HAGIOGRAPHIES
Histoire de la littérature hagiographique en Occident
des origines à 1550
History of the hagiographic West-European Literature from the Origins
to 1550
Ce texte est extrait de :
Hagiographies. Histoire internationale de la littérature hagiographique
latine et vernaculaire en Occident des origines à 1550. International
History..., sous la direction de Guy PHILIPPART,
t. I, Éditions Brepols, Turnhout, 1994 (Corpus Christianorum).
Introduction
par
G. PHILIPPART
Nous nétudierons ici ni les saints ni le monde dans lequel
ils ont vécu, ni le culte qui leur a été voué.
Notre matière spécifique ce sont les hagiographes et leurs
oeuvres. Lorigine lointaine du présent ouvrage nous reporte
quelque vingt ans en arrière. A cette époque, le professeur
Léopold Genicot faisait paraître les premiers volumes de
la Typologie des sources du Moyen Age occidental. Lié au Bollandiste
Baudouin de Gaiffier par des relations destime et damitié,
il lavait très tôt sollicité de participer à
lentreprise et de rédiger le fascicule des sources hagiographiques.
Le senior de la Société des Bollandistes fut tout de suite
réticent : le mot même de typologie le laissait sceptique,
lagaçait même. Il ne voyait pas la cible quon
lui proposait en même temps quil trouvait la tâche démesurée.
Des discussions avec Colette Muraille, collaboratrice de la Typologie,
puis avec Marc Van Uytfanghe de lUniversité de Gand, lui
permirent sans doute de formuler des principes, de dégager quelques
idées générales, de donner des consignes, mais ne
vainquirent pas ses résistances et il séteignit en
1984 sans avoir mis la main à louvrage. Marc Van Uytfanghe
hérita de lentreprise à laquelle il dut renoncer en
raison de ses charges et de limmensité du travail. Sollicité
à son tour, en 1986, François Dolbeau crut ne pas pouvoir
accepter. Léopold Genicot dut se rendre à lévidence
de ces excellents spécialistes : la littérature hagiographique
était un sujet trop vaste et trop complexe pour quun homme
seul, généralement retenu de surcroît par dautres
obligations, pût prétendre en dresser la typologie. Un groupe
de travail fut alors constitué auquel fut soumis un schéma
général et qui tint trois sessions, chez les Bollandistes
dabord (1986), à Louvain-la-Neuve ensuite (1987), à
lInstitut Historique Allemand de Paris enfin (1988). La Typologie
présuppose, pour chacun des genres documentaires, une histoire
générale, qui, à la manière dun répertoire
raisonné, inscrive dans les milieux qui les voient naître
les pièces du corpus à étudier. Dans le " plan-type
" dun fascicule de la Typologie, consacré aux sources écrites,
le chapitre II intitulé " Évolution du genre " est précisément
destiné à rendre compte de cette histoire classique. Or,
pour la littérature hagiographique, celle-ci fait cruellement défaut,
ce qui rend aléatoire, sauf à répéter des
banalités, non seulement la rédaction de ce chapitre mais
aussi une typologie et une critique différenciées selon
les époques, les provenances, les usages et les genres. Le rapporteur
en fit état en mai 1989 et proposa de postposer létude
proprement typologique et de mettre en chantier cette histoire classique.
Le directeur de la collection accepta cette stratégie en dépit
des retards quelle occasionnerait. Consultés, trois des experts
du groupe, à savoir François Dolbeau, Martin Heinzelmann
et André Vauchez, apportèrent leur soutien. Grâce
à leurs conseils, le projet reçut sa forme définitive
et la liste des collaborateurs fut dressée. A la fin de 1989, les
premières invitations à participer à la rédaction
dune Histoire internationale de la littérature hagiographique,
latine et vernaculaire, en Occident, des origines à 1550, étaient
lancées.
* * *
On sétonnera peut-être quil ny ait pas
encore dhistoire générale de la littérature
hagiographique, alors que lhagiographie en général
est un des plus anciens champs des études critiques, toutes disciplines
confondues, investi dès le début du XVIIe siècle,
à lépoque même où les Kepler, Bacon,
Galilée, Descartes jetaient les bases de la modernité scientifique.
Létonnement est dautant plus grand que lhagiographie,
devenue dès lors une " science ", na plus cessé dêtre
servie par la prestigieuse Société des Bollandistes, qui
a produit éditions savantes, travaux érudits et critiques,
brillantes synthèses et répertoires modèles. Et pourtant
le constat simpose : il nexiste pas, quelle que soit la manière
dont on la conçoive, dhistoire générale de
la littérature hagiographique, de ses origines au début
de lère moderne. Pas même un ensemble dhistoires
particulières, synchroniques ou diachroniques, qui pourraient,
mises bout à bout, donner une vue densemble de la matière.
