Place Saint-Aubain

Même si la façade de la Justice de paix n'a pas cent ans et si la partie gauche de celle du Palais provincial date de ...1937, l'ensemble de la place constitue un joyau du XVIIIe siècle, insuffisamment apprécié des Namurois eux-mêmes.

Dans sa recherche fébrile d'un hypothétique endroit de parcage, l'automobiliste ignore que sa tâche serait autrement pénible si l'on n'avait pas démoli après 1760 l'église Saint-Jean l'Evangéliste et son cimetière attenant, implantés au milieu de la place actuelle. L'une et l'autre sont bien visibles sur la copie du plan en relief de 1747-50 exposé au Musée archéologique de Namur.

Evant de construire le séminaire, Mgr de Strickland, soucieux du prestige de sa fonction et amoureux du faste, avait d'abord pensé à la résidence épiscopale. Edifiée à grands frais en 1728-32, elle servira comme telle jusqu'en 1796 et deviendra ensuite le siège de la préfecture départementale, puis du gouvernement provincial.

Face au palais épiscopal, la vieille collégiale romano-gothique du chapitre de Saint-Aubain, devenue cathédrale en 1559, faisait bien piètre figure... L'architecte tessinois Gaetano Matteo Pisoni, originaire d'Escona, dessina les plans du nouvel édifice, commencé en 1750 et terminé en 1767 seulement car le successeur du dispendieux Strickland manquait de fonds. La cathédrale, de style classique mêlé de réminiscences baroques, offre des ressemblances frappantes avec une autre réalisation de Pisoni, la cathédrale de Soleure (1762-73), à 35 km au nord de Berne.