La chimie est par excellence la science de la transformation de la matière et se situe de ce fait à la croisée des sciences physiques et mathématiques d'une part, et des sciences de la vie, des sciences de la terre et des sciences des matériaux d'autre part. Des laboratoires de pointe, dirigés par des chercheurs de renommée mondiale, sont dédiés à une vaste gamme de domaines, de la chimie organique à la chimie des matériaux, en passant par la chimie analytique et la chimie théorique.
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10 ans de collaboration UNamur – STÛV : un levier d’innovation, d’attractivité et d’excellence
10 ans de collaboration UNamur – STÛV : un levier d’innovation, d’attractivité et d’excellence
L’Université de Namur et STÛV, entreprise namuroise spécialisée dans les solutions de chauffage au bois et aux pellets, célèbrent dix années d’une collaboration fructueuse. Ce partenariat illustre l’importance des synergies entre le monde académique et industriel pour améliorer la compétitivité et répondre aux défis environnementaux.
Depuis plus de 30 ans, l’UNamur, via son Laboratoire de Chimie des Matériaux Inorganiques (CMI) dirigé par le Professeur Bao-Lian Su, excelle en recherche fondamentale de solutions catalytiques capables de « nettoyer » l’air et l’eau. En 2014, STÛV s’est rapprochée de cette expertise pour concevoir un système d’épuration des fumées des poêles à bois, durable et peu coûteux, afin d’anticiper le durcissement des normes européennes.
Le projet R-PUR : une première étape décisive
De cette rencontre est né le projet de recherche appliquée R-PUR, financé par la Région wallonne et l’Union européenne dans le cadre du programme Beware, porté par Tarek Barakat (UNamur – CMI). Entre 2014 et 2017, un filtre catalytique innovant a ainsi été développé au sein du laboratoire, en collaboration étroite avec STÛV.
De 2018 à 2024, les technologies brevetées par STÛV et l’UNamur et les équipements de mesures des polluants ont été progressivement transférés vers STÛV, en même temps que des financements Win4Spin-off et Proof of Concept ont permis d’accroître les maturités technologiques et commerciales pour répondre aux besoins du marché. Ces étapes ont mené à poser les bases d’une nouvelle Business Unit chez STÛV, avec l’engagement de Tarek Barakat comme Project Manager et à lever des investissements pour produire les filtres catalytiques.
Et demain ? Vers une combustion zéro émission
La collaboration UNamur-STÛV se poursuit aujourd’hui avec le projet Win4Doc (doctorat en entreprise) DeCOVskite, mené par le doctorant Louis Garin (UNamur – CMI) et encadré par Tarek Barakat. Objectifs :
- Développer une deuxième génération de catalyseurs pour réduire complètement les émissions de particules fines.
- Limiter l’usage de métaux précieux.
- Pérenniser la combustion de biomasse et faire de STÛV le leader mondial du poêle zéro émission.
Un partenariat gagnant pour la région
Cette collaboration a permis :
- L’acquisition et le transfert de savoir-faire et d’équipements entre l’UNamur et STÛV pour valider les résultats en conditions industrielles.
- L’organisation de workshops multidisciplinaires, comme celui du 14 octobre, favorisant le partage d’expertises autour de la combustion de biomasse et du développement durable.
Success-Story : interview et témoignages
Fin octobre, des membres de l’UNamur et de STÛV se sont réunis pour participer à un workshop organisé par l’Administration de la recherche de l’UNamur et STÛV. Objectif ? Valoriser les bénéfices de la recherche collaborative entre entreprise et université autour des sujets touchant tant l’énergie, l’environnement, la rentabilité, l’éthique que la réglementation dans une logique de développement durable. Les deux partenaires y ont évoqué leur collaboration, leurs expertises et leurs perspectives de développement.
Découvrez les détails de cette success-story dans cette vidéo :
Les DCF, une arme moléculaire contre les défenses bactériennes
Les DCF, une arme moléculaire contre les défenses bactériennes
Alors que la résistance des bactéries aux antibiotiques est un problème de santé publique, l'équipe du professeur Stéphane Vincent met actuellement au point des réseaux dynamiques constitutionnels (Dynamic Constitutional Frameworks, DCF) : un système moléculaire qui serait capable de briser certaines résistances et ainsi délivrer des antibiotiques au plus près des pathogènes.
Il en est des découvertes scientifiques comme des belles histoires : elles commencent souvent par une rencontre. Il y a près de 20 ans, le professeur Stéphane Vincent, du Laboratoire de Chimie Bio-Organique de l'UNamur, alors jeune chimiste spécialiste des sucres, est en quête de nouveauté. À la faveur d'un post-doctorat à Strasbourg, en France, dans le laboratoire de Jean-Marie Lehn, prix Nobel de chimie en 1987 et spécialiste de la chimie supramoléculaire, il se lie d'amitié avec un autre post-doctorant : le Roumain Mihail Barboiu, aujourd'hui chercheur au CNRS à Montpellier.
« Les recherches menées entre Montpellier et Strasbourg ont donné naissance à ce qu'on appelle les Dynamic Constitutional Framework », révèle Stéphane Vincent. « Ce sont des molécules qui s'assemblent et se désassemblent en permanence, ce qui leur donne des propriétés intéressantes. Faiblement toxiques pour les cellules animales et humaines, les DCF peuvent interagir avec les composants essentiels des cellules, comme les protéines ou l'ADN. »
Peu avant la pandémie de Covid-19, lors d'un congrès scientifique, Mihail Barboiu montre à Stéphane Vincent le résultat de ses expériences. « Il utilisait les DCF comme une sorte de transporteur, pour apporter des gènes (fragments d’ADN ou d’ARN) dans une cellule », se souvient le chimiste. « J'ai alors compris que les DCF étaient des molécules chargées positivement et qu'elles s'adaptaient facilement à l'ADN qui, lui, est chargé négativement. Cela m'a donné l'idée de les utiliser contre des bactéries, à la manière de certains antibiotiques, eux aussi chargés positivement. »
Un tournant antibactérien
Les deux chercheurs établissent alors un premier projet de recherche, avec une thèse financée en cotutelle par l'UNamur, qui aboutit en 2021 à la publication des premiers résultats montrant l'activité antibactérienne des DCF. « À l'époque, je travaillais déjà sur des approches antibactériennes, notamment contre Pseudomonas aeruginosa, un pathogène important qui forme des biofilms », précise Stéphane Vincent.