Certaines périodes, certains espaces, certaines langues en particulier
nont fait jusquici lobjet daucune étude
un tant soit peu générale. Il y a plusieurs explications
à cet état de fait. Dabord la matière à
traiter est immense. Elle sinscrit dans la longue durée :
quelque quatorze siècles si on sarrête, comme on le
fera ici, au Concile de Trente. Elle a, de ce fait, traversé des
univers culturels vivement contrastés, depuis les temps anciens
de lAfrique romaine jusquà la Réforme catholique.
Elle sest exprimée en latin mais aussi dans les langues vernaculaires
romanes, celtiques, germaniques et slaves. Et tout au long de ces générations,
dans tous ces espaces, elle fut presque toujours prolifique : la Bibliotheca
hagiographica latina et son Novum Supplementum comptent 13.523 numéros
regroupés sous 3.321 noms ou groupes de noms de saints; moins systématiquement
répertoriées et donc moins connues des historiens, les littératures
vernaculaires enrichirent considérablement le corpus, plus ou moins
tôt à partir du Xe s. Enfin, nous y reviendrons, cette littérature
se coule dans les formes les plus diverses qui vont du simple procès-verbal
à la poésie la plus maniérée. Un autre handicap
a pu détourner de létude de la littérature
hagiographique : celle-ci na jamais eu le statut de grande littérature,
du moins aux yeux des philologues. Les latinistes ont toujours préféré
les oeuvres de lépoque classique; mis à part les linguistes
qui ont étudié les textes les plus anciens, comme la Chanson
de Ste Eulalie ou la Vie de S. Alexis, en raison de leur langue et non
de leurs qualités littéraires, les spécialistes des
langues modernes, nont guère hésité entre les
oeuvres profanes, où sexprimaient le mieux société
montante et valeurs nouvelles, et les oeuvres hagiographiques, attachées
aux modèles anciens, de plus en plus destinées au monde
confiné des dévots et des clercs. Trop liée au catholicisme
militant, trop compromise dans des stratégies et des moyens douteux,
lhagiographie sest souvent discréditée. Enfin,
lintérêt pour la littérature hagiographique
a longtemps pâti de la focalisation de la recherche sur les saints
eux-mêmes -ce qui, en somme, est bien naturel- et sur les manifestations
de leur culte, plutôt que sur les hagiographes et sur leurs oeuvres.
Le modèle fourni par les Acta Sanctorum, dès le premier
volume, en 1643, est de ce point de vue particulièrement éloquent.
Dans leurs dissertations historiques, les " hagiographes dAnvers
" partagent leurs efforts essentiellement entre, dune part, une
étude critique de la vie " historique " des saints, quil
faut parfois dégager dun fatras de " fables ", et, dautre
part, le répertoire des dédicaces, des patronages, des rites,
des textes liturgiques, des miracles posthumes, des reliques, des ex-voto,
des oeuvres dart, des fondations, des confréries, etc. Cet
inventaire constitue dailleurs souvent la partie la plus volumineuse
des travaux bollandiens. Prenons au hasard la notice consacrée
aux saints Crépin et Crépinien dans le tome XI dOctobre
paru en 1868. La matière, qui tient en quarante pages in-folio,
y est distribuée en 101 paragraphes numérotés. Dans
18 dentre eux, Benjamin Bossue reconstitue comme il le peut lhistoire
" réelle " des deux saints cordonniers (§§ 1-18); il y a 23 paragraphes
pour les textes liturgiques (§§ 79-101); il en faut 59 pour linventaire
consciencieux et critique des patronages, dédicaces et reliques
à Soissons, patrie des saints (§§ 20-38), et des événements
de leur histoire posthume à Rome (§§ 39-44) et à Osnabrück
(§§ 45-58), où des reliques furent transférées, ainsi
quà Soissons même (§§ 59-78). Quant à la matière
proprement littéraire, à savoir essentiellement la Passio
BHL 1990, seul un maigre paragraphe lui est consacré sous le titre
significatif Actorum aetas et meritum (§ 19). Dans les encyclopédies
modernes, comme les Vies des Saints et des Bienheureux, la Bibliotheca
Sanctorum, lHistoire des saints et de la sainteté chrétienne,
la littérature hagiographique comme telle nest très
généralement traitée, là encore, que pour
mémoire.
* * *
Comment donc définir cette littérature ? Revenons-en à
la Typologie et à lintuition qui a engagé le processus
de mise en chantier de lhistoire de la littérature hagiographique.
