«Et le vent du Karst? J'ose le mot: il m'a cette fois-là baptisé (comme il me baptise à nouveau aujourd'hui), jusqu'à la pointe des cheveux. Mais le vent baptismal n'a pas donné de nom à son filleul – n'était-ce pas le propre de la »joie« que d'être »sans nom«? […]

J'ai plus appris de ce souffle léger que du plus compétent des professeurs: aiguisant mes sens tout à la fois, il m'a montré dans l'apparent inextricable, dans la nature sauvage à cent lieux des humains une forme après l'autre, clairement distinguée, l'une complétant l'autre, et j'ai découvert dans la chose la plus inutile une valeur, et je suis parvenu à nommer les choses toutes ensemble.»

Peter Handke: Le recommencement, 1986. Trad. de l'allemand par Claude Porcell, Paris: Gallimard 1989.
© Suhrkamp Verlag, Frankfurt/M.
© Pour la traduction française Gallimard, Paris.