Pour lutter contre les antiseptiques et les antibiotiques, les bactéries procèdent de plusieurs manières. En plus de développer des mécanismes pour bloquer le fonctionnement des antibiotiques, elles sont capables de s'agréger ou de s'arrimer à une surface, par exemple celle d'un implant médical et de s'y recouvrir d'un enchevêtrement complexe de toutes sortes de molécules. Ce dernier, que l'on nomme biofilm, protège les bactéries des agressions extérieures. Ces biofilms sont un problème de santé publique majeur, car ils permettent aux bactéries de survivre même aux antibiotiques les plus puissants et sont notamment à l'origine de maladies nosocomiales, des infections contractées au cours d’un séjour dans un établissement de soins.
« Nous avons montré que certains DCF étaient à la fois capables d'inhiber la production de biofilms, mais aussi de les affaiblir, exposant ainsi les bactéries à leur environnement », résume Stéphane Vincent.
Le projet TADAM, une alliance européenne !
Fort de ces résultats et grâce au C2W, un programme européen « très compétitif » qui finance des post-doctorats, Stéphane Vincent invite Dmytro Strilets, un chimiste ukrainien qui vient de terminer sa thèse sous la direction de Mihail Barboiu, à travailler dans son laboratoire sur les DCF. Ce projet, dénommé TADAM et mené en collaboration avec les chercheurs Tom Coenye de l'UGent et Charles Van der Henst de la VUB, se penche alors sur le potentiel antibactérien et antibiofilm des DCF contre Acinetobacter baumannii, une bactérie qui fait partie, tout comme Pseudomonas aeruginosa, de la liste des pathogènes les plus préoccupants définie par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Le projet TADAM repose sur un assemblage ingénieux : les DCF sont associés à des molécules particulières, les pillararènes. Ces derniers forment une sorte de cage autour d'une molécule antibiotique éprouvée, la lévofloxacine et améliore ainsi sa biodisponibilité et sa stabilité. Les DCF ont alors comme rôle d'inhiber et de désagréger le biofilm, pour permettre aux pillararènes de délivrer leur antibiotique directement aux bactéries ainsi exposées.
Les résultats obtenus par l'équipe de Stéphane Vincent sont spectaculaires : l'assemblage DCF-pillararène-antibiotique a une efficacité jusqu'à quatre fois supérieure à celle de l'antibiotique utilisé seul ! Constatant qu'il n'existe encore que peu de travaux menés sur l'effet antibiotique de ces nouvelles molécules, les chercheurs décident alors de protéger leur invention par un dépôt de brevet conjoint, avant d'aller plus loin.
Car tout reste encore à faire. D'abord, parce que malgré des résultats plus que probants, le fonctionnement de l'assemblage reste encore obscur. « Toute l'étude du mécanisme d'action doit encore se faire », indique Stéphane Vincent. « Comment s'agence l'antibiotique dans la cage de pillararène ? Pourquoi les DCF ont-ils une activité antibiofilm ? Comment s'agencent les DCF et les pillararènes ? Toutes ces questions sont importantes, non seulement pour comprendre nos résultats, mais aussi pour éventuellement développer de nouvelles générations de molécules. »
Et sur ce point, Stéphane Vincent veut se montrer particulièrement prudent. « On rêve tous, évidemment, d’une molécule universelle qui va fonctionner sur tous les pathogènes, mais il faut faire preuve d'humilité », tempère-t-il. « Je travaille avec des biologistes depuis de nombreuses années et je sais que la réalité biologique est infiniment plus complexe que nos conditions de laboratoire. Mais c'est bien parce que nos résultats sont très encourageants que nous devons persévérer dans cette voie. »
Le chimiste a d'ailleurs déjà plusieurs pistes : « Nous allons tester les molécules sur des bactéries "circulantes" en suspension dans un liquide, qui se comportent de manière très différente. Et puis nous allons également travailler sur des isolats cliniques de bactéries pathogènes, afin de nous approcher un peu plus des conditions réelles dans lesquelles ces biofilms se forment. »
Dmytro Strilets vient de recevoir un mandat de Chargé de recherche du FNRS afin de développer des DCF de deuxième génération et étudier leur mode d’action. Le projet TADAM a reçu un financement de l'Université de Namur et du programme de recherche et d'innovation Horizon 2020 de l'Union européenne dans le cadre de la convention de subvention Marie Skłodowska-Curie n°101034383.
Cet article est tiré de la rubrique "Eurêka" du magazine Omalius #38 (Septembre 2025).
Laura Gagliardi en visite à l'UNamur dans le cadre de la prestigieuse chaire Solvay/Syensqo en chimie
Laura Gagliardi en visite à l'UNamur dans le cadre de la prestigieuse chaire Solvay/Syensqo en chimie
Laura Gagliardi est une chercheuse internationale renommée à l'Université de Chicago, reconnue pour ses contributions pionnières dans le domaine de la chimie théorique et computationnelle, en particulier dans l'étude des matériaux réticulaires tels que les structures métallo-organiques (MOF). La chaire Solvay/Syensqo en chimie rend hommage aux chimistes qui ont réalisé des avancées exceptionnelles dans leur domaine. Dans le cadre de cette distinction, la professeure Gagliardi a donné une série de conférences dans plusieurs universités belges, dont un séminaire organisé à l'Université de Namur, par le Département de chimie. Interview.
Vos recherches vont de la chimie fondamentale à la chimie appliquée. Pouvez-vous nous expliquer ce que vous faites ?
J'ai une formation en chimie fondamentale et en physique, c'est-à-dire l'étude des principes de base qui régissent la matière, les atomes et les molécules aux liaisons chimiques qui les relient. Pendant mon doctorat, je me suis concentrée sur le développement de concepts théoriques et leur conversion en codes informatiques, ce qui exigeait beaucoup de mathématiques, de rigueur et une méthodologie minutieuse.
J'ai toujours été fascinée par la chimie physique et théorique. La chimie synthétique en laboratoire peut parfois être comparée à la cuisine : vous suivez une recette et observez les résultats. Mon mari est chimiste organique et également le cuisinier de notre famille ; il me dit toujours d'aller jouer du piano pendant qu'il est dans la cuisine ! Je n'ai pas le droit de m'en approcher. 😊
Ce qui me fascine vraiment, c'est de comprendre non pas uniquement comment les choses fonctionnent mais aussi pourquoi elles fonctionnent de la sorte. Mon groupe de recherche réalise des simulations informatiques qui permettent d'étudier les mécanismes de réaction au niveau moléculaire. Ces simulations nous aident à expliquer les observations expérimentales, à faire des prédictions quantitatives et même à concevoir de nouveaux systèmes moléculaires et matériaux qui peuvent ensuite être testés et affinés en laboratoire.
