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Discours de rentrée 2006-2007

CELEBRER UN ANNIVERSAIRE POUR ENRICHIR LE PRESENT ET SE PROJETER RESOLUMENT DANS L’AVENIR

C’est une grande joie de vous accueillir cet après-midi  pour donner tous ensemble le signal de départ de cette nouvelle année académique, la troisième de l’ère « Bologne », et inaugurer la célébration du 175ème anniversaire des Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix. Votre présence témoigne de l’intérêt et de l’attachement que vous portez à notre institution, à ses activités, à ses projets, aux femmes et aux hommes qui la font vivre au jour le jour à travers leur engagement dans les missions d’enseignement, de recherche et de service à la société.

Révérend Père Général, laissez moi dès maintenant vous dire combien notre communauté universitaire toute entière est touchée par votre présence parmi nous ; nous vous en sommes tous profondément reconnaissants. Dès que vous avez été informé de cet anniversaire, vous avez d’emblée accepté de vous joindre à nous. Croyez bien que nous mesurons ce que signifie votre présence parmi nous cet après-midi, en ce premier jour de cette année jubilaire et dans cet auditoire qui porte le nom de votre vénéré prédécesseur, le Père Pedro ARRUPE. Elle nous invite à nous rappeler l’inspiration profonde de la Compagnie de Jésus, son charisme de l’éducation, son engagement au service de la jeunesse notamment dans les universités, à travers un austère mais passionnant travail intellectuel. La Compagnie de Jésus célèbre cette année le 450ème anniversaire de la mort de son fondateur. Ignace de Loyola a regroupé ses premiers compagnons alors qu’ils fréquentaient ensemble les cours de la toute jeune université de Paris. A sa suite, depuis près de cinq siècles, des hommes passionnés du service de leurs frères en humanité ont répondu à l’appel de leur Seigneur pour se donner totalement à leurs semblables à travers l’enseignement et la recherche, et ce aux quatre coins du globe. Rappelons-nous les mathématiciens et astronomes que furent Mateo RICCI et notre compatriote Ferdinand VERBIEST à Pékin durant la première moitié du 17ème siècle, et, plus près de nous dans le temps, le paléontologue Pierre TEILHARD DE CHARDIN, mais aussi les six professeurs jésuites de l’Université de San Salvador sauvagement assassinés le 16 novembre 1989 en raison de leur engagement pour la justice. 
Souvenons-nous également de tant d’autres universitaires jésuites, notamment de ceux qui ont créé et fait vivre cette Maison. Et vous-même, n’avez-vous pas été durant de longues années professeur de linguistique à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth et connaisseur avisé de ce proche orient mis récemment encore à feu et à sang. Cette terre d’où, il y a quelques jours, le Père René CHAMUSSY, l’actuel recteur, s’est adressé à tous les membres de la communauté universitaire de cette institution avec laquelle nous avons signé il y a quelques mois un accord cadre de partenariat, en leur disant entre autres - je cite cet extrait en introduction de cette séance -  : « Il va de soi qu’en un tel contexte (celui de l’après-guerre) nous ne pouvons rester passifs et imaginer un seul instant que notre nouvelle année universitaire puisse se dérouler comme si rien ne s’était passé. L’Université Saint-Joseph…doit demeurer un haut lieu de savoir, de recherche et de transmission du savoir ; elle ne peut se départir de l’exigence de solidarité qui la lie indéfectiblement à tous ceux avec lesquels elle vit et au services desquels elle ne peut qu’exister. Elle a le souci de former des étudiants à exercer de multiples professions, mais tout cela serait vain si ces formations ne pouvaient tout aussitôt s’exercer au profit de ceux qui viennent de sombrer dans le chaos et la misère ».

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La célébration du 175ème anniversaire est pour notre communauté universitaire toute entière, non seulement l’occasion de vivre ensemble un temps plus festif, mais surtout une invitation à vérifier si le cap poursuivi reste pertinent. C’est pourquoi, j’ai choisi d’intituler la présente réflexion : « Célébrer un anniversaire pour enrichir le présent et se projeter résolument dans l’avenir ».

