«Le ‹ lac de Griffen ›, nul étranger ne le connaît
et même bien des enfants de mon village natal
ne savent plus aujourd'hui
qu'il existe un lac tout près d'eux
dont il y avait entre les guerres
encore des cartes postales avec des nénuphars
et le tampon dessus ‹ Griffen au bord du lac de Griffen ›.
Et pourtant cette flaque qui s'ensable,
qui devra avoir bientôt complètement disparu
- c'est ce que pensent les planificateurs de l'autoroute -
est un grand lieu de durée pour moi.
Dans l'enfance j'accompagnais le grand-père
pour y faire du fourrage.»

Peter Handke: Poème à la durée, 1986. Trad. de l'allemand par Georges-Arthur Goldschmidt. Paris: Gallimard 1987.
© Suhrkamp Verlag, Frankfurt/M.
© Pour la traduction française Gallimard, Paris.