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Basculer les cours préparatoires en langues étrangères dans un enseignement à distance

Lors des cours préparatoires en langues, Marc Miceli et ses collègues de l’ELV ont élaboré un dispositif d’enseignement à distance fondé sur le principe de la classe inversée. Après un temps de préparation, les étudiants travaillaient en live en grand et en petits groupes grâce aux « canaux » de TEAMS. L’interaction permise par le dispositif a été très appréciée par les étudiants.

Mots clés : classe inversée, travail en sous-groupe, interactivité, méthodes actives, Canaux de TEAMS

Retour d’expérience par Marc Miceli, Maître de Langues à l'École des langues Vivantes de l’UNamur

Bonjour pouvez-vous vous présenter ?

Je suis Marc Miceli, j’enseigne le néerlandais et l’anglais à l'École des langues vivantes de l’UNamur.

Si tu devais résumer en une phrase ce que tu as appris de cette expérience par rapport à l’enseignement à distance ?

Je dirais : rendre les étudiants actifs dans l’apprentissage des langues en enseignement à distance, c’est possible !

Quel est le challenge que vous avez dû relever ? (Préciser le cours)

Le challenge dont je vais vous parler ici a consisté à adapter les cours préparatoires en néerlandais et anglais dans un enseignement à 100% à distance pour les étudiants des facultés de sciences éco, informatique et sciences ; ce qui revient à un total d’environ 120 étudiants, répartis dans des groupes de 10 à 20. Il fallait tenir compte de contraintes comme la grande hétérogénéité des étudiants en langue et le fait que, à distance, l’enseignement tel qu’on le donne traditionnellement, c’est-à-dire des séquences de cours de 3 h, ne semblaient pas idéales pour un enseignement à distance.

Vous nous expliquez ce que vous avez mis en place ?

On a opté pour un dispositif de classe inversée avec cette idée que les activités en live devaient être variées, motivantes et se concentrer sur ce qu’il y a de plus utile pour les étudiants, à savoir les échanges et les retours de l’enseignant.

Avant chaque séance, les étudiants étaient donc invités à réaliser des tâches préparatoires de compréhension à la lecture ou de compréhension à l’audition. Là, on s’est soucié des différences entre étudiants. Les vidéos pouvaient être vues plusieurs fois par ceux pour lesquels c’était nécessaire ; c’est une différence avec le présentiel où tout le monde voit les vidéos le même nombre de fois. (En dehors des cours préparatoires, pour les cours à distance qui ont eu lieu pendant l’année, on a utilisé des vidéos sous-titrées avec vocabulaire traduit. De même pour les tâches de lecture l’usage de l’outil Cobra permettait aux étudiants d’accéder facilement à la traduction de tel ou tel mot ; ce qui permet aussi une différenciation).

Précisons qu’un test de placement avait été réalisé préalablement et que les étudiants, selon les groupes de niveau créés, n’avaient pas les mêmes préparations à réaliser.

Ensuite venaient les moments de « live » qui étaient structurés en trois grands temps. L’idée était d’alterner des moments de travail avec l’ensemble du groupe et des moments en petits groupes ; pour cela les canaux de TEAMS ont été très utiles.

Donc, il y avait tout d’abord un moment de mise en commun des préparations réalisées. Il fallait aussi communiquer aux étudiants leur distribution dans les différents sous-groupes et canaux de TEAMS que l’on avait créés. Ensuite, les étudiants se retrouvaient en petits groupes et là, ils devaient préparer une activité comme par exemple un jeu de rôle, une présentation ou encore un débat. Un planning avait été fixé lors duquel l’enseignant rejoignait, les uns après les autres, ces sous-groupes en passant d’un canal à l’autre. A ce moment-là, les étudiants prestaient leur activité et l’enseignant donnait un retour. Enfin, on se retrouvait à nouveau tous ensemble à une heure dite pour des commentaires généraux, quelques rappels fondamentaux, éventuellement des tests en ligne et les consignes pour la préparation de la séance suivante.

Points positifs pour les étudiants ?