Dans la " Présentation ", datée de septembre 1970, qui sert
de préface au fascicule introductif de la Typologie des sources
du Moyen Age occidental, publié en 1972, L. Genicot écrivait
: " La Typologie, telle quon lentend ici, doit établir
la nature propre de chaque genre de sources (Gattungsgeschichte) et arrêter
ainsi les règles spéciales de critique valables pour chacun
" (p. 8). Les critères qui ont été utilisés
pour identifier et qualifier les genres ont été " en ordre
principal, le but pour lequel un document a été créé;
à titre subsidiaire, la forme et le contenu " (p. 9). Armés
de ces trois critères, la commission louvaniste a dressé
un tableau systématique et exhaustif de toute la documentation
médiévale, tant des " sources écrites (A) " que des
" sources non écrites (B) ". Le mérite principal de ce tableau
général de la Typologie, intitulé Classification
des sources, tient plus à sa richesse et à son exhaustivité
de principe quaux critères qui ont prévalu pour le
construire. Dailleurs les auteurs ne sillusionnaient guère
: " le lecteur sapercevra vite quun bon nombre de sources
peuvent être placées et présentées dans plusieurs
catégories " (p. 9). Selon lhypothèse louvaniste,
les " sources hagiographiques " constituent donc un " genre ". Dans le
corpus général des " sources écrites (A) ", elles
ont été classées parmi les " sources spirituelles
", à savoir une des quatre branches (D) des " sources relatives
à la vie religieuse et morale (VI) ". Cest, dans cet édifice
conceptuel, une place plutôt arbitraire, " les Vitae Sanctorum [relevant]
simultanément et à des degrés divers selon les cas,
de la liturgie, de la spiritualité, de la théologie, de
lhistoire et même de la littérature " (p. 9). Si la
Typologie, qui a déterminé notre projet, continue den
constituer la ligne dhorizon, nous nen avons pas moins abandonné
les critères de but et de forme pour la définir. Pour nous,
la littérature hagiographique, cest tout simplement celle
qui est consacrée aux saints. Elle se définit donc exclusivement
par son " objet ", ou son " contenu ", quelles que soient les différences
" de genre littéraire " et dusage qui puissent distinguer
les oeuvres entre elles. Seule restriction, nous ne retiendrons ici de
cet immense corpus hétérogène que lhagiographie
historiographique. Elle sera réputée telle pourvu que, par
la narration, la description, la discussion critique, léloge,
les considérations générales, le rappel dévénements
ou de faits du passé, elle contribue à la construction de
la mémoire historique du saint. A ce titre, elle doit sans conteste
être intégrée dans le corpus de la littérature
historiographique générale : elle est souvent documentée,
critique à la manière dautrefois, soucieuse de prouver,
intéressée par les problèmes de chronologie, entreprise
pour arracher le passé aux griffes de loubli, ce brouillard
(nebula), cette marâtre (noverca), et pour donner à lhomme
ce qui le distingue de la brute, la mémoire de son passé.
Si elle se différencie des autres oeuvres dhistoire, ce nest
ni, comme on pourrait le croire, par son souci moral d" édifier
", que ne dédaignaient ni les historiens ni les jongleurs, ni par
sa crédulité ou son goût pour le merveilleux et lexotique,
mais par les enjeux quelle engage. Limportance du saint dans
lunivers des représentations médiévales est
devenu un truisme de lhistoriographie contemporaine. Figure emblématique,
qui appartient à la fois au ciel, par son triomphe posthume, et
à la terre, par lintermédiaire principalement de ses
reliques, le saint " littéraire " exerce les quatre fonctions de
modèle moral, de héros auquel sidentifier dans limaginaire,
dintermédiaire actif entre le ciel et la terre, de figure
dun groupe. Il joue, ce faisant, un rôle majeur dans la société.
La littérature hagiographique tire sa dignité et sa " reconnaissance
sociale " de ce rôle, en même temps quelle est destinée
à le servir. Lhagiographie historiographique sest exprimée
principalement dans les passions, consacrées au récit de
la mort des martyrs, dans les biographies, dans les anecdotes édifiantes
ou " utiles à lâme ", non miraculaires (comme dans
les Vitae Patrum), dans les récits miraculaires et dans les histoires
de reliques (inventiones, translationes, adventus, elevationes, circumlationes...).
Cette hagiographie historiographique sinfiltre jusquau coeur
de pièces spécifiquement liturgiques, comme les séquences
voire des préfaces de la messe, ou se cache sous des déguisements
poétiques. Même si, sous ces formes, elles relèvent
en principe de notre Histoire, elles ne seront traitées, à
quelques exceptions près, que dans le volume alphabétique
complémentaire dont il sera question plus loin. Par contre, nous
exclurons expressément de notre projet, en vertu de notre critère
de sélection, les traités liturgiques, les prières,
les serments, les dictons, les litanies, les calendriers, les oraisons,
les bénédictions, tous ces morceaux généralement
mineurs qui, en raison de leur " objet ", doivent être, eux aussi,
qualifiés dhagiographiques, mais nont pas de prétentions
historiques. Nous exclurons aussi et a fortiori ces textes de la liturgie
du sanctoral qui nont avec lhistoire des saints et de leurs
reliques que des rapports accidentels, comme les homélies scripturaires
destinées à leur fête et, en général,
tous les morceaux non commémoratifs de la messe ou de loffice.