S’il n’est pas toujours facile de trouver le ton juste pour fêter l’anniversaire d’un proche, d’un collègue de travail ou d’un ami fidèle ayant atteint un âge vénérable, le défi est encore bien plus grand lorsqu’il s’agit d’une institution, et en l’occurrence d’une université ! L’exercice est périlleux ; il n’est pas aisé de trouver le genre littéraire adéquat. Est-ce le moment de refaire l’histoire de l’institution ou d’envisager son avenir ? La question est mal posée. C’est pour assumer et enrichir son présent qu’une université gagne à retrouver ses racines ; c’est pour se projeter résolument et avec confiance vers l’avenir et préparer celui-ci qu’il lui faut prendre le temps de se pencher sur son passé !

C’est bien l’orientation qui a été prise depuis plusieurs mois par le Conseil académique et le Conseil d’administration dans l’élaboration du programme de cette année jubilaire. Cette journée de rentrée académique, la fête de l’université le 22 mars prochain avec la remise de doctorats honoris causa et la grande journée des anciens programmée pour le 22 avril seront les trois moments clés proposés à toute la communauté universitaire. Dans le cadre de chacune de ces trois journées, l’articulation entre le passé et l’avenir, au creuset du présent de notre action, sera mise en évidence. Parallèlement à ces moments institutionnels, chacune de nos six facultés a pris l’initiative d’organiser un colloque, un symposium ou une journée d’études axée sur l’état actuel des recherches et les perspectives d’avenir dans un domaine précis du savoir. Les thèmes choisis nous disent d’emblée combien la recherche universitaire se veut ici au service de l’homme et de la société, combien elle se pratique à Namur en fidélité à notre « charte » qui mentionne sans ambages cette nécessaire interpellation réciproque entre l’université et la société. Ce texte « fondateur » ne dit-il pas : «En liaison avec l’enseignement et la recherche et dans le respect de sa démarche propre et de son indépendance, l’Université interpelle la     société et répond aux interpellations de celle-ci. Les FUNDP suscitent au sein et au-delà de la communauté universitaire l’analyse des problèmes majeurs de société, en particulier celui de l’inégalité entre les hommes et entre les peuples » ? C’est ainsi que les facultés des Sciences et de Médecine réuniront un panel d’experts belges et étrangers autour du thème « evolving life » ; la faculté de Philosophie et lettres, en collaboration avec le département de psychologie de la faculté de Médecine, proposera une réflexion ainsi qu’une exposition sur « l’art de et pour la personne handicapée » ; en faculté des Sciences économiques, sociales et de gestion, c’est tout naturellement l’articulation entre « économie internationale et développement » qui sera mise en valeur ; dans le cadre du bicentenaire du code de procédure civile, la faculté de Droit a invité des experts et des praticiens du droit civil à une réflexion prospective tellement indispensable aujourd’hui ; enfin, l’institut d’Informatique met sur pied un cycle de conférences sur le thème « confiance et gouvernance dans le monde informatisé ».

Ces choix s’inscrivent dans le prolongement du travail universitaire réalisé par ces milliers d’hommes et de femmes qui, depuis 1831, ont fait, au jour le jour, nos Facultés. Si l’objet précis des enseignements dispensés en ce début de 21ème siècle et des recherches effectuées aujourd’hui dans nos laboratoires et centres de recherche est assurément très éloigné de ce qui s’y faisait au milieu du 19ème siècle, c’est la fidélité aux mêmes valeurs fondamentales qui porte l’action des uns et des autres depuis 175 ans ! Le montage audiovisuel que nous venons de découvrir nous a retracé les grandes lignes de l’histoire de nos Facultés ; je n’y reviendrai pas, si ce n’est pour souligner une mutation importante. Institution privée fondée par la Compagnie de Jésus à la demande de quelques familles namuroises, les FUNDP ont vu très vite la qualité de leur formation universitaire reconnue par les pouvoirs publics, d’abord à travers la reconnaissance officielle des diplômes délivrés, ensuite par la subsidiation de leurs missions d’enseignement et de recherche. Aujourd’hui, université libre subsidiée par la Communauté française de Belgique et s’inscrivant donc dans une logique de véritable « service au public » porté par l’initiative privée, notre université entend assumer pleinement, comme elle l’a fait par le passé, ses multiples responsabilités vis-à-vis de la société. Permettez moi de tenter avec vous de découvrir le « fil rouge » qui, dans chacune des trois missions de l’Université, relie nos engagements d’aujourd’hui à ceux de nos prédécesseurs.

