MOBILIERXVII - XVIII
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L'église Saint-Loup

Le mobilier de l'église Saint-Loup


L'architecture de Saint-Loup, puissante, colorée, dynamique, servait d'écrin à des oeuvres d'art qu'éclairaient abondamment les fenêtres aux verres blancs. Il faut particulièrement citer les autels-portiques, les confessionnaux et les tableaux.

L'autel latéral gauche, en marbre noir rehaussé de marbre blanc, fut consacré en 1649 à Notre-Dame de la Consolation. Il avait été financé par Anne de Ruplémont, dont le fils unique était Jésuite. Les sculptures sont l'oeuvre du liégeois Lambert du Honthoir et les motifs végétaux y rappellent ceux de la voûte de l'église. L'autel avait reçu à l'origine de grandes peintures sur toile représentant alternativement l'Assomption et le Mariage de la Vierge, exécutées par le Jésuite Jacques Nicolaï. L'autel latéral droit, de même structure générale et aux armes des Huet-Ruplémont, fut réalisé en 1677 par les marbriers namurois Henry Duchesne et Servais Godaux. Il était dédié à saint Ignace, représenté sur la toile centrale. La décoration sculptée rappelle celle des confessionnaux d'inspiration anversoise. Le maître-autel enfin, pour des raisons financières, ne fut pas exécuté en marbre mais en chêne imitant le marbre. Le contrat de 1661 liait les menuisiers Pierre et Nicolas Rostenne aux sculpteurs Pierre Enderlin et Nicolas Flahuteau; cet autel doit être rapproché des autels anversois de l'époque et deux grandes toiles représentant la Présentation de la Vierge au temple et la Résurrection, également peintes par Nicolaï, alternaient en fonction de l'année liturgique.

Les confessionnaux avaient pris une grande importance lors de la Contre-Réforme et les Jésuites encouragaient vivement le Sacrement de la Confession. On peut, à Saint-Loup, distinguer trois groupes de confessionnaux. Le premier groupe, contemporain des stalles de Floreffe (1635-1651) réalisées sous la direction d'Enderlin, peut être daté de 1645-1660. La structure du meuble domine et l'ornementation est secondaire. Dans le second groupe de quatre confessionaux datés de 1660-1670, proches de la production anversoise, la décoration abondante envahit le meuble . Le troisième groupe de deux confessionaux de la première moitié du XVIIIe siècle se rattache au mobilier civil de style Louis XIV. Même si l'iconographie générale n'est pas très parlante, contrairement à celle d'autres ensembles du XVIIe siècle la signification de certains motifs est clairement religieuse et se rapporte à l'idée du Salut et de la Grâce (ceuillette de fruits par ex.); des thèmes d'angoisse (masques, animaux étranges) se mélangent à des thèmes joyeux et optimistes (motifs floraux, putti) dans l'esprit des Exercices spirituels de saint Ignace.

Enfin, on a déjà cité le frère Jacques Nicolaï (1605-1678), que Baudelaire appelait le "faux Rubens", peintre jésuite qui réalisa de nombreux tableaux pour les églises de son ordre. A Namur il peignit non seulement les tableaux d'autels mais il fournit aussi des tableaux pour le collège, et l'église entière était ornée de ses oeuvres; les plus importantes ont trouvé refuge à la cathédrale Saint-Aubain après la suppression de la Compagnie de Jésus. Ces peintures étaient centrées sur la Vie du Christ et de la Vierge et rejoignaient les méditations de saint Ignace. Les influences de Rubens y sont récurrentes même s'il n'y a pas de reprise exacte des oeuvres de celui-ci mais plutôt des adaptations et des réinterprétations. La couleur ainsi que la composition témoignent de façon éloquente de l'art baroque.

D'autres oeuvres encore participaient au faste de l'ancienne église Saint-Ignace: diverses sculptures, I'orfèvrerie, les textiles, les chandeliers...; tout cela a malheureusement disparu. Pourtant, I'inventaire réalisé après la suppression de la Compagnie permet d'imaginer sans peine la richesse de cet édifice majeur du patrimoine namurois.


Yvette Vanden Bemden - Dpt d'Histoire de l'art et archéologie - FUNDP