H A G I O L O G I A


Litterae
Hagiologicae

Bulletin d’Hagiologia, Atelier belge d’études sur la sainteté
Aflevering van Hagiologia, Belgische Werkgroep voor Hagiologisch Onderzoek

2 (1996)


Publié et diffusé par les Éditions Brepols
Druk en verspreiding door de Uitgeverij Brepols
Steenweg op Tielen 68
B - 2300 Turnhout

Sommaire

Séances d’Hagiologia : résumé des communications

1. Travestissement et sainteté féminine dans l’hagiographie orientale (IVe-VIIe s.)
2. De Vita van Sergij van Radonez. Een Nederlandse vertaling


Le traitement et l’étude des textes hagiographiques à l’ARTEM

1. Petite " Histoire " de l’ARTEM
2. Bilan de la recherche sur les textes hagiographiques
3. Projets d’avenir et exploitation des gisements documentaires


Mémoires et thèses (II)

Programme de la quatrième séance d’Hagiologia

Litterae Hagiologicae est édité par
Hagiologia
Atelier belge d’études sur la sainteté
Belgische Werkgroep voor hagiologisch Onderzoek

Président : Paul Bertrand Quai Mativa, 24, Bte 14 B-4020 LIÈGE Tél./Fax +32 (0)4 343 64 34

Secrétaire : Michel Trigalet Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix Faculté de philosophie et lettres Rue de Bruxelles, 61 B-5000 NAMUR Tél. +32 (0)81 72 40 10 - Fax +32 (0)81 72 42 03 E-mail Philo-Ha@fundp.ac.be ou Philo.Histoire1@fundp.ac.be

Comité : Katrien Heene Anne-Marie Helvétius Xavier Hermand


Séances d’Hagiologia
Résumés des communications

     On trouvera ici les résumés de conférences données lors des séances de travail organisées par Hagiologia le 8 novembre 1995 à l’Université libre de Bruxelles et le 22 mai 1996 à l’Universiteit Gent.

1. Travestissement et sainteté féminine dans l’hagiographie orientale (IVe-VIIe s.)*

Nathalie Delierneux

     Si le prototype des travesties chrétiennes est Thècle, au IIe s. après J.-C., le motif du travestissement hagiographique féminin, quant à lui, remonte très certainement à une origine antérieure : outre les parallèles parfois audacieux déjà avancés par certains auteurs modernes , il faut aussi noter les ressemblances troublantes que certaines légendes mythologiques classiques présentent avec les récits des travesties . Cependant, les raisons qui mènent des saintes à se travestir sont bien spécifiques.

     Dès l’Antiquité, la virilité est associée aux valeurs positives et célestes et est considérée comme le synonyme de courage, qualité propre aux mâles. Dans la conception chrétienne, c’est la virginité qui va être exaltée comme le meilleur moyen d’atteindre la virilité parfaite : la vierge a vaincu sa naturelle infériorité féminine, par le renoncement à la sexualité qui est le symbole même de la féminité. Suite à cette conception de la virilité virginale, le principal but du travestissement, clairement énoncé dans les textes, est le désir de fuir le mariage — ou un prétendant — pour préserver sa virginité ; mais on peut également déceler une mise en relation du travestissement avec le baptême et avec le martyre — physique ou spirituel ; enfin le travestissement exprime encore le désir de réaliser déjà sur terre l’asexualisaton angélique céleste grâce à 1’ " eunouchia " du corps et de l’esprit .

     Les autorités religieuses vont tenter de mettre fin au travestissement féminin, sur base de Deutéronome XXII, 5 ; de même, les autorités impériales condamnent ce genre de pratiques, prônées au IVe s. par un grand nombre d’hérésies. Pour éviter tout reproche, les auteurs des Vies justifient le comportement de leur héroïne dans ce qu’il a de plus condamnable : la fuite du mariage, de la famille et le travestissement lui-même ; ce dernier principalement sur deux tableaux : les signes divins qui viennent le confirmer et l’autorité religieuse des complices éventuels de la sainte.

