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Les bénédictines de la Paix Notre-Dame

benedictines“Pacifistes” avant l’heure, les jésuites qui reviennent enseigner les humanités et la philosophie à la rue de Bruxelles dès 1831? Ce patronage leur est tout naturellement suggéré par les anciennes occupantes des lieux, les bénédictines de la Paix Notre-Dame.

Quelques moniales à Namur

Qu’étaient ces religieuses et que faisaient-elles en notre ville? Il faut se reporter deux siècles en arrière. Dans la foulée du concile de Trente et de la Contre-Réforme catholique, de nombreux ordres religieux vivent un renouveau et un développement sans pareils, notamment en France et chez nous, dans les Pays-Bas méridionaux, qui dépendent alors de la couronne d’Espagne.

En 1631, sur les instances d’une jeune dame de Bouvignes, Anne Boucqueau, et de l’évêque Buisseret, l’abbesse des bénédictines réformées de la Paix Notre-Dame à Douai, Florence de Werquignoeul, envoie quelques-unes de ses moniales à Namur pour y fonder un couvent. Les religieuses acquièrent et occupent progressivement plusieurs propriétés dans le périmètre délimité aujourd’hui par les rues Lelièvre, de Bruxelles, Grandgagnage et la place du Palais de Justice.

Construction d'un couvent

Les bâtiments existants se prêtant mal à l’exercice de la vie contemplative, il faut construire ! S’érigeront quatre ailes en carré, à l’emplacement du quadrilatère occupé actuellement par celles du rectorat, du home et de la faculté de Philosophie et lettres, construites en 1950-60. D’abord le “grand quartier” des religieuses du sud, en 1620. Ensuite, l’aile ouest (rue Grafé). La première Pierre, posée au nom de l’évêque de Namur Pierre Vandenperre, en 1687, a été conservée : elle est encastrée dans l’entrée de la faculté de Philosophie et lettres, après la seconde porte, à droite : “PIERRE VAN D.P. 1687”. Remplaçant la chapelle primitive, l’église est édifiée à l’est en 1722-26. Sa façade à fronton, rue de Bruxelles, est cantonnée de pilastres et d’entablements de Pierre, l’intérieur décoré de marbre noir et de colonnes de porphire ; la statue de Notre-Dame de la Paix qui s’y trouvait domine aujourd’hui le maître-autel de la cathédrale. Enfin, l’aile nord (rue de Bruxelles) est construite en 1734 et affectée aux parloirs et au logement des “pensionnaires”, jeunes filles et dames de qualité que les bénédictines accueillaient depuis toujours.

Une école gratuite

Les religieuses –une quarantaine à la fin du XVIIe siècle- se recrutaient principalement dans la noblesse et la haute bourgeoisie locale. Leurs revenus provenaient en grande partie des dots constituées par leurs parents et de l’accueil des pensionnaires. C’est à l’intervention de l’une de celles-ci, la marquise de Herzelles, qu’elles échappèrent à la suppression visant les couvents jugés “inutiles” par Joseph II : Madame de Herzelles, qui reçut d’ailleurs l’empereur à l’abbaye en 1781, avait été la gouvernante de la fille unique de celui-ci, morte en bas âge. Pour justifier leur existence, les bénédictines ouvrirent en 1783 une école gratuite “pour les petites filles du peuple”. Cette initiative louable fut de courte durée. En décembre 1796, la suppression des maisons religieuses décidée par les Français dispersera définitivement les dix-sept moniales et les cinq converses qui composaient alors la communauté.

Le couvent de la Paix Notre-Dame que les bénédictines de Namur avaient, à leur tour, fondé à Liège en 1627 disparut, lui aussi, mais fut rétabli en 1822 et existe toujours.

Article paru dans "La Lettre d'Information FUNDP", février 2004.