La récente réforme des programmes de premier cycle rendue nécessaire par la mise en œuvre  en Communauté française du processus d’harmonisation européenne des études supérieures, dit « processus de Bologne », a été une occasion privilégiée de s’interroger, non seulement sur le contenu idéal du programme d’étude de chacun des cursus, mais aussi sur l’indispensable articulation entre les connaissances acquises durant les études secondaires et l’attente de l’université par rapport à ces connaissances. Dès le début de l’année académique 2003-2004, le Conseil d’administration a initié sur fonds propres une recherche interfacultaire visant, d’une part, à identifier les prérequis des formations de première année universitaire et, d’autre part, à vérifier si ces prérequis font effectivement partie du bagage acquis par nos candidats bacheliers au sortir des humanités. Autrement dit, y a-t-il ou non adéquation entre les préacquis et les prérequis ? La phase principale de cette recherche est aujourd’hui terminée ; il nous faut maintenant passer, au sein même de l’institution, mais aussi dans nos contacts avec l’enseignement secondaire, à la phase d’exploitation des résultats de cette recherche. Il ne s’agit pas seulement d’améliorer nos propres pratiques pédagogiques, mais aussi de renforcer le dialogue entre le secondaire et l’université.  Cette double préoccupation a jalonné les 175 années de l’histoire de nos Facultés. Dès les premières années, l’enseignement universitaire proposé à des petits groupes d’étudiants s’est voulu adapté à leur niveau de connaissances au sortir du secondaire, fidèle en cela à la pédagogie qu’Ignace lui-même a voulu voir se développer dans les premières universités de la Compagnie. De plus, dans un contexte de société très différent du nôtre, les enseignants universitaires côtoyaient leurs collègues du secondaire et avaient donc l’occasion d’échanger leurs perspectives pédagogiques.

Ce souci d’une articulation entre le secondaire et l’université a nourri la réflexion et l’action, l’enseignement et la recherche de nombreux professeurs, assistants, chercheurs  et membres du personnel des Facultés tout au long de leur développement et est encore bien présent aujourd’hui. Qu’il nous suffise d’évoquer l’investissement de nombreux collègues dans le domaine de la formation continuée des enseignants du secondaire ainsi que le souci de cohésion entre la formation initiale (AESS aujourd’hui, finalité didactique demain) et la formation continuée de ces mêmes enseignants. Cet engagement s’est encore renforcé ces dernières années, suite au décret de la Communauté française de 2002 sur la formation en cours de carrière des enseignants du secondaire, ce qui a amené récemment le Conseil d’administration à consacrer des moyens supplémentaires à l’ensemble de la problématique de la formation continuée.

