Rue Grandgagnage

Vers 1742 fut tracée, au départ de la rue de Bruxelles, une artère sans issue, longue de 140 mètres seulement, à la périphérie du quartier aristocratique de Saint-Aubain: le "Cul-de-Sac" ou rue des Nobles, où s'installèrent quelques avocats, quelques familles de la noblesse locale. Dès avant qu'elle fût percée et prolongée jusqu'à la rue de l'Arsenal, le Conseil communal de Namur décida, en 1868, qu'elle porterait désormais le nom d'un illustre concitoyen ... toujours en vie: Joseph Grandgagnage!

Né à Namur en 1797 et décédé à Embourg, près de Liège, en 1877, Grandgagnage mena une double carrière de juriste et d'écrivain.

Docteur en droit de l'université de Liège, il fut successivement substitut du procureur du roi à Namur (1823), conseiller à la Cour d'appel de Liège (1830), dont il devint ensuite président de chambre et premier président. Les historiens connaissent et utilisent encore son édition des "Coutumes de Namur et de Philippeville" (1869-70), mais ne lisent plus ses nombreux rapports publiés dans les bulletins de l'Académie royale de Belgique pendant quarante ans...

Tombée aux oubliettes également, car elle ne pouvait survivre aux goûts d'une époque, l'oeuvre littéraire prolixe de ce pur produit du dilettantisme grand-bourgeois et touche-à-tout du XIXe siècle, notamment les "Voyages et aventures de M.Alfred Nicolas", une sorte d'Uylenspiegel wallon, "au royaume de Belgique" (1835).

Voyageur et promeneur infatigable, Grandgagnage versifiait avec ses amis, s'intéressait à l'archéologie, à l'histoire naturelle, à la botanique, à l'ornithologie. Il est l'un des fondateurs de la Société archéologique de Namur en 1845, à laquelle il légua une collection de tableaux, de dessins, de médailles et d'objets divers.

Ne pas le confondre avec son neveu, Charles Grandgagnage (1812-78), auteur du "Dictionnaire étymologique de la langue wallonne" (1845-80).