Projet de recherche collaboratif (2023-2026) sous la direction d’Olivier Sartenaer rassemblant Maxime Hilbert (Doctorant), Gauvain Leconte-Chevillard (Post-doctorant) et Andrea Rosell (Post-doctorant), et dont l’objet principal consiste à repenser le physicalisme antiréductionnisme à la lumière d’une nouvelle théorie, dite « diachronique » de l’émergence, avec des incursions dans les sciences physiques et biologiques.

Abstract

Lorsque les pères fondateurs de l'émergentisme ont conçu le concept d'émergence au début du 20e siècle, ils visaient à jeter les bases d'une nouvelle philosophie de la nature censée constituer une voie médiane entre le physicalisme réducteur et le dualisme des substances. D'emblée, l'émergence prend un visage ontologique. Elle est mise au service d'une vision globale du monde naturel qui contient des choses qui, bien qu'ultimement dépendantes d'une base physique commune, en sont aussi véritablement distinctes.

Dès les années 1930, l'émergentisme est tombé en discrédit, en raison de problèmes métaphysiques et empiriques insurmontables. Aujourd'hui, bien que l'émergentisme soit réapparu comme une option vivante, aucun des comptes-rendus disponibles de la notion ne parvient à répondre aux normes initiales du point de vue. Les débats sont dans l'impasse, la voie médiane souhaitée apparaissant de plus en plus comme un fantasme insaisissable.

L'objectif principal du projet MIS d'Olivier Sartenaer est de sortir de cette impasse, en capitalisant sur une théorie récente et originale de l'émergence appelée "émergence transformationnelle", qui constitue un moyen de surmonter les problèmes qui ont affecté le premier émergentisme et qui affectent encore sa descendance contemporaine. Plus particulièrement, le projet entend développer un compte-rendu de l'émergence transformationnelle qui constitue l'outil approprié pour défendre une forme ontologique de physicalisme non-réductif.

Dans cet esprit, trois objectifs spécifiques seront poursuivis. Premièrement, l'histoire manquante de l'émergence transformationnelle - rendue invisible par un puissant biais historique - sera écrite. Deuxièmement, l'émergentisme transformationnel sera doté de solides fondements métaphysiques dans les trois dimensions qui le définissent, à savoir la diachronie, la planéité et le "dynamisme ontologique". Et troisièmement, l'émergentisme transformationnel sera doté d'une respectabilité empirique, en montrant qu'il constitue le meilleur cadre d'interprétation des phénomènes naturels dans certains domaines de la physique (à savoir la cosmologie de l'univers primitif) et de la biologie (à savoir la théorie des transitions évolutives majeures).

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