En matière d’enseignement, il nous faudrait encore évoquer d’autres dossiers portés par bon nombre de collègues professeurs, assistants et collaborateurs didactiques : l’intensification de la prise en charge des étudiants de première année, les cours dits « préparatoires », le programme « Rebond » mis sur pied avec nos collègues de la Faculté Universitaire de Gembloux et des quatre hautes écoles namuroises pour aider des étudiants de première année à se réorienter, mais aussi la réflexion en cours sur l’évaluation des enseignements. Si les formules sont neuves, c’est le même double souci de très grande qualité pédagogique et de disponibilité des enseignants vis-à-vis des étudiants qui traverse les générations, tout en cherchant à s’adapter aux caractéristiques des cohortes successives d’étudiants, à leurs aspirations et à leurs besoins. Il y a aujourd’hui 25 ans, dans le cadre de l’ouverture de l’année académique 1981-1982 et donc de la célébration du 150ème anniversaire, mon prédécesseur le Père TROISFONTAINES s’exprimait comme suit : « L’esprit de notre maison se caractérise par le souci de prendre les étudiants au niveau réel …où ils sont, fallût-il consacrer au rattrapage une bonne partie du premier semestre, afin de les amener – au-delà des cours magistraux – par un ensemble d’exercices, travaux pratiques, répétitions et interrogations au niveau réellement universitaire. L’attention particulière aux personnes était jadis facilitée par le petit nombre d’étudiants… Les temps ont changé, les mentalités également. Une de nos tâches…est d’inventer des formules…adaptées…Les thèmes restent présents. Rénovation de la pédagogie dans ses moyens techniques et dans sa recherche sur le processus d’enseignement. Contacts personnels avec l’étudiant. Liens plus étroits avec les professeurs du secondaire ou du supérieur par des enquêtes, des sessions de recyclage et de formation continue… »

Ces considérations sont toujours d’actualité. Durant ce dernier quart de siècle, les temps et les mentalités ont encore changé, probablement à un rythme  accéléré qui, sans doute, ne va pas ralentir durant les prochaines années. Une de nos tâches essentielles d’universitaires chargés de transmettre le savoir et de susciter la création de nouveaux savoirs est d’oser inventer des formules adaptées aux étudiants d’aujourd’hui et de demain, et de les mettre en pratique en restant fidèles aux valeurs développées en nos murs depuis 175 ans, principalement l’attention aux personnes ainsi que la disponibilité des enseignants aux étudiants. Nos prédécesseurs ont osé inventer, être créatifs en matière pédagogique et les initiatives n’ont pas manqué ces toutes dernières années ; oui, osons inventer, imaginer, créer du neuf !

Il n’est pas possible de conclure cette réflexion sur l’enseignement sans évoquer ces quelques 175 générations d’anciens étudiants qui ont été les bénéficiaires de l’engagement et de la compétence, de l’attention et de la disponibilité des professeurs, des assistants, des techniciens de laboratoire, du personnel administratif et d’entretien. Bon nombre de ces anciens sont aujourd’hui des acteurs responsables dans la société, des agents de transformation sociale, des hommes et des femmes compétents dans leur discipline et engagés au service de la société. Le dynamisme des diverses associations d’anciens, facultaires ou départementales, en est une illustration !

En matière de recherche, l’évolution a certainement été plus rapide encore mais aussi plus significative, et pourtant, j’en suis convaincu, cette évolution et cette créativité ont été marquées par une même fidélité aux valeurs constitutives de notre université que sont l’excellence, la préoccupation du long terme, la prise en considération des enjeux humains de la science et de la technique, le développement de l’interdisciplinarité. Lors de l’ouverture de l’année académique 1986-1987, il y a vingt ans, le recteur Jacques BERLEUR précisait sa vision de la recherche universitaire : « l’Université, service de la société, lieu de créativité et d’apprentissage de comportements innovateurs, centre – certes pas unique – de la recherche fondamentale sans laquelle le savoir ne peut se créer ni se diffuser, instrument essentiel du développement et de la mobilité sociale, l’Université ne peut escamoter ni camoufler ses responsabilités publiques et donc politiques sensu lato… Elle a le devoir strict de souligner les enjeux réels d’une problématique qui est sans doute radicale et fort complexe, mais où s’expriment les exigences et les espérances d’un changement de société ».   

Dans un environnement scientifique mondialisé où ce sont trop souvent les dividendes  immédiats de la recherche qui fixent les priorités, il appartient à l’Université de conserver et de développer une place importante à la recherche dite « fondamentale », celle qui est capable de véhiculer à travers la rigueur scientifique la plus pointue les questions de sens, capable de garder un recul critique par rapport aux sollicitations de la société, capable aussi d’accorder de l’intérêt à des thèmes à première vue non rentables. A défaut, comme l’écrit le sociologue Michel FREITAG, « l’Université n’est plus qu’un catalyseur parmi les autres, un accélérateur parmi les autres, un multiplicateur parmi les autres, un lieu de transition et de transaction parmi les autres ; elle est à la tâche sur tous les fronts et tous les fronts la pénètrent et la mobilisent ; elle est un tourbillon dans les tourbillons, elle n’est même pas l’œil du cyclone ».