Littérature historique consacrée aux " saints " ? Le concept
de " saint " ne pose pas, en loccurrence, de gros problèmes.
Il convient seulement de signaler quelques usages marginaux, qui vont
du trivial au sublime en passant par le simplement édifiant. Lusage
trivial est celui qui en a été fait pour créer des
personnages de la parodie comme saint Nemo, dont le nom entretient toutes
les ambiguïtés sur ce que le saint fait ou ne fait pas, dit
ou ne dit pas, peut ou ne peut pas, doit ou ne doit pas, ou le saint Bacchus
dans le Martyre duquel Geoffroi de Paris, au début du XIVe s.,
évoque la passion de la vigne et du raisin. Dans le registre de
lusage simplement édifiant, mentionnons dabord les
" Pères du désert ", pour la plupart sans culte, mais dont
les prouesses ascétiques ou les propos sentencieux ainsi que la
parenté spirituelle avec des saints canoniques comme le grand Antoine,
ont fait des modèles pour des générations de novices
et de religieux jusquen plein coeur du XXe siècle; puis les
cohortes de religieux, cisterciens, franciscains, dominicains, mis en
scène dans les collections qui se multiplient à partir du
XIIIe s., et qui doivent à leur appartenance à un " saint
ordre " et aux actes exemplaires quils ont posés, une manière
dinsidieuse assimilation aux saints; enfin quelques héros
de biographies édifiantes semblables à sy méprendre
à des hagiographies, et entrés souvent grâce à
cela, mais de manière subreptice et tardive, dans le choeur des
saints, comme Thierry de Metz. Occupant une place incertaine dans la hiérarchie
sacrée, quelques personnages vétéro-testamentaires,
comme les Macchabées et quelques patriarches, ont tenté
les hagiographes mais leur présence est discrète. Reste
lusage sublime, qui fait descendre Jésus parmi ses saints
: en témoignent les histoires de reliques qui ont conduit les Bollandistes
à créer dans la Bibliotheca Hagiographica Latina une rubrique
Iesus Christus, sous laquelle sont enregistrés principalement des
récits relatifs à ses reliques, celles de son corps (sang,
prépuce, larmes), celles de la croix, des clous, de la couronne
dépines, des vêtements, du suaire, mais aussi des miracles
iconiques et eucharistiques. En rejetant de leur répertoire les
évangiles apocryphes autant que les canoniques, ils ont sans doute
voulu éviter des accusations et des tracasseries qui neussent
pas manqué à lépoque difficile de leur histoire
où ils firent paraître leur répertoire.
* * *
Toute cette littérature peut être accueillie dans notre
corpus, qui nest pas pour autant illimité dans le temps et
dans lespace. Sans doute, idéalement, eût-il fallu
ne pas mettre de terme final à cette histoire et la pousser jusquà
nos jours. Mais, même si, dans la dernière décennie,
quelques excellents travaux ont été consacrés au
culte des saints après le Moyen Age, lhagiographie littéraire
" post-médiévale " na pas encore été
suffisamment saisie par la recherche; la difficulté de trouver
des collaborateurs eût sans doute constitué un handicap insurmontable.
Au moins la frontière classique entre Moyen Age et Temps Modernes
a-t-elle été franchie et nous sommes-nous ainsi aventurés
dans le XVIe siècle qui est sans doute, avec le XVIIIe, une des
périodes les moins connues de lhistoire de la littérature
hagiographique. Si lépoque, suffisamment élastique,
du Concile de Trente a été prise comme terme, cest
faute de mieux, car la question est aujourdhui posée : quand
et où dans la transition vers lère baroque les nouveautés
se produisent-elles ? Et comment ? Dans lespace : lOccident.