     Ces justifications des hagiographes ne sont certes pas identiques dans tous les récits : l’examen plus détaillé des divers efforts des auteurs suggère que l’intensité de leurs tentatives — ou leur absence — dépend souvent pour une bonne part des contraintes de leur propre époque. Par exemple, on remarque qu’aux Ve et VIe s., les justifications données par les auteurs aux actes des saintes s’intensifient et se précisent fortement en même temps qu’elles se diversifient ; c’est particulièrement à cette époque que les auteurs justifient la fuite des saintes par le refus du mariage par amour de la virginité, un fait qui s’explique par les tensions de l’époque entre clergé et partisans du monachisme, chacun des deux groupes désirant détenir la primauté sur l’autre, notamment lors des querelles religieuses nestorienne et monophysite. Même des textes aussi idéalisés que les récits hagiographiques trahissent indirectement leur cadre politique et historique ; ils nous permettent en outre de cerner d’un peu plus près le fossé existant entre les ordonnances officielles théoriques et leur mise en pratique effective parmi la population, entre les normes religieuses définies par l’Église et les aspirations ferventes de certains chrétiens, encouragées d’ailleurs par l’ambiguïté de ces normes elles-mêmes.

     Le thème de la virilité féminine n’a certes pas été exploité uniquement dans les domaines classique et byzantin et c’est probablement au monde indo-européen que remonte la figure de la femme virile et travestie. Une étude en ce sens ne manquera certes pas d’intérêt, pour essayer de pénétrer plus avant dans le monde complexe de la confrontation des sexes.

2. De Vita van Sergij van Radonez.
Een Nederlandse vertaling

Paul Van Bouchaute

1. Een Nederlandse vertaling van de Vita van Sergij van Radonez : een persoonlijke uitdaging
2. Historische achtergronden van de Vita
3. Biografie en betekenis van Sergij van Radonez
4. Het probleem van de datering
5. Tekstgeschiedenis van de Vita
6. De redactie van Epifanij de Wijze
7. Vertalingen van de Vita
8. Onze vertaling van de Vita
In het kader van de studie in de Slavische filologie (RUG 1993) niaakte Paul Van Bouchaute een Nederlandse vertaling van de Vita van Sergij van Radonez (1314-1392) op basis van de bewerking door Pachomios de Logotheet van de versie van de tekst van Epifanij de Wijze.
De uiteenzetting beoogt een voorstelling van de historische achtergronden van deze belangrijke Vita en een overzicht van allerlei hagiografische, filologische en stilistische aspecten, die voor de vertaler vaak specifieke problemen opleverden.

Le traitement et l’étude des textes hagiographiques à l’ARTEM

(Atelier de recherche sur les textes médiévaux et leur traitement assisté)

     L’étude des textes hagiographiques a commencé à l’ARTEM il y a de nombreuses années déjà, dans le cadre d’un séminaire dirigé par Michel Parisse, où furent traduits et commentés des extraits de vitae et de miracula de saints lorrains : c’est donc par une petite porte annexe que l’hagiographie est entrée dans ce laboratoire du CNRS, car ces textes étaient alors avant tout matière à une pratique du latin médiéval. Les choses ont changé depuis ce moment des origines, en fonction du développement du laboratoire et de l’évolution des recherches, et les textes hagiographiques sont maintenant au programme de deux Ateliers, comme thème principal pour l’un (Atelier des Textes Monastiques), comme thème secondaire pour l’autre (Atelier Vincent de Beauvais). Nous remercions l’Atelier belge d’études sur la sainteté de nous prêter amicalement ces pages pour présenter nos réalisations anciennes, nos projets, et les outils que nous pouvons mettre à la disposition des chercheurs intéressés.

1. Petite " histoire " de l’ARTEM

     Un Centre de Recherches et d’Applications Linguistiques est né à Nancy en 1966 de la volonté du Doyen Jean Schneider de développer la recherche sur les textes grâce aux outils nouveau-nés de la science informatique. Du côté des recherches historiques, le premier Atelier fut celui des Textes diplomatiques qui a pour tâche l’étude du vocabulaire et de la langue des textes diplomatiques du Moyen Âge, et s’est consacré d’abord à l’étude des Actes originaux conservés en France jusqu’en 1120 (sous la direction de Michel Parisse puis de Benoît Tock). Vinrent s’y adjoindre en 1974 l’Atelier Vincent de Beauvais (sous la direction de Jean Schneider, d’Hélène Naïs puis de Monique Paulmier-Foucart), où est étudiée la " Grande Encyclopédie " du Moyen Âge latin, le Speculum maius de Vincent de Beauvais (1244/1254), puis en 1986, l’Atelier des Textes Monastiques (dirigé par Dominique Iogna-Prat puis par Monique Goullet), et enfin en 1994 l’Atelier de Prosopographie et d’histoire sociale (dirigé par Pierre Pégeot). Pierre Pégeot, succédant à Michel Parisse, est le Directeur de l’ARTEM.
     Cette présentation correspond à la réalité hic et nunc : l’ARTEM est actuellement un laboratoire de recherche de l’Université de Nancy II, associé au CNRS (URA 1006) ; mais les laboratoires de Sciences humaines sont en cours de restructuration, par accord entre le CNRS, le Ministère de l’Éducation nationale et les Universités : une nouvelle forme administrative (gérant un ensemble plus large d’équipes de recherche, avec de meilleurs moyens communs) sera prochainement mise en place, sans affecter les programmes de recherche décrits ci-dessous.