Actuellement, une grande partie de mes recherches porte sur les structures métallo-organiques, ou MOF, des matériaux composés d'ions/clusters métalliques reliés par des molécules organiques. Les MOF sont passionnants en raison de leur surface spécifique énorme et de leurs structures poreuses hautement modulables, qui les rendent idéaux pour un large éventail d'applications. Nous nous intéressons particulièrement à l'utilisation des MOF pour relever les défis du changement climatique, par exemple en capturant le dioxyde de carbone, en stockant l'hydrogène et en purifiant l'eau. Au-delà de cela, les MOF sont également étudiés pour la catalyse, l'administration de médicaments et même comme capteurs pour détecter les polluants et les biomolécules.
Le prix Nobel de chimie vient d'être décerné à trois scientifiques de renom : S. Kitagawa, O. M. Yaghi et feu R. Robson pour leurs travaux sur les structures métallo-organiques (MOF). Ils ont créé des constructions moléculaires dotées de grands espaces à travers lesquels les gaz et autres produits chimiques peuvent circuler : pour recueillir l'eau contenue dans l'air du désert, capturer le dioxyde de carbone, stocker des gaz toxiques ou catalyser des réactions chimiques.
Vous êtes un leader scientifique dans le domaine de la chimie computationnelle. Comment avez-vous choisi cette voie ?
J'ai grandi en Italie, dans un environnement très favorable. Ma mère était professeure de mathématiques et mon père ingénieur, j'ai donc été entourée de chiffres, de logique et de curiosité dès mon plus jeune âge. J'ai toujours été attirée par les mathématiques, la physique et la chimie, et mes parents m'ont encouragée à être ambitieuse et à viser l'excellence dans tout ce que je faisais. Leur soutien et leur confiance en moi m'ont donné l'assurance nécessaire pour suivre ma curiosité là où elle me mène.
Au cours de vos études, avez-vous rencontré des difficultés liées au fait que vous êtes une femme ?
Bien sûr. À l'époque, la société était encore très stéréotypée et pleine de préjugés. Mon grand-père, qui admirait ma détermination, disait souvent que je deviendrais proviseure d'un lycée, ce qui était déjà considéré comme un exploit pour une femme à l'époque ! Mes professeurs étaient gentils et encourageants, mais quand ils ont vu mes résultats scolaires, ils ont supposé que je deviendrais enseignante dans un lycée, ce qui était considéré comme le poste le plus élevé que l'on pouvait imaginer pour une femme dans le domaine scientifique. Personne n'aurait dit « astronaute » ou « PDG d'une grande entreprise » : ces rôles étaient considérés comme réservés aux hommes. Les choses se sont passées différemment. Lorsque j'ai obtenu mon doctorat, mes parents étaient fiers de moi, même s'ils ne s'attendaient pas à ce que je fasse ce genre de carrière. Et je suis vraiment passionnée par mon travail, je ne le considère jamais comme une routine.
Avez-vous un message à transmettre aux jeunes générations ?
Le plus important est de trouver sa passion. Vous passerez une grande partie de votre vie à travailler, alors autant faire quelque chose que vous aimez vraiment. Quand on aime ce qu'on fait, on trouve naturellement la force et la motivation pour persévérer.
J'aime citer l'auteur italien Primo Levi, qui a écrit dans Le Mouton et le bouc : « Trouver un travail que l'on aime est ce qui se rapproche le plus du bonheur dans ce monde. » En tant que femme, même si les choses se sont améliorées, il faut encore travailler très dur pour prouver sa valeur. Je crois profondément en l'excellence et je l'apprécie quand je la vois chez les autres, quel que soit leur sexe. L'excellence parle d'elle-même.
Je crois également que la famille, les amis et les mentors sont des sources d'inspiration indispensables. Vous avez besoin de modèles et de personnes qui vous soutiennent pour vous aider à grandir, à rester passionné et à viser l'excellence. Nous avons la chance de vivre dans un environnement privilégié où de nombreuses opportunités sont à notre portée.
Mon conseil est d'utiliser ce privilège pour faire la différence, en trouvant votre passion et en la poursuivant de tout votre cœur.
Laura Gagliardi - Biographie
Laura Gagliardi est professeure à l'université de Chicago, aux États-Unis.
(Photo credit - University of Chicago)
Après avoir obtenu une bourse d'études à Bologne, en Italie, puis un poste de post-doctorante à Cambridge, en Angleterre, elle a commencé sa carrière universitaire indépendante à Palerme, en Italie, puis à Genève, en Suisse. En 2009, elle s'est installée aux États-Unis où elle a été professeure à l'université du Minnesota. Elle y est restée jusqu'à son arrivée à l'université de Chicago en 2020. Elle est titulaire de la chaire Richard et Kathy Leventhal à l'université de Chicago, avec une nomination conjointe au département de chimie et à la Pritzker School of Molecular Engineering.
Outre son dévouement à la science, Laura est une fervente défenseuse des femmes dans les domaines des sciences, de la technologie, de l'ingénierie et des mathématiques.
La chaire Syensqo 2025 en chimie des Instituts internationaux Solvay
Laura Gagliardi s'est vu décerner cette prestigieuse chaire Solvay en chimie pour ses travaux novateurs sur les méthodes de structure électronique des systèmes chimiques complexes, qui soulignent son leadership et son influence dans le monde de la chimie.
La visite de Laura Gagliardi le 22 octobre 2025 à l'Université de Namur a été une excellente occasion pour les étudiants en bachelier, master et doctorat ainsi que pour les chercheurs postdoctoraux des Départements de chimie et de physique travaillant dans le domaine de la chimie computationnelle et des simulations numériques de matériaux fonctionnels. C’était pour eux l’occasion de rencontrer et d'échanger avec une personnalité mondiale.
La recherche en chimie et physique à l'UNamur
À l'Université de Namur, les recherches en chimie et physique sont menées au sein de l'Institut "Namur Institute for Structured Matter" structurée et sont consacrées au développement et à l'application de nouvelles méthodologies computationnelles. Elles ont notamment pour objectifs de caractériser et de comprendre les propriétés des matériaux fonctionnels destinés à des applications dans les domaines de l'optique non linéaire, du stockage d'énergie, de la catalyse, de l'électronique organique, de la photochimie et de la photophysique.