A savoir la chrétienté romaine, ou post-romaine; mieux,
le monde du latin liturgique et culturel. Ses frontières orientales,
mises à part les éphémères implantations latines
dOrient, descendent du golfe de Finlande à Dubrovnik; celles
du Midi courent de la Tripolitaine à lAtlantique. Et, à
lintérieur de cet espace, toutes les langues et pas seulement
la latine. Jusquici les relations entre les latinistes et les "vernaculaires"
sont rares; les orientations et les résultats des recherches ne
sont généralement connues quà lintérieur
des spécialités respectives. Les hagiographes dautrefois,
quelle que soit leur langue, nappartenaient-ils pas au même
monde ? Et que dire du cloisonnement plus étanche encore qui isole
les uns des autres les historiens des différentes littératures
vernaculaires. "Romanistes", "celtisants", "germanistes", "slavisants"
ne communiquent généralement quà lintérieur
de leur propre cercle. Cest la première fois que latinistes
et "vernaculaires" de toutes les langues occidentales sont conviés
à oeuvrer ensemble, non pas, dans un premier temps, pour dialoguer,
mais pour faire connaître, à lintérieur dun
même corpus, les littératures de leur domaine propre. Mais
alors, pourquoi ne pas avoir ouvert davantage encore lespace ? Pourquoi
navoir pas intégré Byzance et lOrient ? La question
de la circulation des textes à travers toute la chrétienté,
de lAtlantique à la Perse ou à lÉthiopie
nest-elle pas un des sujets les plus excitants ? Des entreprises
comme létude exemplaire de la légende de Pélagie
la pénitente nont-elles pas précisément attiré
lattention des chercheurs sur ce patrimoine commun qui permettait
à un chrétien dentendre la même légende
en Irlande et dans le Caucase ? La littérature hagiographique nest-elle
pas un excellent témoin des évolutions, qui éloigneront
de plus en plus lune de lautre les Europes orthodoxe et catholique
et, à ce titre au moins, ne fallait-il pas faire dialoguer orientalistes,
byzantinistes et latinistes ? Sans doute. Mais à vouloir trop entreprendre,
on risquait de tout manquer. Dailleurs, comme nous le verrons tout
de suite, la conception même de notre histoire, segmentée,
autorisait cette exclusion, idéalement toute provisoire. Quoi quil
en soit, dans le cadre de ce livre, lOrient ne sera présent
que par les traductions, qui, jusquau Xe siècle au moins,
auront une influence décisive dans le monde latin.
* * *
Une fois isolé le corpus, il restait à en prendre possession
par la lecture : tout lire ou relire, pour boire aux sources et en retrouver
la saveur originelle. Sans perdre le contact conscient avec les théories
et les concepts mais en les fragilisant au maximum pour donner toute chance
à de nouvelles idées, éventuellement plus adéquates,
de se former. Nous avons voulu agir comme des voyageurs éclairés,
conscients que lenchantement des découvertes pourrait bouleverser
les images préfabriquées, les idées reçues,
et rafraîchir des questions et des réponses probablement
empoussiérées. Invités à tout reprendre ab
ovo, cest-à-dire à nesquiver aucune des requêtes
critiques de base, ni linventaire du corpus, ni les questions singulières
de date, de provenance, dattribution, de destination, ni les idées
générales dordre textuel, littéraire ou culturel,
les collaborateurs devaient être confrontés à des
masses littéraires dont le poids ne fût pas trop insupportable.
Cest en fonction de cette exigence que la matière fut répartie
en unités chronologiques et géographiques réduites.
Celles-ci devaient être nécessairement dampleurs variables,
dans le temps et dans lespace, et de poids littéraires différents,
selon les régions, les époques et les langues : lhagiographie
de lOrient latin à lépoque des croisades, telle
quelle nous est parvenue, natteint ni en quantité ni
en diversité le niveau de lhagiographie lotharingienne des
Xe et XIe siècles. Les modules conçus au départ durent
çà et là être divisés en raison de lampleur
mal évaluée de la matière. La longueur des contributions
dut être adaptée en fonction de labondance des oeuvres
et de létat de la recherche. Le découpage général
du temps a obéi à une périodisation assez conventionnelle.
Les points de repère retenus ont été ceux de la Paix
constantinienne, de lavènement des Carolingiens, des réformes
clunisienne, cistercienne, franciscano-dominicaine, de la catastrophe
démographique du milieu du XIVe siècle, de la fin de la
crise conciliaire, enfin du Concile de Trente. En bref, huit grandes périodes
ont été définies, qui pour la commodité sont
désignées ici par des dates arrondies :
- I. Jusquà 314,
- II. De 314 à 750,
- III. De 750 à 950,
- IV. De 950 à 1120,
- V. De 1120 à 1220,
- VI. De 1220 à 1350,
- VII. De 1350 à 1450,
- VIII. De 1450 à 1550.
Ce cadre général vaut essentiellement pour le Continent,
les Îles britanniques ayant été soumises à
dautres rythmes, notamment linguistiques. Et pour les espaces plus
confinés, moins peuplés, ou tard occupés par la culture
écrite, nombre de ces divisions sont inutiles. Pour la Hongrie,
pour la Croatie et la Slovénie, pour la Bohême et la Moravie,
pour la Pologne, pour le Portugal, pour les pays scandinaves et pour lIslande,
pour lÉcosse, et même pour la féconde Irlande,
la littérature, des origines à 1550, sera traitée
dans un chapitre unique, dont les divisions répondront aux exigences
propres de chacun de ces ensembles. En Europe, la distribution spatiale
sest faite sur base de critères linguistiques. Pour la Northumbrie,
la Hesse, la Toscane, lAnjou ou la Castille, sises au coeur de leurs
aires respectives, lopération est facile. Mais en Lotharingie
ou plus généralement aux confins romano-germaniques du Nord,
où les les aires linguistiques ne coïncident ni avec les frontières
politiques, ni avec les divisions ecclésiastiques, notre géographie
paraît mal adaptée. Grâce à la concertation
entre les collaborateurs, des accommodements ont pu être trouvés.
