Aller au contenu. | Aller à la navigation

Université
Facultés
Études et Formations
Recherche
Service à la société
International

« Les défis pour l’Université »

Discours prononcé par Yves Poullet, le 10 décembre 2010 au Parlement wallon, lors du colloque "Namur Capitale" dont le thème était "La Ville & l'Université".

Université = UNIVERS + CITE
Univers comme le monde qui nous entoure et l’horizon de nos pensées, Cité comme le lieu spécifique de vie dans lequel nous inscrivons notre action physique : Namur en l’occurrence. Bref une double image d’ailes et de racine.
Sans doute me direz vous le jeu de mots est facile. Mais pourquoi s’en priver lorsqu’à travers lui peuvent  s’apercevoir des enjeux lourds de sens. Aristote écrivait que l’Universalité de l’Homme ne pouvait se concevoir qu’à travers l’approfondissement de la spécificité de chacun. …. Et pourquoi pas tirer de cette pensée grecque, la vérité selon laquelle l’université ne peut apporter et atteindre au savoir universel, qu’en approfondissant sa relation avec la Cité dans laquelle elle naît, vit et se développe.

Il y a 400 ans, les jésuites débarquaient à Namur. Il y a un peu plus de 175 ans, s’y sentant bien, ils y installaient une faculté de philosophie et lettres. Aujourd’hui, l’Université de Namur compte presque 5700 étudiants (augmentation de 30% en 10 ans), 6 facultés et 920 chercheurs, 309 doctorants contre 199 il y a 10 ans. Elle a grandi au rythme de la ville. De taille moyenne, elle prétend rester humaine.

Quelles relations profondes devraient unir la ville et « son » Université ! Ce couple « vertueux », j’ai envie de l’approcher sous divers angles.

La Cité dans l’Université

Une première est certes une relation d’appropriation, l’Université a choisi d’être au coeur de la ville, ce n’est pas simplement une question de localisation mais bien d’appartenance. N’est-il pas également important d’inscrire la Ville au cœur de l’Université.

Lors de la rentrée académique, j’évoquais le souvenir de ces petites places plantées au coeur de l’Université d’Alicante et qui chacune portait le nom d’une ville de la Province. A ma question sur le sens de cette appellation, le vice-recteur me répondit : « chaque plante appartient, titre de propriété à l’appui, à la ville dont elle porte le nom et la ville y organise au cœur de l’Université une fois par an une fête où elle invite l’ensemble de la communauté universitaire ».

La ville au cœur de l’Université, la ville qui s’approprie « son » Université : la bibliothèque universitaire, visitée par les citadins, les expositions y produites organisées ou co-organisées par la ville, nos salles de séminaires ouvertes à des associations de 2 citoyens, un espace culturel où la ville s’invite…et propose en coopération avec l’Université des moments de réflexion commune. Nous sommes l’Université de Namur.

Il est indispensable que le namurois se sente bien aux FUNDP, dans ses parkings le week-end, dans ses auditoires, dans sa bibliothèque, dans ses espaces de culture et d’enseignement. L’exemple de l’UTAN est certainement à souligner à cet égard. Des expositions « Namur 14-18 » ou « Namur et l’architecte Bastin » en sont d’autres
manifestations récentes.

L’Université dans la Cité

La deuxième relation entre Ville et Université est tout aussi importante. La Cité n’est pas seulement, nous l’avons dit, le lieu d’implantation de l’Université, elle colore son action et lui donne une part importante de la spécificité de son action. Le dialogue entre la Cité et l’Université est fécond tant pour l’un que pour l’autre. Pour les FUNDP, il
s’agit de saisir la chance historique d’être situées dans une cité au riche passé, capitale d’une province d’abord, de la Wallonie ensuite et promise à un développement évident.