     L’Atelier des Textes Monastiques et l’Atelier Vincent de Beauvais sont directement concernés par la recherche sur les textes hagiographiques, qu’ils prennent à des époques différentes de leur production — à savoir le temps de l’origine pour le premier, et, pour le second, le temps de la legenda nova, grande entreprise d’abbreviatio des textes au XIIIe siècle. Leur vocation commune étant l’analyse et le traitement des textes médiévaux, la mission de ces deux ateliers est de rassembler, pour les textes qui sont objets de leur travail, des ensembles documentaires qu’ils mettent à la disposition des chercheurs intéressés : documentation photographique, microfilms, bases de données textuelles fournissant indices et concordances, sorties d’ordinateur (en attendant une possible constitution de corpus textuels et documentaires sur CD-ROM et/ou la mise en réseau Internet).

     L’ARTEM a bénéficié, pour la mise au point de ses programmes informatiques, de l’aide de l’INALF (Institut National de la Langue Française, laboratoire propre du CNRS, Nancy). Le logiciel de sa base de données a été mis au point par Jacques Dendien, ingénieur CNRS, pour la base Frantext de l’INALF ; il a été adapté au traitement des textes latins et aux besoins spécifiques de nos traitements historiques par Pierre Bichard-Bréaud, Ingénieur d’Études CNRS.

     Dès l’origine, les projets de l’ARTEM ont impliqué une collaboration suivie avec d’autres équipes nationales et internationales (sans parler des relations ponctuelles et personnelles entretenues par les chercheurs). En ce qui concerne l’hagiographie, des collaborations suivies sont établies avec l’Institut de recherche et d’Histoire des Textes (Paris), l’Institut Historique allemand (Paris), le Centre de Recherches Historiques de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (Paris) ; des relations plus récentes, mais qui devraient s’avérer fructueuses, ont été nouées avec les Bollandistes de Bruxelles et l’équipe de Guy Philippart à Namur.

     L’intérêt de la coexistence, au sein d’un tel laboratoire, d’équipes à activités variées, mais à structure et équipement communs, est de situer les textes hagiographiques dans un ensemble historique, littéraire et linguistique plus vaste, en permettant de la façon la plus simple et la plus directe leur confrontation avec les textes diplomatiques et les questions d’histoire sociale.

2. Bilan de la recherche sur les textes hagiographiques

a) Atelier des Textes Monastiques

     Cet atelier a été créé en 1986 pour s’occuper du traitement et de l’analyse de la documentation narrative, liturgique et diplomatique des établissements monastiques de Francie occidentale du IXe au XIIe siècle. Son centre d’intérêt principal a d’abord été la Bourgogne, et en particulier Cluny, pour lequel l’objectif était de disposer d’un thesaurus complet du vocabulaire clunisien, grâce à l’enregistrement et au traitement des sources narratives (Vitae sancti Geraldi, Vitae sancti Maioli, oeuvres hagiographiques d’Odilon) et des actes originaux. Sous la direction de Dominique Iogna-Prat, l’atelier a travaillé en relation étroite avec le Groupement de Recherche du CNRS " Église et Société en Bourgogne " et avec l’université de Münster.