* * *
Même en préférant les vertus de la synchronie et
des unités géographiques, nous ne voulions pas renoncer
purement et simplement à celles de la diachronie et des études
thématiques ou typologiques. Neût-ce pas été
particulièrement paradoxal, voire provocateur, en une matière
où la tradition joue un rôle majeur, où les structures
littéraires se perpétuent à travers les siècles,
où les conventions sont de règle, où métaphores,
bouts de phrases, paragraphes, chapitres entiers glissent sans cesse dune
oeuvre à lautre ? Il ne fallait donc pas que, démembrée
dans lespace, segmentée dans le temps, morcelée sans
respect pour les " sous-genres ", notre Histoire stérilisât
pour autant les questions générales sur lhagiographe
dans la société antique et médiévale; elle
eût perdu, même par rapport à dautres histoires
littéraires classiques, le bénéfice du comparatisme,
cher à E. Curtius. Cest pour relever le défi qua
été prévu au programme un volume alphabétique
complémentaire. Conçu comme un index développé,
il reprendra précisément, de manière transversale
et synthétique, les problèmes typologiques tels que lhagiographie
dominicaine ou épiscopale, les passions ou les abbreviationes,
les traductions ou les versifications, les prologues ou les lettres de
dédicace. Grâce à cela, pour ne retenir que cet exemple,
Jacques de Voragine, qui, avec Barthélemy de Trente, aura été
traité dans lhistoire de la littérature italienne
du XIIIe s., reviendra ainsi, dans larticle consacré aux
abbreviationes, en compagnie de Jean de Mailly et de Vincent de Beauvais,
ses modèles français, et de lAllemand Bernardus Rufus,
le plus ancien abréviateur dont le nom nous soit connu. Mais lindex
accueillera aussi des notices sur des hagiographes ou des oeuvres qui
auront été négligés dans le corps du livre;
ainsi que des articles récapitulatifs sur des matières qui,
en raison des critères de répartition, auront été
dispersées dans des chapitres différents, comme, sur lhagiographie
liégeoise dans son ensemble. Les index énuméreront
par ailleurs et entre autres, dans lordre alphabétique des
noms des saints, tous les dossiers hagiographiques conservés, en
recourant pour les textes latins au numérotage de la Bibliotheca
Hagiographica Latina. Toutes les oeuvres hagiographiques, latines et vernaculaires,
seront donc ainsi répertoriées sommairement, comme dans
une Clavis, avec, pour toute bibliographie, les références
requises au corps de louvrage. Il apparaîtra alors clairement
quune bonne partie du corpus littéraire aura échappé
aux mailles du filet, principalement ces innombrables textes qui, faute
de critères suffisants, ne sont ni datés ni localisés
et nauront donc été traités nulle part. Ainsi
dûment répertoriés, ils seront directement offerts
à la curiosité des chercheurs.
* * *
Notre Histoire fait partie dun ensemble plus vaste. Les liens quelle
entretient avec la Typologie en témoignent déjà.
Mais trois autres projets domiciliés au Département dHistoire
des Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix et menés
de concert avec Michel Absil, Paul Bertrand, François De Vriendt,
Bénédicte Legrain et Michel Trigalet et avec laide
aussi de nombreux étudiants, sont coordonnés à lHistoire
et à la Typologie. Tous trois se situent dans les fondations mêmes
de lédifice de la recherche. Quil suffise ici de les
définir sommairement et den montrer quelques applications
possibles. Le projet Index BHL, qui a déjà abouti et est
soumis actuellement à des relectures critiques, est une banque
générale des données géographiques, chronologiques,
typo-hagiographiques et littéraires contenues dans la Bibliotheca
Hagiographica Latina. Au gré des requêtes du chercheur, elle
pourrait lui fournir la liste chronologique et géographique des
saints évêques dItalie dotés dun dossier
littéraire, celle des passions des martyrs de la persécution
de Dioclétien, celle des saints lorrains toutes époques
confondues, ou toute autre information analogue. La banque Légendiers
latins, coordonnée à la précédente et entreprise
grâce à un crédit du Fonds National de la Recherche
Scientifique de Belgique, reprendra lensemble des données
des catalogues des manuscrits hagiographiques latins, en commençant
par ceux quont publiés les Bollandistes. Cet instrument,
dont la conception a occupé Paul Bertrand et Michel Trigalet, durant
le premier semestre de lannée en cours, est déjà
opérationnel pour la matière dune vingtaine de bibliothèques.
Il permettra, par exemple, didentifier, par siècles et par
régions, les dossiers hagiographiques qui ont connu le plus de
succès, de mesurer très précisément laudience
de la littérature martinienne, de repérer les lieux et le
moment de lépanouissement de lhagiographie mariale,
de documenter lengouement pour les saints Jérôme et
Catherine à lépoque du premier humanisme, de répondre
aux questions relatives à la diffusion des Vies des saints militaires.
