEL

Infos pratiques

  • Traduction simultanée disponible (français et néerlandais)
  • Demande d'accréditation déposée
  • Repas sandwich

 

Inscription préalable obligatoire

Frais d'inscription selon votre catégorie

  • € 100: (médecin)
  • € 60: (autre profession)
  • € 30: jeune professionnel ou étudiant (<35 ans)
  • € 0: J'ai reçu un code de promotion (gratuit, mais inscription obligatoire)
27

Documentaire "La fabuleuse histoire de l'argent"

Cinéma

Documentaire "La fabuleuse histoire de l'argent"

Grand public
Histoire
27
18:30 - 20:30
Université de Namur, Quai 22 - rue du Séminaire, 22 - 5000 Namur
Personne de contact :  Flament Christophe

Cette série de documentaires en 4 épisodes, réalisé par ARTE est à découvrir à l'UNamur en avant-première. La projection du 1er épisode se tiendra au Quai 22, en présence du réalisateur Frédéric Wilner et de Christophe Flament, Doyen de la Faculté de philosophie et lettres et expert dans l'étude des phénomènes économiques de la Grèce antique, intervenant et conseiller scientifique.

Affiche de l'avant-première de présentation du documentaire "La fabuleuse histoire de l'argent" de Christophe Flament

Le documentaire d'Arte, "La Fabuleuse Histoire de l'argent", est une série en quatre épisodes qui retrace l'histoire de l'argent, de l'invention de la monnaie à la dématérialisation des paiements avec le Bitcoin. Il explore comment l'argent a façonné les empires, l'économie mondiale et le cours de l'histoire humaine. 

Avant-première : 1er épisode "Et l’homme inventa la monnaie".

Nombre de places limité - Réservation souhaitée : christophe.flament@unamur.be 

 

05

Zones : terre, sexes et science-fiction

Séminaire

Zones : terre, sexes et science-fiction

Philosophie
5
14:00 - 17:00
Université de Namur, Faculté de Philosophie et Lettres, auditoire L30 - rue Grafé, 1 - 5000 Namur
Personne de contact :  Laoureux Sébastien

Séminaire du Centre Arcadie de l'Institut ESPHIN autour de l'ouvrage de Jeanne Etelain (Université Paris Nanterre - MO.CO. ESBA)

Dans le cadre de son séminaire, le Centre Arcadie aura le plaisir de recevoir Jeanne Etelain pour une séance consacrée à son ouvrage Zones. Terre, sexes et science-fiction, Flammarion, 2025.

Jeanne Etelain, titulaire d'un doctorat de la New York University et de l'université Paris-Nanterre, enseigne la philosophie et la théorie contemporaine à l'École supérieure des Beaux-Arts de Montpellier.Après une présentation de l'ouvrage, Igor Krtolica sera interrogé par Jean-Baptiste Vuillerod et Thibault De Meyer.

Après une présentation de l'ouvrage, Jeanne Etelain sera interrogée par Ludovic Dubois, Nathalie Grandjean et Sébastien Laoureux.

Entrée libre. Bienvenue à toutes et tous.

Présentation du livre 

Zone : ce terme omniprésent reste pourtant insaisissable. Dans une enquête conceptuelle étonnante à la croisée de la géographie, de la psychanalyse et de la science-fiction, Jeanne Etelain explore la façon dont la "zone" est devenue centrale pour comprendre l'espace, dans le contexte contemporain de crise des conditions d'habitabilité de la planète. La zone apparaît dès lors comme une modalité spatiale défiant les catégories habituelles, nous confrontant à la puissance d'agir de l'espace, qu'il s'agisse de la nature, de la Terre ou du corps. 

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Christophe Flament
Doyen de la Faculté de Philosophie et Lettres
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La passion de comprendre et de se comprendre dans le monde dans lequel nous vivons atteste la vocation d'ouverture de la philosophie à l'universel.
Louis Carré
Directeur du Département de philosophie
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Voyez le portail des bibliothèques de l'Université de Namur qui donne accès à tous les répertoires des publications.

Cellule d'Appui Pédagogique

La Faculté de philosophie et lettres est dotée d’une Cellule d’appui pédagogique (CAP) dont la mission première est d’organiser des activités d'aide à la réussite à destination des étudiants (principalement de Bac 1). Elle gère (pour partie) l’évaluation des enseignements par les étudiants et anime la réflexion pédagogique au sein de la faculté.

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