Si nos Facultés ont encouragé et développé depuis de nombreuses années des recherches approfondies dans des domaines d’investigation aussi peu rémunérateurs que la bioéthique, le droit des associations, les problématiques d’exclusion, l’économie du développement, l’éthique de l’internet, c’est que les promoteurs de ces recherches, avec le soutien des autorités universitaires, ont assumé et assument encore aujourd’hui leurs responsabilités sociétales de chercheurs universitaires, soucieux de permettre le développement des véritables questions de sens. C’est ainsi qu’en faculté des Sciences le Centre interfacultaire ‘droit, éthique et sciences de la santé’ a pour objectif d’offrir aux professionnels des soins de santé des repères éthiques en croisant des perspectives scientifiques, juridiques et éthiques. En faculté de droit, le Centre ‘droits fondamentaux et lien social’ étudie dans quelle mesure les normes et les institutions belges et européennes répondent ou non aux besoins des populations marginalisées chez nous et autour de nous. En faculté des Sciences économiques, sociales et de gestion, le Centre de recherche en économie du développement travaille sur des thématiques telles que l’accès à la terre et les droits de propriété dans les pays du Sud.

En ce début du troisième millénaire, l’horizon des chercheurs est clairement celui de la planète entière. C’est pourquoi, grâce notamment à la vitalité de notre Conseil de recherche, se développe un souci explicite de promouvoir la recherche par la constitution de pôles d’excellence dans des domaines de reconnaissance internationale, ce qui suppose des équipes ayant une taille critique suffisante.

Un autre souci a été très présent ces dernières années : celui de répondre aux appels de la société, et notamment à ceux de la Région wallonne sur la valorisation de la recherche. C’est ainsi qu’il a fallu créer au sein de l’administration de la recherche un cadre approprié qui permette aux chercheurs de trouver le soutien logistique à leurs initiatives en matière de valorisation des résultats de leurs travaux.

Ainsi donc, en matière de recherche, comme pour l’enseignement, il nous faut prolonger ces initiatives audacieuses, il nous faut oser innover, oser explorer de nouvelles pistes…

La troisième mission confiée par le législateur à l’Université est le service de la société. D’une façon générale, le premier service rendu par l’Université à la société est de former des femmes et des hommes compétents et capables d’assumer dans cette société de lourdes responsabilités au bénéfice de leurs contemporains et des générations futures. C’est à travers cette formation d’acteurs de transformation sociale que depuis 175 ans les FUNDP et tous leurs membres se sont mis résolument au service de notre pays, et plus largement de notre village planétaire. De même, l’Université sert la société par les travaux de recherche réalisés dans ses laboratoires, bibliothèques et centres de recherche et dont les publications et la diffusion contribuent non seulement à une plus grande qualité de vie de nos semblables, mais aussi, comme le dit notre « charte », à « un souci particulier à ceux que l’histoire humaine a rendus pauvres, fragiles, opprimés ».

Mais le service à la société s’entend aussi de façon plus précise et se décline à travers une multitude de sollicitations adressées à l’Université par son environnement économique, politique, scientifique, social et culturel. Dans ce domaine aussi, bon nombre de celles et ceux qui nous ont précédés ont répondu de façon positive à ces sollicitations et ont osé innover. Qu’il me soit permis d’évoquer simplement avec vous l’une ou l’autre réalisation. La tradition pédagogique de la Compagnie de Jésus s’est traduite très concrètement par l’attention apportée au sein de nos facultés à la formation continuée des enseignants du secondaire. Des structures informelles d’avant-hier, à l’ICAFOC d’il y a dix ans et au CECAFOC d’aujourd’hui, c’est un même service rendu sous des modalités très différentes, sans cesse adaptées aux besoins nouveaux des enseignants et de leurs élèves.