     Il s’est ajouté depuis 1994 un programme de recherche concernant la Province ecclésiastique de Trèves, et tout particulièrement les diocèses de Toul, Verdun et Metz. On mentionnera à ce propos les recherches d’Anne Wagner sur Gorze (en particulier le dossier de saint Gorgon) et sur la question des reliques à Metz et à Verdun, ainsi que celles de Monique Goullet sur les textes hagiographiques du diocèse de Toul, qui viennent compléter les travaux historiques déjà entrepris sur ces sujets. Plusieurs éditions critiques sont en cours, en particulier les Vitae des saints romarimontains Amé, Romaric et Adelphe, celles des saints évêques Mansuy et Evre, celles des saints Hidulfe (fondateur de Moyenmoutier) et Dié, ainsi que les Gesta episcoporum Tullensium et l’oeuvre d’Adson de Montier-en-Der (qui, s’il n’a pas fait la majorité de sa carrière dans le diocèse de Toul, a néanmoins travaillé en collaboration avec ses prélats) ; l’ensemble du corpus toulois a été enregistré sur disquettes et fera l’objet d’un traitement lexical et stylistique.

b) Atelier Vincent de Beauvais

     Le Speculum historiale de Vincent de Beauvais, partie historique du Speculum maius, composé au milieu du XIIIe siècle, est une " somme " des connaissances à mettre à la disposition des frères dans les nouveaux studia dominicains. Ce fut l’un des grands succès de l’édition du Moyen Âge, en latin et en traductions (traduction/adaptation flamande de Jacob van Maerlant, traduction française de Jean de Vignay...). Des centaines de manuscrits en sont conservés dans toutes les grandes bibliothèques européennes (et quelques bibliothèques américaines). Or cette chronique universelle contient un très grand nombre de Vies de saints abrégées (600 mentions environ) ; elle est donc aussi un grand légendier, sous une forme certes très particulière, très " historicisée " ; elle a servi de source ou de relais pour nombre de recueils hagiographiques des siècles suivants, parmi lesquels Jacques de Voragine, Pierre Calo, Bernard Gui... La présence dans quantité de recueils divers — un répertoire de ces excerpta est en cours d’élaboration à l’ARTEM — d’extraits hagiographiques du Speculum historiale confirme que nombre de compilateurs ont puisé leurs matériaux dans cette " carrière hagiographique ".

     Jusqu’à présent ce n’est pas sur la composante hagiographique qu’a porté l’essentiel du travail de l’Atelier Vincent de Beauvais, mais il existe cependant déjà à l’ARTEM :

    Récemment, l’Atelier a entamé une recherche sur la place de ce corpus hagiographique dans le discours historique, en la mettant en relation avec les pratiques juridiques de la canonisation.

c) Séminaire de latin médiéval

    Depuis la création de ce séminaire par Michel Parisse, les membres de l’ARTEM ont pris l’habitude de se réunir deux fois par mois pour traduire et analyser des textes hagiographiques latins du haut Moyen Âge, généralement — mais pas exclusivement — choisis parmi les textes lotharingiens. Le séminaire est ouvert à tous les chercheurs ou enseignants intéressés, ainsi qu’aux étudiants de second et de troisième cycle. Citons ses principales publications :

    Durant les années 1994 à 1996, le travail a porté sur un choix de textes clunisiens, en particulier des extraits de la Vie d’Odilon de Cluny par Jotsald, qui seront publiés ultérieurement dans une anthologie de textes clunisiens, sous l’égide du Centre d’études médiévales Saint-Germain d’Auxerre. Enfin depuis octobre 1995, le travail du groupe porte sur les textes verdunois publiés par le Père van der Straeten dans Les manuscrits hagiographiques de Charleville, Verdun et Saint-Mihiel, Bruxelles, 1974 (Subsidia Hagiographica, 56). L’année universitaire 1995-1996 a été consacrée au dossier de saint Saintin, premier évêque supposé de Verdun, dont ont été traduites les deux Vitae et la Translatio : ce sera la base d’une publication consacrée à la question des reliques dans le diocèse de Verdun.

3. Projets d’avenir et exploitation des gisements documentaires

     Dans la nouvelle forme qui sera donnée aux institutions de recherche de l’Université de Nancy II en 1996-1997, la recherche sur les textes médiévaux restera un pôle important. Le désir des auteurs de ces lignes est de mettre à profit cette réorganisation pour donner un sang neuf à la recherche sur les textes hagiographiques.

a) Hagiographie du haut Moyen Âge

     L’équipe souhaite, lorsqu’elle n’a pas déjà commencé à le faire, se positionner par rapport à quelques grandes entreprises nationales et internationales en cours actuellement :