Contacts : benoit.champagne@unamur.be - vincent.liegeois@unamur.be - yoann.olivier@unamur.be
La première conférence MG-ERC a rassemblé l’élite mondiale de la chimie inorganique
La première conférence MG-ERC a rassemblé l’élite mondiale de la chimie inorganique
Début septembre, l’Université de Namur a accueilli la première Main-Group Elements Reactivity Conference (MG-ERC). Plus de 100 chercheurs venus de 12 pays et 32 institutions se sont réunis autour du Professeur Guillaume Berionni. Un événement salué comme « l’une des meilleures conférences de chimie » par ses prestigieux invités.
Un rendez-vous inédit
La première conférence MG-ERC, consacrée aux avancées en chimie inorganique, chimie de coordination et catalyse est une première en Europe. Plus d’une centaine de chercheurs issus de 12 pays et 32 institutions ont répondu à l’invitation du Professeur Guillaume Berionni, organisateur de l’événement avec le Professeur Steven Nolan (Université de Gand). Les deux chercheurs ont réussi à réunir les plus grands experts travaillant dans les domaines de la chimie des hétéroatomes, de la chimie de coordination, de la catalyse, et de la chimie inorganique.
Pendant les trois jours de conférence, 14 conférenciers de renommée internationale ont partagé leurs découvertes les plus récentes. Une cinquantaine de jeunes chercheurs – doctorants, post-doctorants et étudiants – ont également présenté leurs travaux sous forme de posters et de communications orales.
Une première saluée
Les sommités venues d’universités prestigieuses (Oxford, Berlin, Laval, Paris-Saclay…) ont unanimement salué l’excellence scientifique et l’organisation « exemplaire » de cette première édition. Plusieurs ont même qualifié la MG-ERC comme « l’une des meilleures conférences de chimie » auxquelles ils aient participé.
Une initiative portée par l'UNamur
À l’origine de cette première européenne : le Professeur Guillaume Berionni, directeur du laboratoire en réactivité et catalyse organométallique (RCO) de l’UNamur et membre du Namur Institute of Structured Matter (NISM). Son équipe de 14 chercheurs se consacre à la réactivité des éléments du groupe principal et au développement de nouvelles approches en catalyse.
Des soutiens de poids
L’événement a été cofinancé par l’European Research Council (ERC), ChemistryEurope, la Société Royale de Chimie, le CGB, l’École doctorale thématique CHIM du FNRS, le NISM, ainsi que plusieurs partenaires industriels (ACS Publications, Analis & Advion Interchim Scientific®, BUCHI, Chemical Synthesis, Magritek). Les organisateurs remercient ces sponsors pour leur soutien à la visibilité d'ampleur internationale de cette première édition. Ils ont également permis d’attribuer des prix récompensant les meilleures présentations orales et posters de jeunes chercheurs.
Guillaume Berionni en bref
- Doctorat en sciences (2010, Université de Versailles, Institut Lavoisier).
- Post-doctorat à l’Université Ludwig Maximilian de Munich (boursier Humboldt).
- Professeur de chimie à l’Université de Namur depuis 2017.
- Lauréat d’un Mandat d’Impulsion Scientifique (MIS) du FNRS en 2018.
- ERC Consolidator Grant (2023) pour le projet B-YOND
- Membre élu de Chemistry Europe (2024-2026).
- Prix triennal de la Société Royale de Chimie (2025).
La recherche en chimie
Le Département de chimie est doté de 11 laboratoires qui composent les 5 unités de recherche. Les thématiques étudiées sont la santé et les soins de santé, l'énergie, le stockage d'énergie et la dépollution, l'industrie pharmaceutique et chimique, la corrosion et matériaux médicaux et les pédagogies innovantes.
10 ans de collaboration UNamur – STÛV : un levier d’innovation, d’attractivité et d’excellence
10 ans de collaboration UNamur – STÛV : un levier d’innovation, d’attractivité et d’excellence
L’Université de Namur et STÛV, entreprise namuroise spécialisée dans les solutions de chauffage au bois et aux pellets, célèbrent dix années d’une collaboration fructueuse. Ce partenariat illustre l’importance des synergies entre le monde académique et industriel pour améliorer la compétitivité et répondre aux défis environnementaux.
Depuis plus de 30 ans, l’UNamur, via son Laboratoire de Chimie des Matériaux Inorganiques (CMI) dirigé par le Professeur Bao-Lian Su, excelle en recherche fondamentale de solutions catalytiques capables de « nettoyer » l’air et l’eau. En 2014, STÛV s’est rapprochée de cette expertise pour concevoir un système d’épuration des fumées des poêles à bois, durable et peu coûteux, afin d’anticiper le durcissement des normes européennes.
Le projet R-PUR : une première étape décisive
De cette rencontre est né le projet de recherche appliquée R-PUR, financé par la Région wallonne et l’Union européenne dans le cadre du programme Beware, porté par Tarek Barakat (UNamur – CMI). Entre 2014 et 2017, un filtre catalytique innovant a ainsi été développé au sein du laboratoire, en collaboration étroite avec STÛV.
De 2018 à 2024, les technologies brevetées par STÛV et l’UNamur et les équipements de mesures des polluants ont été progressivement transférés vers STÛV, en même temps que des financements Win4Spin-off et Proof of Concept ont permis d’accroître les maturités technologiques et commerciales pour répondre aux besoins du marché. Ces étapes ont mené à poser les bases d’une nouvelle Business Unit chez STÛV, avec l’engagement de Tarek Barakat comme Project Manager et à lever des investissements pour produire les filtres catalytiques.
Et demain ? Vers une combustion zéro émission
La collaboration UNamur-STÛV se poursuit aujourd’hui avec le projet Win4Doc (doctorat en entreprise) DeCOVskite, mené par le doctorant Louis Garin (UNamur – CMI) et encadré par Tarek Barakat. Objectifs :
- Développer une deuxième génération de catalyseurs pour réduire complètement les émissions de particules fines.
- Limiter l’usage de métaux précieux.
- Pérenniser la combustion de biomasse et faire de STÛV le leader mondial du poêle zéro émission.