Inscrire l’action des FUNDP et ses deux missions fondamentales : l’enseignement et la recherche en réponse à cette attente des autorités de la Ville, de la Province, de la Région est primordial. Envisageons ce que cela signifie ou plutôt pourrait signifier concrètement. L’étudiant dans la Cité : l’enseignement, qu’il soit de sciences, de médecine ou de sciences humaines, se nourrit utilement d’application ou d’une dimension locale ainsi lorsque l’échevine de la culture me suggérait une coopération entre le département d’histoire de l’art et les musées de la Ville, elle envisageait des mémoires, des thèses, mais également le musée comme lieu d’enseignement. Lorsque vous, Madame la Présidente du Parlement de la Région wallonne, vous ouvriez vos locaux, votre bibliothèque et mettiez à disposition le personnel du parlement voire des parlementaires, c’était au plus grand profit de nos enseignements de droit constitutionnel, d’économie régionale ou de politique belge. Autre exemple, rien de plus intéressant, pour un futur mathématicien, féru d’optimisation de travailler avec les services de la Ville en charge de la mobilité ou, pour un mathématicien, de réaliser son mémoire dans les services communaux.

Mais l’éducation n’est pas uniquement affaire de programme et de curricula, elle s’entend également d’une ouverture aux enjeux de la société à la « POLITEIA », en d’autres termes à la conduite de la cité. Etre en ville, ce n’est pas uniquement y voir un lieu de guindailles. Que nos étudiants sortent du campus, qu’ils parcourent la cité,
participent activement aux mouvements associatifs, politiques, culturels et autres partout où se discutent les enjeux sociaux, qu’ils soient associés au Festival du film francophone, que nos étudiants s’ouvrent aussi aux dimensions de l’Univers. Tel est notre voeu. Découvrir à travers la vérité de la cité, la réalité du Monde. Ce voeu, il faudra le réaliser ensemble. Ainsi pourquoi ne pas organiser avec la ville des écoles de devoir pour les enfants en difficulté, d’organiser des relations entre nos étudiants en Information et communications sociales d’une part et Canal C d’autre part, de donner aux étudiants la possibilité d’assister à des débats parlementaires, de proposer des
stages, des mémoires.

L’enseignement dans la Cité

La Province de Namur comme « bassin de vie » s’enorgueillit du nombre de ses institutions d’enseignement universitaire et non universitaire, relevant d’académies ou de pôles divers. Depuis cinq ans, à l’initiative des Facultés de Namur a été créée au sein d’une plateforme provinciale unique d’échanges
et de collaborations entre tous ces acteurs. L’aide à la réussite, l’échange d’enseignants, la mutualisation de moyens, la mise au point de passerelles entre les programmes (ainsi, la faculté de médecine et les écoles d’infirmières, le département d’histoire de l’Art et l’Infographie de Jacquard ou l’IMEP) et, demain, le lancement de projets communs nourrissent ces relations tous réseaux confondus, au service de la Province. Certifions ce modèle namurois, fondé non sur la rivalité mais sur la collaboration, en cette ville confluent. Il peut être un exemple pour bien d’autres sous régions de notre Communauté française. Je le dis fermement à l’adresse du monde politique: si demain, 3 pôles universitaires doivent se rassembler, autour des 3 universités complètes, les enseignements supérieurs universitaires et non universitaires ; dans le même temps, il faut que quelle que soit leur appartenance à un pôle, en l’occurrence ici en Province de Namur, les Hautes Ecoles et les Universités de Namur et de Gembloux, qu’elles relèvent du pôle louvaniste ou de celui liégeois collaborent ensemble au développement
de leur « bassin de vie ».

La recherche universitaire

La recherche universitaire tire le même bénéfice de cette collaboration locale. La réflexion conduite avec le CPAS sur les mécanismes d’exclusion a abouti il y a quelques années à des solutions innovantes que la Ville a mis en pratique et qui ont donné lieu à des publications de nos chercheurs. On sait que la Ville de Namur a eu recours il y a peu à la consultance de nos mathématiciens pour résoudre les problèmes de mobilité du trafic au sein de la ville et que deux économistes des Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix aident la Région wallonne pour mieux définir les impacts budgétaires et financiers de réforme…fiscale ou autres. Que la Cité au sens large soit ainsi terrain de réflexion pour nos chercheurs est évident, qu’au-delà, se développe une certaine osmose entre nos choix de recherche et la politique de développement de la Cité est une autre dimension plus profonde encore. Ainsi, les choix
de la Cité hier d’être une « INFOPOLE » et demain, peut-être, « ville du développement durable » avec ECOLYS se conjugent avec le développement aux facultés d’une recherche sur les technologies de l’information et notre volonté d’investir en recherche et enseignement du développement durable.

