Enseignement hybride et enseignement à distance au départ de vidéos en Histologie

Mots-clés : classe inversée, vidéos, PPT commentés

Retour d’expérience par Caroline Canon, Maître en didactique en Faculté de médecine

Pouvez-vous résumer en une phrase ce que vous retenez de vos expérimentations pédagogiques à distance ?

Les étudiants travaillent en autonomie encadrée ; c’est l’un de mes credo(s) pédagogiques.

Dans quel contexte avez-vous été amené à enseigner à distance ?

Cela a commencé au niveau des TP du cours d’histologie destiné aux étudiants de Bloc 2 médecine et sciences biomédicales et de bloc 3 sciences biomédicales et sciences pharmaceutiques. Je trouvais que les étudiants passaient trop de temps à m’écouter et pas assez à travailler sur les lames (au microscope). A l’aide du logiciel Camtasia, notre équipe a enregistré une partie de la matière sous forme de vidéos qu’ils avaient à regarder avant de venir en classe. C’était un peu une forme embryonnaire de classe inversée.

Ensuite, en présentiel, cela a permis de gagner deux heures de temps de travail en salle où les étudiants viennent avec leurs notes, travaillent à reconnaître les tissus au microscope et à réaliser des exercices (analyse de loin, analyse au grossissement *40…).

Suite aux mesures de confinement du 13 mars, nous avons basculé l’ensemble des cours du Q2 en enseignement à distance : cours théorique (pour lequel j’assurais une suppléance) et TP. Nous avons choisi l’option du Powerpoint commenté qui semblait plus simple que Camtasia et permettait de travailler dans l’urgence. Seule une assistante, Marie-Paule Peltgen, plus familiarisée à ce logiciel, a continué à travailler au départ de Camtasia. Nous avons tenté de respecter un certain calendrier en annonçant chaque semaine les vidéos des cours à venir à dates précises, ainsi que celles des TP. Un calendrier général sur les grands chapitres du cours leur a également été donné.

Dans ce contexte, le forum a été utilisé davantage que d’habitude. On a observé une augmentation des questions. Beaucoup nous ont envoyé des questions par mails auxquelles on ne répondait pas ; on renvoyait l’étudiant vers le forum. C’était intéressant car le forum permettait de recevoir des captures d’écran et d’échanger au départ d’images des tissus.

Un avantage pour nos étudiants est qu’ils disposaient du site histology.be, forme de microscope digital comportant des lames scannées et référencées qu’ils peuvent observer et analyser.

L’expérience a-t-elle été positive ?

Concernant les premières vidéos, je trouve que ce qu’il y a de positif c’est qu’on travaille à l’autonomie de l’étudiant. Cela permet un travail plus en profondeur dans la mesure où après avoir visionné la vidéo certains venaient avec des questions. Et puis surtout cela permet un gain de temps sur les lames. Les assistants ont plus de temps pour les accompagner, répondre à leurs questions. Donc je dirais oui, c’est positif.

Mais, il faut bien le dire, il y a des points plus négatifs qui sont un peu l’envers des points positifs. Certains ne sont pas autonomes. Soit ils ne venaient pas à la séance et se limitaient à cet exposé sans travailler sur les lames (alors qu’une partie de l’examen consiste précisément en des tâches sur les lames). D’autres venaient sans avoir vu la vidéo. J’ai le sentiment qu’une partie n’aimait pas ces vidéos parce qu’ils n’étaient pas obligés de les regarder ; je pense qu’ils préfèrent quand ils y sont obligés. Je me demande aussi si dans des séances « normales » ces étudiants s’en sortiraient mieux.

Concernant maintenant la période du confinement et l’apprentissage à distance, on peut regarder du côté des résultats à l’examen et on constate que c’est positif. Il est difficile de faire la part des choses quant aux raisons : accès non autorisé aux supports de cours pendant l’examen, plus grande disponibilité au travail scolaire, vidéos, évolution des questions… Je pense que si l’accès aux supports de cours a joué, vu le format donné à l’examen, cela a surtout permis de faire passer d'un 9 à un 10. Donc je pense que ce format à distance n’est en tout cas pas contre-productif pour les apprentissages. Ce que j’ai observé c’est qu’ils travaillent chez eux plus activement. Ils tentent de comprendre la matière, font naître des questions pertinentes. A nouveau, j’ai ressenti au travers des questions posées sur le forum qu’un travail plus profond avait été réalisé. L’interaction avec les enseignants était dès lors plus riche. A un niveau plus pratico-pratique, il faut reconnaître que c’est d’une simplicité sans nom de ne plus devoir courir d’un local à l’autre, de sortir du chassé-croisé des TP. Donner ces cours de chez moi a été un gain de temps colossal qui a été investi dans la production de support et la gestion des forums.

La limite tient peut-être à la tendance à la procrastination ; je n’ai toutefois pas regardé les statistiques sur le visionnement des vidéos. Selon la commission des délégués de cours, les étudiants se seraient adaptés à ce nouveau rythme. Les résultats en tout cas ne révèlent pas une catastrophe.

Si vous deviez modifier quelque chose à ce que vous avez mis en place ?

Je pense que j’ajouterais des séances questions-réponses par TEAMS. J’aurais peut-être dû le faire. C’est vrai que tout le monde ne manipule pas l’écrit du forum.