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Enseignement à distance en live et travail collaboratif des étudiants

Dans son cours de "Régulation et innovations technologiques", Elise Degrave a, lors du confinement, opté pour un enseignement en live et collaboratif. Afin de rendre les étudiants actifs, ceux-ci avaient préalablement des missions à réaliser. Lors du cours, après un cadrage par l’enseignante, les étudiants étaient invités à échanger en tandem, à distance, autour de la régulation d’une même technologie et à présenter une synthèse de leurs échanges aux autres.

Mots-clés : enseignement à distance, échanger et collaborer entre étudiants, Messenger, Jistsi, Teams

Retour d’expérience par Elise Degrave, Professeur en Faculté de droit

Pouvez-vous résumer en une phrase ce que vous retenez de vos expérimentations pédagogiques à distance ?

Grâce à Zoom et Jitsi (qui permettent de mettre beaucoup de têtes en petits carrés à l’écran), en mettant en fond d’écran la photo de la classe, on s’y croirait presque. Malgré la distance, il est possible de créer une ambiance de classe très interactive.

Quand tu es chez toi sur zoom avec ta classe en fond 😉

Dans quel contexte se situe cette expérience d’enseignement à distance ?

Bac 3, Cours de Régulation et innovations technologiques. 45 étudiants issus de formations hétérogènes, des ingénieurs de gestion, des juristes et des étudiants en informatique.

Qu’avez-vous mis en place ?

C’est un cours qui traditionnellement est très interactif. J’instaure beaucoup de temps d’échanges entre les étudiants et je ne voulais pas perdre cela en basculant en enseignement à distance. J’ai essayé de garder ça.

J’ai donné le cours en direct ; initialement au départ de Zoom, puis via Jitsi Meet (une alternative open source). J’avais mis comme fond la photo d’un auditoire, pour garder l’ambiance de cours.

En préparation, j’avais demandé aux étudiants de réaliser des « missions ». Ils ont des documents à lire, des recherches à effectuer ou des vidéos à regarder tout en répondant à une série de questions. Ils devaient déposer ces missions sur WebCampus pour la veille du cours à minuit. Il ne s’agissait pas de découvrir de la doctrine du droit, mais souvent d’éléments relatifs aux innovations technologiques (qu’est-ce qu’un algorithme ? etc). La mission visait à les faire adopter une posture de régulateur de ces technologies. Souvent, je donnais un même thème à plusieurs étudiants, avec des sources différentes.

Le matin, je lisais leurs préparations et j’injectais les éléments essentiels dans le diaporama. Au cours, je commence par environ 40 min où je joue l’architecte pour construire la matière : cadrage théorique sur les bases acquises, retour sur les préparations des étudiants, je leur donnais la parole pour qu’ils expliquent…

Généralement, ensuite, je passe à une méthode plus active (un jeu cadre Thiagi, par exemple). Ici, à distance, je les invité à échanger entre au travers d’un canal de leur choix (les salons de messenger, jitsi,…) et à confronter leurs pistes de solution. L’idée est que chacun apporte sa compétence. Ensuite on se retrouve à nouveau tous sur Jitsi pour un temps de mise en commun. Là, les étudiants exposent les uns aux autres une synthèse de leurs échanges.

Comment fonctionne l’évaluation ?

Je leur ai demandé de réaliser un travail portant sur la régulation d’une technologie. Cette année, ils avaient comme consigne une mise en forme « qui vous plaît, qui vous donnerait envie de le voir ». J’ai eu des productions très diverses : des vidéos, un serious game sur des robots, des interviews de personnes référentes… J’ai été étonnée des compétences technologiques de nos étudiants.

Quels sont les éléments positifs de ce dispositif pour les étudiants ?

Arriver « chauds » au cours avec la tête pleine de questions et l’envie d’y trouver des réponses. L’envie aussi de partager leurs trouvailles et leurs avis.

Utiliser Jitsi/Zoom pendant le confinement qui a été soudain a permis de garder notre très bon contact (on a appris le confinement le jour du cours, j’avais été vite acheter des petits chocolats emballés – par prudence –  et on a mangé beaucoup de chocolats à ce cours pour se consoler de l’annonce. On était déjà très tristes alors qu’on pensait que c’était juste pour 3 semaines…).

L’avantage du confinement a été qu’ils n’avaient plus cours après. Du coup, on a fait des cours de 3h plutôt que 2, ce qui nous permettait d’échanger encore plus, sans se presser. J’ai découvert une très grande motivation des étudiants. C’était moi qui devais dire que le cours était fini, histoire d’avoir encore le temps d’aller acheter le souper. 😉

Les principaux intérêts de cette expérience pour le prof ?

Idem étudiants : parler à un public qui a envie, co-construire le cours et pendant le confinement, continuer à faire cela grâce à jitsi/zoom.

Les limites principales ?

Rien ne remplace le non verbal de tout le corps. Voir les têtes en plus petit donne l’impression que les yeux sont plus méchants, on voit moins les sourires et il n’est pas possible de parler en même temps ou de se couper, ce qui rend les débats plus difficiles.

A refaire, est-ce que tu modifierais quelque chose ?

J’éviterais le confinement ! 😊

Quel est le plus gros plantage du dispositif ? Une anecdote ?

Ce n’est pas vraiment un plantage mais j’ai beaucoup ri : grâce au confinement et au COVID, j’ai été invitée à être auditionnée sur l’appli de traçage au Parlement, fin avril. Ça se faisait par Zoom. Du coup, j’ai découvert que les étudiants pourraient suivre toute l’audition (on était plusieurs à être auditionnés) et les débats avec les députés. Une expérience démocratique en direct !

Je leur ai demandé de se mettre dans la peau d’un assistant parlementaire, de lire le texte de loi pour lequel j’étais auditionnée (je leur avais envoyé la version que j’avais reçue du Parlement) et, au moment des débats, d’échanger ensemble leurs impressions, leurs réflexions, sur un document collaboratif que j’ai créé et leur ai envoyé.

Ils n’ont pas du tout rempli ce document. Par contre, ils ont fonctionné par leur groupe FB (sur lequel ils avaient souhaité m’intégrer quelques semaines plus tôt). J’ai donc pu découvrir après l’audition leur manière d’avoir suivi le débat. Beaucoup plus fantasque que ce que j’avais organisé mais… le but était atteint car visiblement, ils avaient bien suivi. 😊