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Exposition Peter Handke - Pays créé de mots (suite)

Par l'exposition Peter Handke – Pays créé de mots, l'Université de Namur a rendu hommage à l'Autriche - présidant en 1998 pour la première fois l'Union Européenne - et, surtout, à Peter Handke et sa région natale, la Carinthie. Le double titre de l'exposition Peter Handke – Pays créé de mots reflète les deux parties qui y sont offertes. La première partie de l'exposition propose la vie de Peter Handke ainsi que des extraits d'œuvres marquantes et des multiples documents. Par ces documents et par son sous-titre – «Ce que j'écris n'est que mon existence remaniée» – l'exposition témoignera que Handke, se libérant d'une attitude étroitement provocatrice, est devenu un écrivain exceptionellement attentif et conscient: «La réalité de la littérature m'a rendu attentif et critique envers la vraie réalité. Elle m'a éclairé sur moi-même et sur ce qui se passait autour de moi. Je n'ai pas de sujets favoris d'écriture, je n'ai qu'un seul sujet: y voir clair, plus clair en moi-même.»

C'est probablement la deuxième partie de l'exposition, nommée Pays créé de mots, qui éclaire le visiteur-auditeur sur cette relation entre la «vraie réalité» et la «réalité de la littérature». On y entend une voix off qui présente, en français, des textes de Handke. Ceux-ci font ressentir l'auditeur à quel point même les détails les plus insignificatifs de la «vraie réalité» gagnent, en faisant le passage dans le langage dense, précis et poétique, un aura extraordinaire. A de tels instants, Handke réussit, dans ses textes et par ses textes, non seulement de créér des «pays de mots», mais surtout des moments d'épiphanie. Cette métamorphose à travers la littérature, elle se fait comment?

Juste quatre exemples: un lac, un vent, un carré, une tâche de mûres.

Mais l'exposition Pays créé de mots propose, en même temps, des diapositifs de la photographe autrichienne Lisl Ponger. Ils représentent des paysages qui ont profondément imprégnées l'œuvre de Handke: la Carinthie, la Slovénie, la Dalmatie, l'Istrie, le Frioul. Ces impressions, loin d'êtres des simples illustrations des textes, suivent leur propre rythme – et ces coïncidences différées provoquent chez le visiteur la capacité de créer ses associations personnelles, des croisements entre l'entendu et le vu, de créer, dans l'imagination du visiteur, son propre pays de mots et d'images – capacité de création que nous risquons toujours d'oublier dans la vie quotidienne. Ce qui se passera dans l'imagination du visiteur, c'est ce que Handke nommerait la «vraie réalité».