On a eu les feedbacks des étudiants qui ont beaucoup apprécié. Un étudiant nous a dit : « c’est le seul cours où on peut parler entre nous ». L’aspect relationnel est donc très apprécié. Or, apprendre à se connaître est aussi un but des cours préparatoires.

Un autre avantage, mais là je parle des cours de langues que je donne actuellement, est le nombre d'étudiants présents. On vient de rebasculer dans un enseignement à distance et je constate qu’avec toutes les absences quand on était en présentiel (étudiants malades, en quarantaine, etc), j’ai plus d’étudiants présents dans un cours à distance que dans un cours en présentiel.

Points positifs pour les enseignants

Le plus positif c’est que toute cette expérience me sert beaucoup pour maintenant donner cours à distance, puisqu’on vient de basculer à nouveau à distance. Je reprends systématiquement cette structure en trois temps : un temps collectif, un temps de travail en petits groupes puis un temps de conclusion tous ensemble. Ça marche bien. Avoir pu développer une dynamique de groupe, c’est un grand avantage.

Autre grand avantage, on pourra capitaliser sur ce qu’on a fait. Les documents sur lesquels on s’est basé, pourront être réutilisés tels quels dans un enseignement en présentiel.

Le plus difficile ?

Il y a plusieurs difficultés possibles. Au niveau technique, il faut être capable de créer des canaux, de passer facilement d’un canal à l’autre ; une enseignante de notre équipe n’était pas assez à l’aise pour le faire et n’a pas utilisé ces outils. Moi j’avoue que je suis un peu geek sur les bords donc j’ai cette curiosité. Mais ce n’est peut-être pas simple pour tous.

Il y a aussi ce moment où on doit assigner les étudiants dans les différents canaux ; cela prend un peu de temps pour organiser et communiquer cela en live ; on ne peut le faire plus tôt car on ne sait pas avec certitude qui sera là.

Enfin, il y a ce retour des étudiants qui restent demandeurs d’éléments tels que des listes de vocabulaires, des règles de grammaires… Il y a peut-être un équilibre à trouver entre la pratique et la théorie.

Par moment, on utilisait les canaux comme moment de préparation de certaines tâches. Une difficulté c’est de calibrer la durée de ces tâches car c’est assez complexe de passer dans chaque canal pour leur demander : « Vous avez fini, vous êtes prêts ? ». Il faut veiller à bien calibrer les tâches.

Enfin il y avait aussi le problème que, quand tu quittes une réunion TEAMS pour une autre, tu es mis en pause. Et là quand tu y reviens les étudiants ne voient pas toujours que tu es de retour

Finalement, vous avez utilisé quoi comme TICe ?

On a donc utilisé toute une panoplie d’outils numériques : Teams et ses canaux pour animer les séances en live et créer des petits groupes. WebCampus pour la transmission d’informations et de documents mais aussi pour le test de placement.

Une petite astuce peut-être : utiliser le chat comme forme de tableau ou de Wooclap simple et rapide. Vous posez une question, vous leur demandez de répondre par le chat mais d’attendre avant de poster leur réponse. Vous recueillez ensuite d’un coup toutes les réponses. Cela permet facilement de voir leur niveau de maîtrise.

A refaire, vous changez quoi ?

Les étudiants ont dû refaire le test diagnostique un mois après pour déterminer leur groupe pour le reste de l’année. Une meilleure préparation permettra peut-être d’éviter cette redondance à l’avenir.

Une anecdote (drôle) ?

Vous savez quand on arrive sur les canaux des petits groupes, les étudiants ne nous voient pas toujours arriver. Et donc tu les vois en train de parler en néerlandais ou en français ou en train de dire n’importe quoi. Et donc une collègue me disait qu’apparemment il y avait deux étudiants dans un kot et il y en a un qui disait qu’il était « obligé » de prendre le néerlandais alors qu’il n’aimait pas du tout cette langue.

Un conseil pour un collègue qui voudrait se lancer dans un dispositif de ce type ?

Oser ! C’est une grande aventure. On y met beaucoup d’énergie, mais quand on a ces retours positifs des étudiants, c’est le plus beau cadeau en fait.