Effata-mem : quand le code rencontre le texte

A la croisée des disciplines

Dans le cadre de l’analyse textuelle, l’informaticien traitera plus souvent un texte comme un « sac de mots » :

« L’approche informatique se soucie peu de la structure du texte. Tout au plus elle s’intéresse à sa structure grammaticale pour lui donner du sens ». Une telle approche suppose une signification unique du texte.

L’approche des sciences humaines est tout autre. « Ici les chercheurs vont tenter de mettre en évidence ce qui est implicite, connoté. En bref, ils explicitent ce que le texte dit indirectement ». L’écrit n’a dans ce cas-ci plus une signification unique, le contenu sémantique est au contraire amplifié.

L’objectif des chercheurs du projet EFFaTA-MeM ? Tirer le meilleur de ces deux approches. En offrant à la fois l’efficacité et l’automatisation, tout en explorant la richesse de l’explicite, la polysémie, toutes les facettes d’un paysage sémantique. 

Une équipe transdisciplinaire

Ce projet de recherche associe des chercheurs aux compétences complémentaires.

Deux informaticiens : Isabelle Linden, qui étudie les modèles de connaissance, et Bruno Dumas, spécialiste de l’interaction homme-machine.

Du côté des sciences humaines, nous retrouvons Anne Wallemacq, sociolinguiste, Anke Bosse, spécialiste en médialité, et Guy Deville, infolinguiste.

Un logiciel d’aide à l’analyse de texte

L’équipe EFFaTA-MeM cherche à concevoir de nouveaux modes de visualisation et d’interaction avec le texte. Des outils qui épauleraient véritablement les chercheurs dans leurs études de textes. Un an après le lancement du projet, les chercheurs d’EFFaTA-MeM ont déjà développé un prototype, avec le support d'Antoine Clarinval et Jonathan Beersaert, deux stagiaires de la Faculté d’Informatique.

« Ce prototype propose, à travers un graphe, de visualiser les relations d’opposition et d’association entre les termes. Et donne des pistes à l’analyste pour répondre à des questions du type “ Dans quel paysage sémantique le locuteur évolue-t-il ?” ou “ Quelles en sont les lignes de force, quelles en sont les zones d’ombre ?” » précise Isabelle Linden.

Dès janvier, les partenaires intéressés pourront tester la version beta du logiciel.

Une visualisation immersive du texte

En outre, s’appuyant sur une technologie de réalité augmentée, des lunettes HoloLens, l’équipe travaille sur une visualisation originale de texte sous forme de « voûte de cathédrale ».

Ces visualisations permettront au chercheur en sciences humaines de créer une vision immersive de son texte dans lequel il pourra circuler et interagir.

En clair, l’étude EFFaTA-MeM ambitionne de changer radicalement le regard que l’on porte sur le texte.

Le projet vise à améliorer l’interaction avec le texte, à s’émanciper du rapport frontal que l’on a avec l’écrit : le texte linéaire, et en deux dimensions. « Nous voulons proposer une relation plus complète avec le texte, dans lequel on pourrait se plonger, dans tous les sens du terme » conclut Isabelle Linden.

C.S.

Pour davantage d’information :

Isabelle LINDEN, coordinatrice du projet