«Bien qu'il n'y ait personne là-dedans, ce carré est là prêt pour un événement; comme s'il allait arriver quelque chose ici, bientôt, aujourd'hui encore, à l'instant.

Les trous dans le mur sont déjà des meurtrières, comme il y a des siècles, et sur le monument aux morts brillent des lettres dorées. […]
Il me semble que ce n'est pas seulement un endroit mais une scène, comme si ce noir sur les murs n'était pas la suie du passé mais la couleur de ce qui va venir, la couleur d'un orage, d'un essaim de flèches qui obscurcit le soleil. C'est le vide avant la fête. Et en même temps la forteresse des chariots mis en cercle.»

Peter Handke: Par les villages, 1981. Trad. de l'allemand par Georges-Arthur Goldschmidt, Paris: Gallimard 1983. © Suhrkamp Verlag, Frankfurt/M. - © Pour la traduction française Gallimard, Paris.