»Pourquoi cette obscurité, toujours cette obscurité
totale dans mes écrits ? L'explication en est simple. Dans
mes écrits, tout est artificiel, c'est-à-dire que tous les personnages,
les faits, les incidents se jouent sur la scène et la scène est
totalement plongée dans les ténèbres. Les personnages qui paraissent sur
l'espace carré de la scène, sont mieux reconnaissables dans
leurs contours que sous un éclairage normal, comme c'est le cas
dans la prose ordinaire. Dans l'obscurité, tout devient clair. Pas seulement
les apparitions, […] non la langue aussi. Il faut imaginer les
pages totalement noires : le mot s'éclaire. De là sa netteté ou
sa netteté redoublée. […]
Lorsque l'on ouvre un de mes livres, il en va toujours ainsi : il faut
imaginer qu'on est au théâtre, avec la première page on lève le
rideau, le titre apparaît, obscurité complète - et lentement, de ce
fond, de cette obscurité, surgissent les mots […].«
|