     Les travaux portant sur le diocèse de Toul, qui ont été décrits ci-dessus, donneront lieu à publication dans le cadre de SHG en 1997. L’opération se poursuivra par le diocèse de Verdun, le Père van der Straeten ayant généreusement accepté de confier à l’ARTEM la publication des textes encore inédits conservés dans les Collectanea Bollandiana ; le corpus des textes hagiographiques verdunois antérieurs à l’an Mil étant limité, ce recensement devrait pouvoir se mener assez rapidement. Resteront à traiter les très nombreux textes hagiographiques du diocèse de Metz, l’ensemble devant donner lieu, après achèvement, à la fabrication d’un CD-ROM de textes hagiographiques lotharingiens. L’idéal serait — et nous en faisons ici la proposition — que d’autres équipes de chercheurs, engagées dans d’autres domaines géographiques et historiques, acceptent de coopérer avec nous, afin de couvrir un champ plus vaste. Ne pourrait-il y avoir également à plus long terme un accord avec l’équipe namuroise et avec SHG pour associer les bases de données et doter ainsi les textes hagiographiques d’un hypertexte rassemblant la documentation collectée dans le cadre des opérations Index BHL, Légendiers latins et SHG ?
     L’intérêt d’un tel outil est multiple et évident. Son originalité serait de fournir, à côté de renseignements précieux sur l’histoire des textes et sur l’histoire en général, des éléments d’étude littéraire facilement exploitables grâce à l’informatique. En effet il manque des études lexicales, syntaxiques et sémantiques des textes médiévaux : ce type de base de données rendrait plus faciles la confection de monographies (étude de la langue d’une oeuvre, d’un auteur, d’une école littéraire, etc.), mais aussi des comparaisons entre oeuvres, auteurs, régions, et de grandes synthèses : pourquoi pas, sur le modèle de traitement appliqué aux textes belges par le CETEDOC, un index fréquentiel de la langue des hagiographes, un relevé systématique des topoi, une analyse des procédés de la réécriture en hagiographie, une étude diachronique et synchronique des structures du récit hagiographique, etc.?
     Au sein de l’ARTEM, nous souhaiterions par ailleurs articuler encore davantage qu’elle ne l’est actuellement la recherche sur les textes et la recherche archéologique. C’est pourquoi nous avons prévu de mener une étude systématique des Vies des évêques de Verdun, en liaison avec les recherches archéologiques menées par l’équipe de F. Heber-Suffrin et R. Guild, qui exploite la crypte de Saint-Maur et entreprend les fouilles des fondations de Saint-Vanne : ce devrait être le lieu fructueux d’une confrontation des données hagiographiques et archéologiques, en particulier sur les questions du culte et des reliques.

b) Vincent de Beauvais

     Du côté de l’hagiographie du XIIIe siècle, le travail se poursuivra par une étude systématique (dans le cadre d’une recherche générale des sources du Speculum historiale, déjà en cours) de l’origine du texte hagiographique de Vincent de Beauvais. Il est déjà certain que cette origine est complexe, qu’il faut préciser la relation avec le grand légendier cistercien (le caractère " cistercien " de plusieurs sources importantes du Speculum historiale a été largement démontré) et avec l’Abbreviatio in gestis et miraculis sanctorum de Jean de Mailly (étude amorcée par le Père Dondaine). Vincent de Beauvais lui-même a dit dans son prologue général (Libellus apologeticus) qu’il avait fait faire des extraits des Vies de saints par des notaires (et il dit aussi qu’il n’est guère satisfait du travail) : il faut donc faire la part des reprises d’abréviations antérieures et des abréviations " originales ".

     Il s’agira aussi de dégager les modèles hagiographiques et le contenu performant des récits abrégés selon Vincent de Beauvais, en liaison avec le programme de formation des frères et la pastorale dominicaine. Au plan documentaire, nous souhaitons créer, pour le sanctoral dominicain , une base de données indicative des textes retenus par les auteurs de légendiers abrégés, allant de l’Abbreviatio de Jean de Mailly au Speculum sanctorale de Bernard Gui.

     En conclusion, à côté de la bibliographie et des travaux individuels de ses chercheurs, l’ARTEM peut donc d’ores et déjà mettre à la disposition de ceux qui le souhaitent un certain nombre de textes hagiographiques clunisiens et lotharingiens, ainsi que le Speculum historiale de Vincent de Beauvais. Cette documentation est à l’état dynamique, et peut prendre toutes les formes qu’autorise son intégration dans des banques de données informatisées. Mais la phase la plus intéressante, l’exploitation historique de ces données, est encore à venir.