Un autre exemple de cet engagement universitaire au service de la société est la création dès 1969, en partenariat avec les provinces de Namur et de Luxembourg, du CIGER, centre de gestion des données informatiques des communes, des CPAS, des zones de police, des provinces et de certaines entités fédérées ; ce centre namurois occupe aujourd’hui plus de cent travailleurs. On pourrait évoquer aussi la création il y a six ans, en partenariat avec le Bureau Economique de la Province, de « Infopôle wallon des systèmes d’information et de communication » localisée sur notre campus et, un an plus tard, à Charleroi cette fois, en partenariat avec l’Université Catholique de Louvain et la Faculté Polytechnique de Mons, la création du CETIC (Centre d’Excellence en Technologies de l’Information et de la Communication). CIGER, Infopôle, CETIC, trois réalisations concrètes représentatives de notre volonté de mettre au service de la société notre excellence reconnue en informatique de gestion, excellence développée à l’Institut d’Informatique bien sûr, mais aussi au CRID, Centre de recherche ‘informatique et droit’ de la faculté de Droit et à la faculté des Sciences Economiques, sociales et de gestion.

Certains de nos centres de recherche ont clairement comme objectif d’aider les décideurs politiques. C’est particulièrement le cas du Centre de recherche sur l’économie wallonne qui contribue à éclairer les questions politiques par l’analyse économique et le développement d’outils d’aide à la décision. Il faudrait citer aussi, bien sûr, les récentes réalisations en matière de spin off et de centre technologique qui, par la valorisation des résultats des recherches effectuées dans nos laboratoires, s’inscrivent très clairement dans la troisième mission de l’université.

Mais au-delà de leur implication dans les milieux économiques, nos Facultés sont aussi au service de leur environnement et de la société sur le terrain social, par exemple de par leur implication depuis quarante ans au sein de l’ISCO (Institut Supérieur de Culture Ouvrière) ou à travers des engagements scientifiques très concrets au service de la personne handicapée. De même, elles sont présentes sur le terrain culturel par les collaborations artistiques et culturelles, les conférences et expositions organisées dans nos murs, et notamment à la Bibliothèque Universitaire, les réalisations par l’équipe du SAVé (Service audiovisuel et électronique) d’émissions de télévision destinées à sensibiliser le grand public, tantôt aux recherches effectuées dans nos laboratoires et tantôt à l’éventail des religions et spiritualités.

Une université comme celle-ci joue un rôle économique et social important dans sa région, et ce notamment grâce au développement exponentiel ces dernières années des recherches effectuées pour répondre aux sollicitations des pouvoirs publics régionaux, nationaux et européens. C’est ainsi que les FUNDP sont un des principaux employeurs en Province de Namur avec plus de 1.100 membres du personnel. Mais l’activité engendrée par la présence d’une université au sein d’une ville et d’une région, ce sont aussi les logements pour les étudiants et les chercheurs, le commerce, la restauration, les loisirs, le sport, les activités culturelles, le développement du secteur associatif... Nous sommes bien conscients des responsabilités sociétales que pareille situation entraîne pour l’université.

Si importante que soit l’évolution de nos pratiques dans les activités de service à la société, nous pouvons y découvrir une continuité de notre engagement universitaire et des valeurs qui le soutiennent. Qu’il nous suffise de rappeler ici la réflexion fondamentale qui a été menée, non seulement par les acteurs de terrain mais aussi par le Conseil d’administration, avant de s’engager dans l’aventure de la création des spin off !

Le chemin parcouru en 175 ans est donc fait d’évolutions importantes, de progrès considérables, de développements permanents, mais à travers ces innombrables nouveautés, ces audaces créatrices, ces paris sur l’engagement désintéressé des forces vives de l’Université, c’est aussi un parcours constamment fidèle à l’inspiration première et aux valeurs qui ont été promues par les fondateurs. C’est pourquoi, notre démarche aujourd’hui est bien de célébrer ce 175ème anniversaire pour enrichir le présent et se projeter résolument dans l’avenir.