Un partenariat gagnant pour la région
Cette collaboration a permis :
- L’acquisition et le transfert de savoir-faire et d’équipements entre l’UNamur et STÛV pour valider les résultats en conditions industrielles.
- L’organisation de workshops multidisciplinaires, comme celui du 14 octobre, favorisant le partage d’expertises autour de la combustion de biomasse et du développement durable.
Success-Story : interview et témoignages
Fin octobre, des membres de l’UNamur et de STÛV se sont réunis pour participer à un workshop organisé par l’Administration de la recherche de l’UNamur et STÛV. Objectif ? Valoriser les bénéfices de la recherche collaborative entre entreprise et université autour des sujets touchant tant l’énergie, l’environnement, la rentabilité, l’éthique que la réglementation dans une logique de développement durable. Les deux partenaires y ont évoqué leur collaboration, leurs expertises et leurs perspectives de développement.
Découvrez les détails de cette success-story dans cette vidéo :
Les DCF, une arme moléculaire contre les défenses bactériennes
Les DCF, une arme moléculaire contre les défenses bactériennes
Alors que la résistance des bactéries aux antibiotiques est un problème de santé publique, l'équipe du professeur Stéphane Vincent met actuellement au point des réseaux dynamiques constitutionnels (Dynamic Constitutional Frameworks, DCF) : un système moléculaire qui serait capable de briser certaines résistances et ainsi délivrer des antibiotiques au plus près des pathogènes.
Il en est des découvertes scientifiques comme des belles histoires : elles commencent souvent par une rencontre. Il y a près de 20 ans, le professeur Stéphane Vincent, du Laboratoire de Chimie Bio-Organique de l'UNamur, alors jeune chimiste spécialiste des sucres, est en quête de nouveauté. À la faveur d'un post-doctorat à Strasbourg, en France, dans le laboratoire de Jean-Marie Lehn, prix Nobel de chimie en 1987 et spécialiste de la chimie supramoléculaire, il se lie d'amitié avec un autre post-doctorant : le Roumain Mihail Barboiu, aujourd'hui chercheur au CNRS à Montpellier.
« Les recherches menées entre Montpellier et Strasbourg ont donné naissance à ce qu'on appelle les Dynamic Constitutional Framework », révèle Stéphane Vincent. « Ce sont des molécules qui s'assemblent et se désassemblent en permanence, ce qui leur donne des propriétés intéressantes. Faiblement toxiques pour les cellules animales et humaines, les DCF peuvent interagir avec les composants essentiels des cellules, comme les protéines ou l'ADN. »
Peu avant la pandémie de Covid-19, lors d'un congrès scientifique, Mihail Barboiu montre à Stéphane Vincent le résultat de ses expériences. « Il utilisait les DCF comme une sorte de transporteur, pour apporter des gènes (fragments d’ADN ou d’ARN) dans une cellule », se souvient le chimiste. « J'ai alors compris que les DCF étaient des molécules chargées positivement et qu'elles s'adaptaient facilement à l'ADN qui, lui, est chargé négativement. Cela m'a donné l'idée de les utiliser contre des bactéries, à la manière de certains antibiotiques, eux aussi chargés positivement. »
Un tournant antibactérien
Les deux chercheurs établissent alors un premier projet de recherche, avec une thèse financée en cotutelle par l'UNamur, qui aboutit en 2021 à la publication des premiers résultats montrant l'activité antibactérienne des DCF. « À l'époque, je travaillais déjà sur des approches antibactériennes, notamment contre Pseudomonas aeruginosa, un pathogène important qui forme des biofilms », précise Stéphane Vincent.
Pour lutter contre les antiseptiques et les antibiotiques, les bactéries procèdent de plusieurs manières. En plus de développer des mécanismes pour bloquer le fonctionnement des antibiotiques, elles sont capables de s'agréger ou de s'arrimer à une surface, par exemple celle d'un implant médical et de s'y recouvrir d'un enchevêtrement complexe de toutes sortes de molécules. Ce dernier, que l'on nomme biofilm, protège les bactéries des agressions extérieures. Ces biofilms sont un problème de santé publique majeur, car ils permettent aux bactéries de survivre même aux antibiotiques les plus puissants et sont notamment à l'origine de maladies nosocomiales, des infections contractées au cours d’un séjour dans un établissement de soins.
« Nous avons montré que certains DCF étaient à la fois capables d'inhiber la production de biofilms, mais aussi de les affaiblir, exposant ainsi les bactéries à leur environnement », résume Stéphane Vincent.
Le projet TADAM, une alliance européenne !
Fort de ces résultats et grâce au C2W, un programme européen « très compétitif » qui finance des post-doctorats, Stéphane Vincent invite Dmytro Strilets, un chimiste ukrainien qui vient de terminer sa thèse sous la direction de Mihail Barboiu, à travailler dans son laboratoire sur les DCF. Ce projet, dénommé TADAM et mené en collaboration avec les chercheurs Tom Coenye de l'UGent et Charles Van der Henst de la VUB, se penche alors sur le potentiel antibactérien et antibiofilm des DCF contre Acinetobacter baumannii, une bactérie qui fait partie, tout comme Pseudomonas aeruginosa, de la liste des pathogènes les plus préoccupants définie par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Le projet TADAM repose sur un assemblage ingénieux : les DCF sont associés à des molécules particulières, les pillararènes. Ces derniers forment une sorte de cage autour d'une molécule antibiotique éprouvée, la lévofloxacine et améliore ainsi sa biodisponibilité et sa stabilité. Les DCF ont alors comme rôle d'inhiber et de désagréger le biofilm, pour permettre aux pillararènes de délivrer leur antibiotique directement aux bactéries ainsi exposées.
Les résultats obtenus par l'équipe de Stéphane Vincent sont spectaculaires : l'assemblage DCF-pillararène-antibiotique a une efficacité jusqu'à quatre fois supérieure à celle de l'antibiotique utilisé seul ! Constatant qu'il n'existe encore que peu de travaux menés sur l'effet antibiotique de ces nouvelles molécules, les chercheurs décident alors de protéger leur invention par un dépôt de brevet conjoint, avant d'aller plus loin.