Quant au troisième projet, Latinitas Hagiographica, il est en chantier.
Conçu pour être réalisé avec laide du
Laboratoire danalyse statistique des langues anciennes (LASLA) de
lUniversité de Liège, il a pour objet une analyse
statistique exhaustive de la syntaxe et du lexique dun important
échantillon doeuvres hagiographiques. Il donnera des moyens
nouveaux pour létude des textes : la langue de chacun dentre
eux pourra être caractérisée par rapport aux moyennes.
Ainsi, chaque oeuvre pourra être fixée sur une échelle
déterminant son degré de complexité syntaxique ou
de richesse lexicale. Idéalement, des styles et des pratiques pourront
être identifiés et qualifiés. Reliées aux données
rassemblées dans les deux autres banques, ces analyses statistiques
devraient permettre en outre et entre autres une étude comparée
des latinités germanique et romane, ou une histoire des variations
de la virtuosité littéraire au fil des siècles ou
selon les régions. Faut-il préciser que, ces travaux menés
à leur terme, nous serons seulement à pied doeuvre.
Nous aurons fourni, nous lespérons, les matériaux
dune recherche renouvelée sur les hagiographes, lettrés
souvent modestes et généralement absents des devants de
la scène sur laquelle ils font parader leurs héros. Si leur
littérature sert depuis toujours à lhistoire des saints,
et depuis bien plus longtemps quon le dit parfois, à lhistoire
des sociétés, eux-mêmes nont jamais fait lobjet
dune recherche systématique. Or, ils ont été
très prolifiques, interminablement bavards; ils se sont expressément
confessés ou ingénument trahis à longueur de pages,
et constituent du coup un des groupes les mieux documentés de la
chrétienté occidentale. Microcosmes de leur temps, ils doivent
aujourdhui retenir lattention des chercheurs. Nous pouvons
reconstituer leurs problèmes éthiques : les idées
quils se faisaient ou voulaient donner de la mission dun lettré,
leurs conceptions de lobjectivité, la conscience quils
pouvaient avoir dêtre des menteurs et des tricheurs pour la
bonne cause, leur morale de lanonymat. Étudier leur théologie
traversée de paradoxes : déchirée entre lexaltation
dun Dieu unique agent des destinées et celle de héros
surhumains arrachant leur récompense céleste au prix de
prouesses invraisemblables; partagée entre la magie, le ritualisme,
et la découverte de lintériorité; attachée
à inventorier les rapports du ciel et de la terre; construite (toujours
?) sur lidée que les saints sont autant de christophanies.
Évaluer leur culture, leurs principes littéraires et leurs
moyens : le poids des modèles, la fascination devant le merveilleux
raffiné et subtil des légendes orientales, la concurrence
des littératures orales profanes, mythes, contes, fabliaux, romans,
biographies séculières, etc., la capacité - perdue
pour longtemps à lépoque de la conquête barbare
- dêtre abstrait, de développer un récit avec
une certaine ampleur, ou de retracer les péripéties intérieures
qui conduisent à une conversion. Découvrir la genèse
et la diffusion des métaphores hagiographiques, des lieux communs,
linvention des techniques au fil des siècles. Découvrir
les objectifs avoués ou non qui sont de tous ordres et pas seulement
" édifiants " : littéraires ou didactiques, liturgiques
ou pastoraux, économiques ou politiques, polémiques ou scientifiques,
juridiques ou doctrinaux; toujours historiques quoi quil en soit.
Apercevoir le réseau dans lequel cette littérature prend
corps et son rôle dans la construction de lordre social ou
clérical; le monde des commanditaires, laïques ou clercs,
mais aussi celui, multiforme et omniprésent, des lettrés
narquois ou franchement hostiles, du petit peuple incrédule, des
esprits forts, habiles à dénoncer la supercherie, dun
public souvent fatigué, auquel manque le pouvoir de concentration
intellectuelle et auquel il faut toujours éviter le taedium des
textes trop longs. Répertorier les formes et limpact culturel
de la communication, orale et écrite, publique ou privée,
dans les communautés ecclésiastiques, chez les princes,
ou dans les auditoires de paroisses. Identifier enfin le statut, le crédit,
la " reconnaissance sociale " des hagiographes, de leur littérature
en général et des différentes formes quelle
a revêtues : évaluations différenciées, au
fil des siècles et selon les milieux, de lécrit et
de loral, du latin et du vernaculaire, de lancien et du moderne,
du lointain, plus facilement merveilleux, et du proche occidental. Quelle
que soit la stature objective de lécrivain, loeuvre
hagiographique dun Jérôme, dun Sulpice Sévère,
dun Bède, voire des auteurs anonymes des Passions les plus
fabuleuses, pèse dun autre poids social que la belle Vita
S. Anskarii de Rimbert, que la surprenante Vita S. Meinwerci, que la Vita
S. Malachiae due à la plume pourtant prestigieuse de Bernard de
Clairvaux et même que la superbe Legenda trium sociorum consacrée
à François dAssise. La liste des tâches dune
autre histoire des hagiographes pourrait se poursuivre. Elle risque de
donner à celle que nous commençons de publier aujourdhui
des allures un peu frileuses, en raison de ses orientations : insistance
sur les tâches primaires de lérudition littéraire
(dater, localiser, attribuer...); préférence accordée
au cloisonnement spatio-temporel; discrétion de son programme en
matière dhistoire culturelle générale; refus
de poser dentrée de jeu les questions critiques relatives
aux genres littéraires; absence, non dépourvue de coquetterie,
de concepts élaborés dans les ateliers des sciences humaines.
