MONUMENT1645
Voir aussi :
Le mobilier de l'église Saint-Loup

L'Eglise Saint-Loup


C'est en 1621 que fut posée la première pierre de la nouvelle église Saint-Ignace du collège des Pères Jésuites de Namur. En 1645 Engelbert Dubois, évêque de Namur, consacra l'édifice mais des travaux furent encore exécutés plus tard.

L'architecte de l'église fut le Père Jésuite Huyssens qui avait également oeuvre pour Saint-Charles d'Anvers (1615-1621), et qui dirigea les travaux de Sainte-Walburge (à l'origine Saint-François-Xavier) de Bruges (à partir de 1619). En 1625, le Père Huyssens fut destitué comme architecte des Jésuites, car trop dispendieux, et ce n'est donc pas lui qui veilla à l'achèvement de l'église namuroise.

Après la suppression des Jésuites en 1773, l'église du collège devint église paroissiale sous le vocable de Saint-Loup.

Le plan de l'église Saint-Loup est assez conventionnel: 3 nefs de 6 travées, un choeur à abside encadré de deux choeurs latéraux, des salles annexes dont la configuration actuelle date du XVIIIe siècle et enfin, une tour derrière le choeur qui aurait dû être bien plus haute.

Intérieur grandiose

Si le plan de Saint-Loup n'a rien de spécialement baroque, l'élévation et la décoration appartiennent bien à ce style: puissantes colonnes baguées à chapiteaux ioniques portant les arcades, agrafes, consoles, riche mouluration des entablements saillants...

Les "marbres" noirs de Mazy ou des bords de Meuse et les "marbres" rouges de Rochefort ou de Rance, s'unissent à l'opulence de la décoration de la voûte pour créer un intérieur grandiose et fastueux. La voûte centrale en berceau à lunettes (une voûte d'ogives semble à un moment avoir été envisagée) a été sculptée sur place dans du tuffeau de Maastricht et certains témoins infimes de polychromie et de dorure semblent attester le projet de peindre les motifs sculptés et d'intégrer des peintures dans les plus grands espaces, ce qui aurait évidemment créé une atmosphère encore bien plus somptueuse. Cette voûte clairement subdivisée par les doubleaux et un compartimentage de cartouches s'orne de motifs luxuriants et naturalistes, de pommes, grenades, raisins, dattes, prunes, poires, pois, artichauts, navets, feuilles et fleurs. D'origine maniériste, ces ornements de style auriculaire dont on trouve la source la plus précise chez Francart, qui collabora avec Huyssens à Bruges, montrent un symbolisme vitaliste de fécondité en accord avec la Contre-Réforme.

La façade, refaite au XIXe siècle et inaugurée en 1867 reprend la façade originale si ce n'est pour le matériau, de la pierre bleue à la place du marbre noir qui s'était très rapidement détérioré. Cette façade est également typiquement baroque par le mouvement convexe au centre, les colonnes et pilastres annelés, à chapiteaux ioniques ou corinthiens, les larges entablements à ressauts séparant les trois étages, le portail à fronton courbe puissamment crofilé, les niches à statues etc. Les contreforts annelés et les murs-boutants à ailerons entre les fenêtres animent les façades latérales.

Saint-Loup est donc un superbe exemple de l'architecture du catholicisme triomphant qui, par l'éclat de ses couleurs et de ses formes, devait faire pénétrer le fidèle dans l'atmosphère du Paradis tant espéré.


Yvette Vanden Bemden - Dpt d'Histoire de l'art et archéologie - FUNDP