Car tout reste encore à faire. D'abord, parce que malgré des résultats plus que probants, le fonctionnement de l'assemblage reste encore obscur. « Toute l'étude du mécanisme d'action doit encore se faire », indique Stéphane Vincent. « Comment s'agence l'antibiotique dans la cage de pillararène ? Pourquoi les DCF ont-ils une activité antibiofilm ? Comment s'agencent les DCF et les pillararènes ? Toutes ces questions sont importantes, non seulement pour comprendre nos résultats, mais aussi pour éventuellement développer de nouvelles générations de molécules. »
Et sur ce point, Stéphane Vincent veut se montrer particulièrement prudent. « On rêve tous, évidemment, d’une molécule universelle qui va fonctionner sur tous les pathogènes, mais il faut faire preuve d'humilité », tempère-t-il. « Je travaille avec des biologistes depuis de nombreuses années et je sais que la réalité biologique est infiniment plus complexe que nos conditions de laboratoire. Mais c'est bien parce que nos résultats sont très encourageants que nous devons persévérer dans cette voie. »
Le chimiste a d'ailleurs déjà plusieurs pistes : « Nous allons tester les molécules sur des bactéries "circulantes" en suspension dans un liquide, qui se comportent de manière très différente. Et puis nous allons également travailler sur des isolats cliniques de bactéries pathogènes, afin de nous approcher un peu plus des conditions réelles dans lesquelles ces biofilms se forment. »
Dmytro Strilets vient de recevoir un mandat de Chargé de recherche du FNRS afin de développer des DCF de deuxième génération et étudier leur mode d’action. Le projet TADAM a reçu un financement de l'Université de Namur et du programme de recherche et d'innovation Horizon 2020 de l'Union européenne dans le cadre de la convention de subvention Marie Skłodowska-Curie n°101034383.
Cet article est tiré de la rubrique "Eurêka" du magazine Omalius #38 (Septembre 2025).
Laura Gagliardi en visite à l'UNamur dans le cadre de la prestigieuse chaire Solvay/Syensqo en chimie
Laura Gagliardi en visite à l'UNamur dans le cadre de la prestigieuse chaire Solvay/Syensqo en chimie
Laura Gagliardi est une chercheuse internationale renommée à l'Université de Chicago, reconnue pour ses contributions pionnières dans le domaine de la chimie théorique et computationnelle, en particulier dans l'étude des matériaux réticulaires tels que les structures métallo-organiques (MOF). La chaire Solvay/Syensqo en chimie rend hommage aux chimistes qui ont réalisé des avancées exceptionnelles dans leur domaine. Dans le cadre de cette distinction, la professeure Gagliardi a donné une série de conférences dans plusieurs universités belges, dont un séminaire organisé à l'Université de Namur, par le Département de chimie. Interview.
Vos recherches vont de la chimie fondamentale à la chimie appliquée. Pouvez-vous nous expliquer ce que vous faites ?
J'ai une formation en chimie fondamentale et en physique, c'est-à-dire l'étude des principes de base qui régissent la matière, les atomes et les molécules aux liaisons chimiques qui les relient. Pendant mon doctorat, je me suis concentrée sur le développement de concepts théoriques et leur conversion en codes informatiques, ce qui exigeait beaucoup de mathématiques, de rigueur et une méthodologie minutieuse.
J'ai toujours été fascinée par la chimie physique et théorique. La chimie synthétique en laboratoire peut parfois être comparée à la cuisine : vous suivez une recette et observez les résultats. Mon mari est chimiste organique et également le cuisinier de notre famille ; il me dit toujours d'aller jouer du piano pendant qu'il est dans la cuisine ! Je n'ai pas le droit de m'en approcher. 😊
Ce qui me fascine vraiment, c'est de comprendre non pas uniquement comment les choses fonctionnent mais aussi pourquoi elles fonctionnent de la sorte. Mon groupe de recherche réalise des simulations informatiques qui permettent d'étudier les mécanismes de réaction au niveau moléculaire. Ces simulations nous aident à expliquer les observations expérimentales, à faire des prédictions quantitatives et même à concevoir de nouveaux systèmes moléculaires et matériaux qui peuvent ensuite être testés et affinés en laboratoire.
Actuellement, une grande partie de mes recherches porte sur les structures métallo-organiques, ou MOF, des matériaux composés d'ions/clusters métalliques reliés par des molécules organiques. Les MOF sont passionnants en raison de leur surface spécifique énorme et de leurs structures poreuses hautement modulables, qui les rendent idéaux pour un large éventail d'applications. Nous nous intéressons particulièrement à l'utilisation des MOF pour relever les défis du changement climatique, par exemple en capturant le dioxyde de carbone, en stockant l'hydrogène et en purifiant l'eau. Au-delà de cela, les MOF sont également étudiés pour la catalyse, l'administration de médicaments et même comme capteurs pour détecter les polluants et les biomolécules.
Le prix Nobel de chimie vient d'être décerné à trois scientifiques de renom : S. Kitagawa, O. M. Yaghi et feu R. Robson pour leurs travaux sur les structures métallo-organiques (MOF). Ils ont créé des constructions moléculaires dotées de grands espaces à travers lesquels les gaz et autres produits chimiques peuvent circuler : pour recueillir l'eau contenue dans l'air du désert, capturer le dioxyde de carbone, stocker des gaz toxiques ou catalyser des réactions chimiques.
Vous êtes un leader scientifique dans le domaine de la chimie computationnelle. Comment avez-vous choisi cette voie ?
J'ai grandi en Italie, dans un environnement très favorable. Ma mère était professeure de mathématiques et mon père ingénieur, j'ai donc été entourée de chiffres, de logique et de curiosité dès mon plus jeune âge. J'ai toujours été attirée par les mathématiques, la physique et la chimie, et mes parents m'ont encouragée à être ambitieuse et à viser l'excellence dans tout ce que je faisais. Leur soutien et leur confiance en moi m'ont donné l'assurance nécessaire pour suivre ma curiosité là où elle me mène.
Au cours de vos études, avez-vous rencontré des difficultés liées au fait que vous êtes une femme ?
Bien sûr. À l'époque, la société était encore très stéréotypée et pleine de préjugés. Mon grand-père, qui admirait ma détermination, disait souvent que je deviendrais proviseure d'un lycée, ce qui était déjà considéré comme un exploit pour une femme à l'époque ! Mes professeurs étaient gentils et encourageants, mais quand ils ont vu mes résultats scolaires, ils ont supposé que je deviendrais enseignante dans un lycée, ce qui était considéré comme le poste le plus élevé que l'on pouvait imaginer pour une femme dans le domaine scientifique. Personne n'aurait dit « astronaute » ou « PDG d'une grande entreprise » : ces rôles étaient considérés comme réservés aux hommes. Les choses se sont passées différemment. Lorsque j'ai obtenu mon doctorat, mes parents étaient fiers de moi, même s'ils ne s'attendaient pas à ce que je fasse ce genre de carrière. Et je suis vraiment passionnée par mon travail, je ne le considère jamais comme une routine.