Monique Goullet et Monique Paulmier-Foucart

Mémoires et thèses (II)

     Cette liste complète la précédente par le recensement des thèses et mémoires déposés avant 1990 pour l’Université de Gand et avant 1988 pour l’Université de Louvain d’une part et d’autre part, par les travaux défendus ces deux dernières années. Les années 1985 à 1996 sont donc entièrement couvertes. Les prochains numéros seront consacrés à la bibliographie courante.

U.C.L. : Université catholique de Louvain (1985 à 1987 et 1994 à 1996)

U. Gent : Universiteit Gent (1996)

U.L.B. : Université libre de Bruxelles (1985 à 1989 et 1995 à 1996)

U. Lg : Université de Liège (1995 à 1996)

Mémoires :

BRAHY, V., La Vita sancti Geraldi comitis Aurelianensis par Odon de Cluny. Recherches sur la tradition manuscrite et édition d’un remaniement méconnu : le manuscrit Paris, Bibl. Nat. Nouv. Acq. Lat. 2261, U.C.L., 1987.
CARLIER, M., Les reliques conservées à Lobbes et leur utilisation, U.C.L., 1987.
CLOQUET, I., La psychomachie dans la littérature visionnaire du Moyen Âge, U. Gent, 1995-1996.
DEPLOIGE, J., In nomine femineo indocta : Hildegarde van Bingen en haar visionaire werk Scivias. Een onderzoek naar het kennisprofiel van een non uit de 12e eeuw, U. Gent, 1994-1995.
HANSEZ, M., Sainte Julienne de Cornillon : historiographie, iconographie, culte, U.C.L., 1985.
HELVÉTIUS, A.-M., L’abbaye de Crespin des origines au milieu du XIIIe siècle, U.L.B., 1986.
HONET, J.-F., Les saints du Pays de Chartres. Légendes et culte liturgique du VIIIe au XVe siècle, 2 vol., U.C.L., 1996.
JADOUL, I., Édition critique de " La vie de Balaam et Josaphat " : récit inédit conservé dans le ms BN 17229, U. Lg, 1992, 245 p., Notes et glossaire (philologie romane).
LEBRUN, A., L’hagiographie médio-latine slave. Succès et diffusion d’une littérature, U.C.L., 1996.
LIÉNARD, É., Sainte Waudru depuis le VIIe siècle. Le culte comme survie, U.C.L., 1987.
NIEUS, J.-F., La légende latine de saint Géréon de Cologne. Un exemple d’hagiographie " historiographique " du Xe siècle, U.C.L., 1995.
PETTIAU, H, L’image du souverain breton dans l’hagiographie armoricaine du haut Moyen Âge, U.L.B., 1995.
SELS, L., De legende van de krijgerheiligen Merkurij van Smolensk. Vertaling van de oudrussische tekst en studie van de tekstoverlevering en bronnen, U. Gent, 1995-1996.
SMETS, C., Renaut de Montauban : une comparaison entre les textes en ancien français et les textes en latin, U. Gent, 1995-1996.
VAERNEWYCK, I., De HH. Travestieten Eufrosyna en Theodora van Alexandrië. Vertaling van hun Vita uit het Servisch-Kerkslavisch volgens de Bdinski Zbornik, U. Gent, 1995-1996.
VAN DOORSELAER, E., De HH. wonderdoeners Peter en Fevronija van Murom. Vertaling uit het oudrussisch met commentaar, U. Gent, 1995-1996.
VANDORPE, B., Geste des saints et croyances dans la littérature irlandaise. Étude fondée sur huit Vitae du codex Salmanticensis. Présentation des textes de ce manuscrit, U.C.L., 1987.
VERCOUTERE, E., De Vita van Stefan van Perm (14e eeuw). Vertaling en commentaar, U. Gent, 1995-1996.

Thèses :

FALMAGNE, Th., La tradition des Pères de l’Église au moyen âge : étude sur le Flores Paradysi, U.C.L., 1996.
GODDING, R., Le prêtre (presbyter) dans la Gaule mérovingienne, U.C.L., 1996.
HELVÉTIUS, A.-M., Communautés religieuses, évêques et laïques dans l’ancien pagus de Hainaut durant le haut Moyen Âge (VIIe - milieu du XIe siècle), U.L.B., 1991.
VAN OVERSTRAETEN, D., L’abbaye de Saint-Ghislain des origines au milieu du XIVe siècle, U.L.B., 1985.

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  Responsable de la page : Michel Trigalet
Mise à jour : 12 novembre 1997