Le Président de l’IMEP, mon ami F. BODART, évoquait les synergies que plusieurs hautes écoles (IMEP, HEAJ) et les facultés pourraient mettre ensemble pour développer de la recherche en musique et en audiovisuel et contribuer à faire de Namur un haut lieu de la culture. Ce projet culturel illustre la façon dont l’Université au sens plus large
c’est-à-dire par sa collaboration avec l’enseignement supérieur peut jouer à son tour un rôle dans la définition d’axes de développement de la Cité. Cette réciprocité, cette osmose entre notre recherche et les politiques de développement de notre hinterland namurois ne peut être que bénéfique aux deux parties et orienter notre Université à la recherche de « niches » au sein de son Académie.

L'Université pour la Cité

L’Université pour la Cité : le service à la société, c’est à propos de cette troisième mission que la relation entre l’Université et la Cité se conçoit traditionnellement mais qu’entend t’on par là ? Certes on évoque aisément la participation de l’Université au développement de la Cité dans toutes les composantes, non seulement scientifiques mais également économiques, sociales et culturelles, c’est un premier de voir de l’Université.

On connaît les spin-off (10 ont été créées par les FUNDP et certaines ont pignon sur rue comme ADEHIS ou NANOCYL. Se justifient ainsi aussi notre participation à AXUD, au côté des autorités namuroises, notre combat aux côtés des autorités communales pour obtenir le siège de l’école d’administration publique de même que l’aide au BEP pour des projets d’implantation de centres de compétitivité.

Au-delà, et de manière plus essentielle, le service à la société signifie aussi amener la préoccupation de l’Universel au sein de la Cité, nous veillerons désormais à mieux ouvrir nos espaces, nos auditoires, à la venue des namurois. Il faut songer à l’organisation de conférences, la venue de personnalités, la tenue de séminaires, de cours à option, aux thèmes d’intérêt citoyen, la tenue de débats au sein même des enceintes de la cité, comme celle-ci aujourd’hui au coeur du Parlement wallon.

Univers-cité, la conjonction de ces 2 mots est source d’une plus value essentielle tant pour mon institution que pour Namur. Les FUNDP au coeur d’une ville doublement capitale se revendiquent de cette localisation. Elles entendent lui donner tout son sens, y développer ses racines pour mieux avoir des ailes.

Que nos facultés seront peut-être demain une entité au sein de la grande université de Louvain. Deux réflexions à cet égard. La première est de souligner à travers la création de cette université un pied dans la capitale de la Communauté française et un autre dans la capitale de la Région wallonne, la nécessaire collaboration entre ces deux composantes de notre Etat fédéral. La seconde est de rappeler que les FUNDP entendent bien au sein de cette Université, profiter des synergies offertes pour offrir une plus value à Namur et développer encore un ancrage local dont elle entend rester pleinement responsable.

Les FUNDP continueront à se mettre au service de la cité que le RP Denis, ancien recteur des FUNDP décrivait en 1972 comme suit : « Sauvegardant les témoins valables de son passé, mais ouverte à toutes les innovations de l’avenir que la ville comme les FUNDP enchâssées dans un cadre de verdure, puissent garder une taille discrète, celles ou tous les hommes peuvent se reconnaître ».

Au service de Namur, au service de l’humain, gardienne d’un patrimoine en même temps qu’ouverte à l’innovation, lieu de rencontre et de reconnaissance d’êtres humains, voilà ce que sont et doivent rester les FUNDP, voilà ce qu’elles souhaitaient vous dire en ce jour qui consacre les relations entre la cité et « son » Université, entre l’Université et sa cité.

Namur, le 10 décembre 2010
Yves POULLET