Quel sera le contexte dans lequel s’inscrira notre travail universitaire dans les prochaines années ? Sans jouer au devin, nous pouvons au moins être sûrs qu’il sera marqué par une plus grande internationalisation et par un renforcement significatif des collaborations au sein de l’espace Wallonie – Bruxelles, que ce soit entre universités ou plus largement avec l’ensemble des institutions d’enseignement supérieur.

Si nos collaborations internationales en matière de recherche peuvent être multiples, diversifiées et se concrétiser avec des universités, centres de recherche et laboratoires dans le monde entier, ces collaborations s’inscrivent dans un cercle plus structuré et plus restreint en matière de programmes d’enseignement. C’est tout naturellement au sein des universités et parfois aussi des hautes écoles de la Communauté française que se négocient ces collaborations et ces projets portés en commun. Bien entendu, dans la logique du décret de mars 2004, c’est au sein des académies que les possibilités de concrétisation de ces collaborations sont les plus évidentes, pour nous, au sein de l’Académie ‘Louvain’, avec nos trois partenaires que sont  l’UCL, les FUCaM et les Facultés Universitaires Saint-Louis.

Notre Assemblée générale a réfléchi longuement durant la dernière année académique au positionnement qui doit être le nôtre dans les prochaines années, compte tenu de ce double contexte, international et local. Elle a publié un document qui a été communiqué à l’ensemble de la communauté universitaire en décembre dernier et qui s’intitule : « La place des FUNDP dans l’Académie ‘Louvain’ ». Après avoir rappelé les événements qui ont amené à la constitution des académies, l’Assemblée générale précise qu’il « convient d’adopter une position proactive et de saisir le nouveau contexte de cette entrée en académie comme une opportunité pour l’évolution de l’institution. L’opportunité de s’insérer dans un ensemble plus vaste qui devrait permettre de mieux se positionner en terme de recherche et d’enseignement ». L’Assemblée générale entend qu’une telle démarche volontariste au sein de l’Académie se conçoive dans la fidélité aux valeurs de la ‘charte’, valeurs qui sont l’héritage de notre institution et en incarnent l’esprit spécifique.
 
Durant ces derniers mois, plusieurs projets ont été concrétisés au sein de l’Académie, et plus particulièrement l’offre concertée des programmes de masters. Cette offre « concertée » entre universités partenaires, dans les domaines de leurs habilitations communes au niveau du second cycle, vise à offrir un éventail différencié et complet de formations,  utilisant au mieux, dans une perspective de complémentarité, - ses pôles d’excellence -, et en tenant compte à la fois de l’exigence de qualité et de la volonté d’optimiser les ressources, tout en réduisant les effets de concurrence entre partenaires. Ces programmes concertés dans les domaines des sciences, des sciences économiques et des sciences de gestion ont été approuvés fin juin par les instances respectives de nos institutions et entreront en vigueur dans un an ; ils seront dès à présent annoncés, dans leurs spécificités et leurs complémentarités, sur le site web de l’Académie et de chacune de nos universités.

Après avoir œuvré ensemble à la nouvelle organisation des études de troisième cycle, les doctorats, dont l’habilitation est désormais confiée par le législateur aux académies, cette offre concertée des programmes de second cycle constitue à nos yeux  une étape décisive dans la concrétisation de l’Académie. Ces projets communs ont été conçus ensemble, ils ont été élaborés, négociés et finalisés grâce à un engagement constant et une implication décidée de nombreux collègues, qui y ont œuvré ensemble dans une vraie démarche de collaboration, que ce soit au niveau de nos départements, de nos facultés, de nos services généraux ou de nos Conseils d’administration. Ces projets communs, maintenant mis sur rails, annoncent d’autres initiatives à prendre dans les prochains mois, notamment en matière de collaborations de recherche. Tenant compte des résultats fructueux déjà engrangés, c’est avec confiance et conviction qu’il nous faut travailler tous ensemble à une plus grande intégration de nos quatre institutions au sein de l’Académie.

Namur, le 15 septembre 2006                   

Michel SCHEUER

Recteur FUNDP