Avez-vous un message à transmettre aux jeunes générations ?
Le plus important est de trouver sa passion. Vous passerez une grande partie de votre vie à travailler, alors autant faire quelque chose que vous aimez vraiment. Quand on aime ce qu'on fait, on trouve naturellement la force et la motivation pour persévérer.
J'aime citer l'auteur italien Primo Levi, qui a écrit dans Le Mouton et le bouc : « Trouver un travail que l'on aime est ce qui se rapproche le plus du bonheur dans ce monde. » En tant que femme, même si les choses se sont améliorées, il faut encore travailler très dur pour prouver sa valeur. Je crois profondément en l'excellence et je l'apprécie quand je la vois chez les autres, quel que soit leur sexe. L'excellence parle d'elle-même.
Je crois également que la famille, les amis et les mentors sont des sources d'inspiration indispensables. Vous avez besoin de modèles et de personnes qui vous soutiennent pour vous aider à grandir, à rester passionné et à viser l'excellence. Nous avons la chance de vivre dans un environnement privilégié où de nombreuses opportunités sont à notre portée.
Mon conseil est d'utiliser ce privilège pour faire la différence, en trouvant votre passion et en la poursuivant de tout votre cœur.
Laura Gagliardi - Biographie
Laura Gagliardi est professeure à l'université de Chicago, aux États-Unis.
(Photo credit - University of Chicago)
Après avoir obtenu une bourse d'études à Bologne, en Italie, puis un poste de post-doctorante à Cambridge, en Angleterre, elle a commencé sa carrière universitaire indépendante à Palerme, en Italie, puis à Genève, en Suisse. En 2009, elle s'est installée aux États-Unis où elle a été professeure à l'université du Minnesota. Elle y est restée jusqu'à son arrivée à l'université de Chicago en 2020. Elle est titulaire de la chaire Richard et Kathy Leventhal à l'université de Chicago, avec une nomination conjointe au département de chimie et à la Pritzker School of Molecular Engineering.
Outre son dévouement à la science, Laura est une fervente défenseuse des femmes dans les domaines des sciences, de la technologie, de l'ingénierie et des mathématiques.
La chaire Syensqo 2025 en chimie des Instituts internationaux Solvay
Laura Gagliardi s'est vu décerner cette prestigieuse chaire Solvay en chimie pour ses travaux novateurs sur les méthodes de structure électronique des systèmes chimiques complexes, qui soulignent son leadership et son influence dans le monde de la chimie.
La visite de Laura Gagliardi le 22 octobre 2025 à l'Université de Namur a été une excellente occasion pour les étudiants en bachelier, master et doctorat ainsi que pour les chercheurs postdoctoraux des Départements de chimie et de physique travaillant dans le domaine de la chimie computationnelle et des simulations numériques de matériaux fonctionnels. C’était pour eux l’occasion de rencontrer et d'échanger avec une personnalité mondiale.
La recherche en chimie et physique à l'UNamur
À l'Université de Namur, les recherches en chimie et physique sont menées au sein de l'Institut "Namur Institute for Structured Matter" structurée et sont consacrées au développement et à l'application de nouvelles méthodologies computationnelles. Elles ont notamment pour objectifs de caractériser et de comprendre les propriétés des matériaux fonctionnels destinés à des applications dans les domaines de l'optique non linéaire, du stockage d'énergie, de la catalyse, de l'électronique organique, de la photochimie et de la photophysique.
Contacts : benoit.champagne@unamur.be - vincent.liegeois@unamur.be - yoann.olivier@unamur.be
La première conférence MG-ERC a rassemblé l’élite mondiale de la chimie inorganique
La première conférence MG-ERC a rassemblé l’élite mondiale de la chimie inorganique
Début septembre, l’Université de Namur a accueilli la première Main-Group Elements Reactivity Conference (MG-ERC). Plus de 100 chercheurs venus de 12 pays et 32 institutions se sont réunis autour du Professeur Guillaume Berionni. Un événement salué comme « l’une des meilleures conférences de chimie » par ses prestigieux invités.
Un rendez-vous inédit
La première conférence MG-ERC, consacrée aux avancées en chimie inorganique, chimie de coordination et catalyse est une première en Europe. Plus d’une centaine de chercheurs issus de 12 pays et 32 institutions ont répondu à l’invitation du Professeur Guillaume Berionni, organisateur de l’événement avec le Professeur Steven Nolan (Université de Gand). Les deux chercheurs ont réussi à réunir les plus grands experts travaillant dans les domaines de la chimie des hétéroatomes, de la chimie de coordination, de la catalyse, et de la chimie inorganique.
Pendant les trois jours de conférence, 14 conférenciers de renommée internationale ont partagé leurs découvertes les plus récentes. Une cinquantaine de jeunes chercheurs – doctorants, post-doctorants et étudiants – ont également présenté leurs travaux sous forme de posters et de communications orales.
Une première saluée
Les sommités venues d’universités prestigieuses (Oxford, Berlin, Laval, Paris-Saclay…) ont unanimement salué l’excellence scientifique et l’organisation « exemplaire » de cette première édition. Plusieurs ont même qualifié la MG-ERC comme « l’une des meilleures conférences de chimie » auxquelles ils aient participé.
Une initiative portée par l'UNamur
À l’origine de cette première européenne : le Professeur Guillaume Berionni, directeur du laboratoire en réactivité et catalyse organométallique (RCO) de l’UNamur et membre du Namur Institute of Structured Matter (NISM). Son équipe de 14 chercheurs se consacre à la réactivité des éléments du groupe principal et au développement de nouvelles approches en catalyse.
Des soutiens de poids
L’événement a été cofinancé par l’European Research Council (ERC), ChemistryEurope, la Société Royale de Chimie, le CGB, l’École doctorale thématique CHIM du FNRS, le NISM, ainsi que plusieurs partenaires industriels (ACS Publications, Analis & Advion Interchim Scientific®, BUCHI, Chemical Synthesis, Magritek). Les organisateurs remercient ces sponsors pour leur soutien à la visibilité d'ampleur internationale de cette première édition. Ils ont également permis d’attribuer des prix récompensant les meilleures présentations orales et posters de jeunes chercheurs.