Chaque chose en son temps. Lérudition classique nempêchera
pas, on sen apercevra, des aperçus anticipatifs sur lautre
histoire. Coordonnée aux autres projets, elle jouera, pour les
chercheurs, le rôle indispensable de guide dans lunivers encore
opaque des grands et petits lettrés de lhagiographie, et
de leur innombrable public.
* * *
En 1989, nous espérions pouvoir publier en une seule fois lensemble
des chapitres dans lordre systématique qui avait été
prévu. Il savéra assez vite que cet espoir relevait
de lutopie. Cest à la fin de 1993 que la décision
fut prise avec léditeur de ne pas postposer davantage la
publication des chapitres achevés, dont lun nous était
parvenu depuis deux ans déjà. Dans un livre qui ne se prête
pas à une lecture continue, les inconvénients sont mineurs;
dailleurs, pour les compenser, la table des matières de chacun
des volumes couvrira lensemble de la matière, des artifices
typographiques et des indications précises permettant de distinguer
les unes des autres les parties déjà traitées, celles
du second volume et celles des volumes suivants. Dans le corps de louvrage,
des cartes accompagneront la plupart des chapitres. Ce sont de simples
cartes de localisation, dressées, sur base des recherches de François
De Vriendt et de Bénédicte Legrain. Elles ont été
réalisées par Francis Vallette, à latelier
de dessin des Facultés de Namur; la plupart à partir du
logiciel Canvas, qui nétait sans doute pas le mieux approprié
à notre projet. Un travail plus complexe de géographie historique
et dhagio-géographie, dont les résultats paraîtront
avec les index typologiques, géographiques et chronologiques de
la Bibliotheca Hagiographica Latina, est sur le métier. Les éditions
des textes latins ne seront généralement mentionnées
quindirectement, moyennant des références à
la Bibliotheca Hagiographica Latina Antiquae et Mediae Latinitatis, que
les Bollandistes ont fait paraître au début du siècle,
et au volumineux supplément de près de 1.000 pages publié
en 1986 par H. Fros, sous le même titre, suivi de Novum Supplementum.
Étant donné que chacune des deux publications supposent
lautre, et quelles forment ensemble un tout homogène,
elles seront désignées, lune et lautre, par
le seul sigle BHL. La présentation des contributions na été
que partiellement uniformisée. Lexpérience aidant,
elle le sera davantage dans les volumes suivants.
* * *
En une matière où la litanie est un genre traditionnel
et sacré, la simple énumération de ceux qui ont participé
aux réunions préparatoires ou contribué à
la réalisation du premier volume ne paraîtra pas déplacée.
Elle exprimera la gratitude et servira de mémoire, mettant sur
le même pied, avec une pieuse discrétion, les participants
de nos réunions de 1986-1989, quils aient été
simples observateurs ou rapporteurs, les initiateurs, proches ou lointains,
du projet, les conseillers, occasionnels ou réguliers, et les gestionnaires
au quotidien : Paul Bertrand, Emmanuel Bodart, Pierre Boglioni, Alain
Boureau, Robert Bultot, François De Vriendt, Egidius Dekkers, Myriam
Despineux, Paul Devos, Alain Dierkens, François Dolbeau, Baudouin
de Gaiffier (+ 1984), Léopold Genicot, Martin Heinzelmann, Deug-Su
I, Luc Jocqué, Bénédicte Legrain, Claudio Leonardi,
Colette Muraille, Jacques Noret, René Noël, Michel Trigalet,
Joseph van der Straeten, Daniel Van Overstraeten, Marc van Uytfanghe et
André Vauchez. Cette savante et aimable cohorte de nouveaux hagiographes
précède celle des auteurs dont les noms défileront
au long des chapitres. Lun dentre eux, Jean-Charles Picard,
auquel était naturellement échue lhagiographie de
lItalie septentrionale du VIIIe au Xe siècle, est mort prématurément
au début de lété 1992. Que sa mémoire
soit amarrée à loeuvre quil na pu accomplir
!
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