Guillaume Berionni en bref
- Doctorat en sciences (2010, Université de Versailles, Institut Lavoisier).
- Post-doctorat à l’Université Ludwig Maximilian de Munich (boursier Humboldt).
- Professeur de chimie à l’Université de Namur depuis 2017.
- Lauréat d’un Mandat d’Impulsion Scientifique (MIS) du FNRS en 2018.
- ERC Consolidator Grant (2023) pour le projet B-YOND
- Membre élu de Chemistry Europe (2024-2026).
- Prix triennal de la Société Royale de Chimie (2025).
La recherche en chimie
Le Département de chimie est doté de 11 laboratoires qui composent les 5 unités de recherche. Les thématiques étudiées sont la santé et les soins de santé, l'énergie, le stockage d'énergie et la dépollution, l'industrie pharmaceutique et chimique, la corrosion et matériaux médicaux et les pédagogies innovantes.
Événements
Soutenance publique de thèse de doctorat en sciences chimiques - Jenny Ha
Methodological studies on the radical decarboxylative borylation and photochemical decarboxylative phosphorylation of carbohydrates
Jury
- Prof. Guillaume BERIONNI (UNamur), Président
- Prof. Stéphane VINCENT (UNamur), Secrétaire
- Prof. Carmen GALAN (Université de Bristol)
- Dr Louis FENSTERBANK (Collège de France)
- Prof. Raphaël ROBIETTE (Université catholique de Louvain)
Abstract
Carboxylic acids are ubiquitous in nature and inexpensive compounds. Decarboxylation has become a key chemical transformation and has been widely reported in organic chemistry except for carbohydrates. This reaction can be catalyzed by transition metal and can also be induced by light, thermal activation, or photocatalysis.
Borylated compounds have stimulated the pharmaceutical industry’s interest (Boromycin, Bortezomib or boron neutron capture therapy). Recent methodologies have been developed to transform carboxylic acids to boronate esters by metal-catalyzed or light-promoted or photocatalyzed reactions. In this thesis, we explored the synthesis of borylated carbohydrates through a decarboxylation pathway. More specifically, sialic acids being among the most important carbohydrates in glycobiology, we addressed the problem of the synthesis of borylated sialic acids. On the other hand, organophosphates play an important role in diverse fields: in materials chemistry, in agriculture, in organic chemistry, and in biochemistry. Phosphorylation is a key reaction in biological processes such as signal transduction and cell activity regulation. The formation of phosphorylated carbohydrates has been widely described through two-electron mechanisms. However, radical phosphorylation of carbohydrates remains unexplored. This Ph.D. thesis describes the development of new methodologies for the decarboxylative functionalization of carbohydrates, focusing on borylation and phosphorylation.
Soutenance publique de thèse de doctorat - Benedetto Taormina
Metal phthalocyanines and imidazolium bromide copolymers: a "lego-like" assembly of bifunctional heterogeneous catalysts for different catalytic applications
Jury
- Dr Luca FUSARO (UNamur), Président
- Prof. Carmela APRILE (UNamur), Secrétaire
- Prof. Francesco GIACALONE (Université de Palerme)
- Prof. Paolo PESCARMONA (Université de Groningen)
- Prof. Michelangelo GRUTTADAURIA (Université de Palerme)
Abstract
This PhD research focused on the design, synthesis, and catalytic evaluation of novel materials based on metal phthalocyanines (MPCs) and imidazolium bromide salts. The initial materials were extensively characterized using a wide range of analytical, spectroscopic, and spectrometric techniques, including solid-state NMR, XPS, TEM, EDX, FT-IR, Raman, CHN analysis, ICP-OES, N₂ physisorption, and TGA. These systems showed remarkable performance in promoting the cycloaddition of CO₂ to epoxides to form cyclic carbonates. Building on these results, a new class of catalysts was developed by covalently anchoring metal phthalocyanines and imidazolium salts onto multi-walled carbon nanotubes (MWCNTs), yielding materials denoted as MPC@MWCNTs. This strategy enabled the creation of a versatile family of catalysts—prepared with different metal centers (Al, Mg, Fe, Ni, Co, Cu, Zn)—while maintaining a unified synthetic approach. The incorporation of MWCNTs was aimed at enhancing both catalytic activity and stability through synergistic support effects. The resulting MPC@MWCNTs were successfully applied in diverse catalytic contexts: CO₂ valorization into cyclic carbonates (Mg-, Fe-, Cu-, and Zn-based systems), nitro-reduction reactions to afford amines (Fe-based system), and electrocatalytic methanol oxidation for energy-related applications (Ni-based system). Overall, this work demonstrated the potential of MPC@MWCNT hybrid materials as robust, tunable, and multifunctional catalysts for sustainable chemical transformations.
Soutenance publique de thèse de doctorat en sciences chimiques - Liuxi Yang
Topological engineering of triptycene-based ionic frameworks (TIFs)
Jury
- Dr Nikolai TUMANOV (UNamur), Président
- Prof. Bao-Lian SU (UNamur), Secrétaire
- Prof. Yann GARCIA (UCLouvain)
- Prof. Teng BÊN (Jinhua University)
- Prof. Guillaume BERIONNI (UNamur)
- Prof. Alain KRIEF (UNamur)
Abstract
Porous crystals with structural flexibility are difficult to realize because flexible molecules often rearrange or leave the lattice, leading to pore collapse. Since the early 2000s, it has become clear that combining robust intermolecular interactions with flexible linkers and deformable nodes can stabilize porous crystals during guest removal. Frameworks such as MOFs, COFs, and HOFs benefit from strong noncovalent interactions, yet permanently porous HOFs remain uncommon due to dense molecular packing.
Porous organic salts (POSs) offer an alternative strategy, assembling predictable networks from oppositely charged organic ions where electroneutrality and stoichiometry guide structure formation. However, most 3D POSs rely on planar guanidinium or tetrahedral tetraphenylmethane derivatives, resulting in a narrow set of topologies compared with the thousands of 3D nets catalogued in the Reticular Chemistry Structure Resource (RCSR).
Here we report triptycene-based ionic frameworks (TIFs) formed via charge-assisted ammonium–sulfonate hydrogen bonding. By tuning triptycene symmetry and functionalization, together with sulfonate linker geometry, we generated diverse supramolecular architectures with tailored porosity, stability, and function.